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Le canalblog de Sylvain Rakotoarison
1 janvier 2018

Jusqu’ici, tout va bien !

« Celui qui peut moralement tenir le plus longtemps est le vainqueur : celui qui est vainqueur, c’est celui qui peut, un quart d’heure de plus que l’adversaire, croire qu’il n’est pas vaincu. » (Clemenceau, le 8 mars 1918 à la Chambre des députés).


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Jusqu’ici, tout va bien ! Cette fameuse réplique du non moins fameux film de Mathieu Kassovitz "La Haine" sorti avec fureur le 31 mai 1995 pourrait bien s’appliquer à cette fin d’année 2017 : « C’est l’histoire d’un homme qui tombe d’un immeuble de cinquante étages. Le mec, au fur et à mesure de sa chute, il se répète sans cesse pour se rassurer : jusqu’ici, tout va bien ! Jusqu’ici, tout va bien ! Jusqu’ici, tout va bien ! Mais l’important n’est pas la chute, c’est l’atterrissage. ».

Il est de coutume de se tourner derrière soi pour faire un bilan de l’année avant de regarder devant soi. Le bilan, en France, a été fait depuis quelques mois avec ces élections présidentielle et législatives qui ont décapé la classe politique. Ce n’est ni le "système" qui a basculé, ni les comportements qui se sont soudain modifiés, ce sont juste les acteurs habituels qui ont été "rangés" dans les livres d’histoire : Cécile Duflot, Jean-François Copé, Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, Vincent Peillon, Arnaud Montebourg, Manuel Valls, Benoît Hamon, Jean-Vincent Placé, Jean-Luc Mélenchon, François Fillon, Marine Le Pen, Bernard Cazeneuve, Ségolène Royal, Nathalie Kosciusko-Morizet, Jean-Pierre Raffarin, François Baroin, Luc Chatel, François Bayrou

Certains, parce qu’ils sont encore assez jeunes et combatifs, pourront peut-être revenir sur le devant de la scène dans quelques années, mais ce coup de balai a laissé place à un Président de la République maintenant quadragénaire dont la cote de popularité grimpe après sept mois d’exercice du pouvoir, ce qui est assez exceptionnel depuis plusieurs décennies en France.

L’élection du Président Emmanuel Macron a donné l’impression aux Français que la France est de nouveau gouvernée après cinq ans d’attentisme et d’immobilisme. Pour l’instant, Emmanuel Macron n’a pas fait trop d’impairs. Sa réforme du code du travail est passée assez facilement. La loi de finances 2018, qu’Emmanuel Macron a promulguée ce samedi 30 décembre 2017 sans invalidation du Conseil Constitutionnel, a été, elle aussi, un succès institutionnel. Cela signifie aussi que l’année 2018 sera une année blanche pour l’impôt sur le revenu.

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Il y a cependant beaucoup d’inquiétude qui pèse sur l’avenir et en particulier pour l’année 2018 parmi les réformes envisagées par le gouvernement. Je placerais en premier rang la révision de la Constitution : il ne s’agirait pas de démolir la mécanique si efficace de la Ve République et il faudra donc rester très vigilant sur les conséquences de la réforme annoncée, qui voudrait se faire rapidement (l’objectif serait d’être achevée en été 2018).

L’autre réforme qui peut inquiéter sera la réforme de l’assurance-chômage. Selon les fuites diffusées il y a quelques jours, cette réforme pourrait pénaliser les demandeurs d’emploi en les fustigeant. Il y a dans ce thème un grand danger. Le député FN Gilbert Collard n’a pas tort quand il dit qu’il ne faut pas fustiger les demandeurs d’emploi mais les encourager. Leur recherche d’emploi ne doit pas être polluée par une communication excessive auprès de bureaucrates. Ce n’est pas le but.

Et rappelons que pour l’instant, ce n’est pas une "aide" mais une "assurance" : ceux qui reçoivent une indemnisation chômage sont ceux qui ont cotisé, ils ne font donc pas l’aumône auprès la solidarité nationale, ils sont seulement indemnisés comme l’est le propriétaire d’une maison assurée qui a été détruite. Espérons que la réforme pensera davantage à la capacité des demandeurs d’emploi à retrouver un emploi qu’à les chasser des statistiques. L’essentiel restera donc la grande réforme de la formation professionnelle dont on parle depuis des décennies et qui n’a jamais vu le jour.

Autre source d’inquiétude, la réforme des retraites. L’inquiétude est pour ceux qui ont des régimes spéciaux, bien sûr. La justice commande une réforme structurelle des retraites qui voudrait que pour un euro cotisé, chacun reçoive, à leur retraite, le même montant de pension. C’est un vaste sujet, très ambitieux, attendu depuis 1990 et le livre blanc des retraites initié par Michel Rocard. Là encore, il faut que la réforme soit consensuelle, c’est-à-dire acceptée par les partenaires sociaux, et pas seulement par le patronat.

