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Le canalblog de Sylvain Rakotoarison
14 août 2016

René Goscinny, symbole de l’esprit français ?

« Nous sommes en 50 avant Jésus-Christ. Toute la Gaule est occupée par les Romains… Toute ? Non ! Un village peuplé d’irréductibles Gaulois résiste encore et toujours à l’envahisseur. Et la vie n’est pas facile pour les garnisons de légionnaires romains des camps retranchés de Babaorum, Aquarium, Laudanum et Petitbonum… » (Introduction à tous les albums des aventures d’Astérix le Gaulois).


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S’il ne s’était pas effondré il y a trente-huit ans (le 5 novembre 1977) dans un banal test d’effort cardiaque (depuis, le protocole des tests est un peu plus sécurisé), René Goscinny aurait peut-être fêté son 90e anniversaire ce dimanche 14 août 2016. En effet, il est né un jour après Fidel Castro.

À l’origine dessinateur et graphiste, René Goscinny débordait tellement d’idées qu’il a bien fallu lui trouver des complices pour mettre en musique ses nombreuses idées. Ce sont ses collaborations géniales avec des dessinateurs à qui il fournissait le scénario qui en a fait l’un des maîtres de la bande dessinée franco-belge et surtout, l’un des accoucheurs de l’esprit français, à la fois gaulois, grivois, et tendre. Il a créé de nombreux personnages de bande dessinée et en a "épaissi" d’autres déjà créés.

Sa famille fut originaire de Russie et de Pologne et certains membres de celle-ci sont morts à Auschwitz. Son grand-père fut éditeur. Bien que né à Paris, il a passé son enfance en Amérique du Sud, à Buenos-Aires où son père a été recruté comme ingénieur. Timide, l’enfant fut d’abord un rigolo qui faisait rire ses camarades et qui dessinait déjà quelques personnages existants comme les Pieds Nickelés. En 1944, après son bac et la mort de son père, René Goscinny fut obligé de travailler tout en faisant ses études. Il a publié alors ses premiers écrits (textes et dessins) dans des petits magazines français en Argentine.

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En 1945, sa famille s’installa à New York où habitait un oncle. En 1946, il partit en France pour effectuer son service militaire à Aubagne (c’était pour éviter le service militaire aux États-Unis). Il dessinait des affiches pour son régiment et fut remarqué par le général de Lattre de Tassigny. Il ne songeait pas, à l’époque, vivre en Europe et retourna à New York, très attiré par la bande dessinée américaine. L’absence de situation professionnelle aux États-Unis en rapport avec sa passion du dessin fut difficile à vivre pour lui. Il trouva néanmoins des petits boulots dans des agences de publicité et publia des livres pour la jeunesse.

Heureusement, il rencontra aux États-Unis l’un des grands "gourous" de la bande dessinée franco-belge, Jijé (1914-1980) qui encouragea de nombreux petits génies (Morris, André Franquin, Jean Giraud, Derib, Patrice Serres, Eddy Paape, etc.) et qui fut à l’origine de renouveau du "Journal de Spirou" après la guerre. Ce fut grâce à Jijé que René Goscinny, dans le Connecticut, rencontra Morris, créateur du cow-boy très français Lucky Luke, et les deux hommes nouèrent une amitié et complicité très profondes et une collaboration étincelante. Jijé a décelé dans René Goscinny un esprit de répartie et des capacités de gag peu répandus dans le milieu de la bande dessinée.

Finalement, René Goscinny s’installa à Bruxelles au début des années 1950, recruté par un éditeur qui fut très séduit par le scénario de ses bandes dessinées. Ce fut Jean-Michel Charlier (1924-1989), le créateur de "Blueberry", de "Buck Danny", de "Tanguy et Laverdure" et de "La Patrouille des Castors", qui fit la décision. En 1951, René Goscinny travailla à Paris …où il rencontra Albert Uderzo qui dessinait en collaboration avec Jean-Michel Charlier. Goscinny et Uderzo collaborèrent rapidement ensemble pour tenir un périodique à Paris.

En 1955, Goscinny fut renvoyé de son agence de presse parce qu’il voulait créer un syndicat pour protéger les œuvres des créateurs de bandes dessinées. Uderzo et Charlier quittèrent également l’agence par solidarité. Très vite, Goscinny renonça au dessin pour se focaliser sur le scénario et commença une collaboration très fructueuse avec Uderzo. Il collabora à la même époque avec Jean-Jacques Sempé (84 ans le 17 août 2016) dans l’écriture du "Petit Nicolas".

