Jean Lefebvre est né il y a 100 ans
« J’ai tellement de navets dans ma carrière que je pourrais en faire un potager. ».
Quel dommage qu’il n’a pas eu la rencontre magique avec un réalisateur qui aurait donné la mesure de sa richesse de comédien ! L’acteur Jean Lefebvre est mort il y a quinze ans le 9 juillet 2004 à Marrakech. Il avait 84 ans, il est né il y a presque cent ans, le 3 octobre 1919 à Valenciennes. Jean Lefebvre était un comédien populaire qui fut très apprécié mais au cinéma, il a toujours tourné des rôles de comiques pas très sophistiqués. Coluche a eu son "Tchao Pantin", tournant qui aurait pu être d’une grande carrière dramatique. Jean Lefebvre a été un peu emprisonné par ce qu’il appelait son physique, celui d’un chien battu, avec « un visage en lame de couteau et les yeux qui tombent ».
Qui peut détester Jean Lefebvre ? Son air sympathique le rend tout de suite attachant. Ses yeux complices en font un jeune oncle un peu farceur, ou un cousin plus âgé prêt à vous entraîner, vous enfant bien sûr, dans les aventures les moins autorisées. Son attitude toujours de soumis et de benêt lui donne le contraire de l’arrogance. On l’aime car on sent qu’on ne serait pas infériorisé avec lui. Bourvil aussi faisait un peu le soumis rigolo, mais il avait une note parfois un peu plus dramatique que n’a jamais eue Jean Lefebvre dans les films qu’on lui donnait à jouer.
Jean Lefebvre, acteur populaire, son nom faisait donc vendre. Il s’est retrouvé dans des premiers rôles dans des navets nombreux. Michel Galabru aussi acceptait le principe alimentaire du navet. Même Jean Rochefort l’a admis pour financer sa passion des chevaux. Jean Lefebvre, lui, était fou de jeux. Il devait rembourser ses dettes de jeux. Il n’était pas le seul à se fourvoyer dans les casinos…
Jean Lefebvre, un nom commun destiné à devenir celui d’une voix d’opéra. Mais il fut repéré et recruté pour faire partie des Branquignols dans les années 1950 où il a rejoint Micheline Dax, Jean Carmet, Francis Blanche, Jacques Legras, Jean Richard, Darry Cowl, etc. Cette petite bande des Branquignols avait l’habitude d’aller dans les casinos.
L’excellente biographie du site Nanarland explique : « Jean Lefebvre fut une véritable vedette populaire, d’abord éternel second couteau aux côtés des stars de l’époque (Ventura, Gabin, Delon, De Funès…), puis enfin, tête d’affiche dans des productions diverses et variées, avec nettement moins de succès tant Lefebvre, second rôle très convaincant, n’avait clairement pas les épaules pour faire tenir un film sur ses seules prestations. Surtout quand lesdites prestations étaient essentiellement motivées, non pas par le potentiel ou la qualité du scénario, mais par la nécessité de rembourser ses dettes de jeu. ».
On ne peut quand même pas dire qu’il a gâché sa carrière cinématographique, car il a joué dans plus de cent trente films, dont les vingt plus populaires ont totalisé plus de cinquante-trois millions d’entrées ! C’est dire que Jean Lefebvre était forcément connu par le grand public qui appréciait sa sympathique bonhomie. Il a joué dans des films qui ont marqué le cinéma français.
Son film le plus emblématique est évidemment "Les Tontons flingueurs" avec la scène si connue de la cuisine (Il n’y a pas que de la pomme), où Jean Lefebvre et Bernard Blier, les tristes frères Volfoni, cherchent à éliminer le nouveau parrain, Lino Ventura. Scène où se mêlent également d’autres acteurs pépites du cinéma français, Claude Rich, Francis Blanche et Robert Dalban. Cette collaboration avec Bernard Blier a donné quelques autres films comiques dans la même veine, sans prétention mais toujours savoureux par le jeu d’acteurs (les scénarios sont généralement assez pauvres).
Autres séries très connues, celle de la Septième Compagnie (de Robert Lamoureux), avec Pierre Mondy, Gérard Jugnot, Henri Guybet, Aldo Maccione, etc., et aussi celle du Gendarme de Saint-Tropez (de Jean Girault), en dents de scie pour Jean Lefebvre qui n’était pas content, et le faisait savoir, dans le rôle de faire-valoir de Louis de Funès.
Heureusement, Jean Lefebvre a montré tout son talent au théâtre. Avec neuf cents représentations, il a consacré la fin de sa carrière exclusivement au théâtre, n’hésitant pas, à 82 ans, de jouer encore devant un public acquis qu’il savait honorer, notamment à la fin des pièces, mais pas seulement : « Quand j’ai un trou de mémoire, je demande au public de m’aider. Il adore ça. Il a l’impression d’être de connivence avec moi. ».
Dans cette interview au journal "Le Parisien" du 31 janvier 2002 (propos recueillis par Bruno Courtois), Jean Lefebvre avouait : « On imagine que les comiques font les andouilles toute la journée. Moi, franchement, je ne suis pas drôle chez moi. Le clown, c’est plutôt ma femme. ».
Je propose ici pour lui rendre très modestement hommage quelques-unes de ses pièces de théâtre, ainsi que la scène si célèbre des Tontons flingueurs et un film au Québec. Le moteur de Jean Lefebvre ? « Ce qui me fait avancer, c’est la paresse. Chez moi, je suis capable de ne rien faire pendant des heures. J’adore dormir, me reposer, me laisser vivre. Je garde toute mon énergie pour la scène. ». La scène, donc…
1. "Les Tontons flingueurs" de Georges Lautner (1963)
2. "Quand c’est parti, c’est parti !" de Denis Héroux (1973)
3. "Pauvre France !" (1981)
4. "Le Bluffeur" (1984)
5. "Les Jumeaux" (1991)
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Sylvain Rakotoarison (05 juillet 2019)
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"Les Éternels".
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