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Le canalblog de Sylvain Rakotoarison
6 juillet 2020

Ennio Morricone, le Professionnel !

« Me produire dans toutes ces villes devant un public si large, aux âges et aux cultures si variés, est une expérience des plus enrichissantes. Cette année, je fête soixante années d’une carrière durant laquelle j’ai composé plus de 600 musiques. » (Ennio Morricone, 2018).


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Le compositeur de musiques de film Ennio Morricone s’est éteint à Rome ce lundi 6 juillet 2020 à l’âge de 91 ans. Il y a de quoi être ému car avec sa musique, il représentait non seulement des films mais bien plus. Une sorte de partie de soi-même. Sa musique n’était pas l’accompagnement d’un film mais c’était parfois presque l’inverse, le film pouvait devenir un accompagnement de sa musique (comme c’était le cas pour les plus grands compositeurs). Une œuvre dans une œuvre. Il faisait partie de ces musiciens qui ont donné ses lettres de noblesse à ce genre qu’est la musique de film, avec Maurice Jarre, Michel Legrand, Francis Lai, Vladimir Cosma, Éric Serra, Alexandre Desplat, etc.

Souvent, les chansons très connues de variétés marquent la mémoire d’une époque de la jeunesse, le temps où l’on aimait et l’on dansait sur cette musique. La musique d’Ennio Morricone va beaucoup plus loin chez moi. Quand j’écoute sa musique, j’ai souvent un frisson car j’ai parfois de l’enfance qui revient à la surface, comme une sorte de remontée dans le temps qui se perd dans les interstices de la mémoire. Cela ne tient pas à grand-chose, c’était simplement une cassette (un ustensile préhistorique pour les moins de trente ans) que j’avais dû acheter quand j’étais môme et que je me remettais en boucle lors de vacances au bord de la mer. Ce lieu si magique, plage de sable chaud, grands espaces, calme, soleil, ciel intensément bleu ou même de pluie (la Bretagne n’est pas ennuyeuse pour cela, elle est très changeante), est associé à cette musique qui n’y pouvait rien.





J’avais déjà assisté à un concert d’un musicien de musiques de film, c’était Alexandre Desplat (très populaire parmi la jeune génération en raison de sa contribution pour "Harry Potter"), je l’ai écouté à la Salle Pleyel sans a priori et j’ai beaucoup apprécié sa musique alors je ne connaissais pas les films associés. L’expérience était concluante et j’ai cherché à la renouveler.

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Malgré son grand âge, compositeur mais aussi chef d’orchestre, Ennio Morricone adorait se produire en concert, si bien que j’ai eu la grande chance de pouvoir assister à l’un de ses derniers concerts. Il avait organisé une grande tournée mondiale pour son 90e anniversaire et j’étais donc présent à son concert à l’Arena Accor à Bercy, le 23 novembre 2018 au triste titre : "Concert d’adieu". J’avais peu l’habitude de me rendre dans ce genre de lieu où tant de monde était rassemblé, peut-être 20 000 personnes, voire plus, comme une sorte de stade, avec une acoustique en rapport, c’est-à-dire loin des salles feutrées de concert d’un millier de places que j’ai l’habitude de fréquenter (avant crise sanitaire).

La programmation était relativement prévisible, puisque la plupart des morceaux qu’il a interprétés m’étaient déjà connues (à une ou deux exceptions près), mais c’était étonnant de l’entendre dans un cadre de concert, sans image, sans film, et le génie, c’était que cela tenait la route, la musique à elle seule, mais je le savais déjà. Je pense que c’est un critère. Certaines musiques de film sont très pauvres sans le film, écoutées hors contexte, ce n’était pas le cas de celles d’Ennio Morricone pour qui c’est vraiment l’inverse.

J’ai par exemple revu récemment le film "Le Marginal" avec Jean-Paul Belmondo, et à mon grand étonnement, j’ai trouvé que le film avait très vieilli et était devenu très ennuyeux, seule la musique d’Ennio Morricone le sauvait du naufrage. Mais quand le film est en plus intéressant, cela peut devenir des pépites, c’est le cas de "Frantic", de "Le Professionnel" (encore que le scénario soit finalement assez ennuyeux), et bien sûr, tous les "westerns spaghettis" avec son compère Sergio Leone, un véritable trésor cinématographique.





Lors de ce concert mémorable du 23 novembre 2018, Ennio Morricone semblait être d’une forme exceptionnelle, même s’il dirigeait l’orchestre assis. Amusant aussi de voir l’une de ses cantatrices pieds nus dans cette fosse sonore gigantesque. Assurément, quoique l’entrée à ces concerts fût très chère (il est des choix budgétaires réfléchis !), je doute que ce fût l’argent le principal moteur qui a incité ce nonagénaire accompli et reconnu depuis des décennies à continuer à faire ces tournées démentes et épuisantes. Un peu comme avec le compositeur de musique électroacoustique Pierre Henry, il y avait un petit côté (sinon grand côté) cabotin chez Ennio Morricone qui avait besoin de voir, de sentir ses auditeurs comme un romancier a parfois besoin de voir, d’écouter ses lecteurs.

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Il y avait aussi à la même époque une rétrospective de ses musiques de film, du 22 au 26 novembre 2018, à la Cinémathèque française (qui rouvre ses portes le 15 juillet 2020 après le début du confinement).

Maintenant nulle part et partout, Ennio Morricone est en fait déjà dans le panthéon du cinéma mondial, bien placé pour que sa musique hante encore longtemps l’esprit de ses anciens contemporains…






Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (06 juillet 2020)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Ennio Morricone, le Professionnel !
L'infatigable Ennio Morricone.
Yves Robert.
Suzanne Flon.
Michel Piccoli.
Jacques François.
Alfred Hitchcock.
Brigitte Bardot.
Charlie Chaplin.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20200706-ennio-morricone.html

https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/ennio-morricone-le-professionnel-225584

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2020/07/06/38414832.html






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