50 ans après Charlie Hebdo, toujours la liberté de la presse en question
« Les Éditions du Square, société gérante des titres "Hara-Kiri" et "L’Hebdo Hara-Kiri" et propriétaire du journal mensuel "Charlie", décide, devant le désastre financier que représente pour elle l’interdiction de "L’Hebdo Hara-Kiri", de créer un supplément hebdomadaire au mensuel "Charlie" afin de pouvoir continuer à faire face à ses engagements financiers et de permettre aux collaborateurs de l’ex-"Hebdo Hara-Kiri" ainsi qu’aux autres employés de la Société de ne pas perdre leurs moyens d’existence. » ("Charlie Hebdo" numéro 1 du 23 novembre 1970).
Il y a exactement 50 ans, le lundi 23 novembre 1970, est paru le premier numéro de l’hebdomadaire satirique "Charlie Hebdo" qu’on pouvait se procurer chez son marchand de journaux préféré pour la modique somme de 2 francs (il est aujourd’hui à 3 euros). Parmi les signatures, des grands : Cabu, Reiser, Wolinski, Willem, le professeur Choron, Gébé, Delfeil de Ton… et bien sûr François Cavanna.
À l’origine, "Charlie" était d’abord un mensuel, "Charlie Mensuel", fondé en février 1969 par Delfeil de Ton comme revue de bandes dessinées (en concurrence notamment avec "Pilote" avec lequel il a fusionné en mars 1986). Le nom "Charlie" provient de Charlie Brown, le garçon des "Peanuts" que publiait le journal (et ne provient pas de Charles De Gaulle). Après la création de son "supplément" hebdomadaire, "Charlie Hebdo", "Charlie Mensuel" a continué à paraître jusqu’en février 1986 alors que "Charlie Hebdo" a fini de paraître en 1982, englouti par l’arrivée de la gauche au pouvoir (manque de lecteurs) et a repris ensuite surface en juillet 1992 sous la direction de Philippe Val (directeur jusqu’en 2009).
De son côté, "Hara-Kiri", journal "bête et méchant", était un magazine satirique mensuel fondé par Cavanna et Choron en septembre 1960 (il a duré jusqu’en octobre 1989) avec Cabu, Gébé, Roland Topor, Wolinski, etc. En février 1969, a été créé, en parallèle, "Hara-Kiri Hebdo" puis (en mai 1969) "L’Hebdo Hara-Kiri" pour mieux coller à l’actualité. Les deux périodiques ont eu parfois des difficultés financières (dépôt de bilan en 1967 par exemple), souvent en raison d’interdictions à cause de certains articles ou dessins.
Comme l’indique le dessinateur Riss (et directeur de la rédaction de "Charlie Hebdo" depuis les attentats de janvier 2015) dans un dessin récent, le Général De Gaulle fut le véritable inventeur de "Charlie Hebdo", certes bien involontairement (et à titre posthume !). La mort de De Gaulle a eu lieu le 9 novembre 1970 en début de soirée mais la famille ne l’a annoncée publiquement que le lendemain.
Dans le numéro 94 sorti le 16 novembre 1970, le premier après l’annonce de la mort de De Gaulle, "L’Hebdo Hara-Kiri" a titré en une la formule-choc qui a fait date : « Bal tragique à Colombey : 1 mort ». C’était la manière du journal satirique de faire son "deuil" du chef de la France libre (pendant toute la période gaullienne, le journal de sensibilité de gauche libertaire était dans l’opposition).
L’humour était particulièrement caustique puisqu’il faisait référence, au-delà de la mort de De Gaulle, à la mort des 146 jeunes personnes (moyenne d’âge 20 ans) qui ont péri brûlées vif dans la boîte de nuit "5-7" à Saint-Laurent-du-Pont (entre Grenoble et Chambéry par l’ouest), dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1970. C’était une catastrophe qui a particulièrement choqué et ému les Français (et à partir de laquelle une réglementation plus stricte a été adoptée pour prévenir les incendies dans les lieux accueillant le public, même si l’une des causes a été le non respect de la réglementation de l’époque, notamment par le verrouillage insensé des sorties de secours pour éviter des resquilleurs).
