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Le canalblog de Sylvain Rakotoarison
13 avril 2017

Emmanuel Macron, le clair-obscur du zigzagueur

« Il dit être réformateur ; a priori, il l’est moins que moi ! Il fait croire qu’il est seul et qu’il vient de nulle part ; en réalité, il a fait le programme de Monsieur Hollande, mais aussi une grande partie de sa politique… Il est parti pour une échappée en solitaire, mais ses équipiers ne sont pas loin. Qui sont-ils ? Eh bien, c’est toute l’équipe gouvernementale de Monsieur Hollande… Bonjour la nouveauté ! Macron, c’est le sortant. Macron, c’est le bilan de Hollande. Macron, c’est surtout le prototype des élites qui ne connaissent rien à la réalité profonde de notre pays. » (François Fillon, le 29 janvier 2017 à la Villette, à Paris).



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Il n’y a pas eu de bougie, mais le candidat et ancien ministre Emmanuel Macron a fêté le premier anniversaire de la création de son mouvement En Marche par sa participation à "L’émission politique" sur France 2 le jeudi 6 avril 2017, animée par Léa Salamé et David Pujadas. En un an, il est vrai, le trajet fut rapide pour cet inconnu de la classe politique il y a cinq ans qui a réussi à fédérer un nouveau parti politique de plus de 240 000 membres (242 730 revendiqués au 7 avril 2017) et surtout, qui est parvenu, au fil des semaines, à devenir le favori des sondages à l’élection présidentielle, une position pas forcément très confortable d’ailleurs.

Il était certes à l’aise car il a un réel talent dans la communication politique. Mais lorsqu’on essaie d’approfondir ses réflexions ou propositions, souvent, cela tombe en creux. C’est le cas de très nombreux sujets, et comme c’était l’actualité, le premier sujet était la Syrie.


Va-t-en-guerre en Syrie ?

La situation internationale est très tendue. L’armée syrienne de Bachar El-Assad aurait fait une attaque aux armes chimiques à Khan Cheickhoun le 4 avril 2017, ce qui aurait provoqué au moins 86 morts (dont 30 enfants). Lors de l’émission n’avait pas été connue l’intervention militaire américaine décidée par Donald Trump qui a fait envoyer 50 missiles sur une base aérienne syrienne tuant une dizaine de personnes (la Russie et par elle, la Syrie, ont été averties du raid, ce qui a permis de protéger leurs hommes et avions).

Qu’a dit Emmanuel Macron ? Qu’il fallait intervenir militairement contre Bachar El-Assad. Mais sans préciser où envoyer les bombes. Car aussitôt après, il a expliqué qu’il fallait que cela se fasse dans le cadre de l’ONU, donc, autant dire que cela ne se passera jamais puisque la Russie, alliée de la Syrie, y mettra son veto.

Les journalistes ont pourtant insisté pour faire clarifier la position d’Emmanuel Macron, mais sans succès. Pour le candidat, c’était un moyen de montrer sa fermeté régalienne à bon compte, puisque de toute façon, une intervention ne pourra jamais se faire dans le cadre de l’ONU.

Le lendemain, d’ailleurs, ses soutiens ont approuvé l’intervention américaine unilatérale, comme d’ailleurs des membres du gouvernement socialiste actuel (notamment Ségolène Royal). Pourtant, cette escalade de la violence, malgré l’émotion, n’est pas vraiment raisonnable et pourrait faire combattre directement des soldats américains contre des soldats russes, ce qui serait une première depuis plus de soixante-dix ans.

En cela, Emmanuel Macron ne se distingue pas beaucoup ni de François Hollande, ni de leur lointain prédécesseur socialiste, Guy Mollet, qui était un atlantiste notoire. Deux candidats défendent cette option très américaine de la guerre (imprudente) contre Bachar El-Assad, Emmanuel Macron et Benoît Hamon.

