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Le canalblog de Sylvain Rakotoarison
9 octobre 2017

L’élégance du distingué : hommage à Jean Rochefort

« La fidélité du public me fait chaud au cœur. (…) Je pourrais presque me croire oublié, là, dans mon petit coin. Tout à coup, je réalise que je compte pour beaucoup de gens, que les Français ont de l’affection pour moi. Je ne le savais pas à ce point. Dieu, qu’est-ce que c’est bon de se savoir aimé ! L’amour, c’est ce qui vous porte. » ("Paris Match", le 19 février 2013).


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Quelques jours après la charmante centenaire Gisèle Casadesus, l’acteur Jean Rochefort a tiré sa révérence, à 87 ans, ce lundi 9 octobre 2017 à Paris. L’élégance, avec sa moustache, un poil précieuse, c’est sans doute ce qui pourrait le mieux caractériser cet acteur que j’ai toujours admiré, sa voix rassurante et autoritaire en même temps, une figure d’oncle ou de père telle que l’on pourrait l’imaginer dans un inconscient enfantin. Le mot "élégance" est en tout cas utilisé de façon presque systématique quand on parle de lui.

On parle de lui comme d’un monument de la culture française, représentant l’esprit français à l’instar d’un Astérix tout aussi moustachu. Avec son petit air d’aristocrate chevalin, il n’était pas toujours dans des premiers rôles, mais il excellait dans les seconds rôles. Sa trajectoire de comédien fut très dense à partir de 1953 (il avait alors 23 ans) : près de 120 films, environ 30 téléfilms sans compter la série "Les Bœuf-carottes"), autour de 35 pièces de théâtre (entre autres, des pièces de Peter Ustinov, Jean Giraudoux, Georges Feydeau, René de Obaldia, etc.), et exploitant à merveille sa voix et son talent de lecteur, plusieurs enregistrements de contes pour enfants. Il a aussi prêté sa voix de narrateur pour "Les aventures de Winnie l’ourson" diffusées sur France 3 à partir de 1985.

Parmi les nombreux films, Jean Rochefort a reconnu qu’il a parfois joué dans des "films avoines", c’est-à-dire des navets qui lui ont permis de financer sa passion pour l’équitation et les chevaux (il aurait fait naître une centaine de poulains) : « J’y vois aussi des petites choses dont j’ai un peu honte. Je ne suis qu’un homme après tout. J’ai parfois accepté des projets extrêmement moyens pour de mauvaises raisons : le besoin d’argent, la crainte du lendemain… tout ce qui fait les moments creux d’une vie. » ("Paris Match", le 19 février 2013). Ce qui lui a sans doute apporté une médaille assez rare, le Mérite agricole, en septembre 2004.

Parmi les récompenses de la profession : le César du meilleur second rôle en 1976 (pour "Que la fête commence" de Bertrand Tavernier), le César du meilleur acteur en 1978 (pour "Le Crabe-tambour" de Pierre Schœndœrffer) et un César d’honneur pour sa carrière en 1999. En 1976, son César était le premier des Césars en France, et il l’a obtenu à 46 ans.

En 2007 au Théâtre de la Madeleine, Jean Rochefort avait rendu hommage à ses personnalités admirées, comme Roland Barthes, Primo Levi, Paul Verlaine, Fernandel, Jean Yanne, Boby Lapointe. Avec Jean-Pierre Marielle, Claude Rich, Bruno Cremer, Jean-Paul Belmondo, Pierre Vernier, Annie Girardot (et Philippe Noiret), ils formaient une "petite bande" (issue de la même génération au Conservatoire) dans le cinéma français des années 1970-1980.

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Né le 29 avril 1930 à Paris, il passa son enfance et adolescence à Vichy pendant la Seconde Guerre mondiale et fut plutôt un cancre (comparé à un frère polytechnicien qui a fini ingénieur général de l’armement). Il entra au Conservatoire d’art dramatique où il rencontra la plupart des futures stars du cinéma français (voir ci-dessus) et commença au théâtre en 1953 avant de poursuivre sa carrière au cinéma à partir de 1958. L’un des films qui l’a beaucoup formé fut "L’Horloger de Saint-Paul" (1973).

