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Le canalblog de Sylvain Rakotoarison
29 octobre 2020

Reconfinement : la vie humaine, principe intangible d’Emmanuel Macron (et du peuple français)

« Mais surtout, il faut reconnaître que, comme tous nos voisins, nous sommes submergés par l’accélération soudaine de l’épidémie, par un virus qui semble gagner en force à mesure que l’hiver approche, que les températures baissent. Une fois encore, il faut avoir beaucoup d’humilité. Nous sommes tous, en Europe, surpris par l’évolution du virus. Certains pays, comme l’Espagne, l’Irlande, les Pays-Bas, ont pris plus tôt des mesures plus dures que les nôtres. Pourtant, tous, nous en sommes au même point : débordés par une deuxième vague qui, nous le savons, sera, sans doute, plus dure et plus meurtrière que la première. » (Emmanuel Macron, le 28 octobre 2020 à Paris).



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Nouvelle situation de cauchemar. La situation de l’épidémie a rendu inéluctable la décision courageuse et responsable du Président Emmanuel Macron de décider un reconfinement généralisé du pays à partir de la nuit du jeudi 29 au vendredi 30 octobre 2020, et cela pour au moins un mois, jusqu’au 1er décembre 2020. C’est ce qu’il a annoncé dans son allocution télévisée ce mercredi 28 octobre 2020 à 20 heures, en ajoutant que les retours des vacances de la Toussaint seraient tolérés jusqu’au week-end prochain.

Le reconfinement n’est pas la source du cauchemar mais la conséquence. Le cauchemar, c’est une violente reprise de l’épidémie non seulement en France (et dans toutes les régions) mais aussi dans toute l’Europe. Cette saleté de coronavirus n’en finira pas de meurtrir le monde. Dans son intervention télévisée du 14 octobre 2020, Emmanul Macron avait évoqué l’horizon de l’été 2021, il l’a répété ce mercredi en considérant que c’est l’horizon d’un possible vaccin (mais un vaccin, c’est long à développer pour en garantir l’efficacité et l’innocuité).

Les oppositions politiques sont devenues de plus en plus stériles, l’élection présidentielle approche et tout est bon pour contester l’autorité d’Emmanuel Macron. Et pourtant, aucun pays n’a jusqu’à maintenant égalé la France dans le traitement économique de cette grave crise sanitaire. En temps de crise si aiguë (et mondiale, il faut insister), il vaut mieux habiter en France que dans d’autres pays, qu’au Brésil, qu’aux États-Unis, qu’en Russie…

Il n’y a jamais de confinement heureux, mais ce deuxième confinement devrait éviter les écueils du premier, en permettant les visites des personnes âgées dans les EHPAD, en laissant les cimetières ouverts (surtout en période de la Toussaint), et surtout, en rouvrant les crèches, les écoles, les collèges et les lycées pour la rentrée du 2 novembre 2020 (retardée à 10 heures pour un hommage à Samuel Paty). Encore des injonctions paradoxales !

Emmanuel Macron veut effectivement encourager la continuité du travail professionnel tout en endossant un confinement qui l’étoufferait : « L’économie ne doit ni s’arrêter ni s’effondrer ! Je vous invite donc, dans la mesure des possibilités de chacun, à participer de cet effort en travaillant, en soutenant les entreprises qui, proches de chez vous, ont innové à travers des commandes à distance, la vente à emporter ou la livraison à domicile. Le gouvernement accompagnera les TPE/PME comme les artisans qui entreprendront des démarches de numérisation. ».

Ce nouveau confinement, il était plus ou moins connu dès le début du week-end dernier. Il n’y avait plus grand-chose à espérer avec une croissance exponentielle du nombre de contaminations et d’entrée en réanimation. Le seuil des 3 000 lits occupés a été atteint ce mercredi 28 octobre 2020 (exactement 3 045) et la mécanique du virus est telle qu’on sait, hélas, qu’au 15 novembre 2020, ce nombre atteindra 9 000, soit la capacité totale de la réanimation en France.