J’imagine que si j’avais été l’un des parents de ces jeunes qui sont morts dans cet incendie, j’aurais réagi vivement au titre de "Hara-Kiri". Mais le principe de la satire, c’est de faire de la provocation, de faire réagir, de mettre mal à l’aise, et il faut bien avouer que la formule a été bien trouvée, tellement bien trouvée que beaucoup de monde, depuis cinquante ans, l’a pastichée, parodiée selon les circonstances.
L’imitation la plus forte, la plus émouvante aussi, une formule satirique qui est revenue comme un boomerang sanguinaire, a été utilisée par certains journaux juste après l’assassinat des douze personnes lors de l’attentat terroriste au siège de "Charlie Hebdo" le 7 janvier 2015 : « Balles tragiques à Charlie Hebdo : 12 morts ».
Dès le 17 novembre 1970, le Ministre de l’Intérieur Raymond Marcellin lui-même aurait pris la décision d’interdire de parution de "L’Hebdo Hara-Kiri" pour sanctionner ce manque de respect aux victimes de l’incendie du "5-7".
"Charlie Hebdo" a donc pris la relève au pied levé dès la semaine suivante, afin de contourner l’interdiction administrative qui aurait pu avoir des conséquences économiques très graves sans cette idée. N’hésitant pas à amuser la galerie avec ce sujet, le journal mentionnait : « "L’Hebdo Hara-Kiri est mort. Lisez "Charlie Hebdo", le journal qui profite du malheur des autres. », ou encore : « Comme l’avait signalé notre malheureux confrère "L’Hebdo Hara-Kiri", dont nous déplorons la disparition (…) ».
L’ADN de ces publications ("Hara-Kiri", "Charlie Hebdo"), c’est la liberté de la presse et le droit de se moquer notamment de leurs cibles favorites, à savoir l’extrême droite et les intégrismes religieux, et sur ce dernier point, il faut bien avouer que l’Église catholique a été beaucoup plus "moquée" et tournée en dérision que l’islam.
Quand Philippe Val a décidé de publier le 8 février 2006, dans "Charlie Hebdo", les caricatures de Mahomet du journal danois "Jyllands-Posten", il pensait que toute la presse française allait faire de même par solidarité pour la liberté de la presse. Mais seulement "France-Soir" les avait publiées (dès le 1er février 2006). À cette époque, le dessinateur Charb, le futur successeur de Philippe Val et future victime des attentats, indiquait : « À "Charlie", avant qu’on soit embêtés par les musulmans intégristes, on a eu affaire à l’extrême droite catholique. Ça s’est terminé normalement devant les tribunaux, ils ont perdu et voilà. Ils attaquent pour tester en espérant gagner et que la législation change. ».
Les vives polémiques ont donc commencé à cette date. Le 1er mars 2006 dans "Charlie Hebdo", un manifeste fut publié pour condamner l’islamisme politique que les signataires, parmi lesquels Salman Rushdie, Taslima Nasreen, Philippe Val, Bernard-Henri Lévy, Caroline Fourest, ont considéré comme un nouveau totalitarisme menaçant la démocratie, le comparant au nazisme et au stalinisme. La riposte est provenue de la Ligue des droits de l’homme qui a dénoncé la stigmatisation des musulmans dans "Libération" du 16 mai 2006.
"Charlie Hebdo" a aussi fait un numéro spécial Mahomet le 2 novembre 2011 qui avait été annoncé quelques jours auparavant, ce qui a provoqué un incendie criminel qui a dévasté son siège dans la nuit du 1er au 2 novembre 2011. Voici la différence avec ses précédentes cibles : l’islamisme politique ne contre-attaque pas avec des procès, il attaque tout court. Hélas, on a pu s’en rendre compte le 7 janvier 2015 avec l’attentat qui a visé toute la rédaction du journal. Douze personnes y sont mortes.
Et cela a continué puisque Samuel Paty, le professeur d’histoire qui a utilisé des caricatures publiées dans "Charlie Hebdo" comme outil pédagogique, a été, lui aussi, horriblement assassiné à la sortie de son collège de Conflans-Sainte-Honorine le 16 octobre 2020.
Depuis 2006, "l’affaire" des caricatures a montré qu’on pouvait mourir de pouvoir dire ce qu’on veut des religions. Jusqu’en janvier 2015, on pouvait ne pas le comprendre, s’interroger sur la motivation de ce qu’on pourrait appeler une "provocation" même si, pour un journal satirique, la provocation est un fonds de commerce consubstantiel. On pouvait même soupçonner le journal de vouloir faire remonter ses ventes en berne depuis quelque temps.