Entre le 6 septembre 1956 et le 29 octobre 1959, Goscinny participa au "Journal de Tintin" pour rivaliser avec le "Journal de Spirou". Il eut de nombreuses collaborations comme "Signor Spaghetti" avec Dino Attanasio (91 ans), l’un des dessinateurs de "Bob Morane" ; "Modeste et Pompon" avec André Franquin (1924-1997), connu pour "Gaston Lagaffe" et l’un des auteurs de "Spirou et Fantasio" ; "Klaxon" avec Raymond Macherot (1924-2008), père de "Chlorophylle" et de "Sibylline" ; "Monsieur Tric" avec Bob De Moor (1925-1992), bras droit de Hergé ; "Chick Bill" avec Tibet (1931-2010), dessinateur de "Ric Hochet" ; et "Oumpah-Pah" avec Uderzo. Si j’ai indiqué les dates de naissance, c’est surtout pour montrer que ce petit monde de la bande dessinée était de la même génération.

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À partir du 29 octobre 1959, Goscinny participa au lancement du magazine "Pilote" dont il fut la personnalité essentielle (avec Charlier), lieu de création d’Astérix, et de collaboration avec Cabu (au triste destin), Gotlib et Tabary. Après le rachat en 1960 du magazine par l’éditeur Georges Dargaud (1911-1990), le concurrent de Charles Dupuis (1918-2002) dans l’édition de la bande dessinée franco-belge, avec Charlier, Goscinny en fut le rédacteur en chef de la fin 1963 au début 1974, et fut régulièrement caricaturé comme un patron de presse nerveux par tant par Gotlib, par Greg (1931-1999), l’auteur d’Achille Talon, que par encore d’autres collègues.

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Le scénariste Goscinny était progressivement né. Il fut pendant plus de vingt ans l’âme de la bande dessinée franco-belge, capable de beaucoup d’autodérision (par rapport à lui, par rapport à son pays), beaucoup d’humour sophistiqué, beaucoup de clins d’œil tendres, tant linguistiques que professionnels (il aimait faire référence à ses collègues dans ses nombreuses œuvres). Le succès commercial de plusieurs séries désormais très célèbres a hissé la bande dessinée au rang d’un art majeur au même titre que la littérature, le cinéma etc. alors qu’elle était jusque là très négligée et considérée comme exclusivement à destination de la jeunesse.

Loin d’être exclusif, je propose un très rapide tour de ses œuvres majeures devenues des classiques de la bande dessinée.


Le Petit Nicolas (avec Sempé)

Publiée de 1956 à 1965, cette œuvre est une série de récits courts, qui racontent l’enfance dans les années 1960, avec des thèmes classiques de l’enfance (école, parents, vacances, etc.). Goscinny y décrit un univers attachant bien que parfois noir, avec la création d’un véritable petit monde humain.

Les camarades de Nicolas sont devenus aussi célèbres que lui : Alceste (le gros copain), Rufus (le cancre farceur au sifflet), Clotaire (le cancre maladroit), Louisette (la copine amoureuse), Eudes (le violent), Geoffroy (le bourgeois), Agnan (le fayot), etc. sans oublier le Bouillon (le pion très sévère) et d’autres personnages.

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La série a fait par la suite l’objet d’une double adaptation au cinéma avec Maxime Godart en Nicolas, Valérie Lemercier et Kad Merad en parents de Nicolas, Sandrine Kiberlain en maîtresse, Anémone sa remplaçante, Daniel Prévost en patron du père, François-Xavier Demaison en Bouillon, et Michel Galabru en Ministre de l’Éducation (ressemblant à un vrai ministre, René Monory !).


Lucky Luke

La série de « l’homme qui tire plus vite que son ombre » a été créée en 1946 par Morris (1923-2001). La rencontre américaine avec Goscinny l’a considérablement renforcée : en 1955, Morris proposa à Goscinny d’en écrire le scénario pour lui permettre de se focaliser sur le dessin. Goscinny mit plus d’épaisseur et d’humour, inventa de nouveaux personnages comiques, comme les cousins Dalton ou encore Rantanplan (créé avec Morris, sur une caricature de Rintintin), etc.

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La série a connu un grand développement avec le changement d’éditeur (passage de Dupuis à Dargaud) et surtout avec Goscinny. Près de 80 albums sont sortis depuis le début, traduit dans 20 langues, et 300 millions d’exemplaires ont été vendus depuis 1947.

Après la mort de Goscinny, d’autres scénaristes ont pris la relève comme Bob De Groot, Guy Vidal, Laurent Gerra et Daniel Pennac, et depuis la mort de Morris, la série continue (au contraire de Tintin à la mort de Hergé) avec la reprise du graphisme par Achdé.


