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Le canalblog de Sylvain Rakotoarison
22 avril 2021

Nicole Garcia, respectée …et malmenée

« Être réalisatrice, c’est courir un marathon. Redevenir actrice, c’est moins stressant. » (Nicole Garcia, le 5 septembre 2002).




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L’actrice et réalisatrice Nicole Garcia fête son 75e anniversaire ce jeudi 22 avril 2021, quatre jours après son collègue Jean-François Balmer (qui, lui, n’a jamais voulu être réalisateur, trop compliqué, pas son truc). Nicole Garcia, je l’ai découverte dans un film particulièrement glauque (néanmoins excellent) de Michel Melville, "Péril en la demeure" (sorti le 13 février 1985). Éblouissante et mystérieuse, elle était au centre des personnages, la femme de Michel Piccoli, la maîtresse de Christophe Malavoy, avec également la fascinante Anémone et l’inquiétant Richard Bohringer (que j’ai découvert aussi à cette occasion). Son visage assez anguleux, son regard profond, sa diction parfaite en ont fait une actrice essentielle du cinéma français.

Cela faisait pourtant déjà une dizaine d’années qu’elle était au cinéma. Nicole Garcia a multiplié les premiers rôles à la fin des années 1970 et durant les années 1980. Elle a même cumulé les nominations aux Césars. Elle a été lauréate une fois (pour "Le Cavaleur" en 1980), et nommée quatorze fois au total, avec des motifs très différents : meilleure actrice dans un second rôle, meilleure actrice, meilleur premier film, meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario original, meilleure adaptation…

Car au-delà d’être actrice au cinéma (dans une soixantaine de films), à la télévision (une trentaine de fictions, dont plusieurs épisodes de "Capitaine Marleau") et comédienne au théâtre (elle a joué dans plus d’une vingtaine de pièces), elle est depuis 1990 une réalisatrice de longs-métrages (neuf à ce jour, le dernier "Amants" a été projeté à la Mostra de Venise le 3 septembre 2020 mais n’a pas encore pu sortir à cause de la pandémie de covid-19). Elle est ainsi la seule artiste à avoir été nommée aux Césars pour sept motifs différents.

L’un des premiers films où elle a tourné fut d’ailleurs pour se faire houspiller par Louis de Funès dans le troisième opus du Gendarme de Saint-Tropez ("Le Gendarme se marie" de Jean Girault, sorti le 30 octobre 1968), le rôle d’une jeune délurée sur son coupé en excès de vitesse qu’on aurait jamais imaginée, une trentaine ou quarantaine d’années plus tard, en réalisatrice talentueuse et respectée par toute la profession. Un peu plus tard, elle a participé au film "Que la fête commence…" de Bertrand Tavernier (sorti le 23 mars 1975), un rôle mineur dans une grande fresque historique avec le sacré trio Philippe Noiret, Jean-Pierre Marielle et Jean Rochefort qu’elle a aimé et avec qui elle a eu un enfant.

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Nicole Garcia est ensuite l’amie d’enfance de Jean-Paul Belmondo dans "Le Corps de mon ennemi" d’Henri Verneuil (sorti le 13 octobre 1976), avec Bernard Blier et Marie-France Pisier ; la femme d’un journaliste torturé en Algérie dans un film très politique, "La Question" de Laurent Heynemann (sorti le 4 mai 1977), film interdit aux moins de 18 ans. Elle prend encore un des principaux rôles dans "Le Cavaleur" de Philippe de Broca (sorti le 17 janvier 1979), autour de Jean Rochefort et Annie Girardot ; un autre premier rôle dans "Mon oncle d’Amérique" d’Alain Resnais (sorti le 21 mai 1980) avec Roger Pierre, Gérard Depardieu, Pierre Arditi, Marie Dubois, etc., un film majeur reprenant les travaux scientifiques du professeur Henri Laborit sur le comportement des animaux et des humains. 

Premier rôle également dans "Les Uns et les Autres" de Claude Lelouch (sorti le 27 mai 1981), une violoniste tombant amoureuse de son chef d’orchestre Robert Hossein, tous les deux ensuite déportés vers les camps d’extermination, avec Geraldine Chaplin, Macha Méril, Évelyne Bouix, Fanny Ardant, Jacques Villeret, etc. Dans "L’Honneur d’un capitaine" de Pierre Schoendoerffer (sorti le 29 décembre 1982), traitant de la guerre d’Algérie et d’un sujet difficile, la responsabilité de certains militaires dans des massacres de populations civiles, elle est la veuve d’un capitaine, Jacques Perrin, accusé à la télévision d’exactions. Elle intente alors un procès en diffamation, est défendue par deux avocats Georges Wilson et Claude Jade. Charles Denner est l’avocat de la défense.

Dans "Garçon !" de Claude Sautet (sorti le 9 novembre 1983), Nicole Garcia est l’amoureuse d’Yves Montand, avec Jacques Villeret (l’ami et collègue d’Yves Montand), Rosy Varte (l’ex-femme d’Yves Montand), Bernard Fresson (le patron), Marie Dubois (la femme de Jacques Villeret), Hubert Deschamps, Clémentine Célarié (la collègue de Nicole Garcia), etc. Possible mise en abîme dans "Le Petite Lili" de Claude Miller (sorti le 2003) où Nicole Garcia est une actrice très connue, Jean-Pierre Marielle son frère, avec Bernard Giraudeau réalisateur, Ludivine Sagnier future femme de précédent, et Julie Depardieu.