Mais après de tels assassinats, tant en 2015 qu’en 2020, le fameux slogan "Je suis Charlie" a pris un sens très particulier. Il ne s’agit pas d’approuver toutes les provocations parfois obscènes du journal satirique. D’ailleurs, en ce qui me concerne, très peu de dessins me faisaient sourire. Mais il s’agit simplement de militer pour que ce journal, comme d’autres, ait le droit de publier ce qu’il veut, dès lors qu’il reste dans le cadre légal des publications de presse (pas d’appel à la haine, etc.).
Et l’on peut s’interroger sur le "scandale" avec "Charlie Hebdo". Si des journaux généralistes, comme "Le Figaro" ou "Le Monde" avaient publié des caricatures particulièrement provocantes, le scandale aurait pu encore se concevoir car le lectorat était très large. Mais pour "Charlie Hebdo", ceux qui le lisent, ceux qui l’achètent, c’est parce qu’ils veulent lire du satirique, ils veulent lire du provocant. C’est comme être choqué du sexe en se rendant dans un sex-shop. Au lieu d’être choqué, il suffit de ne pas ouvrir un numéro de "Charlie Hebdo". Il y a un certain masochisme à vouloir se faire mal si les dessins font mal. Pourquoi interdire de les publier alors qu’il suffirait de ne pas les lire ?
Qu’est-ce que cela peut bien me faire que des personnes que je ne connais pas pensent différemment de moi et même, se moque de mes propres pensées, de ma foi, de mes opinions ? Ce serait important si ces personnes m’étaient chères. Mais des inconnus ? Dont c’est le métier de tout tourner en dérision ? À partir du moment où l’on peut considérer qu’un large panel de foi (ou non foi), d’opinions, etc. puisse exister, voire coexister, pourquoi irais-je imposer la mienne ? Il est là le totalitarisme.
Car avec des risques d’attentat, quel va être le comportement des moins courageux, des moins militants, ou plutôt, des plus prudents, ceux qui pensent à leur famille, à leur conjoint, à leurs enfants ? L’autocensure. Tout faire pour éviter de déclencher un acte retour particulièrement horrible. De déclencher la fureur de "fous d’Allah". L’assassinat de Samuel Paty en est une très triste illustration.
Le Président Emmanuel Macron a affirmé avec force le droit au blasphème dans son discours au Panthéon commémorant les 150 ans de la naissance de la Troisième République le 4 septembre 2020. C’était la première fois qu’un Président de la République a eu le courage de le proclamer. Il n’y avait pourtant rien d’exceptionnel ni rien de nouveau : on a le droit de critiquer toute religion dès lors qu’on ne s’en prend pas personnellement à certains fidèles. Au risque de laisser croire à une stigmatisation, l’idée est de refuser toute avancée de l’islamisme politique dans le projet de société est diamétralement opposé à la tradition française et aux valeurs républicaines.
Très inquiétantes ont été, pour moi, certaines réactions provenant de la hiérarchie catholique sur ces dessins de "Charlie Hebdo". Elles sont d’autant plus incompréhensibles que l’Église catholique fait partie très clairement des cibles des terroristes islamistes : l’assassinat du père Jacques Hamel le 26 juillet 2016 dans l’église Saint-Étienne de Saint-Étienne-du-Rouvray (près de Rouen) et l’assassinat de trois fidèles, Nadine Devillers, Vincent Loquès et Simone Barreto Silva, le 29 octobre 2020 dans la basilique Notre-Dame de l’Assomption à Nice l’ont démontré. En ce sens, l’Église catholique est dans le même navire que "Charlie Hebdo" et que d’autres, en clair, que tous les Français, cible potentielle des tueurs islamistes. Il devrait y avoir une solidarité de fait.