Ce second confinement démarre bien plus tardivement, en taux d’occupation des lits de réanimation, que lors du premier confinement, mais le Président de la République aurait cependant pu donner une petite note optimiste : le taux de reproductibilité du virus est nettement inférieur à celui du printemps (1,5 au lieu de 3), ce qui signifie que la vitesse, certes encore très élevée, de la circulation du virus est plus faible qu’en mars 2020. En nombre de décès, avec 35 785 morts, la France vient de dépasser l’Espagne et va prochainement dépasser l’Italie, les deux "mauvais élèves" européens de la première vague, mais la course macabre n’est jamais fixée à l’avance car tous les pays ne sont pas au même stade d’avancement de l’épidémie.

Sur les vingt-deux minutes qu’a duré cette allocution présidentielle, ce qui est long, Emmanuel Macron a attendu la onzième minute pour annoncer gravement sa décision : « Si nous ne donnons pas aujourd’hui un coup de frein brutal aux contaminations, nos hôpitaux seront très vite saturés (…). Si nous ne donnons pas aujourd’hui un coup de frein brutal aux contaminations, les médecins devront alors choisir, ici entre un patient atteint du covid et une personne victime d’un accident de la route, là entre deux malades du covid. Ce qui, compte tenu des valeurs qui sont les nôtres, de ce qu’est la France, de ce que nous sommes, est inacceptable. Dans ce contexte, ma responsabilité est de protéger tous les Français. Et en dépit des polémiques, en dépit de la difficulté des décisions à prendre, je l’assume pleinement devant vous ce soir. ».

Et d’en arriver à la conclusion de ses réflexions : « Après avoir consulté les scientifiques, dialogué avec les forces politiques, économiques et sociales, après avoir échangé aussi avec nos partenaires européens, et pesé le pour et le contre, j’ai décidé qu’il fallait retrouver à partir de vendredi le confinement qui a stoppé le virus. Tout le territoire national est concerné. ». Soulignons que le mot "confinement", au contraire de son allocution du 16 mars 2020, a été clairement employé.

Au-delà de cette annonce solennelle qui nécessitait évidemment une intervention solennelle du Président de la République, j’approuve pleinement cette allocution qui se voulait avant tout pédagogique, renvoyant aux orties tous les faux arguments qu’on voyait fleurir sur Internet et dans certains médias depuis quelques semaines. 

Les explications ne sont pas nouvelles mais elles gagnent en crédit et en force lorsqu’elles sont prononcées par le Président de la République qui, d’ailleurs, a rappelé le principe intangible, non négociable, qui rend les protestations des restaurateurs (pour donner un exemple très médiatisé) assez dérisoires. Certes, c’est leur vie professionnelle qui est en cause, c’est important, leur famille est en jeu, mais à l’autre bout de l’enjeu, ce sont des dizaines de milliers de vies qui balancent en réanimation et qui, elles, sont en danger immédiat.

Ce principe intangible, parce que cela va mieux en le disant, c’est celui-ci : « Pour nous, rien n’est plus important que la vie humaine. ». Messieurs les commentateurs contestataires, reprenez à votre compte ce principe intangible ou osez assumer pleinement que pouvoir encore trinquer le soir entre amis vaut plus que la vie de vos parents. La vie humaine !

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Voici quelques échantillons de l’explication pédagogique du Président.

Le coronavirus ne touche pas seulement les plus âgés : « Il touche (…) sous les formes graves toutes les générations. Et nous ne savons pas dire aujourd’hui quelles sont les séquelles à long terme. Perte d’odorat, perte de goût, difficultés respiratoires : contracter ce virus n’est jamais anodin, même lorsqu’on a 20 ans. ». Il fallait le dire, le redire, le marteler : le virus touche tout le monde, personne n’est à l’abri. Et ce n’est pas une grippette !

