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Le canalblog de Sylvain Rakotoarison
21 novembre 2016

Prémices préprésidentielles 2017 (2) : vers le sacre de Fillon ?

Petit tour des candidatures à la candidature au premier tour de l’élection présidentielle française du 23 avril 2017. Deuxième partie : la primaire ouverte du parti "Les Républicains" (début).


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Ce dimanche 20 novembre 2016, malgré la file d’attente sous la pluie, près de 4 millions de citoyens ont participé au premier tour de la "primaire de la droite et du centre". C’était beaucoup plus que les 2,7 millions du premier tour de la primaire socialiste du 9 octobre 2011. Incontestablement, le désir d’alternance est très fort et tend à montrer que le système de la primaire ouverte, aussi contestable soit-il au regard de l’esprit gaullien des institutions, est une démarche participative à laquelle adhèrent des millions d’électeurs qui apportent indiscutablement une véritable dynamique au candidat qui sera désigné. La légitimité du candidat en ressortira évidemment renforcée.

De toutes les opérations visant à désigner un candidat à l’élection présidentielle de 2017, cette primaire organisée par le parti "Les Républicains" est celle qui a le plus d’enjeu. D’une part, parce qu’elle est issue de l’un des deux grands partis de gouvernement, et d’autre part, parce qu’il est fort possible (mais pas du tout certain, répétons-le !) que le candidat désigné à cette occasion soit aussi celui qui serait élu à l’issue d’un second tour supposé face à Marine Le Pen. Comme cette primaire est ouverte, c’est pour cela que des électeurs de gauche, refusant de se retrouver le 7 mai 2017 dans un second tour Nicolas Sarkozy vs Marine Le Pen, ont annoncé qu’ils participeraient à cette primaire. D’après les premières enquêtes d’opinion, ils auraient été très minoritaires (environ un électeur sur dix).

C’est la première fois qu’un parti de centre droit organise une primaire ouverte, "ouverte", c’est-à-dire que n’importe quel électeur inscrit sur une liste électorale peut participer à ce vote, dans l’un des 10 228 bureaux de vote, soit plus que lors de la primaire socialiste d’octobre 2011.

Je reviendrai certainement sur le principe même d’une primaire ouverte, qui va largement à l’encontre de l’esprit gaullien des institutions de la Ve République mais elle est le résultat d’une réalité : l’absence de leader "naturel" d’un grand parti et le besoin que le peuple lui-même puisse départager les candidats potentiels. Avant, c’était les militants ou les délégués des adhérents des partis qui départageaient, souvent avec une fraude généralisée dans les grandes fédérations.


Les origines de la primaire LR de 2016

Malgré la primaire du PS en octobre 2011, souvent raillée par l’UMP de l’époque (en particulier par Jean-François Copé qui dirigeait ce parti), il n’était pas du tout naturel qu’à l’issue de son échec de mai puis juin 2012, l’UMP décidât d’organiser une telle primaire.

Au contraire, loin d’un trop plein, il y avait presque un trop vide. Le Président de la République sortant, Nicolas Sarkozy, avait annoncé qu’il se retirait de la vie politique après son échec, l’ancien Premier Ministre Alain Juppé, déjà bien âgé, ne bénéficiait pas encore de sondages si élogieux, et Jean-François Copé, écarté du pouvoir pendant tout le quinquennat de Nicolas Sarkozy et n’ayant pas occupé de responsabilité majeure (comme du reste François Hollande !) n’était a priori pas en stature d’entrer dans la compétition.

C’est cette réflexion qui a dû donner des ailes au Premier Ministre sortant, François Fillon, qui n’avait pas démérité puisqu’il bénéficiait de sondages assez heureux durant la campagne présidentielle de 2012 (à tel point que de nombreux parlementaires UMP auraient préféré une candidature présidentielle de François Fillon dès 2012 pour éviter d’aller à l’échec). C’est donc dès la fin de juin 2012, après le processus électoral qui a mis l’UMP dans l’opposition, que François Fillon a annoncé son ambition de se présenter à l’élection présidentielle de 2017.

