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Le canalblog de Sylvain Rakotoarison
4 novembre 2021

COP26 : face à l’alarmisme, le leadership mondial d’Emmanuel Macron

« Ce sont nos actions, nos résultats, leur suivi transparent qui redonneront une pleine confiance à notre jeunesse, mais surtout qui nous permettront d’agir utilement et d’obtenir les résultats indispensables pour nous-mêmes et les générations à venir. » (Emmanuel Macron, le 1er novembre 2021 à Glasgow).




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Originellement prévue en novembre 2020 mais repoussée pour cause de pandémie de covid-19, la COP26 s’est ouverte à Glasgow, en Écosse, le 31 octobre 2021 et le lendemain, le lundi 1er novembre 2021, fut consacré aux discours des 120 chefs d’État et de gouvernement réunis à cette occasion. Cette conférence, qui s'achèvera le 12 novembre 2021, est cruciale puisqu’il s’agit d’engager toutes les nations dans la lutte contre le changement climatique. L’objectif commun est de ne pas dépasser une augmentation de 1,5°C de la température moyenne de la planète d’ici à la fin de ce siècle.

On pourra penser tout ce qu’on voudra, j’ai toujours pensé que cette lutte contre les bouleversements climatiques, aussi prétentieuse soit-elle (l’humain a-t-il vraiment un pouvoir sur la planète ?), n’a pas besoin d’écologistes mais de diplomates. C’est un sujet par excellence d’ordre planétaire, et l’effort de la seule France, qui représente 1% des émissions de CO2, aussi sacrificiel qu’il puisse être, n’aura aucune efficacité s’il n’est pas suivi des principaux grands pays pollueurs. Par conséquent, ce qui compte, c’est la négociation internationale. Ce n’est pas par hasard que la COP20 à Paris en décembre 2015 était présidée par Laurent Fabius, le Ministre des Affaires étrangères, et pas par Ségolène Royal, la Ministre de l’Écologie.

Il suffit de regarder les "derniers" de la classe en matière d’écologie qui sont parfois les premiers de classe en matière industriel. Le premier pollueur en émission de CO2 est la Chine, pour un quart du total, avec 10 175 millions de tonnes de CO2 émis en 2019. Ensuite, les États-Unis avec 5 285 millions de tonnes, l’Inde 2 616 millions de tonnes, la Russie 1 678 millions de tonnes et le Japon 1 107 millions de tonnes. Mais parmi tous les chefs d’État, il manquait à l’appel notamment ceux des nations parmi les plus pollueuses, à savoir la Chine, la Russie et la Turquie.

Prenant la parole le premier comme puissance invitante au Scottish Event Campus, n’hésitant pas à se référer à James Bond, le Premier Ministre britannique Boris Johnson a usé d’un alarmisme de style : « L’humanité a longtemps joué la montre sur le climat. Il est minuit moins une sur l’horloge de l’Apocalypse. Nous devons agir maintenant ! ». Le Secrétaire Général de l’ONU Antonio Guterres était lui aussi alarmiste, affichant l’objectif de la conférence internationale de "sauver l’humanité", et il était passablement déçu par l’absence de grande décision au G20 de Rome un jour auparavant.

Quant à la Présidente de la Commission Européenne Ursula von der Leyen, elle a rappelé l’objectif des vingt-sept États membres, réduire de 55% les émission de CO2 d’ici à 2030, par rapport au niveau de 1990 : « Fixez un prix du carbone, car la nature ne peut plus payer ce prix. ».

Le Président américain Joe Biden n’était pas lui-même à l’aise, présentant les excuses des États-Unis pour être sortis de l’Accord de Paris à cause de Donald Trump. Par ailleurs, la Chancelière allemande Angela Merkel, que la France a prévu de recevoir une dernière fois ce mercredi 3 novembre 2021 à Beaune, est sur le départ du gouvernement de son pays. À ce petit jeu, le Président français Emmanuel Macron a raison de penser qu’il doit prendre le leadership international des nations les plus volontaristes en matière climatique.

