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Le canalblog de Sylvain Rakotoarison
29 août 2019

Le brutal adieu de Michel Aumont, immense comédien trop discret

« Moi comme les autres, on est partagé entre l’irritation d’être regardé, interrogé, et le plaisir d’être regardé et interrogé, et vu, et aimé par les autres. On a ça simultanément en soi. » (Michel Aumont, France 3, le 3 avril 1993).


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Pudeur, timidité, discrétion… ces qualités sont rarement celles d’un acteur et pourtant, elles le furent pour Michel Aumont qui vient de brutalement disparaître ce jeudi 29 août 2019 à l’âge de 82 ans (il est né le 15 octobre 1936 à Paris). Le 3 avril 1993, il se faisait l’antistar : « Quand je suis rentré il y a trente-cinq ans, les acteurs du Français [Comédie-Française] étaient presque tous (…) des acteurs vedettes. Et bon, cette période est passée, indéniablement. ».

Michel Aumont fut un immense comédien, au talent exceptionnel. J’avais eu déjà l’occasion de louer sa carrière et ses interprétations il y a presque trois ans. Des centaines de représentations au théâtre, avec des rôles parmi les plus grands qui lui valurent quatre Molière, des dizaines et des dizaines de films au cinéma (avec les plus grands réalisateurs et les plus grands acteurs français) qui font qu’il est impossible de ne pas le reconnaître.

Il était reconnu, mais peut-être pas connu avec un nom presque anonyme, ce qui n’était certainement pas pour lui déplaire. À ce titre, il était justement excellent dans les seconds rôles car les seconds rôles doivent toujours s’effacer derrière les stars, mais justement, Michel Aumont n’avait pas l’esprit de star. Il aimait juste jouer la comédie : « Je suis comédien, tout bêtement ! ».





Dans un entretien accordé le 20 juin 2016 à Laurent Beauvallet pour "Ouest-France", il est revenu sur cette modestie : « On n’est jamais sûr de soi, c’est toujours à recommencer. Je m’escrime à chaque fois comme si c’était la première fois. Je suis un acteur d’instinct. ». Et ses rôles préférés : « Au cinéma, celui que j’ai préféré, c’est "Les invités de mon père", d’Anne Le Ny. J’aimais beaucoup ce bon pépé, très simple et humain. Et le film était joli. Au théâtre, comme je suis très cabotin, je veux jouer les premiers rôles, pas les seconds. ».

Pour le Ministre de la Culture Franck Riester, il « avait su conquérir le cœur des Français, passant du théâtre au cinéma avec cette générosité discrète qui emplissait chacun de ses rôles. Sociétaire honoraire de la Comédie-Française, il avait l’aisance des grands. » (Twitter, 29 août 2019).

Sa voix très posée l’a conduit aussi à lire des textes classiques essentiels, comme "Le Banquet" de Platon recommandé par France Culture. Pour "L’Enseignant", Robert Leroux écrivait à ce sujet : « Son talent de narrateur permet d’en préserver toutes les subtilités en rendant "digeste" et accessible à tous ce banquet qui reste l’un des grands écrits fondateurs de la philosophie. ». Jean-Yves Patte et Claude Colombini Frémeaux qualifiaient l’acteur ainsi : « Un lecteur-acteur, un guetteur d’esprit, un quêteur qui nous offre des instants précieux, rares. ».

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Comme je l’avais déjà indiqué, je trouve que l’une des meilleures interprétations de Michel Aumont a été dans "Cours privé", réalisé par Pierre Granier-Deferre (sorti le 12 novembre 1986), un film assez glauque avec un rôle encore plus glauque, directeur d’une école privée qui cherche à draguer et intimider une nouvelle professeure, la très belle et séduisante Élizabeth Bourgine.

Dans "Le Placard", réalisé par Francis Veber (sorti le 17 janvier 2001), chronique sociale dans le milieu de l’entreprise, Michel Aumont est un jeune retraité, homosexuel, amoureux des chats et directeur de conscience d’un comptable sans imagination qui a la trouille d’être licencié.





Autre grand classique, plus ancien, auquel a participé Michel Aumont (alors jeune), ce fut "Le Jouet", également réalisé par Francis Veber (sorti le 7 décembre 1976), dans lequel Michel Aumont est le directeur d’un magasin de jouets qui veut "offrir" Pierre Richard au gosse gâté du propriétaire.





Je termine ici par ce dialogue succulent (déjà cité il y a trois ans) de deux "vieillards" de la comédie, chez Laurent Ruquier qui avait fait venir Michel Aumont et Claude Brasseur le 30 août 2014 sur France 2 pour faire la promotion de la pièce "La Colère du Tigre" (de Philippe Madral, mise en scène de Christophe Lidon) au Théâtre de Montparnasse. Michel Aumont était alors le peintre très connu et riche (mais en mal d’inspiration) Claude Monet et Claude Brasseur le vieux Tigre, c’est-à-dire, Clemenceau.






Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (29 août 2019)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Michel Aumont.
Le génie effacé du cinéma français.
Claude Zidi.
Pierre Richard.
Lino Ventura.
Line Renaud.
Jean Lefebvre.
John Wayne.
Kirk Douglas.
Élie Kakou.
Jean Bouise.
Pierre Desproges.
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Gérard Oury.
Zizi Jeanmaire.
Jean-Pierre Marielle.
"Les Éternels".
Jacques Rouxel.
François Berléand.
Niels Arestrup.
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"Quai d’Orsay".
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Gérard Depardieu.
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Ennio Morricone.
Francis Lai.
Bernadette Lafont.
Pauline Lafont.
Marthe Mercadier.
Jean Piat.
Jacques Brel.
Charles Aznavour.
Charlie Chaplin.
Maurice Chevalier.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20190829-michel-aumont.html

https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/le-brutal-adieu-de-michel-aumont-217551

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2019/08/29/37599627.html



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