Et la première des étapes qu’il a cru bon de franchir, c’était de reprendre la présidence de l’UMP actuellement laissée en jachère depuis l’élection de Nicolas Sarkozy et placée sous la régence de Jean-François Copé. Dès le début de l’été 2012, les deux se sont portés candidats pour la présidence de l’UMP lors d’un vote des militants organisé le 18 novembre 2012. Deux autres candidats auraient voulu y participer, Bruno Le Maire et Nathalie Kosciusko-Morizet, mais n’ont pas eu les parrainages nécessaires. Ces deux derniers n’ont pas pris parti dans le duel fratricide entre François Fillon et Jean-François Copé.

Inutile de rappeler ici en détail le vote très serré et sans doute entaché de nombreuses irrégularités (dans les deux camps) ainsi que les contestations d’après-vote qui, pendant plusieurs semaines, ont failli disloquer l’UMP au point de créer deux groupes à l’Assemblée Nationale.

Finalement, avant la fin décembre 2012, un arrangement a été trouvé entre les deux postulants : François Fillon a renoncé à la présidence de l’UMP (on l’imaginait d’ailleurs peu à l’aise à la tête d’un parti, un peu comme Michel Rocard entre 1993 et 1994 qui a ainsi "consumé" sa candidature à l’élection présidentielle de 1995), en échange d’un bureau codirigé par les deux camps et de la garantie d’organiser une primaire ouverte pour désigner le candidat UMP à l’élection présidentielle de 2017.

Le principe d’une primaire ouverte est le seul moyen d’éviter au mieux les cuisines internes, autrement dit, les magouilles électorales. Avant le premier tour de cette primaire, Patrick Stefanini, le directeur de campagne de François Fillon, mettait quand même en garde ses assesseurs pour bien vérifier le bon déroulement du vote dans chaque bureau pour éviter les fraudes.

François Fillon voulait présider l’UMP principalement pour mettre en place ce système de primaire ouverte. Lorsque Nicolas Sarkozy est revenu et a été élu président de l’UMP (après la démission de Jean-François Copé), il a dû accepter de préserver ce système. Ce fut Thierry Solère, député de Boulogne-Billancourt (le tombeur de Claude Guéant !), proche de Bruno Le Maire, qui fut chargé de l’organisation.


Primaire, aspect organisationnel

La volonté a été d’élargir au maximum l’assise électorale. Toute personne inscrite sur les listes électorales pouvait participer au vote, à condition de payer 2 euros (par tour de scrutin, en 2011, le PS avait demandé 1 euro) et de signer une très vague "charte des valeurs républicaines de la droite et du centre" qui demande notamment une alternance politique "afin de réussir le redressement de la France" (lire le détail ici).

Concrètement, cette signature n’est pas un barrage pour des électeurs tant de gauche que d’extrême droite. Plus la participation est forte, moins Nicolas Sarkozy, qui est capable de rassembler le noyau dur des sympathisants de son parti, a des chances de gagner. C’est pour cela qu’une forte mobilisation est appelée par ses rivaux.

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Il est à noter que le premier débat télévisé a réuni, le 13 octobre 2016 sur TF1, 5,6 millions de téléspectateurs, ce qui est très important, car ils pourraient être des électeurs potentiels de la primaire. Le deuxième débat sur BFM-TV et i-Télé le 3 novembre 2016 a réuni 2,9 millions de téléspectateurs et le troisième débat sur France 2 et Europe 1 le 17 novembre 2016 a été regardé par 5,1 millions de téléspectateurs.

Les personnes de moins de 18 ans durant la primaire mais qui auront 18 ans lors de l’élection présidentielle le 23 avril 2017 ont pu également voter, ainsi que les Français de l’étranger, à condition de s’être inscrits avant le 16 octobre 2016 sur un site dédié à la primaire (environ 60 000 s’y sont inscrits).


Les candidatures non retenues

Pour être candidat, il fallait réunir avant le 9 septembre 2016 le parrainage de 2 500 adhérents LR, de 20 parlementaires, de 240 élus locaux répartis sur le territoire, ce qui était assez contraignant. La "pré-campagne" de la primaire a permis à certaines personnalités d’exister, quitte à rentrer dans le rang après le dépôt des candidatures.

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Durant tout le premier semestre 2016, il y a eu une éclosion de candidatures, fort de l’expérience de la primaire socialiste de 2011 qui avait "révélé" Manuel Valls et Arnaud Montebourg. Cette opération devait en effet apporter une exposition médiatique formidable.