Iznogoud

Le personnage Iznogoud fut créé le 25 janvier 1962 par Goscinny et Tabary. Grand complice de ce personnage plutôt antipathique, Jean Tabary (1930-2011) en fut le dessinateur flamboyant et son fils Nicolas Tabary a repris le flambeau en 2008.

Assisté de Dilat Laraht, Iznogoud est le grand vizir du calife Haroun el-Poussah dont il veut la place : « Je veux être calife à la place du calife ! ».

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Goscinny a assorti le scénario de nombreuses références historiques (notamment la période mérovingienne) et de ses habituels jeux de mots toujours très savoureux : « J’ai décidé que là, je m’abandonnerais à mon péché mignon de trouver les calembours les plus atroces. » ("Journal du dimanche" du 20 octobre 1974). On peut également y déceler quelques analogies avec la vie politique française contemporaine.


Les Dingodossiers

L’alliance entre René Goscinny et Gotlib (82 ans) ne pouvait être qu’explosive. Soude caustique de la bande dessinée franco-belge, Gotlib a assuré les illustrations d’une série de 169 doubles planches sans héros retraçant des chroniques sociales scénarisées par Goscinny, qui furent publiées de 1963 à 1967 dans la revue "Pilote" (cela a donné deux tomes et un troisième tome a été édité bien après la mort de Goscinny).

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Débordé par son travail de rédacteur en chef, Goscinny a dû abandonner ce projet de "Dingodossiers" mais voulait que Gotlib le continuât… ce qui a fait la série "Rubrique-à-brac" (cinq tomes) réalisée par le seul Gotlib (qui n’avait pas osé garder le titre "Dingodossiers" pour ne pas oublier l’apport de Goscinny). Aidé d’un grand talent graphique, Gotlib a donc mis en musique une partie du génie humoristique de Goscinny, pour le plus grand plaisir de leurs lecteurs.


Astérix

J’ai gardé pour la fin la série exceptionnelle qu’est Astérix : « Le personnage a été inventé en deux heures par Uderzo et moi, dans un éclat de rire ! » ("Journal du dimanche" du 20 octobre 1974). C’est la bande dessinée européenne la plus vendue dans le monde, traduite dans 112 langues (dont le groenlandais, le cinghalais, etc.), avec plus de 350 millions d’exemplaires vendus (en 2011). Malgré son grand succès international, Astérix n’a jamais réussi à s’implanter aux États-Unis.

Comme pour Lucky Luke, Astérix se trouve dans un contexte géographique et historique très particulier et qu’expose la présentation qui introduit chaque album : la Gaule envahie par les Romains de Jules César avec un village d’effrontés qui refusent l’envahisseur (cela fait bien sûr penser aux résistants sous l’Occupation). Avec des erreurs chronologiques assumés, la série décrit avant tout la société contemporaine.

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La série a commencé le 29 octobre 1959 et s’est poursuivie à la mort de Goscinny avec le seul Albert Uderzo (89 ans), et, ne pouvant plus dessiner, Uderzo a organisé la suite de son vivant en proposant à Jean-Yves Ferri (scénario) et Didier Conrad (dessin) la continuation de la série (leur premier album, "Astérix chez les Pictes", a été publié le 24 octobre 2013 et fut un grand succès, avec plus de 5 millions d’exemplaires vendus).

Cette bande dessinée est sans doute celle qui a montré le mieux le talent de Goscinny dans sa grande diversité.

Reprenant parfois des caricatures de personnages contemporains (comme Pierre Tchernia, Lino Ventura, Raimu, Jean Richard, Yves Montand, Peter Ustinov, Annie Cordy, Guy Lux, Jean Marais, et même René Goscinny et Albert Uderzo eux-mêmes, taxés respectivement de despote et de tyran !), Goscinny n’a pas hésité non seulement à faire des jeux de mot (notamment au travers du nom des personnages), mais aussi à faire jouer la fibre littéraire en émaillant régulièrement des citations latines qui, il faut le rappeler, n’y sont jamais traduites (au lieu d’infantiliser les lecteurs, la série les incite à découvrir par eux-mêmes leur signification).

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Le nombre de clins d’œil et de références culturelles et historiques est très élevé et donne à cette bande dessinée plusieurs niveaux de lecture, passant de l’enfant passionné par l’Antiquité (que je fus) jusqu’à l’érudit sachant goûter à leur juste saveur quelques blagues très sophistiquées.

