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Le canalblog de Sylvain Rakotoarison
9 avril 2020

Mort de Liliane Marchais à 84 ans le 9 avril 2020, victime du covid-19

« La cote d’alerte est atteinte. Il faut arrêter l’immigration, sous peine de jeter de nouveaux travailleurs au chômage. Je précise bien : il faut stopper l’immigration officielle et clandestine. » (Georges Marchais, le 6 janvier 1981).



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Le regard féroce, le rire carnassier, la voix grave du sergent-chef, Georges Marchais, qui est né il y a 100 ans, le 7 juin 1920, était l’un des personnages les plus importants de la vie politique française des années 1970 et 1980. Les moins de 45 ans ne l’auront pas vraiment connu et, on s’en étonnera, en bien ou en mal, selon les cas, il n’a pas eu la postérité que le temps d’occupation d’antenne et d’articles dans les journaux laissait prévoir.

Grande gueule, je l’avais évoquée à propos d’un documentaire portrait très intéressant diffusé à la télévision française le 1er mai 2008. Georges Marchais faisait partie de cette fameuse "bande des quatre" tant décriée par Jean-Marie Le Pen, qui s’y sentait exclu, bande des quatre avec François Mitterrand, Valéry Giscard d’Estaing et Jacques Chirac : PCF, PS, UDF, RPR. Finalement, dès le milieu des années 1980, Jean-Marie Le Pen a repris le rôle de la grande gueule médiatique à au chef d’un parti communiste en voie de disparition (en fait, le PCF existe toujours en 2020, avec un groupe parlementaire à l’Assemblée Nationale et un au Sénat, mais sans doute comme bientôt le PS, il suit la voie du très imposant Parti radical de la Troisième République).

Georges Marchais avait donc 20 ans en 1940, mais, contrairement à certains illustres résistants de son âge, l’ouvrier a travaillé jusqu’à aller à Augsbourg dans les usines de Messerschmitt. La polémique court toujours pour savoir s’il a été contraint et forcé ou s’il était volontaire, et finalement, qu’importe car le résultat est bien le même, il a travaillé pour une usine allemande en pleine guerre, et surtout, il n’a pas résisté. Très loin de suivre l’exemple de Jacques Duclos, son modèle était plutôt le stalinien Maurice Thorez (1900-1964). C’est grâce à lui que, permanent de la CGT, il a grimpé rapidement dans l’appareil du PCF, d’autant plus vite que Maurice Thorez s’est dépêché de purger la vieille garde avant d’être purgé lui-même avec le vent de rénovation khrouchtchevienne.

Bombardé en 1961 secrétaire à l’organisation, il a commencé à avoir une influence interne décisive au sein du PCF. Georges Marchais était le bras droit de Maurice Thorez pour veiller au maintien des "orthodoxes" contre les "rénovateurs". La santé très faible du secrétaire général en titre du PCF, Waldeck Rochet (1905-1983) a fait que Georges Marchais a dirigé ce parti du 9 juin 1969 au 29 janvier 1994 (officiellement secrétaire général adjoint le 8 février 1970 et secrétaire général le 17 décembre 1972). Il y a eu une rivalité interne entre lui et Roland Leroy pour prendre la succession de Waldeck Rochet. Gaston Plissonnier fut l’un des partisans internes les plus efficaces de Georges Marchais.

Pas encore à la tête du PCF, Georges Marchais a écrit une tribune mémorable dans le journal "L’Humanité" du 3 mai 1968 pour s’en prendre aux mouvements gauchistes et trotskistes, ainsi qu’à "l’anarchiste allemand" Daniel Cohn-Bendit : « Comme toujours lorsque progresse l’union des forces ouvrières et démocratiques, les groupuscules gauchistes s’agitent dans tous les milieux. Ils sont particulièrement actifs parmi les étudiants. (…) Non satisfaits de l’agitation qu’ils mènent dans les milieux étudiants, agitation qui va l’encontre des intérêts de la masse des étudiants et favorise les provocations fascistes, voilà que ces pseudo-révolutionnaires émettent maintenant la prétention de donner des leçons au mouvement ouvrier. (…) Ces faux révolutionnaires doivent être énergiquement démasqués car, objectivement, ils servent les intérêts du pouvoir gaulliste et des grands monopoles capitalistes. ».

