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Le canalblog de Sylvain Rakotoarison
28 mai 2018

L’Italie en pleine dérive ?

« Le Président du Conseil désigné, Giuseppe Conte, a remis son mandat au Président Mattarella. » (Ugo Zampetti, secrétaire général de la Présidence de la République italienne, le 27 mai 2018).


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Presque trois mois pour rien. Trois mois sans gouvernement. Un recore maintenant. L’ingouvernabilité de l’Italie n’est plus à répéter mais elle a pris une tournure nouvelle encore ce dimanche 27 mai 2018 avec le renoncement de Giuseppe Conte à former un nouveau gouvernement. Personne ne sait s’il faut lâcher un soupir de soulagement (à court terme) ou au contraire craindre le pire (à moyen terme).

Toujours est-il que l’Italie est dans une panade institutionnelle majeure et c’est un grand pays de l’Europe, donc, un pays qui compte beaucoup dans les institutions européennes et particulièrement dans la zone euro : ancienne hyperpuissance historique sous l’Antiquité, pays fondateur de l’Union Européenne, deuxième puissance industrielle de la zone euro, troisième puissance économique. L’un des enjeux de cette crise est européen et monétaire : avec une dette publique de plus de 132% du PIB (2 300 milliards d’euros), l’Italie ne peut pas "flancher" sans risquer une crise financière majeure (trop gros pour faillir). C’est sur cet enjeu qu’a eu lieu cet échec de la formation du nouveau gouvernement.

Reprenons rapidement les faits.

Le 4 mars 2018, près de 34 millions de citoyens italiens (sur 46,5 millions d’inscrits) ont désigné leur 630 députés et 315 sénateurs pour un mandat de cinq ans. Le mode de scrutin et la configuration éclatée du paysage politique italien (qu’on retrouve dans beaucoup de pays européens) ont abouti à des chambres sans majorité de gouvernement.

En effet, trois coalitions ou partis s’étaient présentés devant les électeurs avec l’objectif d’obtenir la majorité et de gagner. Aucun d’eux n’a obtenu la majorité absolue des sièges dans aucune assemblée. La coalition de centre gauche, dominée par le Parti démocrate mené par l’ancien Président du Conseil Matteo Renzi, le parti de la majorité sortante, a été rapidement éliminée des supputations avec un échec important, car elle n’a pas réussi à réunir plus de 122 sièges à la Chambre des députés et 60 sièges au Séant. Pour gouverner, il faut le soutien d’au moins 316 députés et de 158 sénateurs.

La première coalition arrivée en tête en sièges fut l’alliance entre le centre droit (Forza Italia mené par l’ancien Président du Conseil Silvio Berlusconi), l’extrême droite (Lega, ex-Ligue du Nord, menée par Matteo Salvini) et d’autres petits partis extrémistes, qui a totalisé 265 sièges de député et 137 sièges de sénateur.

Ensuite, est arrivé le Mouvement 5 étoiles (M5S) mené par Luigi Di Maio avec 227 sièges à la Chambre des députés et 112 sièges au Sénat. Si le M5S n’a atteint aucune majorité absolue, il est le parti le plus important d’Italie, car au contraire de ses concurrents, il n’est pas une coalition mais un seul parti. Et c’est donc là le problème de leadership pour savoir qui gouvernera l’Italie car le M5S, fort de ce titre de premier parti, a revendiqué la tête du gouvernement alors que la coalition que j’appellerai de droite pour simplifier l’a également revendiquée puisque cette coalition est en tête, devant le M5S.

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Au-delà de ce choc des coalitions, il faut aussi regarder à l’intérieur de la coalition de droite. Tout l’enjeu était le rapport des forces entre ses deux principales composantes, Forza Italia et la Ligue. Silvio Berlusconi, qui, pour des raisons de condamnation judiciaire (plus que d’âge), ne pouvait prétendre à aucune responsabilité, comptait continuer à dominer la coalition (c’est une coalition traditionnelle depuis vingt-quatre ans) et voulait placer l’actuel Président du Parlement Européen, Antonio Tajani à la tête du gouvernement italien. Mais en n’obtenant que 104 députés et 57 sénateurs, il n’est arrivé que le quatrième parti à la Chambre des députés, derrière le Parti démocrate (et troisième au Sénat).