Cela n’a pas empêché Emmanuel Macron d’insister sur les nuances, sur la complexité de la situation.


"Il faut être clair" + "mais en même temps"

C’est d’ailleurs une véritable marque de fabrique du "produit Macron" : la situation en tout domaine est si complexe que pendant les deux heures trente de l’émission, il disait systématiquement « Il faut être très clair en la matière. » comme si ce n’était jamais clair, ce qu’il disait (sinon, inutile de le préciser), et après un laïus, il lâchait un « mais en même temps » et il disait l’inverse.

Ce type de rhétorique, histoire de plaire à tout le monde, ceux qui sont pour et ceux qui sont contre, pourrait faire des sketchs hilarants à la Pierre Dac, mais là, ce n’est pas un spectacle comique, c’est une campagne présidentielle et l’histoire est grave, on le voit pour la Syrie ou les attentats (comme celui de Stockholm ce 7 avril 2017 après ceux de Saint-Pétersbourg et de Londres). Donc, cela ne fait pas rire.

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Je peux énumérer les sujets qui déclinent ce genre de réflexions qu’il veut considérer complexes mais qui sont surtout ambivalentes. C’est une sorte d’arnaque intellectuelle, certes assez habile, mais quand même un peu trop voyante (la chroniqueuse Charline Vanhoenacker l’a d’ailleurs dénoncé à la fin de l’émission).

La Syrie ? Il faut intervenir militairement contre Bachar El-Assad MAIS dans le cadre d’une résolution de l’ONU (donc impuissance : les Américains n’ont pas attendu l’ONU).

L’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ? Il faut le construire car les électeurs se sont prononcés par référendum MAIS je vais nommer un médiateur car les zadistes ne veulent pas évaluer les lieux et cela risque de provoquer des troubles à l’ordre public.

Les retraites ? Je veux réformer les retraites MAIS je ne touche pas à l’âge de la retraite ni au nombre d’annuités (ce qui a pour conséquence soit d’augmenter les cotisations sociales, soit de faire baisser les pensions).

Les 35 heures ? Je suis contre les 35 heures MAIS je ne fais aucune loi pour y toucher.

Le nucléaire ? Je suis pour l’énergie nucléaire, le meilleur moyen d’éviter l’énergie carbone MAIS je veux diminuer la part du nucléaire dans la production d’électricité et je suis pour la fermeture de la centrale de Fessenheim.

L’ISF ? Je suis contre et je le supprime pour les actionnaires MAIS je le maintiens pour les propriétaires de biens immobiliers (tant pis si l’on manque de logements et d’investisseurs locatifs).

Les finances publiques ? Je dis qu’il faut réduire la dette publique MAIS je dis aussi que c’est en ce moment la meilleure conjoncture pour emprunter à faible taux et pour investir (50 milliards d’euros).

Bref, pour plaire et racoler les électeurs, je dis tout MAIS je dis aussi son contraire (au cas où).


Le programme Macron et la dette publique

Sur la dette publique, justement, le journaliste économique François Lenglet a fait quelques estimations du programme d’Emmanuel Macron, et quand il avait un doute sur l’estimation de certains coûts, il a pris les estimations d’Emmanuel Macron lui-même pour ne pas lui être trop défavorables. Et il a fait un essai de budget pour l’année pleine 2018 (la vraie première année budgétaire du prochain quinquennat).

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Il a calculé 34,0 milliards d’euros de recettes nouvelles du programme d’Emmanuel Macron, dont 21,5 milliards d’euros de hausse de la CSG (on le dit peu), 2,5 milliards d’euros de fiscalité verte et 10,0 milliards d’économies budgétaires (dont la suppression de 120 000 postes de fonctionnaires). Mais il y aurait 70,1 milliards d’euros de dépenses supplémentaires, ce qui ferait un coût du programme de 36,1 milliards d’euros à rajouter au déficit courant de 70,0 milliards, ce qui ferait qu’en 2018, au lieu d’être réduite, la dette de la France augmenterait de 106,1 milliards d’euros (en une seule année !).