Ainsi, juste après le second attentat de Nice, celui du 29 octobre 2020, l’évêque de Nice a tenu à se désolidariser de "Charlie Hebdo" dans un entretien à "Nice-Matin" : « Non, je ne suis pas Charlie, je suis André Marceau (…). Certes, la liberté d’expression est sacrée en France, mais que chacun s’assume. Il y a des identités qu’on ne peut pas trop bafouer à la légère. ». En tant que catholique, ces propos m’horrifient. C’est comme si l’on disait que telle jeune fille violée a été responsable de son viol parce que décidément, elle s’était habillée un peu trop légèrement. Non, le responsable, c’est le violeur, pas la victime. Si un dessinateur doit systématiquement se demander si son dessin satirique (donc, jamais "gentil") pouvait vexer des personnes au point d’en être violenté, il ne pourra plus dessiner un seul dessin et il n’y aura plus d’autre son de cloche qu’un courant de pensée qui ne gênerait personne, c’est-à-dire un courant de non-pensée.
Pires à mon sens, les déclarations de l’archevêque de Toulouse, Mgr Robert Le Gall le même jour sur France Bleu Occitanie : « On ne se moque pas impunément des religions (…). La liberté d’expression atteint ses limites (…). On jette de l’huile sur le feu. ». Non ! Il ne faut pas être "puni" pour s’être moqué des religions, surtout provenant de non-fidèles (à moins de vouloir imposer une religion à tout le monde). Non ! ce n’est pas jeter de l’huile sur le feu, c’est pointer qu’il y a là le symptôme d’un réel problème sociétal : si des dessins provoquent la mort de dizaines de personnes, c’est qu’il y a un problème qui ne peut pas être résolu par l’autocensure des dessinateurs. Le mal est profond et il fallait en prendre conscience.
Se focalisant plus sur la forme, l’archevêque d’Albi, Mgr Jean Legrez s’est posé la question : « Comment croire que la quintessence de l’esprit français réside dans la vulgarité et la malveillance ? ». Réponse : depuis qu’on tue des dessinateurs français pour leurs dessins, et des enseignants français pour les avoir montrés à leurs élèves.
Je crois rêver quand je lis le texte publié sur le site de son diocèse de l’évêque d’Avignon Mgr Jean-Pierre Cattenoz qui a remis en cause le droit au blasphème et qui s’est senti blessé en voyant des caricatures : « Les caricatures blasphématoires sont[-elles] un droit en démocratie [?] ». Il est « resté sans voix devant les déclarations du Président de la République [lorsqu’il] a justifié au nom même de la démocratie la liberté de dire et de publier tout et n’importe quoi, la liberté au blasphème sous toutes es formes. Je croyais rêver ! ».
Dans une dépêche publiée par Orange le 8 novembre 2020, le sociologue des religions Jean-Louis Schlegel, ancien directeur de la rédaction de la revue "Esprit", expliquait que ces évêques « n’ont pas intégré le fait que la séparation des Églises et de l’État impliquait cette liberté d’aller très loin dans la caricature ou l’insulte anti-religieuse (…). Ils considèrent que le blasphème ne devrait pas être libre dans nos sociétés. ». Et d’ajouter concernant les fidèles : « Ils ne peuvent pas ne pas reconnaître que c’est une liberté fondamentale (…). [Mais ils] ne vont pas applaudir des caricatures que généralement ils trouvent grossières, avec des dessins très vulgaires. ».
Cependant, des fidèles peuvent aussi faire la part des choses, comme cette catholique pratiquante parisienne : « "Charlie Hebdo", ce n’est pas ma revue préférée. [Mais] il ne faut pas que ça renverse notre hiérarchie des valeurs : on ne tue pas des gens pour une caricature ! (…) La liberté d’expression est un peu plus en danger que la protection du sacré des religions. ».
Heureusement, d’autres évêques "repêchent" les précédents. Ainsi, le discours de clôture de l’Assemblée plénière des évêques (en visioconférence) de Mgr Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et président de la Conférence des évêques de France, a su, le 8 novembre 2020, remettre les pendules à l’heure sur le blasphème. Et cela, notamment en trois points.
1° : « Le blasphème consiste surtout à faire maudire le nom de Dieu. Est donc coupable de blasphème qui use du nom de Dieu pour justifier sa violence ou ses injustices. ». En clair, c’est plus celui qui tue et celui qui l’a armé qui sont blasphématoires que leur victime.
2° : « La dérision, la moquerie, me paraît d’un autre ordre. Les convictions fortes en suscitent forcément, parce que l’humanité cherche à se protéger, à esquiver d’avoir à donner à sa vie une portée qui lui paraît trop grande. C’est un gage de maturité que de ne pas s’en laisser démonter. (…) Nous savons, nous, que le Dieu vivant n’a pas craint d’être bafoué. En prenant chair de notre chair, il n’a pas craint d’être méprisé, ni même torturé. Il n’a pas craint non plus, et c’est vertigineux, d’être trahi par les siens. ». Bref, ce ne sont pas quelques dessins inconséquents qui pourraient ébranler Dieu lui-même.
