Les Français en ont marre des antivax !
« On peut s’émouvoir sur les formes d’expression qui paraissent familières que j’assume totalement ! » (Emmanuel Macron, le 7 janvier 2022).
Oui, ce qu’a dit le Président de la République Emmanuel Macron le 4 janvier 2022 dans "Le Parisien" contre les personnes non-vaccinées était violent. En disant : "J’ai envie de les emmerder" et en leur retirant même la considération de citoyens par leur irresponsabilité collective face à la pandémie de covid-19, il a exprimé une colère, un ras-le-bol général, avant tout celui des soignants qui ont à assumer, eux, le flux énorme des malades du covid-19 parallèlement à la déprogrammation d’opérations pour les patients atteints d’autres pathologies qui pourrait leur être fatale. Beaucoup de Français en ont aussi marre de ces gens qui refusent la vaccination, qui sont égoïstes et qui ne comprennent pas leur responsabilité individuelle face à cette épidémie globale. Car cette violence, c’est aussi celle de la pandémie actuelle elle-même.
Entre 200 et 300 décès par jour et avec la montée fulgurante, cela va être en hausse pour les prochaines semaines. Il ne s’agit pas d’avoir peur, il s’agit de protéger au maximum les Français. 125 000 morts, c’est mille fois plus que les victimes du Bataclan, c’est la mortalité de 30 années sur les routes de France. La peur, elle est plutôt du côté des militants antivax, qui ont peur de se faire vacciner alors que des milliards de personnes avant eux se sont fait déjà vacciner sans problème et sans effet secondaire grave. Oui, ne pas se faire vacciner, c’est moralement plus grave que de voler une pomme : c’est prendre le risque de contaminer et peut-être de tuer ceux qu’on aime, les plus précieux des êtres.
L’épidémiologiste Dominique Costagliola, directrice de recherches à l’INSERM, a rappelé le 7 janvier 2022 sur BFM-TV que « la vague delta n’est pas du tout terminée ». Elle a ajouté en le déplorant : « Si on dit qu’il y a eu 400 000 cas lundi, ave 20% de delta, c’est 80 000 personnes infectées par delta (…) avec tous les problèmes de prise en charge qu’il pose. ». En fait, il semblerait que le delta soit plus faibe. Le variant delta semble encore très présent dans le Sud-Est de la France, et ce variant est très virulent : « C’est ça qui explique que c’est la région [PACA] avec le plus de tensions en réanimation. ».
Pour l’instant, rien n’indique que le variant omicron soit aussi virulent que delta (il semble plutôt moins virulent), mais avec le nombre de nouveaux cas, en absolu, le risque reste de saturer le système hospitalier. L’observation de ce qui se passe en Grande-Bretagne semblerait dire que la vague delta sature les réanimations et la vague omicron sature les hospitalisations conventionnelles. Mais pour Dominique Costagliola est restée très dubitative : « Ce n’est pas si clair de savoir si c’est lié au virus lui-même ou au fait que ça arrive sur des populations globalement extrêmement vaccinées. ». La chercheuse est restée très prudente : la baisse des hospitalisations « ne veut pas dire que c’est moins grave sur les non-vaccinés, sur les immunodéprimés ou même peut-être chez les enfants ».
Dominique Costagliola s’est aussi inquiétée du sort des enfants contaminées. Le 6 janvier 2022, il y avait 314 enfants de moins de 10 ans hospitalisés pour covid-19, dont 61 en soins intensifs, ce n’est pas négligeable : « Ce qui est le plus inquiétant (…), c’est le bond des hospitalisations et des hospitalisation en réanimation (…). On a explosé tous les pics qu’on avait eus auparavant (…). Laisser le virus circuler chez les enfants n’a pas l’air d’être du tout une bonne idée. ». Depuis la rentrée du 3 janvier, 9 202 classes ont été fermées, sur plus de 500 000, et 47 453 enfants ont été testés positif (sur 12 millions d’élèves).
Santé Publique France, à cause du nombre fulgurant des tests positifs, a eu des problèmes pour indiquer les statistiques le jeudi 6 janvier 2022. Les tests sur les prélèvements du lundi 3 janvier 2022, dont certains résultats n’ont été obtenus que trois jours plus tard, ont été positifs pour 409 370 d’entre eux, ce qui est un nouveau record. Pour ce 7 janvier 2022, Santé Public France a annoncé 328 214 nouveaux cas en une journée. Au 4 janvier 2022, le taux d’incidence était de 2 391,7 personnes contaminées en une semaine par 100 000 habitants (le seuil critique était de 50 !). Depuis le lundi 3 janvier 2022, il y a eu 1 661 428 nouveaux cas, soit plus de 332 000 par jour.