Enfin, 2018 sera aussi, sur le plan intérieur, l’année où sera adoptée une loi sur l’immigration. Les premières ébauches du projet montrent une tendance beaucoup plus dure que lors du quinquennat de Nicolas Sarkozy, au point d’inquiéter les associations humanitaires et caritatives qui s’alarment de la volonté du gouvernement de vouloir contrôler l’identité de toutes les personnes acceptées en centre d'hébergement d’urgence. Il faudra aussi être vigilant sur la révision des lois sur la bioéthique qui devrait se faire aussi en 2018, avec un point de polémique très important concernant la PMA pour tous.

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L’année 2018 sera néanmoins une source d’inquiétude avant tout sur le plan international. En Europe, la difficulté de la Chancelière Angela Merkel à former une nouvelle coalition gouvernementale en Allemagne, l’arrivée au pouvoir ou le maintien de gouvernements qui peuvent voir d’un œil réticent certaines directives de Bruxelles (Pologne, Hongrie, Autriche, etc.), les inconnues du Brexit, la crise catalane qui n’en finit pas, les futures élections en Italie le 4 mars prochain (le Président italien Sergio Mattarella a dissous le parlement italien le 28 décembre 2017), laissent un paysage européen de désolation. Les ambitions européennes d’Emmanuel Macron sont à peu près les seules visions d’avenir dans cet euroscepticisme généralisé.

Au-delà des frontières européennes, le monde de Donald Trump et Vladimir Poutine (qui sera probablement réélu en mars 2018) n’est pas dans une optique de stabilité. La crise avec la Corée du Nord, la plus grave de notre temps, où le risque majeur est quand même un déclenchement d’un conflit nucléaire, pourrait rendre les dirigeants du monde un peu paranoïaques. La persistance du terrorisme islamiste défie toujours l’ensemble des peuples du monde. Les changements profonds en Arabie Saoudite, en Iran et (espérons-le) en Syrie vont aussi bouleverser les perspectives dans le Proche- et Moyen-Orient.

Comme pour l’avenir du projet européen, l’avenir des Accords de Paris du 12 décembre 2015 sur le changement climatique reste très incertain en raison de la mauvaise volonté du gouvernement américain. La préparation aux bouleversements climatiques planétaires nécessite évidemment une action collective au niveau mondial. C’est d’ailleurs un bon marqueur de la maturité de notre époque, celui de pouvoir coopérer dans le sens de l’intérêt général de l’espèce humaine. Étrangement, celui qui montre la meilleure volonté, en dehors de l’Europe et des pays qui seront les premières victimes d’une montée des eaux, c’est la Chine, le plus gros pollueur, mais aussi qui commence à investir massivement dans les énergies nouvelles et dans l’automobile électrique (à la réserve que cela dépend de la manière de produire l’électricité qui, en elle-même, n’est pas forcément moins polluante que le pétrole).

En France et en Europe, l’année 2018 sera aussi marquée par le centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale le 11 novembre 1918. Une commission planche déjà pour organiser les festivités mais aussi les signes symboliques en faveur de la paix.

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Georges Clemenceau sera probablement de nouveau, et à juste titre, encensé, pour sa capacité de maintenir coûte que coûte l’effort de guerre et pour avoir cru en la victoire (comme De Gaulle pour la guerre suivante).

Personnage très étrange que le Père la Victoire puisqu’il haïssait les militaires. De nombreuses citations provenant de lui (ou supposée provenir de lui) l’attestent comme : « La plus petite unité de mesure de poids, c’est le milligramme ; la plus petite unité de mesure de volume, c’est le millilitre ; la plus petite unité de mesure de l’intelligence, c’est… le militaire ! » (notons au passage la faute commise : le milligramme est une unité de masse ; l’unité de poids, c’est le newton, bien sûr). Ou encore celle-ci : « Il suffit d’ajouter "militaire" à un mot pour lui faire perdre signification. Ainsi, la justice militaire n’est pas la justice, la musique militaire n’est pas la musique. ».

Et puisque j’en suis à des citations de Clemenceau, je propose pour finir l’année 2017 et commencer la suivante une citation à l’adresse des candidats malheureux qui ont échoué à l’élection présidentielle : « Ce qui m’intéresse, c’est la vie des hommes qui ont échoué, car c’est le signe qu’ils ont essayé de se surpasser. ». Et une dernière à l’adresse du vainqueur : « Ne craignez jamais de vous faire des ennemis ; si vous n’en avez pas, c’est que vous n’avez rien fait. ».

Bonne année 2018 et surtout, bonne santé à tous !


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (31 décembre 2017)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Emmanuel Macron, vainqueur de 2017.
Johnny Hallyday, homme de l’année 2017.
Donald Trump, autre homme de l’année 2017.
2018.
2017.
2016.
2015.
2014.
2012.
2010.


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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20180101-nouvel-an.html

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/politiques-citoyens/article/jusqu-ici-tout-va-bien-200150

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2018/01/01/36002802.html



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L'intégralité de mes articles (depuis février 2007) se trouve sur le site http://www.rakotoarison.eu
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