Xavier Bertrand (51 ans), ancien député et ancien ministre, candidat le 16 septembre 2012, a retiré sa candidature le 14 décembre 2015 après son élection difficile à la présidence du conseil régional du Nord-Pas-de-Calais-Picardie.

De même, Christian Estrosi (61 ans), député, maire de Nice et ancien sous-ministre, candidat le 13 juin 2014 seulement en cas d’absence de Nicolas Sarkozy, a retiré sa candidature le 16 décembre 2015 après son élection également difficile à la présidence du conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Nadine Morano (52 ans), députée européenne, ancienne députée et ancienne sous-ministre, candidate le 4 septembre 2015, a été régulièrement au centre de polémiques dérisoires pour les propos outranciers dont elle est coutumière.

Hervé Mariton (58 ans), député et ancien ministre, ancien candidat à la présidence de l’UMP en 2014, candidat le 20 septembre 2015, s’est fait surtout connaître des médias par son opposition farouche au mariage gay. C’est le seul qui a cru avoir assez de signatures et dont la candidature a été invalidée.

Frédéric Lefebvre (52 ans), député et ancien sous-ministre, candidat le 20 janvier 2016, est passé d’un sarkozysme "écervelé" à une modération qui l’a fait approuver certains projets du gouvernement socialiste.

Geoffroy Didier (40 ans), vice-président du conseil régional d’Île-de-France, ancien collaborateur de Brice Hortefeux, candidat le 29 mars 2016, a souhaité capitaliser sur le renouvellement des générations.

Jacques Myard (69 ans), député, candidat le 5 avril 2016, est un habitué des déclarations à la presse à la fin des débats parlementaires.

Henri Guaino (59 ans), député et ancien conseiller spécial du Président Nicolas Sarkozy, candidat le 13 juin 2016, semble être en colère contre son parti et a considéré qu’il était plus facile d’être candidat directement à l’élection présidentielle qu’à la primaire LR.

Les deux autres candidats potentiels à cette primaire furent Laurent Wauquiez (41 ans), député et ancien ministre, élu président du conseil régional de Rhône-Alpes-Auvergne, qui a beaucoup hésité avant de soutenir Nicolas Sarkozy, et Michèle Alliot-Marie (70 ans), députée européenne et ancienne ministre d’État, qui a renoncé à la primaire dans l’objectif d’être candidate indépendante directement à l’élection présidentielle. À noter que Laurent Wauquiez est devenu le 23 août 2016 président par intérim du parti "Les Républicains" après l’annonce officielle de candidature de Nicolas Sarkozy. Quant à Dominique de Villepin (63 ans), il a assuré qu’il n’était pas question qu’il y participât parce qu’il considérait que la primaire était contraire à l’esprit des institutions et qu’elle était plus créatrice de divisions que d’unité.


Les sept candidats

Le 21 septembre 2016, l’instance arbitrale a validé sept candidatures à la primaire LR. Il n’y a qu’une seule femme. Ce furent des candidats de haut niveau, un ancien Président de la République, deux anciens Premiers Ministres, trois anciens ministres. Malgré la concurrence, la rivalité et même, parfois, l’animosité qui pouvait se trouver entre certains candidats, la campagne fut d’un bon niveau, la présentation des projets souvent constructive, et aucun incident notable ne s’est produit, ni durant la campagne, ni durant le processus électoral.

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J’ai déjà eu l’occasion de présenter les sept candidats. J’indique ici les principaux soutiens que chaque candidat a reçus durant la campagne (cette liste est partiellement issue du site Wikipédia et peut comporter quelques erreurs).

François Fillon (62 ans), candidat le 9 mai 2013, a été soutenu par Bertrand Accoyer, Valérie Boyer, Xavier Breton, Gilles Carrez, Jérôme Chartier, Bernard Debré, Dominique Dord, Serge Grouard, Jean-François Lamour, Isabelle Le Callennec, Thierry Mariani, Philippe Martin, Jean-Claude Mignon, Bernard Perrut, Christophe Priou, Lionel Tardy, Guy Tessier, Gilbert Barbier, Philippe Dallier, Philippe Bas, Isabelle Debré, Gérard Larcher, Gérard Longuet, Valéry Giscard d’Estaing, Hugues Martin, Alain Milon, Ladislas Poniatowski, François Zocchetto, Hugues Portelli, Bruno Retailleau, Henri de Raincourt, Michel Savin, Roselyne Bachelot, Arnaud Bazin, Jean de Boishue, François Goulard, Françoise Hostalier, Hervé Novelli, Patrick Stefanini …et Alain Afflelou, Henri de Castries, Henri Lachmann, Xavier Niel, Denis Payre, Patrick Pouyanné et Denis Ranque.

