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Le canalblog de Sylvain Rakotoarison
29 novembre 2022

Contagion (2011) : le covid-19 avant l'heure

« Nous devons faire en sorte que personne ne sache. Jusqu'à ce que tout le monde sache. » ("Contagion").



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Le film américain "Contagion" de Steven Soderbergh (sorti le 9 septembre 2011 aux États-Unis et le 9 novembre 2011 en France) a été rediffusé par la chaîne TMC le mercredi 23 novembre 2022 dans la soirée. Ce film, qui avait bénéficié d'une critique positive mais seulement d'un petit succès commercial à sa sortie (137 millions de dollars au box-office pour un budget de 60 millions de dollars), a eu une nouvelle vie à partir du début de l'année 2020 et du début de la pandémie de covid-19.

Steven Soderbergh est un réalisateur confirmé et très diversifié dans les thèmes abordés, alternant projets d'auteur et films commerciaux. Il a déjà eu de nombreux succès depuis le début de sa carrière, une Palme à Cannes très jeune pour "Sexe, mensonges et vidéo" (1989), un Oscar pour "Traffic" (2000), et il a été remarqué aussi pour "Érin Brockovich, seule contre tous" (2000), "Ocean's Eleven" (2001), "Solaris" (2022), "Ocean's Twelve" (2004) et "Ocean's Thirteen" (2007).

Avec "Contagion", où il a dirigé quelques acteurs prestigieux, la Française Marion Cotillard, Matt Damon (son acteur fétiche, sixième collaboration dans ce film), Kate Winslet, Gwyneth Paltrow, Laurence Fishburne, Jude Law, Bryan Cranston, etc., Steven Soderbergh a voulu à la fois faire un film catastrophe mais également un film scientifique voire pédagogique, l'idée était de dérouler ce qui se passerait en cas d'apparition d'un virus mortel qui envahirait toute la planète.

L'histoire est assez simple et curieusement, aujourd'hui, elle nous rappelle quelque chose, même à ceux qui n'ont pas encore vu le film. Une jeune femme américaine (Gwyneth Paltrow) de retour de Hong Kong meurt après quelques jours d'une encéphalite aiguë (c'est la patiente zéro). Quand on découvre qu'il s'agit d'un virus, une trentaine de cas ont déjà été répertoriés partout dans le monde. Démarre alors ce qu'on appelle une pandémie, la réaction des autorités sanitaires, nationales et mondiales, la réaction des médecins pour identifier les modes de contamination et développer un traitement ou un vaccin, la réaction aussi des populations entre panique et vénalité, entre paranoïa et incrédulité. C'est un film assez triste où un certain nombre de héros, ceux qui étaient au "front", sont logiquement contaminés et périssent.

Inutile de dire qu'on pourrait devenir complotiste en s'imaginant que le réalisateur savait tout ce qui allait surgir huit ans après la sortie de son film. Mais ce serait de l'uchronie, une erreur de chronologie. Le scénariste du film Scott Z. Burns n'est pas Madame Soleil mais un écrivain qui a fait son boulot de documentation scientifique admirablement bien. C'était sa deuxième collaboration avec Steven Soderbergh après "The Informant!" (2009). Il était très motivé par l'idée de faire un thriller d'anticipation avec une maladie transmissible.

Scott Z. Burns l'a expliqué lui-même : « J'ai rencontré le Dr. Larry Brilliant, épidémiologiste, qui a participé à l'éradication de la variole dans les années 1960. Et Larry m'a présenté Ian Lipkin, un virologue de l'université de Columbia. J'ai passé beaucoup de temps avec ce dernier à parler du fonctionnement des virus ; et de la probabilité d'émergence des prochains virus dans le monde. Il a alors promis de m'aider si je mettais un point d'honneur à rendre le film scientifiquement substantiel. ».

Les fonctions scientifiques de Ian Lipkin lui ont permis d'accéder à des informations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), ce qui rend le film très crédible non seulement scientifiquement mais aussi dans les procédures et le fonctionnement de l'OMS. C'était aussi ce même sentiment que pouvait avoir le lecteur du thriller très documenté "Erectus" de Xavier Muller (sorti en 2018, éd. XO éditions).