Il n’y a pas de rivalité entre confinement et économie : « Il nous faut protéger notre économie. Je ne crois pas à l’opposition entre santé et économie que certains voudraient instaurer. Il n’y a  pas d’économie prospère dans une situation sanitaire dégradée avec un virus qui circule activement. Et, je vous le dis très clairement, il n’y a pas non plus de système de santé qui tient s’il n’y a pas une économie forte pour la financer. C’est donc un juste équilibre qu’il nous faut sans cesse rechercher. ». C’est la fameuse ligne de crête du gouvernement, sans arrêt mouvante.

La stupidité de préconiser l’immunité collective : « Nous pourrions, certains le préconisent, ne rien faire, assumer de laisser le virus circuler. C’est ce qu’on appelle la recherche de "l’immunité collective", c’est-à-dire lorsque 50, 60% de la population a été contaminé. Le conseil scientifique a évalué les conséquences d’une telle option. Elles sont implacables : à très court terme, cela signifie le tri entre les patients à l’hôpital. Et d’ici quelques mois, c’est au moins 400 000 morts supplémentaires à déplorer. Jamais la France n’adoptera cette stratégie. Jamais nous ne laisserons mourir des centaines de milliers de nos citoyens, ce ne sont pas nos valeurs, ça n’est pas non plus notre intérêt. ». C’est avec un tel sujet qu’on peut le mieux apprécier les valeurs des personnes, ce qui compte ou pas pour elles. La crise sanitaire, depuis janvier 2020, est à cet égard très instructive pour mieux connaître les personnes. Celles qu’on côtoie comme celles qui ont un écho public et médiatique. Avec le risque d’être déçu…

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Confiner seulement les "personnes à risque" : « D’une part, nos aînés comme les personnes vulnérables ont souvent besoin d’une assistance extérieure (…). Et donc créer une forme de bulle autour d’une génération (…) n’est pas réaliste (…). D’autre part, le virus se développe et développe des formes graves chez les plus jeunes. Et donc, confiner les seules personnes âgées est inefficace : parce que le virus circulerait toujours trop vite et sous des formes graves dans le reste de la population. Et donc nous ne pourrions pas protéger nos soignants, nos urgences et même à terme nos aînés avec cette stratégie. ».

Augmenter les capacités de réanimation : « Je vais vous dire très clairement, nous sommes en train de le faire, mais là non plus, ce n’est pas une bonne réponse. (…) Quand bien même nous pourrions ouvrir beaucoup plus de lits et malgré l’effort de doublement que nous avons réussi, qui peut sérieusement vouloir que des milliers de nos compatriotes passent des semaines en réanimation avec les séquelles que cela implique sur le plan médical ? ». Emmanuel Macron a oublié d’ajouter que 18% des patients covid qui entrent en réanimation y meurent. Il vaut donc mieux éviter qu’il n’en rentre beaucoup.

Après avoir énuméré les quatre stratégies qui auraient pu éviter le confinement mais qui ne sont pas efficaces ni conformes à notre éthique, Emmanuel Macron en a conclu sa décision : « Aucune de ces solutions n’est suffisante en l’état actuel. Il faut donc aller plus loin. ». La structure de son allocution est très claire et très éclairante.

Donc, c’est hélas le retour au confinement de mars à mai 2020, faute de mieux. Retour à l’attestation de déplacement pour un certain nombre de dérogations, le retour au "quoi qu’il en coûte" (avec une monstrueuse faute d’orthographe dans la transcription du texte de l’allocution sur le site de l’Élysée, répétée deux fois !) : « cette réponse économique parmi les plus protectrices du monde se poursuivra. ».

L’objectif de ce second confinement n’est pas l’éradication totale du virus comme c’était l’idée du premier confinement, mais le freinage de sa circulation : « Notre objectif à terme est simple : réduire très fortement les contaminations, de 40 000 contaminations par jour à 5 000, ralentir significativement le rythme des entrées à l’hôpital et en réanimation. ».