Cette violence, c’est aussi cette annonce, ce vendredi 7 janvier au soir, du décès du député du Pas-de-Calais José Évrard des suites du covid-19. Ancien communiste, élu avec l’étiquette FN en 2017, devenu membre de Debout la France après être passé chez Les Patriotes, José Évrard avait milité contre le passe sanitaire. Il fait malheureusement partie des plus de 125 000 victimes françaises de cette pandémie.
Au cours d’une conférence de presse commune avec Ursula von der Leyen, Présidente de la Commission Européenne (avec qui il s’était auparavant au Panthéon devant la tombe de Jean Monnet et celle de Simone Veil), le vendredi 7 janvier 2022 au Palais de l’Élysée, le Président Emmanuel Macron a assumé ses propos : « Il fallait tirer la sonnette d’alarme pour que les choses avancent plus rapidement. ». Et il les a justifiés : « Ce mouvement, vous le voyez partout en Europe. Certains font l’obligation vaccinale au-dessus d’un certain âge, mais la plupart des pays mettent des contraintes de la vie sociale en disant "si vous n’êtes pas vaccinés, vous n’avez pas accès à ce lieu". ».
Il a également affirmé : « Être citoyen, c’est avoir des droits et des devoirs, et ce sont d’abord des devoirs. Le concept de liberté (…) s’arrête là où la liberté de l’autre est entravée, là où la vie de l’autre peut être en danger. ». Des devoirs moraux, puisque la vaccination n’est pas obligatoire, au contraire de pays comme l’Autriche ou l’Italie. L’Italie a pris la décision, il y a deux jours (5 janvier), de l’obligation vaccinale pour les plus de 50 ans à partir du 15 février 2022 et l’Autriche (dont le Chancelier Karl Nehammer vient d’être testé positif au covid-19, sans symptômes grâce à ses trois doses de vaccin) la met en œuvre dès le 1er février 2022 pour les personnes âgées de plus de 14 ans.
Sans compter des mesures beaucoup plus dures qu’en France dans d’autres pays du monde en cas de non-vaccination : la suspension des allocations-chômage au Canada à partir du 2 janvier 2022, le paiement des coûts en cas d’hospitalisation en soins intensifs à Singapour (soit 16 200 euros), le refus de délivrance du permis de conduire en Indonésie (dans certaines régions), l’isolement numérique (blocage de la carte SIM) dans le Pendjab au Pakistan depuis le 10 juin 2021, etc. (selon Vincent Geny dans "Marianne" le 6 janvier 2022).
À cause des cas contacts, du 31 décembre 2021 au 6 janvier 2022, près de 10 millions de tests ont été réalisés en France, soit 25% de plus que la semaine précédente et depuis le 3 janvier, plus d’un test sur quatre concerne les enfants.
Ce qui est clair, c’est que la vaccination réduit considérablement les risques d’être contaminés et surtout d’être hospitalisés comme malades de la forme grave. La vaccination est une cause nationale d’urgence. C’est la raison du passe vaccinal voté par les députés le 6 janvier 2022.
Les données de la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) sont sans ambiguïtés à ce sujet. Entre le 29 novembre et le 26 décembre 2021, 56% des personnes entrées à l’hôpital en soins critiques après avoir été testées positives n’étaient pas vaccinées, et 42% des décès (alors que les personnes non-vaccinées représentent seulement 8% de la population éligible à la vaccination).
Actuellement, 21 605 personnes sont hospitalisées pour cause de covid-19, dont 3 815 en soins critiques (on se rapproche des 4 000, c’est énorme).
Le choix du gouvernement était simple. Face à une telle violence de l’épidémie à partir de Noël, il n’y avait que deux choix possibles : ou tout fermer, tout confiner, l’économie et les écoles, comme ce fut le cas en mars 2020 avec les conséquences que l’on sait, psychologiques et financières, ou miser totalement sur la vaccination, qui réduit les dégâts humains et sanitaires. Mais pour cela, il ne faut pas laisser dans la nature 5 millions de personnes non-vaccinées, dont 500 000 personnes fragiles qui pourraient toutes se retrouver en réanimation (on ne pourrait alors soigner qu’une personne sur 100 !).
J’ai écrit que la vaccination "réduit" les risque de forme grave, mais pas supprime, car un vaccin n’est jamais efficace à 100%, il y a donc malheureusement des personnes qui font attention, qui ont achevé leur parcours vaccinal, et qui, parce qu’elles sont immunodéprimées, sont contaminées par la flambée épidémique et se retrouvent en réanimation voire à la morgue. C’est pour cela qu’il faut se faire vacciner. Il suffit de regarder le rapport entre nombre de décès ou nombre d’admissions en réanimation et le nombre de contamination, et comparer ce rapport en janvier 2021 et en janvier 2022, pour voir la différence éclatante due à la vaccination : la létalité est beaucoup moins forte parce que la vaccination protège.