Il n'y a rien de prémonitoire mais cela fait des dizaines d'années que des épidémiologistes alertent les pouvoirs publics sur le risque de l'émergence d'une pandémie provoquée par un nouveau virus, qui se propagerait beaucoup plus vite qu'auparavant en raison de la forte augmentation de la circulation des personnes et des animaux dans le monde. Il n'est donc pas étonnant que, d'une part, un artiste ait imaginé le scénario d'une telle catastrophe, et que, d'autre part, cette catastrophe se soit déroulée effectivement dans un futur très proche.

Le modèle de virus adopté dans le scénario n'est pas un coronavirus mais un paramyxovirus, et se rapproche du virus Nipah qui est apparu en Malaisie en 1998, qui provoque des maladies respiratoires et neurologiques, mortel dans 50% à 75% des cas, provenant de la chauve-souris comme réservoir, et du porc d'élevage comme intermédiaire. En 1998, 115 personnes sont décédées sur les 265 contaminées. Il fait encore des ravages en Océanie, Asie du Sud-Est et Asie du Sud, puisqu'en Inde, un enfant de 12 ans est décédé de ce virus en 2021. Il n'existe aucun vaccin ni traitement contre ce virus.

Jusqu'à maintenant, heureusement, le virus Nipah n'a pas fait irruption à l'échelle mondiale, ce qui serait catastrophique et que tente de modéliser le film "Contagion", comme le rappelle l'Institut Pasteur : « D’un taux de mortalité supérieur à 70 %, ce virus est d’après l’Organisation Mondiale de la Santé un agent infectieux émergent susceptible de déclencher des épidémies sévères s’il venait à évoluer pour gagner en transmissibilité. ». Enfin, le modèle épidémiologique a repris l'histoire de la "grippe espagnole" de 1918-1919.

Le regard rétrospectif du film après avoir vécu près de trois ans de pandémie de covid-19 montre que "Contagion" est un film globalement excellent en ce sens qu'il a très bien décrit le début d'une pandémie. Je propose ici d'en faire une petite analyse (au risque de "spoiler"), recenser les similitudes avec le covid-19 (et bravo au scénariste pour sa lucidité et sa rigueur scientifique) et aussi, les quelques différences, voire divergences.

Parlons d'abord du méchant, le virus Mev-1 (dans le film). Là, évidemment, le choix est arbitraire, mais il a quand même quelques ressemblances avec le SARS-CoV-2. Le virus est capable de provoquer des infections respiratoires graves et des encéphalites aiguës. Il est mortel pour environ la moitié des personnes contaminées, en tout cas, certaines personnes (comme le personnage joué par Matt Damon) sembleraient en être immunisées naturellement, ce qui peut ressembler au covid-19 qui épargne certaines personnes et qui en tuent d'autres, en attaquant différents organes (principalement les poumons, le cœur, le système nerveux, etc.). Heureusement, le SARS-CoV-2 semble bien moins meurtrier que le Mev-1 du film. Autre point de ressemblance, la pandémie part de Chine et d'un réservoir animal (sans aujourd'hui avoir plus de précision sur le SARS-CoV-2).

Les modes de contamination semblent les mêmes que le covid-19, à savoir la respiration et le toucher, d'où l'incitation au port du masque et éventuellement, des gants, et plus généralement, la distanciation sociale. Pour le personnel médical qui s'occupe directement des personnes contaminées ou du virus, la protection totale (en "habit d'astronaute") est de mise. Là aussi, la confection du vaccin se fait de manière très rapide et la trame du film est au fond la course de vitesse entre la pandémie et le vaccin. N'ayant pas le temps de faire des tests cliniques, trop longs, la chercheuse s'injecte elle-même le vaccin et va se faire contaminer pour vérifier l'efficacité de son candidat vaccin après avoir été un succès sur des singes. De ce point de vue (et des autres points de vue), les nouveaux vaccins à ARN messagers ont été beaucoup plus sérieux et rigoureux, bien que très rapides, pour stopper la pandémie que le scénario proposé par le film (où l'on s'affranchit de toutes les règles déontologiques de la recherche médicale).

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La vitesse de la pandémie, maintenant. Le film est rythmé par le nombre de jours après la première contamination associé au nombre de personnes contaminées. C'est bien sûr une évolution exponentielle qui dépend du taux de reproduction (R0). À l'origine, il est de 2 (un contaminé entraîne deux contaminations), ce qui fait atteindre le nombre de personnes contaminées à 27 millions dans le monde, il me semble, lorsque le vaccin est trouvé (pour le covid-19, cela se compte plutôt en centaines de millions de contaminations, mais au bout de deux ans).