Dans cette diatribe, ce qui est "mignon", c’est l’association récurrente entre le pouvoir en place et l’intérêt des "capitalistes". Or, à cette époque, le pouvoir, c’était De Gaulle. Avec Emmanuel Macron, cela n’a pas vraiment changé, sans beaucoup plus d’effet d’ailleurs, à cela près que certains qui continuent dans l’anticapitalisme osent aujourd’hui se réclamer de …De Gaulle et du gaullisme ! Mémoire courte, allez comprendre !…

Georges Marchais a eu une carrière électorale dans le Val-de-Marne, élu député de Créteil puis de Villejuif de mars 1973 jusqu’à la dissolution du 21 avril 1997. Il fut également élu député européen de juin 1979 à juin 1989. Mais bien entendu, l’épopée médiatique de Georges Marchais n’avait rien d’une trajectoire parlementaire, elle était celle d’un présidentiable qui, auparavant, était le partenaire privilégié d’un ancien décoré de la francisque…

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En effet, le programme commun d’union de la gauche a été négocié puis adopté le 27 juin 1972 et signé le 12 juillet 1972 à l’hôtel Continental par trois chefs de parti : François Mitterrand, devenu premier secrétaire du PS en 1971, Robert Fabre, président du Mouvement des radicaux de gauche (MRG), parti minoritaire du parti radical acceptant l’alliance avec les communistes, et enfin, Georges Marchais, secrétaire général du PCF, qui, à l’époque, était le parti, de ces trois partis, le plus fort électoralement puisque la dernière consultation électorale nationale fut le premier tour de l’élection présidentielle du 1er juin 1969 avec le candidat communiste placé en troisième position avec 21,3% des voix (derrière Georges Pompidou et Alain Poher).

Les élections législatives de mars 1973 furent les premières élections nationales d’après la signature de l’union de la gauche (et aussi d’après la désignation officielle de Georges Marchais à la tête du PCF). La mousse médiatique avait tellement pris que l’hypothèse d’une victoire de la gauche était dans tous les esprits. Il était alors question de laisser le Président. François Mitterrand a effectivement lancé : « Pompidou, on le gardera. ». Et dans sa conférence de presse du 11 janvier 1973, Georges Marchais a confirmé, mi-agacé mi-amusé : « Ben quoi, ce sont des élections législatives, et pas des élections présidentielles ! ».

Dans ses "Cahiers secrets", la journaliste Michèle Cotta a confié qu’elle s’était amusée avec Maurice Faure (radical de gauche) le 18 janvier 1973 sur la composition du gouvernement en cas de victoire de l’union de la gauche. Il n’y a évidemment rien d’officiel, juste les idées des deux joueurs, mais cela pouvait donner l’état d’esprit des rapports de force entre les différentes personnalités de gauche : « Mitterrand, bien sûr, est à Matignon. Nous nommons deux ministres d’État : Guy Mollet (Justice) et Georges Marchais. [Maurice] Faure parle de Duclos comme troisième. Je le récuse : trop vieux. Gaston Defferre, nous le mettons aux Finances, Robert Fabre à l’Intérieur, Roland Leroy à l’Éducation nationale, un communiste à l’Équipement, Robert Pontillon secrétaire d’État aux Affaires étrangères, et Pierre Mauroy à la Défense. Jean-Pierre Chevènement, Pierre Joxe et Claude Estier sont secrétaire d’État. ».

Au premier tour du 3 mars 1973, les communistes ont gardé leur avance sur les socialistes, avec respectivement 21,3% des voix (celles de Jacques Duclos) et 18,9%, mais ont perdu du terrain au second tour en sièges, avec 73 députés communistes, 89 députés socialistes et 12 députés radicaux de gauche. Ce n’était pas encore très clair, mais le PS reprenait de l’avance sur le PCF, ce qui était le début d’une tendance historique durable et irréversible.

Finalement, à l’issue du second tour du 11 mars 1973, malgré une perte de 101 sièges (de la chambre introuvable de l’après-mai 68), la majorité gaullo-centriste a conservé la majorité absolue avec 281 sièges sur 488. Le Premier Ministre sortant Pierre Messmer fut reconduit à Matignon pour former son deuxième gouvernement le 2 avril 1973. Le candidat unique de la gauche à l’élection présidentielle de 1974, François Mitterrand, a échoué, mais le résultat était très serré puisque cela s’est joué à moins de 400 000 voix près en faveur de Valéry Giscard d’Estaing (50,81%) au second tour du 19 mai 1974.