Alain Juppé (71 ans) candidat le 20 août 2014, a été soutenu par Benoist Apparu, Dominique Bussereau, François Cornut-Gentile, Patrick Devedjian, Hervé Gaymard, Philippe Gosselin, Hervé Mariton, Arlette Grosskost, Marc Laffineur, Frédéric Lefebvre, Jean Leonetti, François de Mazières, Édouard Philippe, Axel Poniatowski, Thierry Benoit, Charles de Courson, Laurent Degallaix, Stéphane Demilly, Yannick Favennec, Francis Hillmeyer, Jean-Christophe Lagarde, Bertrand Plancher, André Santini, Philippe Vigier, Michel Zumkeller, Thierry Robert, Christophe Béchu, Jérôme Bignon, Hubert Falco, Jean-Pierre Grand, François Grosdidier, Jean-François Husson, Fabienne Keller, Jacques Legendre, Philippe Leroy, Claude Malhuret, Jean-Pierre Raffarin, Vincent Capo-Canellas, Vincent Delahaye, Nathalie Goulet, Loïc Hervé, Chantal Jouanno, Sophie Joissains, Valérie Létard, Hervé Marseille, Yves Pozzo di Borgo, Jean-Marie Valerenberghe, Jacqueline Gourault, Jean-Jacques Lasserre, Alex Türk, Arnaud Danjean, Alain Lamassoure, Tokia Saïfi, Dominique Riquet, Marielle de Sarnez, Christine Albanel, François Bayrou, Azouz Begag, Léon Bertrand, Bruno Bourg-Broc, Pierre-Yves Bournazel, Virginie Calmels, Jacques Chirac, Claude Chirac, Laurent Hénart, Bruno Joncour, Louis Giscard d’Estaing, Louis de Broissia, Philippe Douste-Blazy, Jean-Louis Debré, Jacques Godfrain, Alain Lambert, Jean-René Lecerf, Jean-François Legaret, Pierre Méhaignerie, Valérie Pécresse, Marie-Luce Penchard, Dominique Perben, Jean-Jacques de Peretti, Margie Sudre, Jean Tiberi, Jean-Paul Virapoullé, Geoffroy Didier, Frédéric Salat-Baroux, …et Alain Delon, Louis Gallois, Isabelle Juppé, Alain Minc. Xavier Bertrand, qui avait prévu initialement d’être présent au dernier meeting d’Alain Juppé le 18 novembre 2016 à Lille, ne s’y est pas rendu alors qu’il devait y apporter son soutien.

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Jean-Frédéric Poisson (53 ans), candidat le 14 septembre 2015, a été soutenu par Xavier Lemoine, Christine Boutin, Karim Ouchikh, …et Charles Beigbeder.

Jean-François Copé (52 ans), candidat le 14 février 2016, a été soutenu par Olivier Dassault, Gérard Cherpion, Michel Herbillon, Denis Jacquat, Michèle Tabarot, Michel Voisin, Jean-Claude Carle, Jérôme Lavrilleux, …et Stéphane Collaro.

Bruno Le Maire (47 ans), candidat le 23 février 2016, a été soutenu par Damien Abad, Yves Albarello, Olivier Carré, Gilles Lurton, Jacques Pélissard, Laure de La Raudière, Franck Riester, Arnaud Robinet, Thierry Solère, Éric Straumann, Dominique Tian, Charles de La Verpillière, Yves Jégo, Nicole Duranton, Hervé Maurey, Catherine Morin-Desailly, Michel Barnier, Brigitte Fouré, Sébastien Lecornu, Hervé Morin et Jean-Marc Nesme.

Nathalie Kosciusko-Morizet (43 ans), candidate le 8 mars 2016, a reçu des parrainages, entre autres, de Valérie Pécresse, de Patrick Devedjian et de Chantal Jouanno, et a été soutenue par Philippe Folliot, Jérôme Peyrat, Grégoire de Lasteyrie, …et Jean-Luc Mano.

