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Le canalblog de Sylvain Rakotoarison
14 mai 2021

Édith Cresson, le sacrifice d'Iphigénie

« J’ai toujours pensé que la politique doit guider l’opinion, et non pas la suivre. » (Édith Cresson, 2 octobre 1990).



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Il y a trente ans, le 15 mai 1991, le Président François Mitterrand a nommé Édith Cresson Premier Ministre à l'âge de 57 ans (elle a maintenant 87 ans). Après avoir "donné" à la France le plus jeune Premier Ministre, Laurent Fabius, six ans auparavant, il a choisi pour la première fois (et unique fois à ce jour) une femme à Matignon. Jacques Chirac ne s’y est pas trompé en qualifiant cette décision d’historique. Édith Cresson, il la connaissait bien puisque c’était chez elle qu’il avait rencontré son concurrent socialiste avant l’élection présidentielle de 1981, une sorte de collusion implicite entre François Mitterrand et Jacques Chirac pour virer Valéry Giscard d’Estaing. Cela n’a pas empêché le président du RPR d’être un opposant résolu et très dur de la nouvelle Premier Ministre (notamment à propos de l’immigration).

Avant de continuer, je veux préciser ici que j’indiquerai "Premier Ministre" et pas "Première Ministre", même concernant une femme. Pas Madame "le" Premier Ministre, mais Madame "la" Premier Ministre. Je sais qu’on dit "Présidente" sans problème, mais la fonction de Premier Ministre étant très institutionnelle (ce n’est pas le premier ministre, sans majuscules), et la rareté des femmes étant encore patente, je n’ose pas encore utiliser l’expression féminisée "Première Ministre".

Revenons maintenant à Édith Cresson. Je reviendrai peut-être plus tard sur sa trajectoire politique, ce qui est clair est qu’elle a montré qu’elle était une femme politique avec une carrière très classique tant d’élue nationale que d’élue locale à Châtellerault. Ses affinités avec François Mitterrand ont laissé entendre qu’elle aurait été "aidée" par lui… mais c’est le cas pour tout le monde, pas seulement les femmes, souvent, un "mentor" aide son "poulain" à gravir les premiers échelons.

Édith Cresson avait un double grand avantage dans la Mitterrandie triomphante du début des années 1990 : d’une part, soutien de François Mitterrand à l’élection présidentielle de 1965, elle a fait partie de la Convention des institutions républicaines (CIR), petit club politique mitterrandien des années 1960 avant d’avoir conquis le parti socialiste, donc elle fait partie de la légende mitterrandienne, de cette "grande marche" (vers le pouvoir) ; d’autre part, elle a toujours refusé d’être dans un courant du PS, si ce n’est qu’elle est restée fidèle à François Mitterrand.

Elle a été plusieurs fois ministre depuis 1981, et parfois, avec des portefeuilles particulièrement difficiles, comme l’Agriculture en 1981, détestée par les militants de la FNSEA (était-ce de l’humour politique de mettre Cresson à l’Agriculture, Le Pensec à la Mer, Defferre à l’Intérieur, Delors aux Finances, Questiaux au Travail, Savary à l’Éducation, Lang à la Culture, Lalumière à la Consommation, et d’autres amusements sémantiques de ce genre ?).

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En 1991, elle avait encore un autre avantage : Ministre des Affaires européennes depuis la réélection de François Mitterrand, elle avait démissionné avec fracas le 2 octobre 1990 du gouvernement de Michel Rocard pour protester contre le "suivisme" du Premier Ministre avec "l’opinion publique". Cette démission ne pouvait que plaire à François Mitterrand qui allait se séparer de Michel Rocard quelques mois plus tard, exactement à la manière de Georges Pompidou avec Jacques Chaban-Delmas : la logique de la Cinquième République ne permettait pas au Premier Ministre de prendre plus de place que le Président de la République dans la vie politique.

Pendant plusieurs mois, le Président lui a donc laissé entendre qu’elle pourrait, un jour, se retrouver à Matignon. Certes, elle n’était pas la seule dans la "course", il pouvait y avoir le Ministre des Affaires étrangères Roland Dumas ou le Président du Conseil Constitutionnel Robert Badinter, mais surtout le Président de la Commission Européenne Jacques Delors, enfin, celui qui attendait Matignon depuis 1983, Pierre Bérégovoy, le très influent Ministre des Finances.

