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Le canalblog de Sylvain Rakotoarison
29 avril 2021

Apollo 11 : Michael Collins, héros un jour, héros toujours

« Cette entreprise a été structurée pour trois hommes et je considère que mon tiers était aussi nécessaire que les deux autres. » (Michael Collins, 2001).



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L’astronaute américain Michael Collins est mort ce mercredi 28 avril 2021 en Floride à l’âge de 90 ans (il est né le 31 octobre 1930 à Rome). Michael Collins fut, avec Neil Armstrong et Buzz Aldrin, de l’équipe des trois astronautes qui est allée sur la Lune pour la première fois de l’humanité le 21 juillet 1969.

Ces trois noms sont entrés dans la légende de la grande aventure humaine de l’exploration spatiale au même titre que le nom du cosmonaute soviétique Youri Gagarine. Dès la fin de leur exploit, ils étaient inscrits dans les livres d’histoire et aussi dans les encyclopédies pour enfants. C’est donc avec beaucoup d’émotion que j’ai appris cette disparition, la même émotion que le jour de la disparition de Neil Armstrong, le 25 août 2012, que j’ai apprise grâce à une télévision d’Europe centrale, croate ou bosniaque, je ne me souviens plus, alors que j’étais en déplacement. De ce trio mythique, il reste donc Buzz Aldrin, pourtant le plus âgé (91 ans) qui a foulé le pied sur le sol lunaire, le deuxième homme, puisque le premier fut Neil Armstrong.

Michael Collins, lui, a été un équipier indispensable, mais il n’a pas eu la possibilité de fouler le pied sur la Lune. En ce sens, avoir fait tant de millions de kilomètres (à environ 350 000 kilomètres de la Terre) et laisser son voyage inachevé pouvait avoir un arrière-goût de frustration. Il fallait être très fort psychologiquement. Après la mission Apollo 11, Michael Collins a expliqué d’ailleurs qu’il s’était senti terriblement seul pendant que ses deux compagnons l’avaient quitté dans le petit vaisseau Eagle pour "atterrir" (alunir) sur la Lune.

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De toute façon, le pilote d’Apollo (le module principal s’appelait aussi Columbia) n’avait pas eu le même entraînement que les deux autres, car sa mission était très différente. La répartition des rôles avait été annoncée le 20 novembre 1967 : le commandement de la mission revenait à Neil Armstrong, le pilotage du module lunaire Eagle était attribué à Buzz Aldrin et le pilotage du module principal (module de commande et de service) Columbia était affecté à Jim Lovell. Buzz Aldrin était un remplaçant dans la mission Apollo 9. Finalement, le 9 janvier 1969, Michael Collins a remplacé Jim Lovell qui méritait de commander lui-même une mission (ce fut Apollo 13) et qui fut le remplaçant de Neil Armstrong pour Apollo 11. Des trois coéquipiers, chacun a déjà volé une fois dans l’Espace.

Pendant son entraînement, Michael Collins utilisait beaucoup le simulateur du module de commande principal pour se familiariser avec la technique mais aussi avec les réflexes. Car sa mission était encore plus grave que celle des deux autres : la vie de ses deux coéquipiers reposait sur sa propre action, avec le point le plus délicat : récupérer le module lunaire avec les deux passagers vivants. Pour cela, il a imaginé dix-sept scénarios pour ramener le module lunaire selon toutes les situations imaginables (dans un document de plus d’une centaine de pages).

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Les trois astronautes ont décollé le 16 juillet 1969 et se sont placés sur l’orbite lunaire le 19 juillet 1969. L’équipage a alors identifié exactement l’endroit où il atterrirait (alunirait) avec le module Eagle (près d’un cratère appelé par la suite Collins). Le module Eagle a quitté le module Columbia le 20 juillet 1969 pour descendre vers le sol lunaire. À ce moment, Michael Collins fut seul à bord du module principal, avec une très lourde responsabilité puisque toute la réussite de la mission reposait sur ses épaules. Il craignait de devoir laisser Armstrong et Aldrin sur la Lune et de revenir seul sur Terre. Un sentiment de solitude renforcé quand, dans sa course orbitale, il se retrouvait à survoler la face cachée de la Lune, il n’était plus en contact radio avec la Terre (pendant un peu plus de trois quarts d’heure à chaque tour de Lune).

Cinquante ans plus tard, le 10 avril 2019, Michael Collins admettait à la BBC : « J’aurais préféré marcher sur la Lune, mais cela me semblait une distinction triviale à l’époque. J’étais très heureux de mes responsabilités sur le vol. ». Le 21 juillet 1969, après deux heures trente de balade lunaire, Neil Armstrong et Buzz Aldrin ont décollé de la Lune et ont rejoint le module de Michael Collins.

