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Le canalblog de Sylvain Rakotoarison
10 février 2022

Dernier pied de nez du professeur Luc Montagnier avant l’Au-delà

La disparition du professeur Luc Montagnier a été suivie d’une journée de silence médiatique consécutive à l’absence de confirmation de son décès. Retour sur un chercheur de haut niveau et sur des considérations un peu moins scientifiques.



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Le professeur Luc Montagnier, biologiste et virologue, est mort ce mardi 8 février 2022 à l’hôpital américain de Neuilly-sur-Seine à six mois de ses 90 ans (il est né le 18 août 1932). L’annonce tardive de sa disparition a été l’objet d’un dernier pied de nez (involontaire) à la communauté médiatique si ce n’est scientifique.

Bien évidemment, j’éprouve de l’émotion pour le départ d’un homme qui a fait partie des talents français, des héros français, qui a contribué à l’excellence française, scientifique et médicale. Je l’avais évoqué lors de l’attribution de son Prix Nobel de Médecine le 6 octobre 2008. À l’époque, il avait 76 ans et (encore) toute sa tête et cela faisait déjà dix ans qu’il n’avait plus le droit d’exercer son métier de chercheur dans la recherche publique française à cause de cette stupide limite d’âge qui avait été instaurée par François Mitterrand pour virer Pierre Desgraupes de la tête d’Antenne 2. Il est parti quatre ans à New York pour y enseigner et faire de la recherche avant de faire de même à Shanghai, et il avait tenté aussi de faire de la recherche au Cameroun (sur la capacité de l’homéopathie à guérir du sida). Il a été un exemple en France de la "fuite des cerveaux" après la retraite (souvent, cette fuite des cerveaux apparaît en début de carrière, dès la fin du doctorat par manque de moyens de la recherche française). Il avait cependant continué à travailler parallèlement en France.

Sa colauréate française, Françoise Barré-Sinoussi, 61 ans à l’époque, continuait à travailler à l’Institut Pasteur (où Luc Montagnier avait fait sa carrière). Les deux chercheurs français ont partagé le Prix Nobel avec un virologue allemand, Harald zur Hausen (lui pour un autre sujet). Cette récompense suprême pour un chercheur rendait hommage, tardivement, à la découverte du virus du sida (le VIH, HIV en anglais) et à la reconnaissance de l’unique contribution française.

La paternité française exclusive de l’Institut Pasteur était contestée par l’équipe américaine du professeur Robert Gallo qui avait isolé un rétrovirus en cause dans les mécanismes d’une leucémie mais dont l’expertise a permis la caractérisation du VIH. Luc Montagnier et Françoise Barré-Sinoussi ont regretté que leur Prix Nobel ne fût pas partagé avec le professeur Jean-Claude Chermann, cosignataire de la publication du 20 mai 1983 dans "Science", grand oublié. Françoise Barré-Sinoussi a effectivement déclaré le 8 octobre 2008 sur France 3 : « C’est avec le professeur Chermann que je travaillais à l’époque ; mon responsable de laboratoire, c’était lui (…). C’est lui qui m’a formée à la recherche depuis le début (…). C’est lui qui m’a soutenue pour ma thèse (…). C’est lui qui m’a envoyée en post-doc à l’étranger [stage post-doctoral] (…). Je lui dois beaucoup (…). Comment voulez-vous que je comprenne qu’il ne soit pas primé ? ». À l’époque du conflit entre les deux équipes (française et américaine), Jean-Claude Chermann avait refusé de signer un accord avec Robert Gallo pour partager la paternité (il y avait de l’argent en jeu, avec le dépistage du sida), et a claqué la porte de l’Institut Pasteur tandis que Luc Montagnier, son responsable administratif, avait poursuivi ses travaux de recherche. Le Président Nicolas Sarkozy aurait tenté de compenser "l’injustice" en finançant les travaux du professeur Jean-Claude Chermann.

Il a fallu vingt-cinq ans pour obtenir cette reconnaissance de l’exclusivité de la paternité (le virus a été vu pour la première fois au microscope électronique à balayage le 4 février 1983 à l’Institut Pasteur), comme il a fallu aussi attendre plutôt la fin de sa vie au physicien américain Peter Higgs d’être récompensé en octobre 2013 par un Nobel pour son intuition, dans les années 1960, de l’existence d’une particule élémentaire, le boson de Higgs (qui s’appelle en fait en y ajoutant d’autres contributeurs également récompensés) qui a été observée finalement le 4 juillet 2012.