Plusieurs raison à cela : d’une part, comme dit précédemment, il n’y a pas beaucoup de nations réellement ambitieuses dans ce domaine, dont les dirigeants sont forts sur le plan international et suffisamment forts sur le plan intérieur. Le Président français et le Premier Ministre britannique sont des exceptions. D’autre part, la France a une responsabilité politique à faire appliquer l’Accord de Paris d’il y a six ans. Enfin, Emmanuel Macron va devenir, le 1er janvier 2022, le Président de l’Union Européenne et à ce titre, aura la capacité à impulser le mouvement avec plus d’échos et d’influence.

Bien entendu, les contradicteurs d’Emmanuel Macron, en particulier les écologistes (rappelons-nous que nous sommes déjà en campagne présidentielle, une période de postures et d’hypocrisies politiciennes plus que de recherche de l’intérêt général), n’hésiteront pas à insister sur la différence entre les beaux discours et les faits réels. Néanmoins, on n’a jamais vu des résultats arriver sans discours volontariste au préalable, et dans ce domaine, ils sont plutôt rares. Les propos d’Emmanuel Macron peuvent être parfois considérés comme incantatoires, ils sont d’abord à objectifs précis et ils sont à méthode claire.

Il a bien compris que l’alarmisme était inefficace et même contreproductif. Au début des années 1970, à l’époque de René Dumont, il y a eu beaucoup de propos alarmistes qui prédisaient le cauchemar environnemental dans les trente années qui suivaient… et l’excessif est toujours insignifiant. Et démobilisateur. L’alarmisme paralyse plus qu’il ne fait agir : après tout, si c’est trop tard, à quoi bon se sacrifier avant de crever en beauté ?

Donc, s’il y a bien une nécessité dans la lutte contre le changement climatique, c’est le réalisme, le principe de réalité : l’humain ne peut modifier qu’un tout petit peu l’évolution climatique de la planète. Il faut être modeste. Mais ce principe de réalité doit aussi s’appliquer dans les moyens : il faut que les mesures ne soient pas punitives ni socialement asphyxiantes. Il faut que les peuples adhèrent au même objectif, qu’ils y trouvent leur intérêt et qu’ils s’y retrouvent, et pas seulement dans cinquante ou cent ans mais tout de suite, c’est pourquoi il faut insister sur cette révolution qui s’amorce et qui a vocation à être créatrice d’innovations.

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Le (court) discours d’Emmanuel Macron (qu’on peut écouter ici) s’est ainsi borné à faire de la méthode : « Si nous sommes attendus collectivement aujourd’hui, c’est pour retrouver (…) ce qui a permis il y a six ans à tous d’avancer et de bâtir un accord (…), trois valeurs essentielles : l’ambition, la solidarité et la confiance. ».

Il a montré le chemin à parcourir : « Nous savons que notre objectif, c’est le 1,5°C pour la fin du siècle. (…) Notre trajectoire actuelle nous amène à 2,7°C. (…) La clef de notre action collective est que, dans les jours qui viennent, avant la clôture de cette COP, il puisse y avoir suffisamment d’engagements pour revenir au 1,5°C, plutôt à des stratégies nationales qui crédibilisent cet objectif, en particulier en accélérant nos stratégies d’ici 2030. ».


1. L’ambition

Emmanuel Macron a rangé les Européens dans le camp des "bons élèves" : « À ce titre, la France, mais plus largement l’Union Européenne, le Royaume-Uni, sont aujourd’hui au rendez-vous de ces engagements. Notre défi est maintenant de les mettre en œuvre. Et je n’en sous-estime ni l’importance ni la difficulté. (…) C’est une transition énergétique. C’est une transition du modèle économique, cette transition doit être juste et accompagnée socialement. Et cette transition est celle qui permettra aussi de créer de nouvelles opportunités, de nouvelles créations d’emplois, à travers justement des innovations profondes, la construction de nouveaux secteurs et de nouvelles opportunités. ».