En clair, Emmanuel Macron n’est pas près de résorber le déficit budgétaire (tandis que François Fillon a tablé dans son programme sur un déficit zéro en 2022).


"J’assume" + "aller sur un camion"

Le reproche fait régulièrement par les opposants d’Emmanuel Macron, et en particulier par les fillonistes, c’est de le considérer comme l’héritier de François Hollande à qui il doit tout (de sa notoriété politique à ses responsabilités dans l’État). Cela signifie aussi qu’il est le comptable du bilan du quinquennat Hollande. D'ailleurs, François Hollande l'a confirmé ce jeudi 13 avril 2017 dans une interview au journal "Le Monde", en souhaitant la victoire du fils qu'il aurait voulu avoir.

Il faut dire que si l’on regarde ses soutiens, ceux qui sont encore "dans l’actualité", ce sont surtout des élus ou ministres proches de François Hollande : Manuel Valls, Jean-Yves Le Drian, Bertrand Delanoë, Gérard Collomb, François Patriat, François de Rugy, Nicole Bricq, Thierry Braillard, Barbara Pompili, Daniel Vaillant, Malek Boutih, Christophe Caresche, Frédéric Cuvillier, etc. Les personnalités "de droite" ou même communistes qui ont rallié Emmanuel Macron n’étaient plus en situation d’avoir une réelle influence dans leur propre parti, au contraire de ces responsables socialistes ralliés.

Emmanuel Macron n’a pas caché évidemment sa trajectoire, qui l’a amené à conseiller le candidat François Hollande pendant la campagne présidentielle de 2012 puis à devenir son secrétaire général adjoint à l’Élysée du 15 mai 2012 au 15 juillet 2014 puis son Ministre de l’Économie du 26 août 2014 au 30 août 2016. "Mais en même temps", il lui aurait dit deux fois "non", une fois en quittant l’Élysée pour désaccord et une autre fois en quittant le gouvernement.

En fait, la question aurait été : si Emmanuel Macron avait été tant en désaccord avec François Hollande sur sa politique qu’il a quitté son poste de collaborateur auprès de lui, pourquoi a-t-il donc accepté de revenir par la grande porte d’un ministère quelques jours plus tard ?

Sa démission du cabinet de François Hollane serait plutôt la conséquence soit de sa déception de ne pas avoir été nommé ministre dans le premier gouvernement de Manuel Valls, soit de ne pas avoir été nommé secrétaire général de l’Élysée lors du départ de Pierre-René Lemas qui a été remplacé par Jean-Pierre Jouyet, bon connaisseur des questions économiques et européennes et ancien ministre de François Fillon.

De même, sa démission de ministre ne provient pas d’un désaccord, sinon, il aurait dû démissionner au moins le 6 avril 2016 quand il a créé son parti En Marche. Sa démission le 30 août 2016 faisait partie de sa stratégie de campagne avant sa déclaration de candidature. Il avait d’abord besoin de savoir si sa candidature pouvait "prendre", ce qu’il a pu voir à la Mutualité le 12 juillet 2016. Pourquoi quitter le navire à quelques mois de la fin du quinquennat ? Pour les idées ? et c’était seulement à la fin du quinquennat qu’il s’en serait aperçu ?

Donc, sur sa proximité avec François Hollande, Emmanuel Macron dit : « J’assume ! » MAIS il n’a pas hésité à lui envoyer quand même un scud pour dire : « Que voulez vous que je fasse ? Je vais aller sur un camion et dire qu’avec moi, ça ne va pas fermer ?! » quand il a répondu au réalisateur François Ruffin sur son silence à propos de l’usine Whirlpool à Amiens (sa ville natale). Allusion peu courtoise à la campagne de François Hollande en 2012 à propos des salariés de Florange (rappelons qu’à l’époque, celui qui le conseillait dans sa campagne pour les affaires économiques s’appelait …Emmanuel Macron !).