Enfin, le Président a prôné l’indispensable unité nationale pour combattre le virus : « Mes chers compatriotes, nous avons tous été surpris par l’accélération soudaine de l’épidémie. Tous. Si je sais la lassitude, cette impression "d’un jour sans fin" qui tous nous gagne, nous devons, quoi qu’il arrive, rester unis et solidaires, et ne pas céder au poison de la division. Cette période est difficile en cela qu’elle éprouve notre résilience et notre unité. Mais elle est un révélateur de ce que nous sommes. Des femmes et des hommes liés les uns aux autres. Très peu de générations auront eu comme la nôtre autant de défis ensemble. Cette pandémie historique, les crises internationales, le terrorisme, les divisions de la société et une crise économique et sociale sans précédent liée à la première vague. Mais j’ai confiance en vous. Confiance en notre capacité à surmonter cette épreuve. (…) Je compte sur chacun d’entre vous. ».

Je doute que la classe politique adopte cette unité nationale car les postures électoralistes, de tous côtés, semblent l’emporter sur la responsabilité historique et le sens du peuple. Tous les opposants qui s’en prennent à Emmanuel Macron se trompent d’ennemi et à cet égard, sont anti-patriotes. C’est très révélateur de ceux qui pensent à l’intérêt général et les autres, ceux qui gèrent leur boutique et leur niche électorales.

Mais ce discours d’unité nationale était avant tout adressé aux Français eux-mêmes, pas à leurs représentants plus ou moins démagogues. Et je ne doute pas qu’il soit entendu. Emmanuel Macron s’est bien gardé de culpabiliser les Français en insistant sur la soudaineté de cette vague déferlante, principalement due aux conditions météorologiques. Le problème, c’est que le froid va rester jusqu’en avril 2021 et l‘on ne peut pas confiner un peuple indéfiniment.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (28 octobre 2020)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Reconfinement : la vie humaine, principe intangible d’Emmanuel Macron (et de la France).
Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron le 28 octobre 2020 (texte intégral et vidéo).
Covid-19 : Non, le comportement des gens n’y est pas pour grand-chose de la situation actuelle !
Covid-19 : faut-il reconfiner dès maintenant ?
Documentaire de LCP sur la grippe de Hong Kong en 1968-1969 ("Le Mag" du 26 juin 2020).
Conférence de presse du Premier Ministre Jean Castex le 22 octobre 2020 sur les nouvelles mesures sanitaires contre le covid-19 (texte intégral et vidéo).
Nouvelle attestation de déplacement pour le couvre-feu à partir du 17 octobre 2020 (à télécharger).
Covid-19 : couvre-feu, liberté et réanimation.
Conférence de presse du Premier Ministre Jean Castex le 15 octobre 2020 sur l’application du couvre-feu (texte intégral et vidéo).
Interview du Président Emmanuel Macron le 14 octobre 2020 sur TF1 et France 2 (vidéo).
Emmanuel Macron et l’électrochoc du confinement nocturne.
10 ans après la loi anti-burqa, la loi masque-obligatoire.
Les supposés "bons" résultats de l’IHU Méditerranée du professeur Didier Raoult…
Covid-19 : Donald Trump, marathonman.
Le casse-tête sanitaire de Jean Castex.
Olivier Véran.
Le cap de 1 million de décès franchi.
Conférence de presse du Ministre des Solidarités et de la Santé Olivier Véran le 23 septembre 2020 à Paris (vidéo).
Finie, l’épidémie de covid-19 : vraiment ??
Karine Lacombe.
Claude Huriet.
Didier Raoult.
Madagascar : la potion amère du docteur Andry Rajoelina contre le covid-19.
Covid-19 : où est l’Europe de la Santé ?
Michel Houellebecq écrit à France Inter sur le virus sans qualités.
Covid-19 : le confinement a sauvé plus de 60 000 vies en France.
Du coronavirus dans les eaux usées ?
Le covid-19 n’est pas une "simple grippe"…
Le coronavirus de Wuhan va-t-il contaminer tous les continents ?

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20201028-macron.html

https://www.agoravox.fr/actualites/sante/article/reconfinement-la-vie-humaine-228163

https://rakotoarison.canalblog.com/archives/2020/10/28/38616116.html





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