Tout un univers humain et sociologique a été créé autour d’Astérix avec de nombreux personnages récurrents tels que son ami Obélix (Astérix et Obélix ont leur nom en référence à l’atelier typographique du grand-père de Goscinny, utilisant des astérisques et des obèles), le chien Idéfix, le druide Panoramix, le chef Abraracourcix, le barde Assurancetourix, le forgeron Cétautomatix, le poissonnier Ordralfabétix, le doyen Agecanonix, etc. et bien sûr Jules César.

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Les élections présidentielles y sont pastichées, celle de 1965 dans "Le Combat des chefs" et celle de 1974 dans "Le Cadeau de César". Jacques Chirac est caricaturé dans "Obélix et Compagnie" pour montrer (et critiquer) les règles de l’économie libérale. De nombreux sujets politiques sont abordés au fil des albums, comme la collaboration dans "Le Bouclier arverne", les impôts dans "Astérix et le Chaudron", le dopage dans "Astérix aux Jeux Olympiques", la corruption (toujours d’actualité) dans "Astérix chez les Helvètes" (proposé par Georges Pompidou), le bétonnage de la nature dans "Le Domaine des dieux", le mur de Berlin dans "Le Grand Fossé" (sans Goscinny), les marées noires dans "L’Odyssée d’Astérix" (sans Goscinny), etc.

Parfois, il y a même des mises en abyme. Bonemine, la femme d’Abraracourcix, jalouse d’Astérix qui reçoit le titre de personnage le plus important du village par un Romain semeur de "Zizanie", qui lâche avec colère et mépris à son époux : « Si des imbéciles écrivent un jour l’histoire de notre village, ils n’appelleront pas ça, les aventures d’Abraracourcix le Gaulois ! ».

Dans "Astérix aux Jeux Olympiques", qui retrace les jeux de 1968 à Mexico, Goscinny et Uderzo ont pastiché (consciemment ou inconsciemment) la désignation des candidats à l’élection présidentielle française au sein d’un parti avant le principe de la primaire, à savoir : une mise en concurrence vaguement réglementée et la désignation des champions qui, de toute façon, étaient déjà choisis d’avance.

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Dans le même album, on peut aussi goûter à sa perfection le type d’humour très fréquent dans la série, à la fois de l’autodérision, de l’humour décalé, et des considérations très franchouillardes (comme la gastronomie).

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Quelques planches elles-mêmes ont été vendues aux enchères jusqu’au prix de 230 000 euros  (la page !). L’intérêt économique n’est donc pas négligeable, et le fait que la série continue au-delà de ses deux créateurs historiques a pour but aussi de faire tourner cette machine commerciale dont les plus juteux produits accessoires restent les adaptations cinématographiques (quatre pour l’instant, dont "Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre" réalisé par Alain Chabat et sorti le 30 janvier 2002, avec 23,7 millions d’entrées !) et les dessins animés (le dernier, "Astérix : Le Domaine des dieux", réalisé en 3D par Alexandre Astier et Louis Clichy, et sorti le 26 novembre 2014, a fait 2,9 millions d’entrées, ce qui constitue un record en France pour les dessins animés).


Goscinny, un "monstre sacré" de la littérature française

L’humour de Goscinny colle mal avec les expressions pompeuses mais il faut bien reconnaître qu’il jouit d’une place exceptionnelle dans la littérature francophone et a probablement contribué bien plus à l’influence française dans le monde que bien des Présidents de la République française ou des académiciens vaniteux. Il a collaboré à deux des trois bandes dessinées européennes les plus vendues au monde (Astérix, Lucky Luke, Tintin).

Son unique enfant, Anne Goscinny (née le 19 mai 1968), gère l’ensemble de son œuvre très diversifiée aux côtés de ses nombreux complices dessinateurs. Elle consacre sa vie professionnelle à l’écriture et évoque son père dans certaines de ses propres œuvres.

Pour finir, je veux conclure par une citation latine proposée dans "Astérix aux Jeux Olympiques" (puisque nous sommes en période de jeux à Rio) qui me paraît très adaptée à la situation politique notamment américaine (mais aussi française), et je laisse la traduction aux latinistes distingués, bien sûr…

Et nunc reges, intelligite ; erudmini, qui judicatis Terram !


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (14 août 2016)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
René Goscinny.
Gotlib.
Tabary.
Hergé.
Comment sauver une jeune femme de façon très particulière ?
Pour ou contre la peine de mort ?

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20160814-rene-goscinny.html

http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/rene-goscinny-symbole-de-l-esprit-183698

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2016/08/14/34189698.html


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