En revanche, le R0 est élevé par rapport au covid-19, et au milieu de film, comme pour le SARS-CoV-2 dès l'été 2020, le virus mute et un nouveau variant reprend tout le "marché" avec un taux de reproduction de 4 au lieu de 2. En fait, il y a une faible cohérence à ce que le taux de reproduction augmente tandis que la létalité du virus reste encore très forte (on ne parle pas d'une diminution de la létalité dans le film). Il faut aussi savoir que ce sont des chiffres en "live", c'est-à-dire au moment même où cela se passe, nous l'avons vécu pour le covid-19, c'est très difficile de donner des statistiques en temps réel pour des lieux donnés. Encore aujourd'hui, il manque des données précises, par exemple de létalité par rapport aux différents variants du SARS-CoV-2. Il manque encore d'études qui prennent du recul.

Excellente aussi, la séquence initiale du film, où l'on montre, dans le dérisoire des vies quotidiennes, par des gros plans très explicites, comment les premiers malades se font contaminer. C'est en effet l'avancée souterraine du virus, que nous avons connue en France en février 2020. À l'époque, on maîtrisait très bien les chaînes de contamination, les différents foyers d'infection ("clusters"), etc. Malgré cela, lorsqu'il y a un raz-de-marée, les digues de contrôle n'étaient plus suffisantes et étaient complètement anéanties par la rapidité des contaminations. C'était alors qu'on "ne maîtrisait plus l'épidémie".

On ne parle pas d'ailleurs, dans le film, de "porteurs sains" du virus, comme il en existerait pour le covid-19 (je laisse au conditionnel car je me demande encore si les tests négatifs de personnes qui en ont contaminé d'autres proviennent plutôt d'une détection trop tôt du virus, avant son développement dans l'organisme, puisqu'il y a un temps d'incubation entre trois et dix jours entre le moment on l'on est contaminé et le moment où l'on est testé positif au virus, et cela indépendamment de développer ou pas une forme sévère de la maladie).

Bien vu aussi dans le scénario, l'existence de profiteurs de crise. Dans le film, il s'agit d'un pseudo-journaliste qui réussit à convaincre ses lecteurs que le forsythia est le remède miracle du nouveau mal qui ronge la planète. Que ce traitement guérira ou protégera les gens. Bien entendu, on pense tout de suite à l'hydroxychloroquine dont les effets positifs sur le covid-19 n'ont jamais été prouvés, encore trente mois plus tard. Évidemment, lors de la sortie du vaccin, l'individu en question est contre le vaccin, considère que c'est mauvais afin de pouvoir continuer à vendre son forsythia (dont les réserves et stocks sont épuisés dans le monde). Mais on est loin des outrances réelles des antivax.

La grande différence entre la fiction de 2011 et la réalité de 2020-2022, c'est que le scénariste n'avait pas imaginé que la réalité serait basiquement pire que ce qu'il envisageait pour son film. En effet, dans le film, c'est un profane qui propose une solution miracle, pas un chercheur de réputation mondiale, profitant de tout le système de mandarinat établi en France (j'ai nommé le professeur Didier Raoult). En outre, l'escroquerie, intellectuelle et lucrative, ne dure pas longtemps, les films américains aiment bien l'ordre et la morale : ainsi, le promoteur du forsythia est arrêté, il est obligé de se laisser faire une prise de sang pour analyser qu'il n'avait pas les anticorps, donc, il prétendait être guéri d'une maladie qu'il n'avait pas contractée. Entre parenthèses, il me semble qu'en France, il serait interdit de forcer une analyse de sang sans son consentement pour savoir si on a eu une maladie, du moins, sans décision de justice. Ainsi, l'aimable crypto-journaliste qui avait ramassé des millions de dollars grâce à la crédulité des gens est incarcéré et l'affaire est close, la morale sauve, ce qui est loin d'être le cas dans la réalité (je ne souhaite pas du tout qu'on embastille le professeur Raoult, mais qu'on en finisse avec les vieilles fake-news démenties depuis longtemps).