Au contraire, la Ligue a fait un très bon score en remportant 125 sièges de député et 58 sièges de sénateur, devenant le deuxième parti d’Italie et surtout, le premier parti de la coalition qui est arrivée en tête. Donc, son secrétaire général, Matteo Salvini, a revendiqué en toute logique la tête du gouvernement. À ce constat, il faut aussi ajouter une détestation réciproque entre Matteo Salvini et Silvio Berlusconi qui a pour conséquence l’impossibilité de vraiment gouverner ensemble.

Résultat, face à cet inextricable nœud, les initiatives du Président de la République Sergio Mattarella, élu le 31 janvier 2015, prennent une importance déterminante dans la résolution ou non de la crise politique, au même titre que René Coty avait un grand pouvoir d’influence lors des interminables crises institutionnelles sous la IVe République en France.

Pendant les sept premières semaines après les élections, Sergio Mattarella a rencontré les principales forces politiques, sans succès pour dégager une majorité gouvernementale. Luigi Di Maio a refusé obstinément de discuter avec Silvio Berlusconi (son mouvement en avait fait un grand adversaire dès la création). Il faut dire que cette détestation est réciproque, puisque Silvio Berlusconi lui a répondu (selon "Les Échos") : « J’engagerais ses membres dans ma société seulement pour nettoyer les toilettes. ». Comme on le voit, ça vole haut !

Le 24 avril 2018, le M5S ne serait pas opposé à une alliance avec le Parti démocrate et ce dernier, qui a pourtant décidé de rester dans l’opposition après sa cuisante défaite (comme le SPD en Allemagne le 24 septembre 2017), pourrait trouver un intérêt à s’allier avec Luigi Di Maio pour éviter tout gouvernement incluant l’extrême droite (la Ligue). Mais là encore, Matteo Renzi (battu dans son fief et qui a démissionné de la présidence du Parti démocrate) fera tout pour s’opposer à une telle alliance (le M5S a également ciblé dès le début contre Matteo Renzi). L’ancien Président du Conseil a d’ailleurs lâché (selon "Libération") qu’il refusait que les sociaux-démocrates servent de « béquilles à un mouvement populiste qui les a copieusement insultés ». Ambiance. De toute façon, si elle peut être politiquement intéressante, une telle alliance M5S-PD a été refusée par les sympathisants de M5S selon plusieurs sondages.

Le Président Mattarella s’était fixé deux objectifs très ambitieux dans sa mission impossible : ne pas retourner aux urnes et obtenir le nom du Président du Conseil avant le prochain Conseil Européen à la fin du mois de juin 2018. Le 7 mai 2018, il a décidé de réunir de nouveau les différents chefs de parti pour un tour de table de la dernière chance et surtout, leur proposer la nomination d’un gouvernement technique afin de redonner une voix à l’Italie dans les instances européennes et internationales, solution déjà adoptée dans l’historie récente avec la nomination de Mario Monti le 16 novembre 2011 par le Président Giorgio Napolitano.

Mais la veille, le 6 mai 2018, Luigi Di Maio avait revu à la baisse ses conditions pour former une alliance avec la Ligue (et la Ligue seule, sans Forza Italia), il a accepté de choisir ensemble le prochain Président du Conseil avec celui qui serait son partenaire de coalition, Matteo Salvini, alors que les deux revendiquaient ce poste. Luigi Di Maio avait en revanche maintenu sa condition de ne pas négocier avec Silvio Berlusconi, ce qui a imposé à la Ligue de se séparer de son alliance avec Forza Italia, chose que refusait Matteo Salvini pour une raison de rapport de forces : une alliance M5S-Ligue mettrait la Ligue dans une situation minoritaire (1/3) au sein de la majorité alors qu’avec sa coalition de droite, elle dominerait la majorité.

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Finalement, après un nouveau délai accordé par Sergio Mattarella, Luigi Di Maio et Matteo Salvini se sont mis d’accord le 14 mai 2018 sur un contrat de gouvernement soutenu par une coalition M5S-Ligue. C’est la première fois en Europe qu’une convergence des populismes anti-système s’est politiquement établie. Certains éditorialistes ont imaginé la comparaison, en France, avec une coalition entre le FN de Marine Le Pen et France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, mais ce dernier mouvement n’est pas anti-système, au contraire de ce qu’essaie de clamer son leader qui a été apparatchik du PS pendant plus de trente-cinq ans et même ministre il y a une vingtaine d’années !

