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Le canalblog de Sylvain Rakotoarison
17 juillet 2020

Covid-19 : seconde vague ? La prudence s’impose …par le masque

« La meilleure façon de nous préparer à une reprise possible de l’épidémie est de renforcer nos actions de prévention ; cela passe nécessairement par le développement du port du masque et par une intensification de notre politique de dépistage. Nous devons par-dessus tout éviter un retour à des formes strictes et larges de confinement, dont nous connaissons désormais le coût humain et économique. » (Jean Castex, le 15 juillet 2020 à l’Assemblée Nationale).



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Il y a un côté inaudible dans la pandémie de covid-19 qui nous "submerge" actuellement. Une sorte de sidération, de refus de voir la vérité en face. Peut-être comme le refus d’accepter l'indicible, l’existence de la Shoah juste après la guerre.

Bien sûr que la pandémie est loin d’être terminée dans le monde. Ceux qui ne le comprendraient pas sont soit aveugles, soit sourds, soit les deux à la fois. Les chiffres sont hélas parlants. À ce jour, le jeudi 16 juillet 2020, en tout, il y a eu 592 000 décès dus au covid-19, valeur issue de statistiques probablement très sous-estimées dans bien des pays (quel gouvernement stupide irait se vanter d’avoir autant de décès ?). Ce nombre en lui-même ne signifie rien, car il n’est qu’une photographie à un instant t. Chaque jour, le rythme est d’environ 6 000 décès quotidiens dans le monde (5 760 le 15 juillet 2020, 5 564 le 16 juillet 2020). Il y a six mois, en mi-janvier 2020, aurait-on imaginé pareil désastre humain ? Je rappelle à toute fin utile que ces personnes décédées, elles le sont en plus de la mortalité "ordinaire". Plus d’un demi-million et l’on est loin d’être au maximum de la pandémie.

Pour le nombre de personnes qui ont été dépistées positives au coronavirus, la situation, toujours sous-estimée (il suffit de ne pas être testé pour ne pas être détecté), est de près de 14 millions, soit environ 2 pour 1 000 personnes dans la population mondiale ! Là encore, les bataillons s’élargissent puisque, rien que pour le 15 juillet 2020, il y en a eu 234 383 cas de plus, le 16 juillet 2020, 238 943 cas de plus… Parmi ces 14 millions de cas, plus de 5 millions sont encore actifs, c’est-à-dire  que 5 millions de personnes sont actuellement détectées comme étant malades du covid-19.

Déjà vingt-deux pays ont plus de décès que la Chine : l’Afrique du Sud (qui vient de "dépasser" la Chine ce 16 juillet 2020), l’Équateur, le Pakistan, la Turquie, la Suède*, la Colombie, les Pays-Bas*, le Chili, le Canada*, l’Allemagne*, la Belgique*, la Russie, le Pérou, l’Iran, l’Inde, l’Espagne*, la France*, l’Italie*, le Mexique, le Royaume-Uni, le Brésil et les États-Unis (l’astérisque signifie que l’épidémie s’est stabilisée). Et l’Égypte, l’Indonésie et l’Irak pourraient sérieusement concurrencer la Chine dans cette course macabre du nombre de décès dus au covid-19.

La situation en France a paru se stabiliser en mai 2020. "L’éruption" (ou "l’irruption") épidémique en France fut particulièrement terrible en mars et avril 2020. Heureusement, le confinement, mesure d’urgence nécessaire (on voit ce que cela a donné dans les pays qui ont refusé le confinement, comme la Suède), a permis de limiter les dégâts humains déjà gigantesques (plus de 30 000 décès, sans compter les décès à domicile).

Contrairement à ce qu’on a imaginé, la plupart des Français, malgré le côté "râleur", ont accepté les règles du confinement, dès lors qu’ils ont compris les enjeux sanitaires. Depuis le 11 mai 2020 et le début du déconfinement, il y a un peu de relâchement et c’est vrai que la période estivale a renforcé ce relâchement. Il est difficile de faire de l’entre-deux : ou c’est grave ou l’épidémie est passée. Ou vigilance extrême ou relâchement complet. Dans la tête de beaucoup de personnes, l’épidémie est passée.

C’est vrai qu’au bout de trois à quatre semaines, après le 11 mai, on a pu voir qu’il n’y avait pas de rebond. C’était étonnant mais réel. Pourtant, la situation semble avoir changé. Y a-t-il une seconde vague ? Et qu’est-ce qu’une seconde vague, d’ailleurs ?