La distribution des vaccins est intéressante à analyser dans le film. La maladie ne semble pas toucher une catégorie particulière de la population (tandis que le covid-19 touche mortellement plus fréquemment les personnes âgées ou fragiles). Ainsi, le temps de fabriquer toutes les doses de vaccin nécessaires, l'ordre des heureux bénéficiaires est donné par le tirage au sort de sa date anniversaire : ainsi, les personnes nées le 23 novembre pourront aller se faire vacciner, puis on retire une autre date de naissance pour le prochain lot, etc. Là aussi, l'histoire se mélange dans des considérations purement nationales, c'est-à-dire américaines, alors qu'on a bien vu que la pandémie touchant en même temps tous les pays, la distribution du vaccin est un processus international (heureusement, l'Europe a fait un très bon boulot de mutualisation que les "petits pays" ont bénéficié).

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Le seul élément d'internationalisation de la distribution de vaccin, dans le film, c'est quand le personnage joué par Marion Cotillard se fait kidnapper par un gang qui représente un village asiatique (j'ai oublié le pays) d'une centaine de personnes pour se faire servir prioritairement le vaccin. Finalement, l'échange a lieu... mais cyniquement, les responsables américains ont donné aux ravisseurs un placebo (une critique implicite de l'hégémonisme américain).

Sur le vaccin, la question de son obligation n'est pas posée dans le film : tout le monde veut être vacciné ou faire vacciner sa famille le plus vite possible et serait prêt à des gestes de violence le cas échéant. Pourtant, à part cet escroc au forsythia qui combat le vaccin, aucune allusion n'est faite sur l'obligation de se faire vacciner. En revanche, quand on se fait vacciner, on voit le médecin boucler au poignet une sorte de bracelet en papier ou en plastique, le même que lorsqu'on entre en boîte de nuit ou dans un séminaire ou congrès, et dessus se trouve un code barre qu'on peut lire avec un lecteur infrarouge pour vérifier que la personne est bien vaccinée. Même si ce n'est pas fait avec la même technologie (ni QR code, ni smartphone pour le lire, en 2011, il y en avait déjà), l'idée de traçabilité et de preuve de vaccination immédiatement présentée fait penser au passe vaccinal. Mais apparemment, pas de règle, pas d'obligation, sinon celles qu'on se donne soi-même : ainsi, Matt Damon, qui ne voulait plus que sa fille adolescente voie son petit ami par risque de contamination, accepte de le faire entrer chez lui une fois vu, au travers de la baie vitrée, le précieux code barre au poignet !

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Pour agrémenter le scénario d'éléments anecdotiques, le patron de la santé joué par Laurence Fishburne (qui confirme ici qu'il est un très bon acteur, connu par la saga des Matrix) a commis un délit d'initié en prévenant sa fiancée que la ville allait être bouclée pour être mise en quarantaine. Je reviendrai sur ce que signifie réellement ce fait, mais ce qui est amusant, c'est que l'idée était que les infractions étaient de faire plus rapidement sauve-qui-peut, plus rapidement que le peuple.

Or, dans la réalité, ce qu'on a pu reprocher à un pouvoir quelconque pour la pandémie de covid-19, pas sur la politique même des mesures pour protéger la population (confinement, passe vaccinal, etc.), mais sur les éventuelles malversations et de bénéfices hors justement la loi ou la réglementation, ce n'est pas de fuir plus rapidement (et fuir où ?) mais bien se moquer des mesures de contrainte. C'était ce qui a coûté sa place au Premier Ministre Boris Johnson qui faisait joyeusement la fête dehors avec ses copains pendant que le bon peuple était confiné tristement. Là encore, même les fautes ou infractions retenues sont beaucoup plus "morales" que la réalité.

J'en viens justement au point de singularité, le seul bémol à l'excellence du scénario de "Contagion" : le pouvoir politique n'existe pas dans ce film. Or, il est vrai que les allocutions tant du Président Emmanuel Macron en France, de la reine Élisabeth II en Grande-Bretagne, du Premier Ministre en Italie etc. étaient essentielles pour obtenir l'acceptation de la population. En effet (on le voit aujourd'hui en Chine), les mesures de confinement, d'interdiction de circuler, de vendre, etc. ont été globalement bien acceptées, bien respectées, parce que tout le monde a compris qu'il y avait gravité et urgence (si cela se passe dans une période courte, voir en Chine le contraire). Dans le film, le Président des États-Unis, les ministres, sont complètement absents, juste une allusion au Président (à protéger au fin fond d'un bunker), et il est vrai qu'un des personnages rappelle qu'il y a cinquante États avec cinquante lois et cinquante réglementations sanitaires possibles (les États-Unis étant un pays fédéral, on l'oublie un peu vite en France).