L’union des deux mouvements leur permettrait d’atteindre la majorité absolue dans les deux assemblées : 352 sièges à la Chambre des députés et 170 sièges au Sénat. Une telle alliance, entre deux mouvements qui étaient des adversaires lors des élections, est peu démocratique parce que leurs électeurs n’étaient pas en connaissance de celle-ci. C’est le problème de toute alliance formée après les élections et pas avant, et c’est le problème récurrent du scrutin proportionnel qui empêche toute majorité claire (quelle folie de vouloir l’introduire en France !). Du reste, les autres alliances possibles, comme celle entre le M5S et le Parti démocrate, auraient été tout aussi peu démocratiques car tout autant concoctées dans le dos des électeurs.

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Le programme de cette alliance nouvelle est resté assez confus, et était modifié fréquemment au fil des jours, au point que, même ses leaders en ont perdu leur latin. Selon "Le Monde", Luigi Di Maio a dit le 15 mai 2018 : « Le texte évolue si vite que [j’ai] renoncé à suivre les changements. ». Quelle légèreté pour un postulant gouvernant !

Dans l’accord, pour la composition du gouvernement, le M5S aurait dû s’attribuer l’Économie (remise en cause de l’euro), la Justice (politique anti-corruption), alors que la Ligue aurait dû obtenir l’Intérieur (politique anti-immigration) et les Télécommunications, notamment, tandis que le chef du gouvernement n’aurait appartenu à aucun des deux partis de l’alliance.

Au-delà du choc politique, il y a un véritable risque de choc économique en raison des nombreuses mesures très dépensières de ce programme, le revenu universel, l’abaissement de l’âge de la retraite, la réduction de l’impôt sur le revenu, etc. qui coûteraient au moins 70 milliards d’euros (selon "Libération"), sans connaître un seul moyen de les financer dans un pays déjà ultra-endetté.

Mais la nouvelle alliance a demandé un délai supplémentaire au Président de la République pour se mettre d’accord sur le nom du chef du gouvernement qui n’a été identifié que le 21 mai 2018 : Giuseppe Conte (53 ans), complètement inconnu des citoyens italiens, juriste qui n’a aucune expérience politique, proche du M5S, avocat (à Rome) et professeur de droit privé (à l’Université de Florence) au CV qui aurait été largement embelli par des informations erronées (beaucoup d’universités, de New York à Vienne, de Pittsburgh à la Sorbonne, en passant par Malte, ont démenti ces informations).

Pendant deux jours, le Président Sergio Mattarella a réfléchi pour savoir s’il pouvait le nommer à la tête du gouvernement. Il voulait notamment s’assurer qu’il n’était pas qu’un simple pion des deux hyperambitieux Luigi Di Maio et Matteo Salvini qui pourraient ne lui donner aucune marge de manœuvre. Parallèlement, il a consulté les présidents des deux assemblées, Roberto Fico (M5S), Président de la Chambre des députés, et Maria Elisabetta Alberti Casellati (Forza Italia), Présidente du Sénat.

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Finalement, ne s’y opposant pas, Sergio Mattarella a chargé Giuseppe Conte le 23 mai 2018 de former le gouvernement. Si le Président de la République a accepté la plupart des noms des ministres proposés, il a en revanche refusé celui pressenti pour le Ministère de l’Économie et des Finances qui aurait été confié à Paolo Savona (81 ans), ancien Ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat du 28 avril 1993 au 19 avril 1994. Le refus de Sergio Mattarella a pour raison que Paolo Savona a clairement annoncé qu’il était favorable au retrait de l’Italie de la zone euro, ce qui aurait des conséquences financières désastreuses pour le pays et pour l’épargne des Italiens.

Prenant acte de ce refus, Giuseppe Conte a annoncé à Sergio Mattarella, le soir du ce dimanche 27 mai 2018, son renoncement à diriger le prochain gouvernement italien : « Je peux vous assurer que j’ai fourni le maximum d’efforts et d’attention pour mener à bien cette tâche et l’avoir fait dans un climat de pleine collaboration avec les responsables des forces politiques qui m’ont désigné. ».

Ce nouveau coup de théâtre enfonce le pays dans une crise institutionnelle impossible. De nouvelles élections sont inévitables. Et pour le court terme, le Président Sergio Mattarella a convoqué l’économiste réputé Carlo Cottarelli (64 ans), ce lundi 28 mai 2018, pour le charger de former un gouvernement technique.