La nomination d’Édith Cresson à Matignon a été annoncée par François Mitterrand le soir du 15 mai 1991 dans une allocution télévisée, sans même citer le nom du prédécesseur, Michel Rocard. Au-delà de l’aspect "gadget" d’avoir choisi une femme (si cela ne correspond pas à une ligne politique particulière, cela reste en effet "gadget"), François Mitterrand a choisi une femme de caractère, réputée pour son anti-technocratisme (le contraire de Michel Rocard), pleine de fougue, de combativité et parfois, de gaffes (durant son mandat, elle a fait beaucoup de gaffes parfois diplomatiques sur les Japonais, les Anglais, etc.). Anti-technocratique et favorable aux entreprises, ce qui était rare parmi les militants du parti socialiste. Il faut rappeler qu’après sa démission du gouvernement en octobre 1990, elle avait pris la direction d’une filiale du grand groupe Schneider.

L’une des caractéristiques d’Édith Cresson était …d’avoir des idées et des convictions bien ancrées, originales, audacieuses, mais qu’elle n’a pu que peu exploiter pour des raisons politiciennes. L’une des caractéristiques de son séjour à Matignon fut la présence de son éminence grise ("conseiller spécial auprès de la Premier Ministre"), Abel Farnoux, discret ancien grand résistant et ancien déporté, haut fonctionnaire (qui est né il y a juste 100 ans), dont l’influence sur la Premier Ministre était énorme (Chirac l’appelait le Raspoutine de Cresson). On raconte qu’Abel Farnoux demandait à Édith Cresson un café et elle-même s’exécutait. Au risque de garder un schéma sexiste (une femme sert forcément le café à un homme), Édith Cresson voulait surtout montrer qu’elle n’avait pas changé et qu’elle n’avait pas la grosse tête. Après tout, Jacques Chirac faisait bien ses propres photocopies, au début de son mandat à l’Élysée.

Peut-être que l’idée la plus symbolique de son court passage à Matignon, ce fut la délocalisation (mesure du 7 novembre 1991). L’objectif était d’en finir avec une concentration excessive à Paris. Bien sûr, la mesure phare fut la délocalisation de l’École nationale d’administration (ENA) à Strasbourg. L’idée partait d’une bonne réflexion, malheureusement, il aurait fallu que le TGV Paris-Strasbourg fût en service dès le moment-là. Or, il allait falloir attendre 2007 pour cela. De même, elle proposa des primes de délocalisation aux fonctionnaires qui acceptaient de quitter la région parisienne (régions parisienne et grenobloise pour les chercheurs du CNRS). On appelle cela du volontarisme.

Sur le plan fiscal et social, pour renflouer le déficit de la Sécurité sociale, Édith Cresson a décidé d’augmenter les cotisations sociales de 0,9% le 4 juin 1991, ce qui a fait lever les boucliers des centrales syndicales. Sur le plan international, le contexte était très particulier : le coup d’État à Moscou (en août 1991), puis la disparition de l’URSS le 25 décembre 1991, parallèlement aux négociations du Traité de Maastricht qui a abouti à sa signature le 7 février 1992 pour instaurer une monnaie unique européenne (l’euro) et une nouvelle citoyenneté européenne. Édith Cresson a tenu à apposer sa propre signature, à côté de celle de François Mittterrand.

Dès la constitution de son gouvernement, Édith Cresson a compris que sa marge de manœuvre serait très restreinte. Et même pire, dès la composition de son cabinet à Matignon. François Mitterrand lui refusa d’y nommer le journaliste François de Closets. De même qu’il lui refusa la nomination de Jean-Claude Colliard comme dircab (poste essentiel à Matignon). Pascal Lamy refusa ce poste et ce fut un fabiusien, membre du cabinet de Paul Quilès, qui succéda à Jean-Paul Huchon (Gérard Moine). Très politique, elle nomma dans son cabinet des politiques, notamment Jean-Marie Le Guen et Daniel Vaillant.

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Le gouvernement d’Édith Cresson fut nommé le 16 mai 1991 et sa composition montrait qu’il était plus mitterrandien que cressonien. Elle fut flanquée de cinq ministres d’État hommes qui ont pris une grande influence, en particulier Pierre Bérégovoy, Ministre de l’Économie, des Finances et du Budget, également responsable de l’Industrie et d’autres portefeuilles.