Attaques contre François Fillon

Le meilleur moment de cette émission du 6 avril 2017 fut la confrontation avec Bruno Retailleau, proche de François Fillon, sur ses trajectoires en zigzags (Bruno Retailleau n’était d’ailleurs pas loin de comparer Emmanuel Macron à une bécasse !).

Emmanuel Macron a eu donc plusieurs fois l’occasion d’attaquer François Fillon, pas forcément de façon pertinente dans la mesure où les attaques arrivaient quand il avait du mal à s’expliquer sur le flou de ses intentions ou positions.

Ainsi, sur la Syrie, il a fustigé la supposée amitié de François Fillon avec Vladimir Poutine (en le mettant dans le même sac que Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, montrant une communauté de vue avec Benoît Hamon), ou encore en évoquant ses costumes, et même en mettant en doute l’esprit républicain de son adversaire, lui reprochant à tort de remettre en cause la laïcité, d’être machiste, de vouloir revenir dans les années 1950, etc., typiquement ce qu’une "gauche qui se croit morale" reproche depuis des décennies à la droite quand elle est à court d’arguments.

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Emmanuel Macron a aussi reproché à François Fillon de ne pas avoir voté pour le Traité de Masstricht le 20 septembre 1992 (ce qui est vrai, François Fillon, proche de Philippe Séguin, avait suivi les positions de celui-ci, mais les deux ont été convaincus de l’intérêt de l’euro une fois mis en place). Ce qui fait doucement sourire, c’est qu’Emmanuel Macron non plus n’a pas voté pour le Traité de Maastricht. Parce qu’à l’époque, il n’avait pas encore le droit de vote, il n’avait que 14 ans !

Étrange aussi, cette phrase d’Emmanuel Macron qui se considère comme plus réformateur que François Fillon : « Fillon fait des petites réformes ! ». Un argument qui devrait rassurer ceux qui pensent que François Fillon bouleversera le système social français.


La "société civile"

Autre marotte d’Emmanuel Macron, la "société civile" par opposition à la "classe politique". Répétons une fois encore que je déteste cette expression qui laisse entendre que les personnalités politiques seraient soit des militaires, soit des membres d’un clergé. Non, la politique fait partie intégrante de la société civile (heureusement, pas de junte militaire au pouvoir ni de théocratie). Mais quelle en est la définition exacte ?

Lui-même, était-il de la "société civile" lorsqu’il est devenu conseiller du prince ? puis ministre ? Ou était-il dans le moule politique depuis suffisamment longtemps pour ne plus être "société civile" ? Christian Estrosi, Xavier Bertrand, Bernard Debré, Jean Leonetti, Bernard Accoyer ou même Jérôme Cahuzac sont-ils "société civile" ou seulement des élus voire ministres ordinaires ayant eu un métier ? Et Édouard Balladur ? Dominique de Villepin, jamais élu ? etc.

Emmanuel Macron, tout content de ses invités, a donc pu "montrer" aux téléspectateurs les 14 premiers candidats investis par lui aux élections législatives (là, on a bien un "centralisme démocratique", officiellement, c’est En Marche qui investit, mais Emmanuel Macron a plusieurs fois affirmé que c’était lui qui donnait les investitures). Son objectif est d’investir la moitié de candidats "issus de la société civile" et de nommer au gouvernement aussi la "société civile".

Et il a cité l’exemple de nommer un médecin au Ministère de la Santé. On lui a alors demandé s’il nommerait aussi un ouvrier au gouvernement. Alors, fidèle à sa politique du zigzag, il a fait deux pas de recul en disant qu’il ne faut pas non plus ne nommer que de la "société civile" et a montré un modeste agriculteur parmi ses candidats investis pour dire qu’il n’oubliait pas les ouvriers.