Il faut à mon avis distinguer la seconde vague "saisonnière", celle qui pourrait revenir l’automne prochain, et la situation dans des pays comme l’Australie ou la Nouvelle-Zélande, dans l’hémisphère sud, pourrait donner une indication intéressante, c’est en tout cas ce que proposait le professeur Didier Raoult, et en Australie, on reconfine dans la région de Melbourne.

Mais c’est encore loin, l’automne, avec le coronavirus. Ici, lorsqu’on parle de "seconde vague", ce serait plutôt un "rebond" post-confinement dès cet été. Or, apparemment, beaucoup d’urgentistes observent des signaux alarmants, pour l’instant des signaux faibles mais néanmoins notables. Certains vont jusqu’à dire que nous serions dans la même situation qu’en février 2020, quand tout couvait avant l’explosion le mois suivant. Alors qu’il n’y avait plus d’arrivée à l’hôpital en juin, il y a, maintenant, de nouveau quelques hospitalisations chaque jour.

La grande différence entre février et juillet, en France, c’est qu’on est prêt, à savoir, on peut faire des tests et on a des masques. Le Ministre des Solidarités et de la Santé Olivier Véran a même confirmé aux députés, lors dans la séance spéciale des questions au gouvernement du 16 juillet 2020, que la France avait commandé 4 milliards de masques et qu’elle était en capacité de faire 1 million de tests par semaine. Actuellement, seulement 200 000 sont réalisés. Alors, qu’attend-on pour les faire ? Simplement les volontaires. Rien n’oblige de se faire tester. Quand on n’a pas de symptômes et qu’on n’est pas dans un foyer, peut-être qu’on n’y trouve pas d’intérêt à se faire tester ?

Depuis le début du déconfinement, on a les moyens de faire des tests. Et donc, l’augmentation actuelle du nombre de personnes contaminées ne provient pas de cette meilleure capacité de tester : en mai et en juin, on avait la même capacité de tester. De plus, on observe le taux de positivité, c’est-à-dire le nombre de personnes dépistées positives sur le nombre de personnes dépistées au total, or malgré l’augmentation du nombre de tests, on observe une stabilité du taux de positivité, cela signifie qu’en absolu, le nombre de cas augmente. Il y a donc, depuis une dizaine de jours, une évolution qui peut être inquiétante. On trouve ainsi des nouveaux foyers à Marseille, en Mayenne, en Bretagne, en Nouvelle Aquitaine, aussi à Paris.

Au signe inquiétant, on détecte de nouveau le coronavirus dans les eaux usées de Paris, un signe là aussi avant-coureur qui trompe peu.

Le relâchement est aussi dû à des signes réglementaires : à partir du 22 juin 2020, on est entré dans une nouvelle phase du déconfinement, les trajets ne sont plus limités en kilomètres. De plus, on a quitté l’état d’urgence sanitaire le 11 juillet 2020. Les vacances renforcent les déplacements et les rencontres. Ce n’est donc pas étonnant de voir ces foyers sur le littoral, dans des lieux de villégiatures.

Certes, le docteur Cédric Arvieux, infectiologue au CHU de Rennes, a pondéré cette alerte à "Ouest France" le 16 juillet 2020 : « Il n’est pas étonnant qu’on ait une majoration des cas de covid dans des régions qui accueillent des estivants (…), non pas parce que les touristes y apporteraient le virus mais parce que les vacances sont propices au regroupement de personnes dans ces régions. Et dans la mesure où l’on fait du dépistage assez massif, il est assez logique que l’on se retrouve avec une augmentation des nombres de cas dans certaines zones. Mais globalement, la circulation du virus reste faible. (…) Les gens ont été assez secoués par le confinement et ont été prudents au début. Mais voyant les bons chiffres, il y a sûrement eu un recul des gestes barrières. (…) On doit être vigilants, mais la situation ne nous inquiète pas encore. (…) Nous sommes plusieurs infectiologues à estimer qu’il fallait être réactifs et ne pas attendre le 1er août pour rendre le port du masque obligatoire, même s’il est dommage de devoir en passer par là. Accompagné des mesures de distanciation physique, cela a un véritable impact sur la circulation du virus. Il faut donc garder ces bonnes pratiques. » (propos recueillis par Virginie Enée).

Ce qui paraît certain, c’est que le coronavirus continue à circuler. Probablement qu’aujourd’hui, les personnes dits à risques, en particulier les personnes âgées et les personnes fragiles sont plus sensibilisées qu’en février sur les risques pris et sont beaucoup plus prudentes dans leurs déplacements et rencontres (j’écris "probablement" car je connais personnellement des exemples contraires d’imprudence ou d’insouciance).