Édith Cresson, qui, avant Matignon, aurait voulu être nommée à l’Économie et des Finances pour lancer une véritable politique industrielle, voulait casser ce grand ministère en donnant les Finances à Dominique Strauss-Kahn, influent président de la commission des finances à l’Assemblée Nationale, qui n’a obtenu qu’un sous-ministère à l’Industrie et au Commerce extérieur. Édith Cresson envisageait aussi de nommer Pierre Bérégovoy gouverneur de la Banque de France, mais il était déjà atteint par la limite d’âge et François Mitterrand voulait le garder en réserve comme un successeur possible.

Édith Cresson voulait aussi donner à Lionel Jospin, autre éléphant du PS, un grand Ministère des Affaires sociales, mais ce dernier, flairant un piège, a préféré rester à l’Éducation nationale. Lionel Jospin a en revanche réclamé d’avoir à ses côtés son conseiller Claude Allègre, géologue, comme Secrétaire d’État chargé des Universités, mais François Mitterrand refusa à cause de sa trop grande proximité avec Michel Rocard.

Le Président imposa aussi à sa Premier Ministre de nombreux autres ministres : Roland Dumas aux Affaires étrangères, Philippe Marchand à l’Intérieur, Henri Nallet à la Justice, Jack Lang à la Culture et Communication, Michel Charasse au Budget, Jean-Pierre Soisson à la Fonction publique et à la Modernisation administrative, et également Jean-Louis Bianco, qui quittait ses fonctions de Secrétaire Général de l’Élysée, chargé des Affaires sociales et de l’Intégration. Autre Ministre d’État, Michel Delebarre à la Ville et à l’Aménagement du territoire.

Beaucoup de ministres rocardiens furent chassés du gouvernement (notamment Claude Évin et Tony Dreyfus). Louis Le Pensec fut le seul rescapé et Michel Sapin, président de la commission des lois à l’Assemblée Nationale, fit son entrée, lui aussi rocardien, délégué à la Justice (auprès d’Henri Nallet).

Si Édith Cresson n’a pas réussi à convaincre Henri Emmanuelli de revenir au gouvernement dans un poste finalement subalterne, au Commerce extérieur (Henri Emmanuelli fut élu au perchoir en 1992 puis à la tête du PS en 1994), la nouvelle Premier Ministre est parvenue à faire entrer Martine Aubry, fille de Jacques Delors et surtout, haute dirigeante du groupe Péchiney et même héritière désignée de Jean Gandois à la tête du groupe, comme importante Ministre du Travail, de l’Emploi et de la Formation professionnelle, ainsi que Frédérique Bredin, fille du grand avocat Jean-Denis Bredin, radical de gauche et futur académicien, à la Jeunesse et aux Sports.

François Mitterrand imposa également Pierre Joxe à la Défense, Louis Mermaz à l’Agriculture et à la Forêt, Paul Quilès à l’Équipement, Logement, Transports et Espace, Edwige Avice à la Coopération et au Développement (pour la plupart reconduits dans leur ministère). Par ailleurs, sont maintenus l’ancien patron du CNRS Hubert Curien resta à la Recherche et Technologie, Jean Poperen aux Relations avec le Parlement, Brice Lalonde à l’Environnement (avec un ministère plein). Beaucoup de ministres sortants restèrent, dont Bernard Kouchner, etc.

Ce gouvernement, au-delà d’avoir intégré des futurs poids lourds de la vie politique (DSK et Martine Aubry), a intégré aussi des ministres qui ont pu le redevenir encore dans la période récente, comme Jean-Yves Le Drian et Michel Sapin. On voit ainsi que malgré les lourdes pesanteurs d’un mitterrandisme vieillissant, Édith Cresson a su choisir de jeunes talents qui furent l’ossature du futur PS. Personne n’a reconnu cette "paternité" (ou maternité ?) car le leadership futur et incontesté de Lionel Jospin sur le PS emporta tout sur son passage à partir de 1995.