Nommer un médecin à la Santé ? Quelle innovation ! Sans revenir au temps de Clemenceau qui disait que la guerre était trop importante pour nommer un général au Ministère de la Guerre, cette idée de la "société civile" n’a rien de nouveau, elle date même, dans sa version moderne, de plus de quarante ans (si j’exclus l’épopée gaullienne un peu particulière).

Tous les Présidents de la Ve République ont usé de cette ficelle de la "société civile". De Gaulle s'en est servi pour utiliser les compétences de hauts fonctionnaires ou de grands ingénieurs. Valéry Giscard d'Estaing a été le premier à en faire un "usage" moderne, à savoir pour rendre le gouvernement à la fois plus représentatif (en le féminisant notamment) et plus populaire. Ses successeurs ont continué dans cette voie.

Charles De Gaulle : André Malraux, Maurice Couve de Murville, Edmond Michelet, Jean-Marcel Jeanneney, Pierre Messmer.
Georges Pompidou : Maurice Druon.
Valéry Giscard d’Estaing : Simone Veil, Françoise Giroud, Monique Pelletier, Lionel Stoléru, Raymond Barre, Marcel Bigeard, Jean-François Deniau, Louis de Guiringaud, Jean Mattéoli, Michel Debatisse, Jean Sauvagnargues.
François Mitterrand : Alain Bombard, Roger Bambuck, Hubert Curien, Haroun Tazieff, Alain Calmat, Bernard Tapie, Bernard Kouchner, Pierre Arpaillange, Roger Fauroux, Jacques Chérèque, Alain Decaux, Léon Schwartzenberg, Gérard Renon, Émile Biasini, Michel Gillibert, Kofi Yamgnane, Jean-Noël Jeanneney, René Teulade, Georges Kiejman, Nicole Questiaux, André Henry, Claude Cheysson, Pierre Dreyfus, Robert Badinter, Max Gallo.
Cohabitation Jacques Chirac : Jean-Bernard Raimond, François Guillaume, Georges Chavanes, Claude Malhuret,
Jacques Chirac : Guy Drut, Claudie Haigneré, Jean-François Lamour, Francis Mer, Dominique Versini, Thierry Breton, Azouz Begag, Corinne Lepage, Xavier Emmanuelli, Noëlle Lenoir, Luc Ferry, Christine Lagarde.
Cohabitation Lionel Jospin : Claude Allègre.
Nicolas Sarkozy : Frédéric Mitterrand, Bernard Laporte, David Douillet, Rama Yade, Chantal Jouanno, Jeannette Bougrab, Martin Hirsch, Fadela Amara.
François Hollande : Audrey Azoulay, Yamina Benguigui, Fleur Pellerin.

J’en ai probablement oublié, et en restant seulement de la période à partir de 1974, on constate qu’à part trois personnalités, aucun de ces ministres dits de la "société civile" n’est resté dans l’histoire des gouvernements et n'a beaucoup influené la vie politique. Ces trois personnalités d'exception sont Raymond Barre, Simone Veil et Robert Badinter.

Emmanuel Macron, recyclage de vieilles ficelles en même temps que des personnages politiques sur le déclin ?


Ambitieux dès l’âge de 20 ans

Emmanuel Macron a reconnu que dès le plus jeune âge, il avait voulu avoir un destin national et son ambition s’est plus aiguisée à partir de ses 20 ans. On ne doute pas que pour vouloir être candidat à l’élection présidentielle, il faut avoir une certaine dose d’ambition personnelle et de confiance en soi.

Le problème, c’est qu’Emmanuel Macron était souvent en défensive, à se justifier souvent et à préférer prendre du temps pour expliquer son propre patrimoine (il a gagné beaucoup d’argent MAIS il a un patrimoine qui dépasse à peine celui de Philippe Poutou) à exposer comment il éviterait des délocalisations chez Whirlpool.