Nicolas Sarkozy (61 ans), candidat le 22 août 2016, a été soutenu par Nicole Ameline, Patrick Balkany, Philippe Briand, Bernard Brochand, Luc Chatel, Éric Ciotti, Philippe Cochet, Édouard Courtial, Jean-Michel Couve, Marc-Philippe Daubresse, David Douillet, Daniel Fasquelle, Georges Fenech, Alain Gest, Charles Ginésy, Claude Goasguen, Claude Greff, Philippe Goujon, François Baroin, Jean-Claude Guibal, Jean-Jacques Guillet, Sébastien Huyghe, Christian Jacob, Valérie Lacroute, Guillaume Larrivé, Patrick Labaune, Pierre Lellouche, Pierre Lesquiller, Lionnel Luca, Jean-François Mancel, Alain Marleix, Franck Marlin, Alain Marsaud, Damien Meslot, Alain Moyne-Bressand, Yves Nicolin, Patrick Ollier, Catherine Vautrin, Laurent Wauquiez, Éric Woerth, Maurice Leroy, Rudy Salles, Jean-Pierre Vigier, Pierre Charon, Serge Dassault, Philippe Dominati, Dominique Estrosi Sassone, Christian Estrosi, Jean-Claude Gaudin, Alain Joyandet, Roger Karoutchi, Rachida Dati, Françoise Grossetête, Brice Hortefeux, Constance Le Grip, Renaud Muselier, Maurice Ponga, Isabelle Balkany, Édouard Balladur, Joëlle Ceccaldi-Raynaud, Bernadette Chirac, Gérald Darmanin, Gaston Flosse, Nicolas Forissier, Claude Guéant, Maryse Joissans-Masini, Franck Louvrier, Philippe Marini, Marie-Anne Montchamp, Yves Moraine, Frédéric Péchenard, Guillaume Peltier, José Rossi, Jean Sarkozy, Philippe Richert, Antoine Rufenacht, Gérard Trémège, Georges Tron, …et Ingrid Betancourt, Carla Bruni, Didier Barbelivien, Pierre Giacometti, Jean d’Ormesson et Francis Szpiner.


La campagne du premier tour

Jusqu’à la dernière semaine de la campagne, les sondages ont placé Alain Juppé et Nicolas Sarkozy en tête du premier tour et l’attention médiatique ne s’est portée que sur ces deux candidats. Bruno Le Maire avait commencé assez fort à la fin de l’été en se hissant à la troisième place des sondages mais sa campagne s’est enlisée, notamment à cause du premier débat télévisé.

Quant à François Fillon, qui est celui qui a le plus travaillé et le mieux préparé sa candidature et son projet politique, en action depuis février 2013, après un début sans éclat, il a progressé comme un éclair dans les derniers jours de la campagne, renforçant l’incertitude du premier tour.

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Les trois débats télévisés furent des exercices très nouveaux, en tout cas pour cette partie de l’échiquier, souvent en proie à des rivalités très fortes entre les personnes (Valéry Giscard d’Estaing, Raymond Barre, Jacques Chirac, Édouard Balladur, etc.) et jamais, jusqu’à cette primaire, ces "rivaux" n’avaient débattu ensemble devant les Français en montrant leurs points de différenciation. En particulier, les échanges entre les trois principaux (Alain Juppé, Nicolas Sarkozy et François Fillon) furent sans précédent.


La participation du premier tour

Les prévisions les plus hautes ont été en deçà de la réalité : 3 966 956 électeurs inscrits ont participé à cette primaire LR. Il faut comparer ce nombre aux 2 661 231 votants de la primaire socialiste du 9 octobre 2011 (premier tour). C’est 50% de plus !

Si l’on prend le nombre des électeurs inscrits sur les listes électorales lors du second tour des élections régionales du 13 décembre 2015 (le scrutin national le plus récent), soit 45 293 888 personnes, la participation à la primaire LR a correspondu à 8,8% du corps électoral, ce qui est très élevé. Toujours en comparant avec la primaire socialiste de 2011, cette dernière a eu au premier tour une participation qui a correspondu à 6,1% du corps électoral (comparaison avec le nombre d’inscrits pour le second tour des élections régionales du 21 mars 2010).