Brillant dans les comédies, il joua notamment dans la série "Le Grand Blond avec une chaussure noire" et aussi dans la série "Un éléphant, ça trompe énormément" (une bande de copains avec Claude Brasseur, Guy Bedos et Victor Lanoux). Je le trouve au sommet de son humour et de son flegme dans l’excellent film "Le bal des casse-pieds".

Rompant avec sa réputation d’homme fin et délicat, distingué et élégant, Jean Rochefort s’était prêté en 2015 au jeu des "Boloss des belles lettres" en racontant brièvement un livre très connu avec le langage des "djeunes". Ce qui donnait par exemple pour "Madame Bovary" de Flaubert des phrases comme : « C’est l’histoire d’un petit puceau tout mou comme des Chocapic au fond de leur bol. ». Ou : « Ils vont crécher dans un bled perrave de Normandie. ». Ou encore : « Emma, elle se fait chi@r, donc elle commence à toucher la nouille à quelques keums. »… La vidéo a déjà eu presque 2,5 millions de visiteurs sur Youtube (et plus de 14 000 "likes" sur Facebook).

Il disait en 2013 : « Je suis acteur, le resterai jusqu’à mon dernier souffle. Je voudrais terminer ma carrière par le haut. ». Rappelant qu’il était contre les corridas et évidemment contre la viande chevaline, Brigitte Bardot lui a rendu cet hommage ce 9 octobre 2017 : « C’est une hécatombe d’étoiles qui s’éteignent avec la mort de Jean Rochefort. Avec lui, c’est toute une génération qui disparaît. Jean Rochefort en était un brillant représentant, élégant, dandy, lord, humour et fantaisie et surtout amoureux des chevaux et soutien inconditionnel dans mon combat contre l’hippophagie. Je l’adorais. ».


Voici quelques vidéos trouvées sur Internet pour lui rendre hommage.


1. "Le Grand Blond avec une chaussure noire" d’Yves Robert (6 décembre 1972)






2. "Le complot" de René Gainville (10 mai 1973)






3. "L’Horloger de Saint-Paul" de Bertrand Tavernier (16 janvier 1974)






4. "Le bal des casse-pieds" d’Yves Robert (12 février 1992)






5. "Les Bœuf-carottes ; épisode 3 : Émotions fortes" de Pierre Lary (1996)






6. "À voix nue" sur France Culture (janvier 2012)
Interviewé par Arnaud Laporte avec Claire Poinsignon (réalisé par Anne Secheret).






7. Boloss des belles lettres : "Madame Bovary" (2015)






Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (09 octobre 2017)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Jean Rochefort.
Gisèle Casadesus.
Gisèle Casadesus a 100 ans !
Le cinéma parlant.
Jacques-Yves Cousteau.
Peter Falk.
"Big Eyes" de Tim Burton.
Mireille Darc.
Fadwa Suleiman.
Claude Rich.
Francis Veber.
Mimie Mathy.
Victor Lanoux.
Robert Dalban.
Acting.
Disparition de Zsa Zsa Gabor, Michèle Morgan, Claude Gensac, Carrie Fisher et Debbie Reynolds (dessin).
Kirk Douglas.
Jean Gabin.
Michel Aumont.
Grace Kelly.
Alice Sapritch.
Thierry Le Luron
Pierre Dac.
Coluche.
Charles Trenet.
Georges Brassens.
Léo Ferré.
Christina Grimmie.
Abd Al Malik.
Daniel Balavoine.
Édith Piaf.
Jean Cocteau.
Yves Montand.
Gérard Depardieu.
Michel Galabru.
Bernard Blier.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20171009-jean-rochefort.html

https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/l-elegance-du-distingue-hommage-a-197548

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2017/10/09/35752876.html


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