Comme beaucoup de chercheurs de haut niveau, le professeur Luc Montagnier alliait une très haute intelligence et des intuitions qui provenaient d’un esprit très original. Par ailleurs, il était un esprit indépendant. Il a multiplié les reconnaissances nationales et internationales, bien avant l’obtention de son Prix Nobel, membre de l’Académie des sciences, membre de l’Académie nationale de médecine, médaille d’argent du CNRS (dont il était un directeur de recherches), etc.

L’objet ici n’est pas de préciser l’ensemble de ses nombreux travaux de recherche, ni de remettre en question des compétences qu’il a démontrées tout au long de sa carrière, mais cependant d’évoquer deux points, un proche de la science et l’autre plus sociologique sur l’annonce de son décès.

Pour sa mémoire, il vaut mieux oublier ses dernières déclarations et supposés travaux scientifiques. Dès le milieu des années 2000 et ce fut plus fort après l’attribution de son Prix Nobel, le professeur Luc Montagnier a en effet "divergé" dans le processus scientifique. Il a créé plusieurs entreprises de biotechnologies pour poursuivre ses travaux de recherche, en particulier Nanectis à Jouy-en-Josas créée en 2006. Le Prix Nobel (qu’il a reçu après cette création) lui a permis en particulier d’assurer un financement, même si la réputation acquise valait plus (encore que pour lui, sa réputation internationale n’était plus à faire).

Pendant une quinzaine d’années, il a détonné dans plusieurs domaines sans passer par les règles classiques et rigoureuses de la démarche scientifique. En ce sens, on peut comprendre que le professeur Didier Raoult ne soit pas le seul à tordre la réalité scientifique, il existe des chercheurs qui, souvent réputés, se permettent de ne plus avoir cette culture du doute et de la preuve scientifiques.

L’une des preuves d’un phénomène scientifique, c’est sa reproductibilité : un chercheur ayant le même savoir-faire doit être capable de reproduire le phénomène et obtenir les mêmes résultats d’origine. L’un des exemples très connus est la "mémoire de l’eau" du professeur Jacques Benveniste. Curieux de ses hypothèses, je me souviens l’avoir rencontré dans le Var en 1989 et ce qui était très étonnant, c’était son apparente sincérité, d’ailleurs, son jusqu’au-boutisme ne lui était pas favorable puisqu’il a eu sa carrière brisée par ce sujet. On peut se tromper de bonne foi. J’écris "apparente" car ses travaux étaient à enjeux pécuniaires très élevés puisqu’ils justifieraient scientifiquement l’homéopathie (d’un enjeu industriel très profitable). Or, encore maintenant, personne n’a pu reproduire ce que prétendait prouver Jacques Benveniste.

Fallait-il alors s’étonner que justement, Luc Montagnier fût allé dans ces domaines de la "mémoire de l’eau" pour s’y fourvoyer ? Il a tenté plusieurs domaines qui sortaient des sentiers battus, même si c’est le propre des grands scientifiques de s’y rendre. Malheureusement, tous ces travaux depuis cette quinzaine d’années ont été rejetés par ses pairs, au point même que lorsqu’il a fallu confirmer l’annonce de son décès (voir plus loin), Françoise Barré-Sinoussi, contactée par "Libération", a avoué qu’elle n’entretenait plus de relations avec lui depuis longtemps, tant il s’était éloigné des standards de la recherche scientifique. Entre autres "intuitions", Luc Montagnier étudiait les ondes électromagnétiques émises par l’ADN.

Plusieurs sujets polémiques ont fait régulièrement les titres de journaux (téléportation d’ADN, guérison du sida par un régime alimentaire, etc.) qui malheureusement n’étaient plus de la science, mais ce que j’appellerais de la "parascience". Dans ces sujets, rien n’est anodin et leur publicité entraîne des espoirs parmi les malades du sida, toujours déçus. Le "pire" a été ces deux dernières années de pandémie de covid-19 où il s’est enfoncé dans des déclarations malheureuses qui ont nourri le complotisme antivax dont l’influence a pu coûter de nombreuses vies de personnes crédules, confortées par leurs croyances.