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Ancien directeur des affaires fiscales au FMI en septembre 1988, puis directeur du département des finances publiques en 2008, Carlo Cottarelli fut appelé "Monsieur Ciseaux" lorsqu’il fut nommé en novembre 2013 par le gouvernement d’Enrico Letta commissaire spécial à la révision de la dépense publique. Actuellement directeur de l’Observatoire des comptes publics, il avait publié pour les élections du 4 mars 2018 un livre sur les "sept péchés capitaux" (les défauts structurels) qui handicapent l’Italie dont la démographie (trop faible), l’endettement, le contraste entre le nord et le sud de l’Italie, l’évasion fiscale, la corruption et la bureaucratie. Il dénonçait alors toute mesure de rupture comme la sortie de la zone euro.

Les réactions de ces deux composantes de l’alliance qui vient d’échouer semblent sans équivoque, fustigeant ce qu’ils appellent un coup d’État.

Ainsi, Matteo Salvini a réclamé dès le 27 mai 2018 de nouvelles élections au nom de la démocratie : « Dans une démocratie, si nous sommes toujours en démocratie, il n’y a qu’une seule chose à faire, laisser les Italiens avoir leur mot à dire. ». Puis il a déclaré sur les réseaux sociaux : « Nous avons travaillé pendant des semaines pour faire naître un gouvernement qui défende les intérêts des citoyens italiens. Mais quelqu’un (sur la pression de qui ?) nous a dit non. Nous ne serons plus jamais les larbins de personne. L’Italie n’est pas une colonie, nous ne sommes pas les esclaves des Allemands ou des Français, du spread ou de la finance ! ». Le spread est l’écart des taux d’emprunt à dix ans entre le taux allemand et le taux italien. Et de préciser : « Descendre dans la rue ? Les amis, du calme ! Voter servira dix fois plus la prochaine fois. Ce sera un référendum : on gagne ou on meurt. ».

Luigi Di Maio a réagi aussi vivement sur Facebook : « Il y a un grand problème en Italie : la démocratie. » et a dénoncé le veto de Sergio Mattarella sur la nomination de Paolo Savona : « Nous étions prêts à gouverner et on nous a dit non, parce que le problème est que les agences de notation dans toute l’Europe étaient inquiètes à cause d’un homme qui allait devenir Ministre de l’Économie. Alors, disons-le clairement qu’il est inutile d’aller voter, puisque les gouvernements, ce sont les agences de notation, les lobbies financier et bancaire qui les font. Toujours les mêmes ! ».

Comme on le voit, Matteo Salvini y va franco. Il considère sans doute que son heure est venue et qu’il pourrait faire un meilleur score à de nouvelles élections, ce qui est probable. Après s’être affranchi de la tutelle de Silvio Berlusconi qu’il a battu le 4 mars 2018, il voudrait s’affranchir de la tutelle de Luigi Di Maio en reprenant le leadership de cette nouvelle alliance. Et le thème de campagne est déjà tout trouvé : le maintien ou la sortie de l’Italie dans la zone euro, ce qui peut être un jeu très dangereux pour tout le monde, et les citoyens italiens en premier lieu qui seront les premiers à devoir payer les pots cassés.

Il va donc y avoir à très court terme une bataille pour savoir qui "l’opinion publique" va rendre responsable de cet échec dans la formation du gouvernement.

Le Président de la République Sergio Mattarella a tenu à se prémunir de ce procès qui se pointe ostensiblement en déclarant le 27 mai 2018 : « J’ai facilité de toutes les manières la tentative d’arriver à un gouvernement. Il s’est dégagé une majorité parlementaire entre le Mouvement 5 Étoiles et la Ligue qui, même opposés pendant les élections, sont parvenus à une entente après un grand travail de programme. J’ai attendu le temps qu’ils m’ont demandé pour arriver à un accord de programme et pour le faire approuver par leurs bases respectives de militants. ».

Et d’insister : « Personne ne peut donc soutenir que j’ai fait obstacle à un gouvernement défini comme un gouvernement de changement. (…) [J’ai] partagé et accepté toutes les propositions pour les ministres à l’exception du Ministre de l’Économie. La désignation du Ministre de l’Économie constitue toujours un message immédiat de confiance ou d’alarme pour les opérateurs économiques et financiers. J’ai demandé pour ce ministère un représentant politique de la majorité cohérent avec l’accord de programme (…) qui ne soit pas vu comme le soutien à une ligne qui pourrait provoquer la sortie inévitable de l’Italie de l’euro. Face à mes sollicitations, j’ai enregistré avec regret une indisponibilité pour tout autre solution et le Président du Conseil m’a remis son mandat. » (Cité par "Ouest France").

