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Le canalblog de Sylvain Rakotoarison
30 décembre 2022

La peau de l'URSS

« La France a le meilleur parti communiste du monde. Y a plus de gens inscrits au PC en France de leur propre volonté qu'en URSS. » (Coluche).





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L'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS, en russe : CCCP, en anglais USSR) a été créée il y a un siècle, le 30 décembre 1922 à la suite de la Révolution bolchevik du 7 novembre 1917 et du traité de Brest-Litovsk du 3 mars 1918 qui a conclu une paix négociée et séparée entre les empires centraux et la Russie bolchevik. Cet immense État, en principe fédéral, provenait d'une idée de Lénine qui comptait rassembler les nations communistes sous une même bannière nationale.

L'URSS regroupait une quinzaine de pays (cela a varié en fonction des époques), qu'on pourrait regrouper en plusieurs régions, en plus de la Russie. L'Europe avec l'Ukraine, la Biélorusse, la Lituanie, l'Estonie, la Lettonie et la Moldavie ; le Caucase avec l'Arménie, l'Azerbaïdjan et la Géorgie ; enfin, l'Asie centrale avec le Kazakhstan, l'Ouzbékistan, le Kirghizstan, le Turkménistan et le Tadjikistan. Il faut aussi rajouter la Mongolie, entre la Chine et la Russie, la Carélie (qui était finnoise et intégrée à la Russie en 1956), d'autres territoires européens (polonais, roumains, baltes, etc.) suivant les remembrements de l'Europe après la guerre et des territoires asiatiques qui furent également remembrés.

Ceux qui ont lu la Constitution de ce nouvel État peuvent comprendre l'extrême complexité d'une telle structure, d'autant plus que la République socialiste fédérative de Russie, par exemple, était elle-même composée de républiques autonomes, de régions (oblast), etc. C'était le principe des poupées russes. Seule la Constitution de la Yougoslavie après la Seconde Guerre mondiale était plus compliquée.

Mais il y a un fossé entre le formalisme technico-juridique et la simplicité politique : l'URSS était dirigée simplement par un parti unique, le parti communiste de l'Union Soviétique (PCUS), lui-même dirigé par un comité central et surtout, un politburo (bureau politique) qui est le sommet du pouvoir. Le véritable chef était donc celui qui dirigeait le PCUS, à savoir le Secrétaire Général, ce qui fait qu'il y a eu peu de dirigeants de l'URSS en un peu moins de soixante-neuf ans (1922-1991) : Lénine (du 8 novembre 1917 au 3 avril 1922), Staline (du 3 avril 1922 au 5 mars 1953), Nikita Khrouchtchev (du 7 septembre 1953 au 14 octobre 1964), Leonid Brejnev (du 14 octobre 1964 au 10 novembre 1982), Youri Andropov (du 12 novembre 1982 au 9 février 1984), Konstantin Tchernenko (du 13 février 1984 au 10 mars 1985) et Mikhaïl Gorbatchev (du 11 mars 1985 au 24 août 1991). Le 29 août 1991, Boris Eltsine a obtenu la dissolution du PCUS. Après sept années de direction collégiale, Staline a véritablement pris le pouvoir seul en 1929, après avoir expulsé Trotski et réhabilité Kamenev et Zinoviev.

Ces dirigeants suprêmes occupaient en même temps une fonction dans l'État, qui n'était pas forcément la plus importante, soit le poste de chef du gouvernement ou Président du Conseil des ministres (Lénine, Staline, Khrouchtchev), soit celui de chef de l'État, autrement dit, du Président du Praesidium du Soviet Suprême de l'URSS (Brejnev, Andropov, Tchernenko, Gorbatchev). Gorbatchev a voulu simplifier l'appellation en la transformant le 25 mai 1989 en Président du Soviet Suprême de l'URSS puis le 15 mars 1990 en Président de l'URSS.

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Le principe du "centralisme démocratique" était d'ailleurs totalement opposé aux principes du fédéralisme qui veut laisser de l'autonomie quand c'est possible (principe de subsidiarité). L'URSS n'en était pas à ce seul paradoxe, ou plutôt, à cette seule hypocrisie, tous les discours officiels pendant toute la durée de ce grand pays fut teinté d'hypocrisie et de langage officiel qui n'avait aucun rapport avec un semblant de vérité. On parlerait aujourd'hui de "vérité alternative", ce qui explique pourquoi elle perdure à Moscou malgré la chute du communisme.

Dans les années 1930, ce pays a fait pourtant rêver de nombreux idéalistes en Europe, pour des raisons que j'ai toujours du mal à m'expliquer, si ce n'est pour s'opposer au fascisme et au nazisme, avec la difficulté que les deux idéologies néfastes de l'Europe du XXsiècle (communisme et nazisme) se sont réunies dans une sorte d'alliance du pire avec le Pacte germano-soviétique signé le 23 août 1939, juste avant la guerre, pacte de circonstance permettant à Staline de préparer son armée et à Hitler d'éviter deux fronts en Europe, un front ouest et un front est. L'URSS a encore fait rêver quelques crédules jusqu'à la fin des années 1970 où l'invasion de l'Afghanistan sonnait comme un dernier avertissement.