Je ne suis pas sûr qu’on puisse parler de "la vieillesse qui est un naufrage" pour cet exemple, mais certains, comme le cancérologue David H. Gorski, l’appellent plutôt la "maladie du Nobel", on parle aussi d’ultracrépidarianisme (sutor, ne supra crepidam). Tout le monde ne l’a pas, heureusement, mais il est vrai que le fait de recevoir un Nobel vous expose médiatiquement et surtout, vous êtes écouté, on vous considère comme un "gourou" (que vous n’êtes pas, en principe). Sur le sujet où vous êtes spécialement compétent, c’est justifié, mais dans les autres domaines, c’est très exagéré. Pierre-Gilles de Gennes (autre Prix Nobel) avait certes fait l’éloge du candide, en disant qu’on aborde mieux un domaine scientifique quand on ne le connaît pas au départ car cela apporte une autre vision des problèmes (et lui est passé des supraconducteurs aux polymères au cours de sa carrière, ce qui était très téméraire en terme de carrière), mais en travaillant toujours avec la rigueur scientifique.

Le biochimiste américain James Dewey Watson, codécouvreur de l’ADN et Prix Nobel de Médecine en 1962, a, depuis une quinzaine d’années, fait des déclarations jugées racistes qui promeuvent l’eugénisme et qui ont provoqué plusieurs polémiques qui sortaient de son champ de compétences. Beaucoup de physiciens quantiques ont aussi émis des spéculations philosophiques, mais la plupart ont séparé alors la science de la croyance, même si ce n’est pas facile pour le lecteur profane de faire la différence. Moins polémique et plus intéressant, Georges Charpak, Prix Nobel, avait proposé une démarche pour essayer de connaître la prononciation des langues parlées dans l’Antiquité. Cela sortait aussi de son champ de compétences, montrait beaucoup d’intuition et de créativité (deux qualités des chercheurs en plus de la raison), paraissait pertinent et ne créait aucune polémique.

Ce qui a été navrant, c’est la sorte de prise d’otage par les complotistes antivax de la réputation du professeur Luc Montagnier (en a-t-il était conscient ou pas ? probablement), au point de croire que la supposée "science officielle" (expression qui n’a aucune pertinence, il n’y a pas de science officielle, il y a juste des approches démontrées ou démontées, validées ou réfutées, en tout cas, réfutables) aurait fait le black out sur son décès. C’est d’autant plus stupide que le professeur Luc Montagnier était au sommet de la hiérarchie des chercheurs, par sa carrière de chercheur et d’universitaire, par ses prix dont le plus prestigieux, une des réussites éclatantes du "système".

J’en viens à mon second point, l’annonce de son décès. Il est mort à l’hôpital le 8 février 2022. Logiquement (et c’est la loi), l’hôpital, de lui-même en tout cas, n’a voulu communiquer aucune information à cause du secret médical. Ce qui est étonnant, c’est que la famille n’ait pas communiqué tout de suite la nouvelle de son décès, ou ses proches collaborateurs s’il était encore concrètement en activité. Le lendemain, dans l’après-midi du 9 février 2022, le pseudo-journal "FranceSoir" a eu l’information (parce qu’il était souvent son invité pour développer des thèses complotistes sur la pandémie), et l’a donc annoncé, entre autres par tweet : « Le professeur Luc Montagnier, Prix Nobel de Médecine 2008, s’est éteint paisiblement le 8 février 2022 en présence de ses enfants. (…) Paix à l’âme de ce grand homme. ».

Toute la nuit et la matinée du surlendemain, 10 février 2022, aucune confirmation n’a eu lieu, sinon de l’autoconfirmation, très typique avec les réseaux sociaux qui, désormais, font tourner en rond. Ainsi, si vous êtes un "proche" d’une personnalité mais que vous n’avez pas eu de contact personnel avec lui depuis plusieurs semaines, mois ou années, et que vous voyez cette information, même non confirmée, vous êtes choqué, ému, et vous retransmettez cette information pour exprimer votre tristesse. Or, ce transfert par vous, qui connaissiez la personnalité, vaut valeur de confirmation alors que vous-mêmes n’aviez pas cherché à confirmer.