Avant le vote de confiance, Édith Cresson a fait de la communication tout azimut : interview au "Journal du dimanche" le 18 mai 1991 où elle lâcha : « La Bourse, j’en ai rien à cirer ! », ce qui la version moderne du gaullien : « La politique de la France ne se fait pas à la corbeille. ». Le dimanche 19 mai 1991, elle a été l’invitée de "Sept sur Sept" d’Anne Sinclair sur TF1 : « Assez sûre d’elle-même, elle n’hésite pas, ne cherche pas ses mots. Elle n’a pas l’air non plus trop "kapo", comme disait d’elle Pierre Mauroy. Elle est, à mon avis, juste comme il faut. », jugea la journaliste Michèle Cotta dans ses "Cahiers secrets", qui notait le 17 mai 1991 : « Je trouve qu’une femme Premier Ministre, cela a de la gueule. Elle en a sans doute plus qu’une autre : son côté grande bourgeoise lui donne de l’aisance. Elle a montré, dans les différents ministères où elle est passée, qu’elle avait de l’autorité et même de l’autoritarisme. Enfin, son indéfectible proximité avec Mitterrand, depuis des années, lui confère un brevet de fidélité. ».

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Le 22 mai 1991, Édith Cresson prononça son important discours de politique générale devant les députés pour obtenir leur confiance. Cet exercice fut considéré comme raté, trop détaillé. Commentaires de Michèle Cotta : « Je l’ai trouvée assez pugnace, mais un peu ennuyeuse, dans un long discours dont on sent qu’il doit beaucoup à Mitterrand. Car il prend d’abord toutes les distances attendues à l’égard de la politique de Michel Rocard. (…) Opinion d’ensemble : discours assez vague, catalogue de bonnes intentions, prononcé sur un ton énergique et combattant, un peu court, néanmoins : pas dans le temps, dans les perspectives. ». Édith Cresson a ainsi déclaré dans l’hémicycle : « Pourtant, nous sentons tous que ce que la communauté financière salue du beau nom de "vertu" doit s’allier à l’imagination, au dynamisme et à la volonté d’atteindre nos deux grands objectifs : muscler davantage notre appareil de production et renforcer notre cohésion sociale. Être vertueux, puisque tel est le vocabulaire, n’interdit pas d’être audacieux. ».

Commençant à Matignon en fanfare, avec des sondages très flatteurs (plus de 70% des sondés lui faisaient confiance), Édith Cresson est devenue impopulaire quelques semaines plus tard, dès la fin du mois de juin 1991, en raison de ses formules peu diplomatiques et de l’augmentation des charges sociales sur le bulletin de paie.

Pendant tout le temps de son mandat, Édith Cresson fut victime à la fois de la politique (court-circuitage systématique des éléphants vers l’Élysée) et du sexisme de l’appareil socialiste. Après la défaite du PS aux élections régionales du 22 mars 1992, plusieurs députés du PS ont réclamé la démission du gouvernement, en particulier Jean-Marc Ayrault, dès le 25 mars 1992. François Mitterrand a beaucoup hésité sur la conduite à tenir : limoger Édith Cresson, c’était se contredire lui-même. Jacques Delors fut pressenti pour Matignon mais ce dernier préférait rester à Bruxelles. Édith Cresson était convaincue de rester encore à Matignon et a présenté le projet d’un nouveau gouvernement excluant les éléphants et nommant de nouveaux ministres.

Le 30 mars 1992, après sa rencontre avec François Mitterrand à l’Élysée, Édith Cresson a cru qu’elle serait reconduite à Matignon. Le 1er avril 1992, en guise de poisson, ce fut un ballet à l’Élysée. D’un côté, Laurent Fabius, avec Paul Quilès et Jean Auroux, a plaidé pour la nomination de Pierre Bérégovoy. Au contraire, Louis Mermaz, Lionel Jospin et Pierre Joxe ont proposé Jacques Delors pour Matignon. Cité par Michèle Cotta, Alain Peyrefitte a parlé, dans "Le Figaro" du « sacrifice d’Iphigénie ».

Finalement, la seule femme Premier Ministre de France a été virée le 2 avril 1992 au profit de Pierre Bérégovoy (parmi les nouveaux ministres, Ségolène Royal et Bernard Tapie). Première femme, unique femme, Édith Cresson a réussi un nouveau record, le record de brièveté à Matignon sous la Cinquième République, 10 mois, battant celui de Maurice Couve de Murville en 1969. Par la suite, un nouveau record fut battu, cinq mois, avec Bernard Cazeneuve en 2017.

Édith Cresson quitta la scène politique nationale après son renvoi de Matignon. Elle a eu ensuite une destinée européenne, nommée commissaire européen dans la Commission présidée par Jacques Santer, mais elle y a été très contestée par une affaire politico-financière.