Et il n’a pas oublié les "mauvais élèves" : « La clef pour les quinze prochains jours ici (…) est que les plus gros émetteurs dont les stratégies nationales ne sont pas conformes à notre objectif du 1,5°C, c’est que ces plus gros émetteurs rehaussent leurs ambitions dans les quinze jours qui viennent. C’est le seul moyen de recrédibiliser notre stratégie et d’avoir des stratégies d’ici [à] 2030 qui permettent de rendre crédible le 1,5°C. ».


2. La solidarité

La solidarité, entre États, c’est le synonyme de répartition des budgets, bref, de l’aide financières des nations les plus riches aux plus pauvres : « Nous ne pouvons vaincre ces défis internationaux que si nous sommes coordonnés et si nous agissons ensemble. Dans un contexte où le dérèglement climatique, en quelque sorte, son injustice au carré, ce sont les pays les plus pauvres, en Afrique, au Pacifique, dans les Caraïbes, qui aujourd’hui vivent les premières conséquences de la crise climatique. Ce sont ceux qui bien souvent n’ont pas porté les modèles de développement qui ont causé cette crise et ce dérèglement qui en vivent les premiers les conséquences. Petites îles, territoires vulnérables, peuples autochtones sont les premières victimes des conséquences du dérèglement. ».

100 milliards de dollars par an jusqu’en 2025 (qu’Emmanuel Macron a souhaité être scrutés dans un suivi par l’OCDE), plus après 2025 : « La clef (…), ce sont les 100 milliards de dollars par an de 2020 à 2025. Aujourd’hui, là aussi, la France et l’Union Européenne sont au rendez-vous de leur juste part, et même un peu au-dessus. ». En effet, l’Europe contribue à 25 milliards de dollars par an, dont la France à 7 milliards de dollars par an, dont plus d’un tiers consacré à l’adaptation.

Selon le Président français, les nations riches doivent toutes contribuer : « Toutes les économies développées doivent désormais contribuer à leur juste part, car le leadership exige l’exemplarité. Nous devons donc trouver tous les moyens pour que les pays les plus riches accélèrent ce financement (…). Je veux appeler ici tous les pays qui ne sont pas au rendez-vous de leur juste part à prendre leurs responsabilités d’ici à la fin de cette COP pour pouvoir tenir cet engagement pris à Paris [les 100 milliards de dollars]. ». Il a cité en exemple l’accord fait avec l’Afrique du Sud pour l’aider à réduire sa dépendance au charbon : « Cet accord témoigne qu’on peut répondre aux défis d’une transition juste, équitable et ambitieuse. ».


3. la confiance et la transparence

En guise de réponse aux critiques de Greta Thunberg, Emmanuel Macron veut un suivi transparent de toutes les actions : « Nos jeunes qui ont été convoqués dans beaucoup de nos débats veulent nous voir prendre des engagements (…), ils veulent voir nos actions suivre et ils veulent que ce soit mesurable. C’est pourquoi (…) nous devons suivre avec rigueur et transparence un cadre commun de bon suivi de nos actions. ».

Au-delà de la transparence, Emmanuel Macron a prôné la cohérence : « Tout cela n’avancera que si nous sommes cohérents et que nous arrivons à lier cet agenda contre le dérèglement climatique avec deux autres agendas, celui de la biodiversité et celui du commerce. (…) Les forêts tropicales doivent être protégées, c’est cohérent, c’est un élément essentiel (…). La grande muraille verte (…) est une initiative essentielle qui doit nous permettre de lutter tout à la fois contre la désertification et proposer des solutions économiques. Et notre mobilisation pour les océans est indispensable. ».

Et pour en finir avec des traités commerciaux qui oublient les exigences climatiques : « Nous ne pouvons plus continuer à avoir une planète qu’on fait fonctionner selon une grammaire et des règles qui n’intègrent pas en son cœur, ces contraintes. Nos accords commerciaux doivent refléter nos engagements climatiques. L’organisation de nos chaînes de valeur doit refléter nos exigences climatiques. ».