C’est ce qu’il s’est passé en septembre 2021 pour Paul Quilès, dont un ami, un élu local du Tarn, avait confirmé le décès alors qu’il n’était pas (encore) mort. Il n’y a rien de plus terrible pour la crédibilité d’un journaliste que d’annoncer la mort d’une personne vivante, et avec les réseaux sociaux, ce risque augmente car des anonymes peuvent émettre de fausses informations pour une raison ou un autre (mauvais compréhension, canular, médisance, etc.). J’ai à l’esprit plusieurs illustrations. Marcel Dassault, par exemple, en avril 1986, dont la mort avait été annoncée quelques jours avant sa vraie mort. Il avait eu le temps de lire la une de son journal attristé par la nouvelle et avait pu dire en rigolant : j’ai aimé lire ma nécro. Il y a aussi l’exemple de Jacques Chazot, il me semble, en juillet 1993, dont la mort avait été annoncée quelques jours avant l’heure. Généralement, ces rumeurs, même fausses, n’augurent rien de bon et anticipent seulement de quelques jours. Même le Président Jacques Chirac a été victime de cette anticipation puisque des sources journalistiques le donnaient mort le 21 septembre 2016, trois ans avant son décès réel. On peut aussi évoquer les rumeurs d’une fin imminente du Président François Mitterrand en septembre 1994, ce n’était pas l’annonce de sa mort, mais j’avais eu des sources m’affirmant qu’il n’était question que de quelques jours sinon heures. Il a vécu encore plus d’une année.

Parallèlement, il y a sur le Web des petits sites Internet servant à faire des clics qui se jouent de ces fausses rumeurs. L’un en particulier est divisé en trois sites dont ils précisent, en tout petit en bas à droit, que c’est faux : un site qui annonce la mort d’une personnalité à la date du jour du clicc (c’est un robot, ce site le décline avec des milliers de personnalités connues et vivantes, plus elles sont connues, plus cela fait des clics) ; un autre site qui fait référence au premier site en disant que c’est faux et que cette rumeur "odieuse" est "démentie" ; enfin, un troisième site qui évoque un pseudo-sondage disant que X% (une majorité) des sondés est "en colère" contre cette "odieuse" rumeur. Ce sont des robots, qui roulent avec toutes les personnalités tous les jours, juridiquement, cela doit être suffisamment verrouillé pour que cela soit légal (c’est spécifié que les articles de ces sites sont par nature imaginaire basés sur la presse réelle), et des pubs y sont présentes, entreprise commerciale. Souvent, c’est rarement visible car on ne recherche pas la mort de quelqu’un qui n’est pas mort et dont aucune rumeur n’en fait état. Pour Luc Montagnier, ça a marché à plein puisque le robot de ce site avait sa page "rumeur démentie", de quoi rassurer les lecteurs dupés.

Plus précautionneux, le site Wikipédia fait très attention à ses informations et demande à ses contributeurs de ne pas se précipiter, car c’est un site encyclopédique, pas site d’actualité. Ainsi, je peux témoigner avoir lu sur Wikipédia la mort de Gérard Depardieu le jour de l’annonce de la mort de son fils Guillaume, un contributeur ayant dû faire la confusion entre les deux acteurs. Généralement, ce type d’erreur ne reste pas longtemps en ligne et est vite corrigée, mais cela explique la désormais extrême prudence de tous les passeurs d’informations sur une information non confirmée, d’autant plus si elle a été annoncée par un site complotiste comme FranceSoir, qui, depuis septembre 2019, n’a plus rien à voir avec du journalisme (les derniers journalistes ont été licencié en 2019) ou même du sérieux (même si pour le coup, c’était là une information exacte).

Le silence pendant 24 heures des grands médias (qui paient de vrais journalistes) s’est donc justifié par l’impossibilité d’avoir une confirmation du décès du professeur Montagnier. Des personnalités comme le docteur Willy Rozenbaum, codécouvreur du virus du sida et coauteur de la publication d’origine, ont été interrogées et affirmaient ne plus avoir de contact avec le professeur Montagnier depuis des décennies. Willy Rozenbaum : « Il s’était trop éloigné de la sphère scientifique et ne suscitait guère une empathie suffisante pour maintenir un lien ne serait-ce que social. » ("Le Parisien", le 10 février 2022).

À ma connaissance, la première confirmation a été diffusée par "Libération" le 10 février 2022 à 16 heures 34 : « Selon deux sources différentes jointes par ChecksNews, l’une médicale, l’autre politique, Luc Montagnier est bien décédé, mardi, à l’âge de 89 ans, à l’hôpital américain de Neuilly. La docteure Béatrice Milbert (avec qui il avait été question qu’il organise un colloque à Genève en janvier 2021) nous a également informé de sa mort. La mairie de Neuilly, enfin, nous a confirmé, en fin d’après-midi, le dépôt du certificat de décès. ».