Cette expérience d’une femme à Matignon ne fut donc pas très concluante, mais faudrait-il conclure que l’échec était dû au fait que la Premier Ministre était une femme, ou alors qu’elle avait les pieds et mains liés par les potentats du PS, ajouté à un parler franc qui rendait plus difficile son art de la persuasion ?

À cet égard, je vais terminer ici par une petite diversion. Il n’y a pas eu d’autre Premier Ministre femme, et c’est bien malheureux, pourrais-je dire au café du commerce. N’ayant jamais considéré les individus d’abord par leur sexe (sauf sur le plan affectif !), je reste toujours surpris qu’autant de bonne volonté soit absente à Matignon. La question mériterait évidemment un bouquin mais quelles femmes auraient pu être nommées Premiers Ministres sous la Cinquième République ? On revient de loin, puisqu’en 1944, les femmes n’avaient toujours pas le droit de vote.

La personne qui me vient à l’esprit immédiatement est Simone Veil, qui aurait pu être la Premier Ministre de VGE durant son second septennat. Ou même durant la cohabitation en 1986 (Jacques Chirac l’appréciait beaucoup et elle aurait pu être son Édouard Balladur de la première cohabitation s’il avait voulu ne pas se mouiller à Matignon juste avant l’élection présidentielle). Deux autres postulantes qui auraient pu obtenir Matignon : sous le second mandat de Jacques Chirac, ce fut Michèle Alliot-Marie, qui a été une pionnière des ministères régaliens : Défense, Intérieur, Justice, Affaires étrangères ; sous la Présidence de Nicolas Sarkozy, ce fut Christine Lagarde qui a montré, par la suite, ses capacités à diriger des instances financières internationales (FMI, BCE).

Trois autres personnalités, cette fois dites de gauche, me viennent aussi à l’esprit. Martine Aubry, qui aurait été susceptible d’être la Premier Ministre de Lionel Jospin si celui-ci avait été élu en 2002, ou même de François Hollande en 2012. Christiane Taubira, qui aurait pu être une autre voie pour François Hollande. Et évidemment Ségolène Royal, que son ancien compagnon aurait pu nommer à Matignon en décembre 2016 pour remplacer Manuel Valls, au lieu d’y mettre le très fidèle Bernard Cazeneuve. Le risque de critique de népotisme n’aurait pas été plus élevé que dans la situation de l’époque, à savoir d’être l’une des ministres les plus importantes du gouvernement nommée par son ancien compagnon.

La stature des six femmes citées est incontestable. Certes, on pourra toujours avoir un petit doute pour Ségolène Royal mais c’est oublier sa capacité à collecter des millions de voix en 2007, ce qui n’est pas donné à tout le monde. D’autres femmes peuvent aussi être évoquées, que je classerais en deux catégories, les premières susceptibles d’être nommées par des Présidents qui ont été élus, et les secondes susceptibles d’être nommées par des candidats non élus s’ils avaient été élus.

Pour les Présidents élus : Valérie Pécresse, Rachida Dati et Nathalie Kosciusko-Morizet (sous Nicolas Sarkozy), Marisol Touraine (sous François Hollande), Florence Parly (sous Emmanuel Macron). Pour les candidats non élus : Élisabeth Guigou (sous Lionel Jospin), Marielle de Sarnez (sous François Bayrou). À celles-ci, on peut aussi rajouter des chefs de grands partis qui, si leur parti obtenait une victoire aux élections législatives, pourraient accéder à Matignon. Pour l’instant, seule Marine Le Pen pourrait correspondre à ce profil, avec cependant une très faible probabilité de pouvoir être nommée par un Président de la République qui ne soit pas de son parti.

Gageons que le machisme en politique continuera à se placer dans ce plafond de verre qui empêche une femme, en France, d’occuper les postes de premier plan, en particulier les quatre premiers : Président de la République, Premier Ministre, Président du Sénat, Président de l’Assemblée Nationale. Et le pire, c’est que celle qui pourrait le mieux franchir cet obstacle, c’est celle qui, considérée (avec raison à mon sens) comme de l’extrême droite, a également cet autre plafond de verre à briser, celui de la morale républicaine…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (13 mai 2021)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Édith Cresson.
Pierre Joxe.
Patrick Roy.
Raymond Forni.
Georges Frêche.
François Mitterrand.
Bernard Tapie.
Michel Delebarre.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20210515-edith-cresson.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/edith-cresson-le-sacrifice-d-232926

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2021/05/11/38966028.html






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