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Il faut insister lourdement sur le fait que le covid-19 n’est pas une "grippette". Si la forme sévère se développe, c’est parti pour une hospitalisation longue, peut-être deux mois, parfois en réanimation voire avec intubation, laissant des séquelles à la fois organiques et psychologiques si on s’en sort. Même la forme modérée, sans hospitalisation, peut être très difficile à vivre, parfois elle dure deux, trois ,voire quatre mois, des séquelles ont été observées dans le cerveau et dans certains organes (poumons, reins, cœur) avec des symptômes qui perdurent malgré l’absence de charge virale (essoufflement, grande fatigue, perte de goût et d’odorat, etc.).

On ne connaît pas encore grand-chose de cette saleté de maladie, mais dans tous les cas, elle n’est pas bénigne. La remontée des témoignages est en train de se faire, Internet en regorge, les antennes médicales commencent à rassembler les connaissances éparses (lorsqu’il n’y a pas hospitalisation, il y a rarement un suivi par la médecine de ville, surtout après une supposée guérison).

Dans tous les cas, porter un masque dans un espace clos est un million de fois moins contraignant en liberté individuelle que d’être amené, dans quelques semaines, par l’irresponsabilité de quelques-uns, à prendre à nouveau une mesure de confinement, généralisé ou localisé. Tant qu’il n’existe ni traitement curatif efficace, ni vaccin qui a fait ses preuves, le masque, les gestes barrières sont l’unique source de salut pour se préserver d’une telle pandémie. Et cela durera probablement encore de nombreux mois sinon années…

Pour terminer, voici les déclarations exactes concernant l’obligation du port du masque dans les lieux publics clos. La déclaration assez évasive et floue du Président Emmanuel Macron a renforcé la défiance de certains députés de l’opposition, parce qu’elle allait contre le bon sens : soit la mesure est efficace et il faut la faire appliquer immédiatement, soit elle ne sert à rien et alors, pourquoi la proposer ? Cette incohérence a été d’autant plus remarquée que lui-même avait annoncé le confinement le lundi 16 mars 2020 à 20 heures pour une application …le lendemain à 12 heures, soit seulement 18 heures de délai, pas même une journée entière, une mesure beaucoup plus compliquée, juridiquement, qu’un simple décret d’obligation du masque, même si ce dernier doit quand même définir exactement ce que sont les "lieux publics clos". En deux jours, Jean Castex a montré son degré d’écoute et a accéléré la rédaction du décret pour une application nettement plus rapide.

Emmanuel Macron, Président de la République, le 14 juillet 2020 à la télévision : « Il faut continuer d’appliquer ces gestes barrières. Là-dessus, on voit des faiblesses. Donc, j’ai demandé  ce qu’on passe une étape au gouvernement et je souhaite que dans les prochaines semaines, on rende obligatoire le masque dans tous les lieux publics clos. (…) Cela veut dire que les choses s’organisent. On ne va pas le faire du jour au lendemain mais je recommande à tous nos concitoyens qui nous écoutent de porter le masque au maximum quand ils sont dehors et a fortiori quand ils sont dans un lieu clos. Et nous allons observer la situation, mais nous mettre en situation de pouvoir, par exemple à partir du 1er août, le rendre totalement obligatoire. ».

Damien Abad, président du groupe LR à l’Assemblée Nationale, le 15 juillet 2020 à l’Assemblée Nationale : « Hier, le Président de la République, et vous, aujourd’hui, monsieur le Premier Ministre, vous dites l’inverse et c’est tant mieux. Mais il a fallu attendre plus de trois mois pour prendre une telle décision. Et encore, elle ne s’appliquerait qu’au 1er août. Pourquoi attendre encore quinze jours, alors que la Belgique l’a imposée en quarante-huit heures et que nous avons confiné les Français en vingt-quatre heures ? Nous vous demandons de rendre cette mesure effective dès lundi, afin que le port du masque obligatoire soit généralisé dans les lieux publics clos. ».

Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI, le 15 juillet 2020 à l’Assemblée Nationale : « La crise sanitaire demeure, et on n’entend pas assez la communication du gouvernement ; celle-ci devrait être plus ferme pour que nos concitoyens deviennent raisonnables et adoptent vraiment les mesures de précaution. On ne comprend pas l’annonce selon laquelle le port du masque sera obligatoire dans quinze jours, alors qu’il a suffi de quarante-huit heures pour confiner les Français ! ».