Ce fut donc un incroyable succès des organisateurs de la primaire (Thierry Solère en premier lieu) et aussi à toute "la droite et le centre" qui ont exprimé massivement leur désir d’alternance.


Les résultats du premier tour

L’autre réussite de la primaire, ce fut les écarts suffisamment importants dès le début de la diffusion des premiers résultats dans la soirée pour prendre acte rapidement de l’échec de Nicolas Sarkozy. Ainsi, aucune contestation n’était possible et tous les candidats battus ont reconnu très vite leur défaite. Le spectre du scrutin interne à l’UMP du 18 novembre 2012 s’est donc définitivement éloigné.

Autre caractéristique du scrutin : tout s’est cristallisé autour des trois principaux candidats au point de réduire à une portion congrue les "petits candidats" (moins de 7% en cumulé).


1. François Fillon a rassemblé 44,1% des suffrages exprimés, soit 1,8 million d’électeurs, c’est 75% de plus que François Hollande le 9 octobre 2011. Sa très grande avance sur Alain Juppé (plus de 15% !) lui donne évidemment le statut de favori du second tour, d’autant plus qu’il a bénéficié de nouveaux soutiens.

Comme je l’avais indiqué en septembre 2016, l’absence dans le débat médiatique de François Fillon avant les deux dernières semaines était profondément "injuste". Visiblement, une campagne sert à cela : à recadrer éventuellement les médias.

Il ne faut pas fustiger les instituts de sondages pour ce scrutin puisque justement, ils ont pu détecter la forte percée de François Fillon quelques jours auparavant, et donc cet envol n’a pas été une surprise. En revanche, il faut bien contester la propension de ceux que certains ont appelés éditocrates à avoir voulu systématiquement réduire la campagne du premier tour à un duel entre Alain Juppé et Nicolas Sarkozy.

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Le mépris du milieu journalistique envers les "autres" candidats (et pas des moindres puisque François Fillon est arrivé à 6% de l’élection dès le premier tour !) a été permanent durant toute la campagne de premier et des personnalités comme Jean-Frédéric Poisson ont été "rangées" dans le rayon des "curiosités". Le sommet de ce mépris fut la manière dont Jean-Pierre Elkabbach s’est moqué du renouveau de Bruno Le Maire lors du troisième débat.

En ce sens, François Fillon a sans doute joui d’une "hillaryclintonisation" du milieu médiatique. Loin de la personnalité de Donald Trump, car François Fillon est tout sauf imprévisible, il a su convaincre les électeurs de ne pas se laisser enfermer dans une sorte de déterminisme sondagier, dans un duel qui n’était pas le leur. Rappelons un autre précédent lors de l’élection présidentielle de 1995, où les médias étaient convaincus d’un second tour (qui aurait été complètement surréaliste politiquement) entre Jacques Chirac et Édouard Balladur. Résultat, Lionel Jospin est arrivé à la première place au premier tour du 23 avril 1995.


2. Alain Juppé a sauvé sa deuxième place et sa qualification au second tour en recueillant 28,6% soit 1 133 798 voix. Là encore, rappelons que François Hollande avait rassemblé moins de voix le 9 octobre 2011 (1 038 188). Il s’est néanmoins balladurisé pendant la campagne. Toujours largement en tête dans les sondages pendant la campagne, il n’a pas su insuffler un souffle vraiment novateur en restant le "candidat par défaut". À lui de démontrer sa combativité pendant l’unique semaine de campagne du second tour. J’y reviendrai.


3. Nicolas Sarkozy n’a atteint que la troisième place, avec seulement 20,6%, soit 820 211 voix, loin derrière Alain Juppé. Il a dépassé cependant de 15 000 voix le score de Martine Aubry le 9 octobre 2011. Pour beaucoup de Français, cette éviction historique est un soulagement. Celui de ne pas revoir la même offre en 2017 qu’en 2012 (François Hollande, Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon).

Pour l’intéressé lui-même, même s’il a affirmé qu’il n’aurait pas d’amertume et c’est probablement vrai, ce fut une gifle particulièrement dure à encaisser. Son retour depuis deux ans et demi a donc échoué. Aucun Président de la République battu ne semble être en mesure de revenir dans le jeu politique. Valéry Giscard d’Estaing avait tenté aussi un retour (il avait été président de l’UDF de 1988 à 1995) mais n’avait pas pu s’imposer comme candidat à aucune des deux élections présidentielles qui ont suivi son échec (1988 et 1995).