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Il n’y a aucun mal à cette dérive narcissique, tous les candidats sérieux à une élection présidentielle l’ont ou l’ont eue. Ce qui peut faire réfléchir, en revanche, c’est la capacité d’infantilisation et de condescendance qui peuvent apparaître dans les relations qu’il peut entretenir avec ses militants. Cela laisserait augurer qu’au-delà de l’apparence « atrocement sympathique » selon l’expression de Luc Ferry (ancien ministre "société civile") le 7 avril 2017 sur LCI, Emmanuel Macron pourrait se "giscardiser" pendant sa Présidence.

Car à part quelques conseillers en communication, quel est le véritable lien entre Emmanuel Macron et les Français ? C’est cela l’essentiel dans la désaffection des Français pour leur classe politique, le trop grand fossé entre les gouvernants et les gouvernés. En n’ayant jamais géré aucune mairie, conseil départemental ou régional, et en n’étant pas même élu en général, Emmanuel Macron n’a pas eu de contact ni d’histoire avec ses électeurs jusqu’à maintenant. Et à l’Élysée, ce sera trop tard, le contact sera forcément rompu à cause du protocole et de la sécurité.

Dans sa campagne, tout repose sur sa seule personnalité, rien sur son équipe de personnes sans doute très estimables mais soit inexpérimentées, soit provenant de la Hollandie, rien sur son programme en zigzag, sans tradition d’une philosophie politique, sans s’inscrire dans un mouvement historique, sans expérience du pouvoir (celle qui a déjà fait tant défaut à François Hollande et son premier Premier Ministre Jean-Marc Ayrault).

Emmanuel Macron est donc, en 2017, le représentant de ce mythe français de l’homme providentiel. Est-ce vraiment dans cette voie que les Français veulent avancer ?


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (13 avril 2017)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Emmanuel Macron, le clair-obscur.
Le soutien de Manuel Valls.
Deuxième débat télévisé du premier tour de l’élection présidentielle (4 avril 2017).
L’auberge macrospagnole.
Analyse du programme d’Emmanuel Macron.
Le programme d’Emmanuel Macron (à télécharger).
Les onze candidats.
La déclaration de patrimoine des candidats (à télécharger).
Premier débat télévisé du premier tour de l’élection présidentielle (20 mars 2017).
Liste des parrainages des candidats à l’élection présidentielle au 18 mars 2017.
Liste officielle des onze candidats à l’élection présidentielle (21 mars 2017).
L’héritier de François Hollande.
Autorité et liberté.
François Bayrou se maconise.
La démocratie française est devenue quantique (24 avril 2007).
La réduction du paquet d'onde centriste (10 mai 2007).
Comptes à débours.
Emmanuel Macron va-t-il dynamiter la présidentielle 2017 ? 
Emmanuel Macron est-il de gauche ?
Bernard Cazeneuve.
Benoît Hamon.
François Fillon.
Primaire socialiste de janvier 2017.
Les investissements productifs.
La France archaïque.
Et si… ?
L’élection présidentielle en début janvier 2017.
Ramasse-miettes du système politique français.
JJSS, un Macron des années 1970.
Le Centre aujourd’hui.
Manuel Valls.
François Hollande.
Une colombe dans un nid de crocodiles.
Hollande démacronisé.
Michel Rocard.
Populismes.
Mystère ou Mirage Macron ?
Discours d’Emmanuel Macron le 8 mai 2016 à Orléans (à télécharger).
La vivante énigme d’Emmanuel Macron.
Le saut de l'ange.
La Charte de En Marche (à télécharger).
Emmanuel Macron à "Des paroles et des actes" (12 mars 2015).
La loi Macron.
Casser le clivage gauche/droite.
Paul Ricœur.
La France est-elle un pays libéral ?

_yartiMacron2017040606



http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20170406-macron.html

http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/emmanuel-macron-le-clair-obscur-du-191645

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2017/04/13/35148279.html


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