Jean-Luc Mélenchon, président du groupe FI à l’Assemblée Nationale, le 15 juillet 2020 à l’Assemblée Nationale : « Personne ne croit non plus que vous conduirez la politique de la nation, monsieur Castex ! Comme nous, vous serez déjà bien heureux de parvenir à la suivre ! Car souvent Jupiter varie, et bien fol qui s’y fie. Ordres et contre-ordres sont devenus la règle. Le masque, par exemple, hier inutile pendant la crise sanitaire, sera désormais obligatoire, mais pas tout de suite, seulement dans un mois ! Le covid-19 est prié de rester confiné. ».

Jean Castex, Premier Ministre, le 16 juillet 2020 au Sénat : « Enfin, le port du masque constitue, avec le respect des gestes dits barrières, une mesure de prévention et de protection efficace. J’ai donc proposé de rendre son port obligatoire dans tous les lieux publics clos, en particulier les commerces. Cela nécessite un décret. Pour ce qui est des locaux professionnels, cela suppose une évolution des protocoles sanitaires. Nous envisagions une entrée en vigueur au 1er août, car nous agissons dans une logique préventive, non sous l’emprise de l’urgence. Mais j’ai compris que cette échéance pouvait paraître tardive et suscitait des interrogations. Le décret entrera donc en vigueur la semaine prochaine. ».

Olivier Véran, Ministre des Solidarités et de la Santé, le 16 juillet 2020 à l’Assemblée Nationale : « Je partage votre agacement face aux images de la rave-party dans la Nièvre et, de manière plus générale, face à toutes les situations dans lesquelles des centaines, voire des milliers de personnes sont regroupées sans aucune protection ni distanciation sociale, et mettent en péril toute la stratégie française de lutte contre le coronavirus. (…) S’agissant de la systématisation du port du masque dans les lieux clos, et demain de son obligation, un décret est en cours de finalisation. D’ici à lundi ou mardi, le port du masque sera généralisé. La vigilance ainsi que l’esprit de responsabilité et de citoyenneté des Français peut s’exercer sans qu’il soit besoin de prendre un décret. J’invite l’ensemble des Français à porter sans délai un masque dans tous les lieux clos, quels qu’ils soient, d’autant plus s’ils sont nombreux à y être regroupés, sans attendre la parution du décret et l’inscription dans le marbre de l’obligation. Mais je rappelle aussi que le port du masque ne suffit pas s’il n’est pas accompagné d’une protection contre la transmission par les mains. Il faut conserver de la distanciation sociale, se laver les mains, utiliser du gel hydroalcoolique, changer régulièrement de masque et le porter correctement. Il s’agit d’un travail de vigilance de tous les instants, absolument nécessaire, surtout à l’heure où certains indicateurs tendent à montrer que non seulement l’épidémie n’est pas terminée, mais que ça et là, des signes de résurgence du virus apparaissent, je pense à la Mayenne et à certains hôpitaux parisiens. ».


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (16 juillet 2020)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Covid-19 : seconde vague ? La prudence s’impose …par le masque.
Karine Lacombe.
Claude Huriet.
Didier Raoult.
La Charte de déontologie des métiers de la recherche (à télécharger).
Hydroxychloroquine : l’affaire est entendue…
Madagascar : la potion amère du docteur Andry Rajoelina contre le covid-19.
Rapport de Jean Castex sur le plan de déconfinement le 6 mai 2020 (à télécharger).
Protection rapprochée.
Discours de Claude Malhuret le 4 mai 2020 au Sénat (texte intégral).
Covid-19 : les trois inepties du docteur Claude Malhuret.
11 mai 2020 : Stop au covid-19 ! (et traçage ?).
Discours du Premier Ministre Édouard Philippe le jeudi 7 mai 2020 à Matignon sur le déconfinement (texte intégral).
Professeur mégalo (vidéo).
Covid-19 : où est l’Europe de la Santé ?
Michel Houellebecq écrit à France Inter sur le virus sans qualités.
Unitaid.
Déconfinement : les départements verts et les départements rouges, la confusion des médias…
Didier Raoult, médecin ou gourou ?
Le déconfinement selon Édouard Philippe.
Covid-19 : le confinement a sauvé plus de 60 000 vies en France.
Du coronavirus dans les eaux usées ?
Le covid-19 n’est pas une "simple grippe"…

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20200716-coronavirus-covid.html

https://www.agoravox.fr/actualites/sante/article/covid-19-seconde-vague-la-prudence-225797

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2020/07/16/38433379.html



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