Sa déclaration prononcée rapidement dans la soirée (à 22 heures 10) a été un mélange d’émotion et d’esprit sportif. Nicolas Sarkozy, loin de l’image du personnage égocentrique qu’il a pourtant été, a montré qu’il jouait "collectif".

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D’une part, il a reconnu très vite sa défaite et a rendu hommage à ses deux rivaux Alain Juppé et François Fillon. Il a aussi pris tout de suite position, sans tergiverser : s’il a exprimé son "estime" pour Alain Juppé, il a annoncé qu’il voterait pour François Fillon au second tour car son programme lui est le plus proche. Il a aussi annoncé qu’il soutiendrait personnellement le candidat désigné par le second tour et qu’il l’aiderait à conquérir l’Élysée.

D’autre part, il a mis en garde ceux qui lui ont fait confiance de ne pas voter FN par dépit. Cette mise en garde était essentielle. Il a montré un esprit de responsabilité très fort d’homme d’État. Ce n’était pas : "moi ou le chaos", mais : "j’ai perdu, c’est la vie, mais je veux que mon camp gagne".

Enfin, émotion, car il semble bien (mais est-on sûr vraiment ?) que ce fut sa dernière déclaration politique. Il a dit "au revoir" un peu à la manière giscardienne (sans la grandiloquence), a remercié aussi sa famille pour ce qu’il lui a fait endurer pendant si longtemps, et a parlé, non sans un peu soulagement, qu’il se consacrerait désormais à sa "passion privée" (à savoir Carla Bruni !). Il a prouvé ainsi qu’il était d’une grande lucidité sur ce que sa personne a créé en passions, positives ou négatives.

Son départ du paysage politique national est effectivement historique (la semaine prochaine, l’histoire se poursuivra avec le départ d’un autre homme essentiel du paysage politique).

Puis, sont venus les "petits candidats" devenus "très petits candidats".


4. Nathalie Kosciusko-Morizet a raflé la quatrième place que personne ne lui prédisait avec 2,6%, soit 101 872 voix, nettement moins que les 149 103 recueillis par Manuel Valls le 9 octobre 2011. NKM n’a pas réussi à percer en raison de la focalisation du débat sur les trois premiers. Cependant, elle s’est révélée comme une excellente débatteuse, vive et alerte, et a réussi à adopter un ton un peu plus audible que dans le passé. C’est elle qui, à l’évidence, fait figure de renouveau de la classe politique dans cette partie de l’échiquier. Annonçant peut-être un échec d’Alain Juppé en disant qu’elle ne cherchait aucune place, elle a tout de suite apporté son soutien au maire de Bordeaux qui est le plus proche de ses convictions.


5. Bruno Le Maire est l’autre grand perdant du scrutin. Alors qu’il était donné comme le "troisième homme" dès le début de la campagne avec parfois un nombre à deux chiffres, il s’est effondré en cinquième place avec 2,4%, sous la barre des 100 000 électeurs, soit 94 891. Au même titre que la percée de François Fillon correspondait bien au mérite de son action, l’effondrement de Bruno Le Maire est "juste" au regard de sa très mauvaise capacité à défendre son (trop long) programme politique : que ce soit sur la suppression des fonctionnaires (confondus à des emplois aidés), sur l’interdiction du voile, sur la présence de soldats français sur le sol syrien, sur la suppression du collège unique ou d’autres sujets, Bruno Le Maire n’a dit que des inepties intellectuelles qui ont étonné par rapport à sa grande capacité intellectuelle.

Lui qui fut le directeur de cabinet d’un ancien directeur de cabinet d’Alain Juppé, il a apporté très rapidement son soutien à …François Fillon, voulant sans doute se retrouver quand même dans le camp des gagnants. Son obsession du renouveau, portée par un comportement archaïque de "foutage de gueule" politique, a eu raison de son grand potentiel.