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Pas seulement du blabla (comme le craignent certains militants écologistes), mais aussi du concret. Malgré tous les discours d’ouverture qui ont occupé la tribune, la journée du lundi 1er novembre 2021 a été positive et efficace. La présidence britannique a annoncé en effet qu’un accord avait été signé avec plus de 100 dirigeants de nation, dont ceux de l’Union Européenne, du Canada, de la Russie et du Brésil, pour mettre fin, d’ici à 2030, à la déforestation et à la dégradation des terres. Les objectifs sont ambitieux pour 2030 : il est question de 100 millions d’hectares de terres dégradées, et 250 millions de tonnes de CO2 à séquestrer d’ici à 2030. Actuellement, les projets commencés sont sur un horizon de 110 millions de tonnes de CO2. Emmanuel Macron a donc bon espoir de poursuivre sur cette lancée avec de nouveaux projets pour 140 millions de tonnes restant de l’objectif en 2030.

En exposant ainsi les règles du jeu du travail international, Emmanuel Macron veut à l’évidence jouer à Monsieur Loyal des décisions climatiques du monde : il en a l’énergie, l’envie et aussi la capacité politique. Qui d’autres, en France, parmi les futurs candidats à l’élection présidentielle, pourrait atteindre un tel niveau de leadership ? Honnêtement ?


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (01er novembre 2021)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
COP26 : face à l’alarmisme, le leadership mondial d’Emmanuel Macron.
Discours du Président Emmanuel Macron le 1er novembre 2021 à Glasgow à la COP26 (vidéo).
Emmanuel Macron.
Rapport de RTE sur les perspectives de production d’électricité, publié le 25 octobre 2021 (à télécharger).
Rapport du GIEC publié le 9 août 2021 (à télécharger).
Le dernier changement d'heure ?
L'essence chère.
François Bayrou relance le programme nucléaire français.
Note de synthèse du 23 mars 2021 du haut-commissaire au Plan sur le programme nucléaire français (à télécharger).
Interview de François Bayrou le 24 mars 2021 sur LCI (à télécharger).
Le débat rayonnant sur le nucléaire.
François Hollande coincé entre Jean-Pierre Chevènement et Eva Joly sur le nucléaire.
Andrei Sakharov.
Incompréhensions américaines : le nucléaire iranien.
Fukushima, dix ans après.
Le syndrome de Hiroshima.
Écologie : un référendum, pourquoi pas ?
Discours du Président Emmanuel Macron le 14 décembre 2020 (vidéo et texte intégral).
Discours du Président Emmanuel Macron le 11 décembre 2020 (vidéo et texte intégral).
Convention citoyenne pour le climat : le danger du tirage au sort.
Haïti, cauchemars et espoirs.
Erika (12 décembre 1999).
Greta Thunberg, Notre-Dame la Planète (en feu).
Greta Thunberg, future Prix Nobel de la Peur ?
Rapport du GIEC sur les scénarios des émissions de CO2 publié le 8 octobre 2018 (à télécharger).
Rapport de l’IPBES sur la biodiversité publié le 6 mai 2019 (à télécharger).
Emmanuel Macron explique sa transition écologique (27 novembre 2018).
Canicule de juin 2019.
Inondation à Paris.
Épisode de neige.
Circulation alternée.
La taxation du diesel.
L’écotaxe.
Une catastrophe écologique ?
Amoco Cadiz (16 mars 1978).
Tchernobyl (26 avril 1986).
AZF (21 septembre 2001).
Fukushima (11 mars 2011).
L’industrie de l’énergie en France.
La COP21.
GIEC : la fin du monde en direct, prochainement sur vos écrans !
Vibrez avec la NASA …ou sans !
Le scandale de Volkswagen.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20211101-cop26.html

https://www.agoravox.fr/actualites/environnement/article/cop26-face-a-l-alarmisme-le-236887

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2021/11/01/39202087.html















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