De son côté, "Le Parisien" a aussi enquêté pendant cette journée de silence : « "Le Parisien" a passé plus de 24 heures à tenter de se faire confirmer ou infirmer l’information. ». L’article de Nicolas Berrod et Clémence Bauduin, diffusé le 10 février 2022 à 18 heurs 59, explique les investigations des deux journalistes. Le quotidien a contacté la maire de Jouy-en-Josas Marie-Hélène Aubert car Luc Montagnier y avait le siège d’une de ses entreprises de biotechnologies, et la maire a répondu qu’elle ne savait pas et que même le préfet des Yvelines l’avait appelée pour en savoir plus ! Même au plus haut niveau de l’État (l’Élysée), on a demandé des nouvelles, et un "conseiller ministériel" a lâché, agacé : « On n’a jamais demandé au gouvernement de confirmer ou d’infirmer la mort de quelqu’un. ». Et "Le Parisien" conclut que tant que le certificat de décès n’a pas été annoncé (d’où le temps d’attente), aucune confirmation n’a eu lieu : « Notre rédaction a lancé de très nombreuses pistes pour se faire confirmer l’information depuis la publication de l’article de FranceSoir mercredi. Aucun autre média n’y était parvenu faute de contact informé du décès, mais l’information du site a été largement diffusée. ».

Toujours est-il que les complotistes antivax, se croyant seuls dépositaires de l’importance scientifique du professeur Montagnier, ont mis ce silence médiatique pendant une journée sur le dos d’un nouveau "complot", les médias "officiels" se relayant pour garder silence sur ce décès. Les heures qui ont suivi ont évidemment démenti ces stupides assertions, non seulement parce qu’une fois la nouvelle hélas confirmée, c’est bien l’hommage unanime qui a pris le dessus dans tous les médias sur toute autre considération, y compris ses récents errements farfelus, qu’il vaudrait mieux oublier, et même la Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation Frédérique Vidal, dès qu’elle l’a appris, a exprimé, en son nom et au nom de toute la nation, sa grande émotion. Tous les médias ont annoncé cette disparition au niveau que cette personnalité méritait.

Pour preuve que la France est officiellement endeuillée, même sur le site du Président de la République Emmanuel Macron, le 10 février 2022 (où est rappelé aussi l’apport du professeur Jean-Claude Chermann), il est indiqué : « Dès lors, premier chef du département "Sida et rétrovirus" de l’Institut Pasteur, qu’il dirige de 1991 à 1997, Luc Montagnier fait de la lutte contre le VIH une préoccupation de chaque instant, créant aussi, en 1993, la Fondation Mondiale Prévention et Recherche Sida, sous l’égide de l’UNESCO, pour développer des centres de recherche partout dans le monde et les coordonner entre eux. Ses travaux précurseurs, son inlassable combat, lui valurent en 2008 cette consécration suprême : un Prix Nobel de Médecine, partagé avec Françoise Barré-Sinoussi. Le Président de la République salue la contribution majeure de Luc Montagnier à la lutte contre le sida, qui reste l’un des grands défis médicaux et scientifiques du XXIe siècle. Il adresse toutes ses condoléances à sa famille et à ses proches. ».

Quant à la manière dont l’annonce de la disparition a été diffusée, cela fera certainement l’objet de nombreuses études sociologiques dans les écoles de journalisme. Que sa mémoire soit honorée et pas salie par des récupérateurs de complots.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (10 février 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :

Le fameux premier article publié par l’équipe de Luc Montagnier sur le virus du sida :

Barré-Sinoussi F, Chermann JC, Rey F, Nugeyre MT, Chamaret S, Gruest J, Dauguet C, Axler-Blin C, Vézinet-Brun F, Rouzioux C, Rozenbaum W, Montagnier L., « Isolation of a T-lymphotropic retrovirus from a patient at risk for acquired immune deficiency syndrome (AIDS). », dans "Science", n°220, 20 Mai 1983, 4599, p. 868-71.


Luc Montagnier.
La Science, la Recherche et le Doute.
Le Nobel 2008 conforte la paternité française de la découverte du virus du sida.
Un nouvel espoir contre le sida ? (31 octobre 2007).
Réflexions sur l’attribution des Prix Nobel (17 octobre 2007).
Omicron tue encore !
Luc Montagnier nobélisé.
François Jacob.
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Robert Edwards.
Katalin Kariko.
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Olivier Véran.
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Bernard Debré.
Claude Huriet.
Albert Jacquard.
Maurice Tubiana.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220208-luc-montagnier.html

https://www.agoravox.fr/actualites/sante/article/dernier-pied-de-nez-du-professeur-239305

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2022/02/10/39342580.html







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