Ensuite, tout l’équipage est reparti vers la Terre et leur module a plongé (amerri) dans l’océan Pacifique le 24 juillet 1969. Les trois astronautes ont été récupérés et placés en quarantaine pendant trois semaines pour éviter d’éventuelle contamination pathogène. Comme Gagarine une dizaine d’années avant eux, Neil Armstrong, Buzz Aldrin et Michael Collins ont été célébrés partout dans le monde, devenus des héros planétaires, reçus notamment par la reine du Royaume-Uni Élisabeth II et par le pape Paul VI.

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Comme je l’ai indiqué plus haut, tous les participants à Apollo 11 avaient déjà fait une expédition spatiale précédemment. Michael Collins a fait partie de l’équipage de la mission Gemini 10 avec John W. Young (1930-2018), qui était un vol habité dans l’Espace faisant partie des étapes de validation pour le programme Apollo. Ils ont décollé le 18 juillet 1966 et ont amerri le 21 juillet 1966 après avoir parcouru près de 2 millions de kilomètres.

Deux objectifs notamment avaient été fixés : d’une part, faire des sorties extravéhiculaires dans l’Espace et faire des manœuvres pour permettre de réaliser un "rendez-vous spatial", appelé ainsi pour désigner la rencontre entre deux vaisseaux (comme ce fut le cas pour ramener Eagle dans Columbia le 21 juillet 1969). Pour cela, les Américains avaient lancé également une Agena, étage d’un lanceur servant à envoyer des satellites, pour effectuer un exercice d’amarrage, puis un autre amarrage avec une Agena lancée pour une mission précédente qui n’avait pas réussi et qui n’avait plus d’énergie. À l’occasion de cette mission, Michael Collins est sorti deux fois dans l’Espace pour réaliser quelques opérations techniques.

Pour Michael Collins, Apollo 11 fut sa dernière mission dans l’Espace. Il avait de quoi être satisfait d’avoir réalisé un doux rêve de l’humanité. Pour comparaison, Gagarine n’avait participé qu’à une seule mission, il était prévu éventuellement une seconde mission mais un accident mortel est venu l’en empêcher prématurément.

Le Président Richard Nixon s’était beaucoup impliqué dans cette mission Apollo 11 qui était stratégique d’un point de vue géopolitique, les États-Unis reprenaient leur leadership technologique face à l’URSS. Il est venu saluer les trois astronautes à leur arrivée le 24 juillet 1969 alors placés en quarantaine dans un caisson de confinement mobile. Nixon insista pour nommer Michael Collins à un poste de sous-ministre, Secrétaire d’État adjoint aux affaires publiques (qui dépend du Ministère des Affaires étrangères), poste qu’il a occupé du 7 janvier 1970 au 11 avril 1971 dans une période très troublée aux États-Unis par la guerre du Vietnam (notamment). Il n’y resta pas longtemps, remplacé par une personnalité plus politique, un ambassadeur.

Michael Collins, Buzz Aldrin et Neil Armstrong ont été officiellement honorés par les États-Unis par la remise de la médaille d’or du Congrès le 7 août 2009, qui est l’une des récompenses les plus grandes du pays. Ils l’ont reçue en même temps qu’un quatrième astronaute célèbre, John Glenn (1921-2016).

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La mort de Michael Collins a eu lieu quelques jours après le décollage du spationaute français Thomas Pesquet et de trois autres astronautes, deux Américains Robert Kimbrough et Megan MacArthur et un Japonais Akihiko Hoshide. Ils ont décollé au bord du Crew Dragon de SpaceX le 23 avril 2021 à 11 heures 49 (heure de Paris) et ils se sont amarrés à la station spatiale internationale (ISS) le 24 avril 2021 à 11 heures 10 (heure de Paris). Pour Thomas Pesquet qui prendra le commandement de l’ISS dans quelques semaines et qui reviendra sur Terre en octobre 2021, c’est la seconde mission spatiale. Il serait partant également pour participer à la mission que la NASA souhaite préparer pour renvoyer des humains sur le sol lunaire en 2024 (c’est demain !), étape avant d’envoyer des humains sur Mars. Le rêve continue…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (28 avril 2021)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Michael Collins.
John Glenn.
Atterrissage de la navette Atlantis le 21 juillet 2011.
SpaceX en 2020.
Thomas Pesquet.
60 ans après Vostok 1.
Youri Gagarine.
Spoutnik.
Rosetta, mission remplie !
Le dernier vol des navettes spatiales.
André Brahic.
Les petits humanoïdes de Roswell…
Evry Schatzman.
Le plan quantique en France.
Apocalypse à la Toussaint ?
Le syndrome de Hiroshima.
L’émotion primordiale du premier pas sur la Lune.
Stephen Hawking, Dieu et les quarks.
Les 60 ans de la NASA.
La relativité générale.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20210428-michael-collins.html

https://www.agoravox.fr/actualites/technologies/article/apollo-11-michael-collins-heros-un-232701

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2021/04/28/38944965.html






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