Un peu plus tard, Nicole Garcia a tenu quelques rôles moins importants, parfois dans des films un peu décevants. Ainsi, dans "Papa ou Maman 2" de Martin Bourboulon (sorti le 7 décembre 2016), elle joue la mère de Marina Foïs qui est divorcée et qui habite en face de son ancien mari (c’est plus commode pour la garde des enfants), passant son temps à épier les allers et venues de des nouvelles conquêtes féminines.

Comme je l’ai indiqué plus haut, Nicole Garcia est également réalisatrice et ses films, peu nombreux, ont le mérite d’une part, d’aborder des sujets intéressants de manière originale, et d’autre part, elle n’hésite pas, le cas échéant, à faire jouer des acteurs moins connus (parfois leur premier rôle) dont seul le personnage compte (c’est le problème des acteurs trop connus dont certains, grands, sont quand même de ses films). Son modèle ? L’acteur et le réalisateur américain Clint Eastwood, a-t-elle affirmé à Michel Palmiéri le 26 août 2002 pour "Elle".

Dans "Un week-end sur deux" (sorti le 29 août 1990), Nicole Garcia revisite le divorce en mettant Nathalie Baye dans la peau d’une mère qui cherche à reprendre contact avec ses enfants. Dans "Le Fils préféré" (sorti le 21 décembre 1994), Nicole Garcia met en scène une fratrie (Gérard Lanvin, Bernard Giraudeau et Jean-Marc Barr) dans une sinistre affaire d’endettement et d’assurance-vie. Son film "Place Vendôme" (sorti le 7 octobre 1998), évoque le deuil, l’endettement et l’alcoolisme dans une drôle d’histoire avec Catherine Deneuve, Jean-Pierre Bacri, Emmanuelle Seigner, Jacques Dutronc, François Berléand et Bernard Fresson. "Mal de pierres" (sorti le 19 octobre 2016), adaptation d’un roman italien éponyme, qui évoque la quête d’amour, avec Marion Cotillard (« époustouflante » selon "Le Parisien") et Louis Garrel, a été nommé huit fois aux Césars de 2017, sans toutefois en recevoir un seul à la fin.

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Interrogée par Arnaud Laporte sur France Culture le 4 juin 2020 sur la crise sanitaire, Nicole Garcia, qui pensait à l’époque revenir sur les planches (au Théâtre de la Ville) dès novembre 2020 (« je veux croire (…) à la pleine jauge ! »), montrait une certaine inquiétude : « C’est vrai qu’il y a de l’imperfection dans le monde, et que tout était en place pour que cette imperfection continue (…), les enjeux auxquels nous sommes confrontés étaient déjà là : la crise écologique, la réduction du bonheur à la consommation ou les crises géopolitiques. (…) On a joué la partie aussi loin que possible, mais ça, on le savait avant. Je signale l’autre effet délétère du covid, c’est la culpabilité qu’on cherche à nous imposer. ». Sans préciser qui était le "on".

Comment elle a vécu le premier confinement : « J’ai essayé d’entretenir une certaine stabilité, je n’ose pas dire une sagesse, en travaillant une forme d’identité dans toute cette période. (…) Je ne comprends pas tout à fait l’idée du monde d’après. (…) On a l’impression que le brouillard s’est déchiré (…). Quand le confinement a été décrété, je n’ai pas bougé, je suis restée immobile chez moi à Paris, et je ne voulais pas être autrement inquiète que je ne l’étais déjà. (…) Et justement, quand je dis que le brouillard s’est dissipé et qu’on a retrouvé le monde de la culture complètement effondré, qu’il l’est vraiment, et qu’il faut le reconstruire, c’est une raison d’avoir peur ou d’être inquiet. C’est vrai que ces métiers, ces projets et toutes ces représentations à venir sont menacés. ».

Son rapport au temps : « Peut-être que ça a été la seule jouissance dans tout ce qui nous a malmenés : le fait d’avoir un temps à soi, un temps devant soi. Je me levais, je n’avais rien à faire, c’était un vertige, parfois anxiogène, parfois délicieux, mais c’était comme un temps hors de toute fonction. ».

Et d’évoquer le déconfinement de mai 2020, qu’on retrouvera probablement aussi en mai 2021 : « Si je dis malmené, c’est que j’ai rencontré beaucoup de gens qui ont vécu plus difficilement le déconfinement qu’ils n’ont vécu le confinement. J’ai l’impression qu’on nous a jetés dans un nouveau temps, un nouveau rythme. C’est un peu comme dans "Les Temps modernes" de Chaplin, c’est comme si la machine s’emballait et que nous ne puissions fixer le rythme. On nous met effectivement dans des arythmies, un temps arrêté, une vie arrêtée, une vie qui reprend, et je crois que c’est tout ça qui est assez bouleversant en ce moment dans la vie des gens. ».

Et hélas, cela fait plus d’un an que ça dure…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (18 avril 2021)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Nicole Garcia.
Jean-François Balmer.
Bertrand Tavernier.
"Quai d’Orsay".
Liz Taylor.
Annie Girardot.
Fernandel.
Simone Signoret.
Jacques Villeret.
Richard Berry.
Omar Sy.
Louis Seigner.
Jean-Pierre Bacri.
Jacques Marin.
Robert Hossein.
Michel Piccoli.
Claude Brasseur.
Jean-Louis Trintignant.
Jean-Luc Godard.
Michel Robin.
Alain Delon.
Alfred Hitchcock.
Brigitte Bardot.
Charlie Chaplin.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20210422-nicole-garcia.html

https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/nicole-garcia-respectee-et-232458

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2021/04/19/38930015.html




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