Quand j'étais gosse, on insistait bien pour ne pas parler de Russie mais d'Union Soviétique, au même titre qu'on ne parle pas d'Angleterre mais du Royaume-Uni, ni de Hollande mais des Pays-Bas lorsqu'on veut citer des pays. J'étais encore dans la génération de ceux qui pensaient que l'URSS durerait plus de 100 ans, peut-être 200 ans... et jamais j'aurais imaginé, jamais j'aurais osé imaginer, parce que je ne croyais plus au Père Noël, que le mur de Berlin se serait effondré de lui-même le 9 novembre 1989, l'Allemagne serait réunifiée le 3 octobre 1990 et surtout, que l'URSS aurait implosé dès le 25 décembre 1991, il y a un peu plus de trente ans. Et cela avec très peu de morts, à l'exception de ceux de la révolution roumaine en décembre 1989.

Mikhaïl Gorbatchev, qui est mort il y a quelques mois, avait cru être celui qui ferait renaître une URSS modernisée, avec des institutions présidentielles (à l'américaine ou à la française, ce qu'est devenue la Russie moderne sur le papier), avec une Présidence de l'URSS etc. Jouant sur la transparence (glasnost) et la restructuration (perestroïka), Gorbatchev a vu l'État soviétique s'écrouler comme un château de cartes, incapable de rénovation interne. Mission impossible !

À l'époque, on avait parlé de la "fin de l'Histoire" et des démocraties triomphantes. En fait, dès août 1990 et l'invasion irakienne du Koweït, on pouvait comprendre que l'histoire ne s'arrêterait hélas jamais. Quelques mois plus tard, l'éclatement de la Yougoslavie allait faire redémarrer une guerre civile longue et atroce en raison de petits dirigeants nationalistes plus cruels qu'intelligents que l'histoire a d'ailleurs déjà jugés.

On pourrait oser dire que la guerre en Ukraine serait la conséquence de l'éclatement de l'URSS, mais c'est faux puisque justement, avec le mémorandum de Bucarest signé le 5 décembre 1994, reconfirmé le 4 décembre 2009, tout a été fait pour éviter une issue sanglante : l'Ukraine remettait à la Russie toutes les armes nucléaires stockées sur son territoire, acceptait de laisser la flotte russe à Sébastopol, et la Russie, en contrepartie, garantissait à l'Ukraine moderne les frontières de l'ancienne République socialiste soviétique d'Ukraine. Le problème a été lorsque l'Ukraine a voulu prendre son autonomie politique par rapport à la Russie, Vladimir Poutine, craignant la contagion des peuples lors la Révolution de février 2014, a annexé la Crimée en mars 2014 puis a envahi l'Ukraine en février 2022 sans pour autant réussir à gagner sur le terrain (au début de l'URSS aussi, il y a eu des territoires autoproclamés soviétiques mais dont les Soviétiques n'avaient pas le contrôle sur le terrain).

Pourtant, Vladimir Poutine n'a rien d'un communiste, son modèle intellectuel est plutôt Soljenitsyne, à savoir, un nationalisme exacerbé mâtiné de Grande Russie, à la sauce au goût tsariste légèrement prononcé. S'il jouit d'un soutien d'une partie des populations en Europe, c'est par une action de cheval de Troie auprès de forces populistes européennes mais aussi en instrumentalisant avec succès un courant anti-américain qui a toujours été de paire avec un courant anticapitaliste voire un courant antisémite (Wall Street était le symbole de Satan, ce qui a été étrangement aussi celui des terroristes islamistes de 2001).


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (26 décembre 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Vladimir Poutine.
Le centenaire de l'URSS.
Kherson libéré, mais menace nucléaire ?
Volodymyr Zelensky demande l'adhésion accélérée de l'Ukraine à l'OTAN.
Ravil Maganov.
Mikhaïl Gorbatchev.
6 mois de guerre en Ukraine en 7 dates.
Les massacres de Boutcha.
Le naufrage du croiseur russe Moskva.
L’assassinat de Daria Douguina.
Dmitri Vrubel.
Kiev le 16 juin 2022 : une journée d’unité européenne historique !
L'avis de François Hollande.
Volodymyr Zelensky.
Poutine paiera pour les morts et la destruction de l’Ukraine.
Ukraine en guerre : coming out de la Grande Russie.
Robert Ménard, l’immigration et l’émotion humanitaire.
Ukraine en guerre : Emmanuel Macron sur tous les fronts.
Nous Européens, nous sommes tous des Ukrainiens !
Klim Tchourioumov.
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Irina Slavina, le cauchemar par le feu.
Trotski.
Vladimir Poutine au pouvoir jusqu'en 2036 ?
Anatoli Tchoubaïs.
Vladimir Poutine : comment rester au pouvoir après 2024 ?

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20221230-urss.html

https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/la-peau-de-l-urss-245617

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