Après la victoire de l’union de la gauche aux élections municipales de mars 1977, on pouvait imaginer que les élections législatives suivantes, en mars 1978, allaient donner un avantage à cette dynamique politique encore inédite sous la Cinquième République, au point que, dans son discours à Verdun-sur-le-Doubs le 27 janvier 1978, le Président Valéry Giscard d’Estaing a envisagé l’éventualité de la défaite et son acceptation d’une cohabitation, lui-même s’exilant au château de Rambouillet pour laisser le gouvernement gouverner : « Vous pouvez choisir l’application du programme commun. C’est votre droit. Mais si vous le choisissez, il sera appliqué. Ne croyez pas que le Président de la République ait, dans la Constitution, les moyens de s’y opposer. J’aurais manqué à mon devoir si je ne vous avais pas mis en garde. ».

La perspective d’une victoire de la gauche était donc très forte. Mais six mois avant le scrutin, coup de théâtre : le PS et le PCF ne se sont pas mis d’accord sur la "réactualisation" du programme commun (qui datait de 1972). Et un point d’achoppement essentiel fut la dissuasion nucléaire. Le PS n’avait alors pas de doctrine sur le sujet alors que les sondages le donnaient gagnant en mars 1978. François Mitterrand a tenté timidement de proposer un référendum sur la question le 26 juillet 1977, et le lendemain, au journal télévisé de 13 heures sur TF1, il a mis en doute la dissuasion nucléaire. Or, le PCF avait évolué sur la question avec le rapport Kanapa qui, en mai 1977, soutenait la force de dissuasion.

En écoutant François Mitterrand parler à la télévision, Georges Marchais, qui était en vacances en Corse avec sa famille, fut surpris et furieux par ces propos. Le leader communiste a contre-attaqué dans le journal d’Antenne 2 le 28 juillet 1977 : « On ne peut pas s’en remettre à un référendum pour résoudre le problème de la défense… La force de frappe française doit être indépendante. ».

Ce ne fut que le 21 janvier 1980, alors qu’il allait se présenter à l’élection présidentielle de 1981, que Georges Marchais avait donné sa version de cette rupture durant l’été 1977. Il a en effet déclaré sur le plateau de "Cartes sur table", la célèbre émission politique de Jean-Pierre Elkabbach et Alain Duhamel : « Quand j’ai entendu François Mitterrand refuser de s’engager sur l’existence d’une défense nationale indépendante, j’ai dit à ma femme : "François Mitterrand a décidé d’abandonner le programme commun de la gauche ! Fais les valises, on rentre à Paris ! ».

Concrètement, ils sont retournés à Paris trois jours plus tard, et Georges Marchais devait de toute façon assister à un bureau politique le 3 août 1977. Par ailleurs, la rupture de l’union de la gauche a eu lieu en septembre 1977.

Cette phrase (considérée comme misogyne jusque dans la rédaction de "L’Humanité" qui changea la phrase en "On fait les valises et on rentre à Paris") a été une pépite des imitateurs, notamment de Thierry Le Luron en y ajoutant le prénom de la femme : "Liliane, fais les valises, on rentre à Paris !".

Liliane, née Grelot, épouse Garcia puis Marchais, était, depuis février 1977, la seconde épouse de Georges Marchais. Elle est morte récemment du covid-19, le 9 avril 2020 à l’âge de 84 ans (née le 24 août 1935). Elle était loin d’être la femme soumise à son mari comme la phrase impérative semblait la décrire. Au contraire, elle fut une responsable et militante communiste très active (c’est par ce militantisme qu’ils se sont rencontrés). Elle fut la dirigeante de la puissante fédération du PCF du Val-de-Marne de 1961 à 1976.

Le 11 avril 2020, Emmanuel Macron a rendu hommage à Liliane Marchais ainsi : « Son nom ne doit pas nous tromper : elle était une femme politique bien avant, puis tout autant, que la femme d’un homme politique. (…) Loin d’être une épouse aux ordres, elle avait d’ailleurs dit à son mari qu’il les ferait lui-même désormais, ses valises, Liliane Marchais avait ses propres opinions sur tout : militante de toujours, elle s’était engagée en politique bien avant de rencontrer Georges Marchais, donc, et elle s’était battue pour la place des femmes dans la société en général, et pour leur place en politique tout particulièrement. ».

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Il faut ajouter, pour compléter le tableau, que Georges Marchais, loin d’être un père ou un mari inaccessible à causse de ses activités nationales, a vécu une vie familiale paisible (bien que multi-recomposée) dans son pavillon de Champigny-sur-Marne, s’occupant beaucoup de l’éducation du fils du couple.