Le choix d’imposer le passe vaccinal pour inciter fortement à se faire vacciner a déjà été efficace : le Ministre des Solidarités et de la Santé Olivier Véran a annoncé le 7 janvier 2022 que 230 000 primo-injections ont été réalisées en France depuis le lundi 3 janvier, soit un record depuis septembre 2021. Il a ajouté sur les réseaux sociaux : « N’hésitez pas à vous faire vacciner. Protégez-vous, protégez-nous, plus de 3 millions de créneaux vous attendent dans les centres, chez votre médecin, chez votre pharmacien. ».
Au 7 janvier 2022, il y avait 53 180 572 personnes qui ont reçu au moins une injection, 51 962 858 au moins deux injections et 27 641 313 au moins trois injections, soit déjà plus de la moitié des personnes primovaccinées.
Et d’ailleurs, avec le nouveau vaccin du laboratoire américain Novavax (6,4 millions de doses seront livrées à la France au début de février 2022), un vaccin à la technologie traditionnelle, les réfractaires aux vaccins à ARN messager (Pfizer, Moderna) ou à vecteurs viraux qui fonctionnent à peu près de la même manière (Astrazeneca, Janssen, Sputnik V) n’auront plus beaucoup d’arguments pour refuser de se faire vacciner. Autorisé par les autorités sanitaires européennes le 20 décembre 2021, ce vaccin constitue un grand espoir pour convaincre les derniers hésitants et se protéger tout en protégeant les autres.
Quant à l’aspect politique des choses, Emmanuel Macron a eu raison de choquer puisque cela a permis de se focaliser sur les services de réanimation et cela a permis d’augmenter significativement le nombre de primovaccinations. Peut-être aussi que la disparition des frères Bogdanoff a joué un rôle dans ce phénomène car ils étaient très populaires. En clair, les candidats de l’opposition sont tombés dans le piège du buzz : en faisant comme de vulgaires trolls sur Internet, ils ont alimenté la polémique, et ainsi, nourri pendant trois jours au moins le sujet qu’avait mis à l’ordre du jour le "maître des horloges", certainement pas pour des raisons électorales (les mesures restrictives, il s’en passerait bien volontiers en période électorale, il préférerait parler du rebond économique, de la baisse du chômage, etc.).
En fait, Emmanuel Macron est plutôt coincé entre un calendrier européen très chargé de la Présidence française, un calendrier sanitaire imposé par les deux variants delta et omicron qui pourrait se prolonger jusqu’en février au moins (et certainement au-delà de l’élection présidentielle), et bien sûr, le calendrier électoral qui se rétrécit. Quant à ses trois concurrents possibles du second tour, Éric Zemmour, Marine Le Pen et Valérie Pécresse, chacun a dans son propre électorat une proportion non négigleable des pro-vaccins et des antivax, et prendre une position claire est difficile et très délicat pour eux (sortir de l’ambiguïté ne se fait qu’à ses dépens, disait l’autre).
Avec une exception quand même, et c’est courageux de sa part : Valérie Pécresse n’a jamais hésité et a toujours soutenu l’idée du passe vaccinal. Son problème est que son propre parti est très divisé sur ce sujet (voir les votes du groupe LR). Quand Éric Zemmour dit qu’il ne veut pas parler de la crise sanitaire, ce n’est pas l’avis des Français touchés de plein fouet par cette double vague, d’autant plus s’ils sont parents ou salariés. Pour l’instant, Emmanuel Macron est bien celui qui s’occupe le plus de la sécurité des Français. Le vrai régalien, c’est bien lui. Concrètement. Et pécuniairement.
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (07 janvier 2022)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Les Français en ont marre des antivax !
Emmanuel Macron dans "Le Parisien" le 5 janvier 2022.
Vœux d’Emmanuel Macron : protéger les Français et renforcer la France par l’Europe.
Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron, le 31 décembre 2021 à Paris (texte intégral et vidéo).
Introspectif et tourné vers l’avenir, Emmanuel Macron justifie (presque) tout.
Emmanuel Macron l’Européen, Président jusqu’au bout.
La France d’Emmanuel Macron.
Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron, le 9 novembre 2021 à Paris (texte intégral et vidéo).
COP26 : face à l’alarmisme, le leadership mondial d’Emmanuel Macron.
Emmanuel Macron, l’homme qui valait 30 milliards.
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220107-macron.html
https://www.agoravox.fr/actualites/sante/article/les-francais-en-ont-marre-des-238540
http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2022/01/06/39292898.html