L'intervention du dirigeant politique dans le pays a une fonction essentielle, éviter toute panique provenant de la population. Le sous-titre du film est d'ailleurs : "Nothing spreads like fear" [Rien ne se propage comme la peur]. Mais "Contagion" pêche comme la plupart des films de science-fiction américains : le monde plongé dans la panique et l'anarchie, le pillage, la violence, le retour à l'esprit de la jungle. Ainsi, il y a plein d'embouteillages pour fuir la grosse agglomération, plein de violences avec la doctrine du chacun pour soi, je défends ma famille, mes enfants.

Alors que dans la réalité, chose plus positive qu'imaginable, il n'y a pas eu de scène de panique, d'émeutes, de violences (certes, beaucoup de "burn out", de violences conjugales). L'acceptabilité de la population a été quasi-généralisée et c'est heureux, d'autant plus heureux que cette quasi-unanimité n'avait rien de politique puisque, parallèlement, le pouvoir politique était régulièrement critiqué, du moins dans les démocraties.

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Je reprends aussi l'idée de la fuite de l'agglomération. Il est sûr qu'il y a plus de risque de contamination dans une grande ville qu'à la campagne, mais le problème d'une pandémie, c'est que tous les lieux sont touchés à peu près en même temps, car l'humain est un être social et tout le monde est interdépendant. Dans la réalité, il n'y avait donc aucune fuite possible, si en plus elle pouvait être autorisée en raison des confinements. Un escroc en France pouvait imaginer se refaire une virginité et une nouvelle vie en Argentine sous un autre nom, mais cette fuite possible ne l'est pas pour une pandémie. On retrouve le virus voire un variant encore plus méchant plus loin de chez soi. La fuite est donc totalement stupide (en dehors du fait que pour vivre plus confortablement le confinement, il valait mieux être riche et se rendre à sa maison de vacances !). Les États-Unis, c'est l'impression de liberté et de grands espaces. On fuit pour reprendre de la liberté, dans les films américains.

Le film "Contagion" finit en queue de poisson, bien trop facilement par rapport avec la réalité : le vaccin a été trouvé, il faut encore pouvoir distribuer le vaccin, c'est une question de temps, et ensuite, tout ira mieux. Dommage que la mutation du virus n'a été prise en compte que pour renforcer la peur, avec cette hausse du taux de reproduction, alors qu'il a aussi pour effet de ne plus réagir aussi bien aux vaccins ou éventuels traitements trouvés initialement.

À ces bémols près, "Contagion" a été une excellente simulation d'une pandémie, servie à peine une décennie avant une vraie de vraie. C'est dommage que ce spectacle n'a été que spectacle et pas matière à se préparer vraiment à un tel fléau, psychologiquement, matériellement, politiquement. À la sortie du film, certains scientifiques ont trouvé l'hypothèse de départ (méchant virus qui se propagent très rapidement partout dans le monde) un peu trop pessimiste. Au contraire, elle était très lucide sur ce que pouvait être la réalité virale d'une planète dont les 8 milliards d'habitants ont décidé plus ou moins consciemment que tout n'était qu'échange.

En 2020, les principaux acteurs de "Contagion" ont été "réquisitionnés" pour apporter des réponses aux nombreuses questions des gens, et surtout, désamorcer les très nombreuses désinformations périphériques qui ont pollué toute la gestion de cette crise, tant par le pouvoir politique que le corps médical dans son ensemble. Un film, donc, à regarder de nouveau avec l'esprit de celui qui, en quelque sorte, a été lui-même impliqué dans l'histoire. S'il en a survécu, bien sûr, ici ou ailleurs.


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (26 novembre 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Covid-19 : alerte au sous-variant BQ1.1 !
"Erectus" de Xavier Müller.
Contagion.
Kirk Douglas.
Robert Clary.
Quai d'Orsay.
Thierry Lhermitte.
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