Revenons aux élections législatives de mars 1978 : finalement, la gauche a encore échoué, de très près. Au premier tour le 12 mars 1978, les candidats de la majorité présidentielle ont totalisé 46,5% des voix et ceux de la gauche 45,2%, un très faible écart. En voix, le PS était à 22,8%, devant le PCF à 20,6%. Au second tour du 19 mars 1978, malgré quelques pertes de siège, la majorité UDF-RPR a préservé 287 sièges sur 491, reconduisant Raymond Barre à Matignon.

La différence avec 1973, c’était que la gauche était en processus de rupture et pas d’union. À l’intérieur du PS, Michel Rocard a pris beaucoup d’importance sur François Mitterrand (même si le congrès de Metz en avril 1979 l’a remis à sa place),  et le PCF était décidé à faire cavalier seul aux prochaines échéances, avec quelques déclarations qui ont marqué la postérité de Georges Marchais.

Ainsi, dans "L’Humanité" du 13 février 1979, Georges Marchais a parlé d’un « bilan globalement positif en URSS », une expression malheureuse qui lui resta collé comme le sparadrap du capitaine Haddock, surtout après l’invasion de l’URSS en Afghanistan qu’il a approuvée en décembre 1979.

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Tête de la liste du PCF aux premières élections européennes du 10 juin 1979, Georges Marchais s’est retrouvée en troisième position avec 20,5%, derrière la liste socialiste menée par François Mitterrand avec 23,5%. Cette nouvelle confirmation de la plus grande importance du PS sur le PCF (en 1978 et en 1979) a sans doute eu un effet à l’élection présidentielle de 1981, celui de rassurer des électeurs modérés qui craignaient que François Mitterrand fût l’otage des communistes. Or, ce ne fut pas le cas, car le PCF commençait son lent déclin.

Georges Marchais fut donc candidat à l’élection présidentielle de 1981, et avec sa gouaille, sa candidature fit le bonheur des humoristes et imitateurs. Il est d’ailleurs très intéressant de revoir ses prises de positions durant cette campagne présidentielle, car elles furent parfois reprises par …Jean-Marie Le Pen, si bien qu’il ne fallait pas s’étonner que le Front national s’accaparât plus tard des voix des ouvriers aux dépens du PCF.

Ainsi, Georges Marchais s’est exprimé sur l’immigration dans "L’Humanité" du 6 janvier 1981 : « En raison de la présence en France de près de quatre millions et demi de travailleurs immigrés et de membres de leurs familles, la poursuite de l’immigration pose aujourd’hui de graves problèmes. La cote d’alerte est atteinte. Il faut arrêter l’immigration, sous peine de jeter de nouveaux travailleurs au chômage. Je précise bien : il faut stopper l’immigration officielle et clandestine. Se trouvent entassées dans des ghettos, des travailleurs et des familles aux traditions, aux langues, aux façons de vivre différentes. Cela rend difficiles leurs relations avec les Français. ». Le populaire est devenu populiste.

Le résultat du premier tour de l’élection présidentielle du 26 avril 1981 a été terrible pour Georges Marchais, relégué en quatrième position de la "bande des quatre", avec 15,3% des voix (Jacques Chirac, qui était parti de très bas dans cette compétition, l’a doublé à 18,0%). Mais le pire pour lui, ce fut le 10 mai 1981 avec l’élection de François Mitterrand. La gauche devenait majoritaire mais les socialistes avaient seuls tous les leviers. Les communistes, revenus au gouvernement avec ses quatre ministres nommés le 23 juin 1981, Charles Fiterman, Jack Ralite, Marcel Rigout et Anicet Le Pors (présentés à l’Élysée lors du conseil des ministres du 25 juin 1981, le même jour que la venue du Vice-Président américain Georges HW Bush), sont devenus des supplétifs des socialistes au gouvernement : de juin 1981 à juillet 1984 et de juin 1997 à mai 2002.

La suite ne fut qu’une lente descente électorale, érosion, effritement, avec le point de singularité aux élections européennes du 17 juin 1984, premier scrutin national depuis les élections de 1981. Georges Marchais était encore la tête de la liste du PCF et a obtenu 11,2% des voix, certes en troisième position (grâce à la grande liste d’union UDF-RPR menée par Simone Veil qui a obtenu 43,1% !), mais il fut talonné de très près par la liste du FN menée par Jean-Marie Le Pen qui a atteint 11,0%. Le pari de ce dernier était gagné, puisqu’il voulait faire jeu égal avec les communistes, ce qui fut acquis en nombre de sièges obtenus : 10 pour le PCF, 10 pour le FN. Georges Marchais avait trouvé plus fort que lui sur le marché du populisme.