3° : « Le blasphème contre l’Esprit est plus encore le fait de ceux qui usent du pouvoir spirituel reçu du Christ pour établir leur propre pouvoir et, pire encore, assouvir leurs pulsions. Les prêtres coupables d’actes d’agressions sexuelles sur des mineurs ou d’abus de pouvoir sur des jeunes adultes souillent le saint nom de Dieu. ». En d’autres termes, et c’est important que cela provienne d’un évêque, les blasphémateurs, ce sont plutôt les prêtres qui abusent d’enfants que des dessinateurs en mal de provocation.
Le blogueur catholique Koztoujours a commenté cette saine et sage prise de position épiscopale le 9 novembre 2020 : « Il faut reconnaître voire soutenir par principe le droit de blasphémer, celui de critiquer toute religion, et jusqu’au droit de la tourner en dérision. Car Dieu, je le crois, n’attend pas qu’on le respecte par obligation, qu’on l’aime du bout des lèvres tandis qu’on l’ignore dans nos cœurs. Dieu est même prêt à entendre notre rage contre lui et a vu sans colère bien des poings dressés vers le ciel. Il n’attend pas que nous nous abstenions de blasphémer seulement parce que ce serait interdit. Car sans liberté de blasphémer, il n’est pas de louange sincère. ».
Et parlant de l‘obscénité de certaines caricatures : « Ce n’est pas parce que la loi permet un comportement qu’il est nécessairement bon, mais tout ce qui n’est pas bon ne doit pas non plus nécessairement être interdit. L’inverse nous garantirait un régime totalitaire. C’est dans cet espace de liberté entre le légal et le bien que s’exerce le discernement de chacun. ».
Alors, non, je n’apprécie pas spécialement les dessins de "Charlie Hebdo", surtout les plus obscènes, même si je suis prêt à sourire et même à rire quand le jeu de mots est (vraiment) drôle, le dessin en situation, les faits en interconnexion (même odieusement, comme pour le bal tragique). Mais je rends hommage au journal satirique d’avoir pointé du doigt l’une des fragilités sociales des temps actuels, au prix involontaire mais douloureux de plusieurs vies humaines, que des éléments de notre société, pas forcément venus de l’extérieur (cela peut être le cas, mais pas toujours) sont capables de mettre au péril cette liberté de presse.
La Ligue des droits de l’homme qui, en 2006, dénonçait le risque de stigmatisation de l’islam, j’espère qu’en 2020, et plus exactement, que depuis 2015, elle a bien conscience qu’il existe un islamisme politique particulièrement offensif qui veut faire progresser sa cause au détriment des valeurs de notre République et de notre démocratie. Et cet islamisme avance (masqué) depuis l’affaire du voile au lycée en 1989. C’est à la République, portée par les forces politiques, toutes les forces politiques unanimement, de réaffirmer avec constance et fermeté que ces valeurs-là, elles ne sont absolument pas négociables. Bon demi-siècle, "Charlie Hebdo" !
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (22 novembre 2020)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
50 ans après Charlie Hebdo, toujours la liberté de la presse en question.
Samuel Paty : faire des républicains.
Samuel Paty : les enseignants sont nos héros.
Discours du Président Emmanuel Macron le 2 octobre 2020 aux Mureaux sur le séparatisme (texte intégral et vidéo).
Polémiques indécentes sur la libération de Sophie Pétronin.
10 ans après la loi anti-burqa, la loi masque-obligatoire.
Charlie Hebdo : mortelle indifférence.
Charlie Hebdo en 2015.
Islamo-gauchisme : le voile à l’Assemblée, pour ou contre ?
5 ans de Soumission.
Mosquée de Bayonne : non assistance à peuple en danger ?
La société de vigilance.
N’oublions pas le sacrifice du colonel Arnaud Beltrame !
Strasbourg : la France, du jaune au noir.
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20201123-charlie-hebdo.html
https://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/50-ans-apres-charlie-hebdo-228910
https://rakotoarison.canalblog.com/archives/2020/11/22/38665813.html