6. Jean-Frédéric Poisson, le plus inconnu des candidats, a dû savourer sa petite victoire de ne pas être resté à la dernière place des candidats, lui qui fut un ancien cancre au fond de la classe (qui a fini tout de même par soutenir une thèse de doctorat en philosophie). Avec 1,5%, soit 57 945 voix, il a su rassembler tout ce que la France compte de "catholiques militants de droite", très engagés lors des "manifs pour tous" et dans d’autres combats militants. Il a ainsi bénéficié de quelques réseaux qui auraient pu se tourner vers le FN.


7. Jean-François Copé, enfin, est le dernier de la classe. J’avais écrit pour dire que sa candidature ne correspondait à aucune offre politique significative, seulement un besoin personnel, psychologique, de revenir dans l’actualité nationale. Son échec est, comme pour Bruno Le Maire, avec des objectifs différents, très dur à accepter pour celui qui se voyait déjà élu Président de la République en 2017.

Avec seulement 0,3% des suffrages, il n’a obtenu que 11 754 voix. Il faut faire des comparaisons pour prendre conscience de l’ampleur du désastre personnel. C’est nettement moins que les 17 055 électeurs socialistes qui ont voté pour Jean-Michel Baylet le 9 octobre 2011. C’est également nettement moins que ses 19 604 électeurs de la 6e circonscription de Seine-et-Marne qui lui ont fait confiance lors du premier tour des élections législatives du 10 juin 2012 ! Cela fait 120 électeurs par département ! Cela fait à peine plus d’un électeur par bureau de vote !!

À l’évidence, au contraire du premier tour de la primaire socialiste du 9 octobre 2011 qui fut un tremplin ministériel pour tous les candidats battus, le premier tour de la primaire LR du 20 novembre 2016 a servi à tourner la page, à assainir l’offre politique chez "Les Républicains" en éliminant, non seulement Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé, mais également Bruno Le Maire dans leurs ambitions présidentielles. Ce lundi 21 novembre 2016, Jean-François Copé a apporté son soutien à Alain Juppé.


Il reste donc une dynamique, celle de François Fillon, un rescapé, Alain Juppé, et une révélation qui sera au cœur du renouvellement futur, Nathalie Kosciusko-Morizet.


Et maintenant ?

Le second tour, qui aura lieu dimanche 27 novembre 2016, va donc opposer deux cohérences et deux personnalités. Il n’y aura plus de pollution sur des postures mais un clivage sur des projets politiques.

Il est probable qu’en raison des résultats du premier tour (éviction de Nicolas Sarkozy qui a polarisé ce scrutin), la participation au second tour serait moindre qu’au premier (au contraire de la primaire socialiste). Néanmoins, l’une des leçons de ce scrutin du premier tour, c’était justement qu’il n’y a pas eu, pour la majorité des participants, un vote contre (contre Sarkozy ou contre Juppé) mais bien un vote pour (pour Fillon).

Le pire aurait été la désignation d’un candidat par défaut, ce qui s’était passé précisément avec François Hollande tant à la primaire socialiste le 16 octobre 2011 (par absence de Dominique Strauss-Kahn) qu’à l’élection présidentielle du 6 mai 2012 (par opposition à Nicolas Sarkozy).

François Fillon jouit actuellement d’une dynamique exceptionnel (et historique) qu’il sera très difficile aux partisans d’Alain Juppé de retourner. Le moment essentiel de cette campagne du second tour aura lieu lors du débat entre les deux candidats sur TF1, sur France 2 et sur France Inter ce jeudi 24 novembre 2016 à 21 heures.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (21 novembre 2016)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Premier tour de la primaire LR du 20 novembre 2016.
Tout savoir pour participer à la primaire LR (bureaux de vote, charte, guide électoral).
Sondage OpinionWay pour Atlantico publié le 16 novembre 2016 (à télécharger).
Troisième débat de la primaire LR 2016 (17 novembre 2016).
Deuxième débat de la primaire LR 2016 (3 novembre 2016).
Premier débat de la primaire LR 2016 (13 octobre 2016).
Alain Juppé.
Nicolas Sarkozy.
François Fillon.
Nathalie Kosciusko-Morizet.
Jean-François Copé.
Jean-Frédéric Poisson.
Bruno Le Maire.
L’élection présidentielle 2017.

_yartiPrePresidentielle2017AB09


http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20161120-prepresidentielle2017-ab.html

http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/premices-prepresidentielles-2017-2-186748

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