Malade, il abandonna le secrétariat général du PCF au 28e congrès du PCF à Saint-Ouen le 29 janvier 1994 à un parfait inconnu du grand public, Robert Hue, avant de mourir le 16 novembre 1997 à 77 ans. Si le vingtième anniversaire de la mort de Georges Marchais fut l’occasion d’une exposition, le centenaire de sa naissance ne semble pas être célébré par ceux qui sont aujourd’hui ses héritiers (à ma connaissance). En tout cas, il ne passionne pas les foules. Sans doute parce qu’il fait partie d’une période complètement révolue, celle d’un communisme qui se croyait encore triomphant…

Dans ses "Cahiers secrets", Michèle Cotta avait noté le 25 janvier 1994 : « Reste Marchais avec sa gouaille, sa maîtrise naturelle de la communication, sa façon d’écorcher la langue française, son accent parigot, ses rires sonores et ses grosses colères. Je garde plusieurs images de lui, plus ou moins glorieuses. L’une à Berlin-Est, en plein congrès de l’eurocommunisme, où il a fait mine de baisser son pantalon en disant au journaliste qui l’interviewait : "Est-ce que je vous demande la couleur de votre slip ? ". (…) Je le revois aussi dans les meetings, les réunions, les congrès, parlant d’une voix forte, alternant menaces et rires. ».

Et Michèle Cotta d’évoquer son successeur : « Je crois bien avoir été la première à avoir entendu prononcer son nom. C’était à la fête de "L’Humanité", l’année dernière. Leroy m’avait laissé entendre ce jour-là que Marchais allait passer la main. (…) C’est la femme de Leroy qui me cita en confidence le nom de Robert Hue comme étant l’homme auquel Leroy et Marchais avaient ensemble décidé de laisser les clefs du PC. Pour tout dire, sur l’instant, je ne l’ai pas cru, tant je trouvais extravagante l’idée de laisser le parti à un inconnu. (…) Voilà comment j’ai raté un scoop, l’année dernière. Je n’avais même pas jugé bon de le noter dans ces cahiers. Pourquoi cette proposition a-t-elle été faite d’un commun accord avec Leroy ? Parce que Marchais savait bien que si Roland Leroy ne pouvait plus occuper sa place pour des raisons d’âge ou d’énergie, nul ne la prendrait sans obtenir sa neutralité bienveillante. Je crains que les deux ne se soient mis d’accord sur quelqu’un qui ne ferait d’ombre ni au trop populaire Marchais, ni au trop intellectuel Leroy. » (25 janvier 1994).

Connu pour avoir expulsé en février 1981 une famille d’immigrés au bulldozer dans la ville de Montigny-lès-Cormeilles dont il était le maire, Robert Hue (né le 19 octobre 1946) dirigea le PCF jusqu’au 28 octobre 2001. Lui ont ensuite succédé : Marie-George Buffet (ministre), Pierre Laurent le 20 juin 2010 et Fabien Roussel depuis le 25 novembre 2018. Aux dernières élections nationales, à savoir, aux élections européennes du 26 mai 2019, le PCF n’a obtenu que …2,5%, en dixième position, talonné par le parti animaliste. Anecdote finale : Robert Hue a quitté le PCF en 2009, a soutenu (le 12 avril 2012) la candidature de François Hollande à l’élection présidentielle de 2012, a même failli devenir un de ses ministres, a rejoint au Sénat un groupe centriste en septembre 2012, et a soutenu (le 10 mars 2017) au premier tour de l’élection présidentielle de 2017 la candidature d’Emmanuel Macron. Rideau !


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (06 juin 2020)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Georges Marchais.
Fais les valises, on rentre à Paris !
Gaston Plissonnier.
Jean Ferrat.
Roland Leroy.
Georges Séguy.
Le communisme peut-il être démocratique ?
Karl Marx.
Claude Cabanes.
Michel Naudy.
Paul Vaillant-Couturier.
La Révolution russe de 1917.
Jacques Duclos.
Staline.
Front populaire.
Jean Jaurès.
Léon Blum.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20200409-liliane-marchais.html

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