Le journaliste Laurent Marchand, dans "Ouest France", a analysé ainsi ce rebondissement le 28 mai 2018 : « Le fameux nom de Paolo Savona, qu’ils pressentaient au poste de Ministre de l’Économie, est (…) président d’un hedge fund et a fait toute sa carrière dans les couloirs du patronat et de la Banque d’Italie. On est donc loin de la révolution anti-élite si mise en avant dans la propagande populiste. On est en revanche beaucoup plus près d’un dessein souverainiste, à peine masqué, qui n’avait pas été présenté comme tel. Ni durant la campagne électorale, ni dans la dernière version du projet de programme de gouvernement, après épuration des passages disruptifs. La Ligue et le M5S avaient amplement la marge de proposer une autre personnalité sans altérer ni la majorité parlementaire dont ils disposent, ni les prérogatives du chef de l’État, constitutionnaliste de sa personne. Ils ont tiré sur la corde. Le Président n’a pas lâché. Résultat : le pays est plongé dans une double crise, politique et institutionnelle, dont aucune sortie ne semble possible sans retourner aux urnes. ».

Il y a peu de chance pour que Carlo Cottarelli puisse obtenir la confiance du Parlement car le M5S et la Ligue disposent de la majorité absolue et feront tout pour l’empêcher de gouverner à leur place. Il y aura donc probablement une dissolution et de nouvelles élections pour l’automne 2018, ce qui serait sans précédent dans l’histoire pourtant mouvementée de la République italienne puisque, jusqu’à maintenant, il n’y a jamais eu deux élections dans la même année. Dans tous les cas, ces nouvelles élections devraient avoir lieu avant le printemps 2019.

En colère, Luigi Di Maio a par ailleurs annoncé vouloir la destitution du Président de la République Sergio Mattarella pour "haute trahison" ou "atteinte à la Constitution", ce que permettrait l’article 90 de la Constitution italienne sur décision du Parlement : « En portant cette crise au Parlement, nous éviterons qu’elle ne se répande hors du Parlement. ». Ce qui est une menace à peine voilée de troubles dans la rue.

Quant à Matteo Salvini, il a averti que si Silvio Berlusconi, qui a apporté son soutien à Sergio Mattarella le 27 mai 2018, appelait à voter la confiance au gouvernement Cottarelli, la coalition entre la Ligue et Forza Italia exploserait. Un prétexte pour faire une alliance électorale entre le M5S et la Ligue et conquérir la majorité absolue sur une base réellement électorale. Selon "Les Échos", le slogan de campagne de Matteo Salvini pourrait même être : « Nous ne nous ferons pas imposer les ministres par Bruxelles ! ».

Dans le court terme, les partenaires européens de l’Italie pourront sans doute remercier le Président Sergio Mattarella d’avoir usé de la réalité de ses prérogatives constitutionnelles (selon lesquelles c’est bien lui qui nomme les ministres et pas le Président du Conseil qui ne fait que les proposer, exactement, sur ce point, comme en France) pour s’opposer au démantèlement de l’euro par une sortie d’un des grands pays. Mais rien ne garantit que les électeurs italiens approuveront dans quelques mois ce choix présidentiel et ne donneront pas raison, finalement, aux populistes qui promettent mille et une mesures aux coûts astronomiques…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (28 mai 2018)
http://www.rakotoarison.eu

Pour aller plus loin :
L’Italie en pleine dérive ?
Élections législatives italiennes du 4 mars 2018.
Luciano Pavarotti.
Lino Ventura.
Concini.
Antonio Tajani.
Carlo Ciampi.
Silvio Berlusconi.
Umberto Eco.
Virginia Raggi.
La révolution institutionnelle italienne.
Renzusconi franchit le Rubicon.
Enrico Letta, un nouveau visage en Europe.
Habemus Lettam (29 avril 2013).
Discours d’Enrico Letta du 26 octobre 2013 à Paris.
Giorgio Napolitano.
Le compromis historique.
Aldo Moro.
Erasmus.
L’Europe, c’est la paix.
L’Europe des Vingt-huit.
Mario Draghi.
Tournant historique pour l’euro.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20180527-italie.html

https://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/l-italie-en-pleine-derive-204723

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