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Le canalblog de Sylvain Rakotoarison
27 mai 2023

Henry Kissinger, 100 ans et ses deux dernières préoccupations...

« Henry Kissinger est aujourd'hui très âgé. (…) Il se tasse, il s'endort parfois mais il reste lucide. Il subit les indignités physiques de la vieillesse mais c'est au crépuscule de cette très longue vie qu'il s'est lancé dans deux nouveaux combats aussi inattendus l'un que l'autre. » (Gérard Araud, le 7 octobre 2021).




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Ce samedi 27 mai 2023, l'ancien chef de la diplomatie américaine Henry Kissinger fête son 100e anniversaire. Devenir un centenaire au XXIe siècle est de moins en moins un exploit, mais devenir toujours aussi écouté partout dans le monde cinquante ans après avoir été au sommet du pouvoir, c'est inédit. Ayant gardé toute sa raison et ses capacités intellectuelles, celui qui a reçu le Prix Nobel de la Paix (controversé) en 1973 pour la signature d'un cessez-le-feu avec le Nord-Vietnam est considéré à l'échelle mondiale dans les domaines de la géopolitique et des relations internationales un peu comme un super Antoine Pinay dans le domaine économique franco-français : tous les dirigeants du monde le consultent et son influence reste toujours très importante.

Juif allemand de Bavière qui a émigré à l'âge de 15 ans, une famille massacrée par les nazis, Henry Kissinger est d'abord un intellectuel, un universitaire, un chercheur, un docteur en sciences politiques de Harvard (en 1954) et sa thèse portait sur la diplomatie entre 1812 et 1822 (entre autres, le Congrès de Vienne).

À la fin de sa vie, au moins deux préoccupations polluent encore sa sérénité avant de tirer sa révérence.

Dans une tribune publiée le 4 janvier 2007 dans le "Wall Street Journal", Henry Kissinger a proposé le désarmement nucléaire total. Son inquiétude était que la diffusion des armes nucléaires mais aussi leur possible utilisation irrationnelle par des dictateurs ou des terroristes et même des piratages informatiques rendraient la logique de la dissuasion nucléaire très aléatoire et compliquée, en tout cas ingérable.

Depuis quelques années, d'ailleurs, Henry Kissinger s'est inquiété des relations entre les États-Unis et la Chine, car tant Donald Trump que Joe Biden ont pris l'initiative d'une logique d'affrontement commerciale qui peut être un gros risque pour la paix mondiale. En effet, la paix mondiale repose sur un accord et des bonnes relations entre les grandes puissances, et il faut travailler à un nouvel ordre international en y incluant évidemment la Chine. Il l'a encore répété dans une longue interview à "The Economist" (un journal britannique) publiée le 17 mai 2023. En outre, il a rappelé que l'Ukraine devait être un État tampon entre le bloc occidental et la Russie et que la sortie de neutralité de l'Ukraine ne pouvait pas être acceptée par la Russie. Même si, honoré le 23 mai 2023 au très sélect Club économique de New York où on lui a fêté par avance son centenaire, Henry Kissinger a convenu :
« Nous sommes arrivés à un point où nous avons rempli notre objectif stratégique. La tentative militaire de la Russie d'absorber l'Ukraine a échoué. ». Ce qui permettrait de demander un cessez-le-feu.

L'autre combat, un sujet très actuel lui aussi, c'est de se méfier de l'intelligence artificielle. Il a commencé à en parler dans un premier article dans la prestigieuse revue "The Atlantic" en juin 2018 :
« Philosophiquement, intellectuellement, à tout point de vue, la société humaine n'est pas préparée à l'essor de l'intelligence artificielle. ». Et Kissinger s'est interrogé : « Sommes-nous en train de basculer dans une nouvelle phase de l'histoire humaine ? ». Dans sa réflexion, il évoquait l'invention de l'imprimerie qui a mis à mal les dogmes religieux au profit de la raison : « Grâce à l’esprit de libre-examen, le savoir scientifique a pu se constituer à l’abri des croyances. Nous vivons encore à l’intérieur de ce paradigme qui est aussi celui des Lumières. ». L'arrivée d'Internet a modifié le paradigme : « La Toile nous a habitués à extraire et à manipuler des stocks d’informations non contextualisées, en fonction de nos besoins immédiats et pratiques. En outre, les algorithmes personnalisent les réponses en fonction de ce qu’ils savent de nous du fait de nos recherches précédentes. Du coup, la vérité est devenue relative. (…) Le monde digital valorise la vitesse au détriment de la réflexion, les positions radicales plutôt que la réflexion. L’information y supplante la sagesse. ».

La crise sanitaire en a donné une démonstration grandeur nature. Kissinger craint qu'un jour, l'intelligence artificielle provoque des guerres :
« Dans l’avenir, nous serons de plus en plus souvent dépendants d’arbitrages opérés par des machines. L’action humaine est inspirée par des valeurs. Tel n’est pas le cas de ces machines intelligentes. Ne risque-t-on pas se laisser contaminer par leur vision instrumentale et amorale du monde ? ».

Sur l'intelligence artificielle, Gérard Araud a tenté de traduire la pensée de Kissinger :
« Trop d'information tue l'information mais en appelle encore toujours plus. Jamais on n'en a su autant ; jamais on n'en a compris si peu. Dans ce contexte, l'émotion et le consensus tiennent lieu d'une réflexion dont nul n'a plus le temps. Le risque est alors grand que, face à cet océan de faits, ne s'impose progressivement la tyrannie des algorithmes pour les traiter et l'expulsion progressive et volontaire de l'homme de la définition de son propre destin. Revenant à l'humanisme qui a fondé la culture de sa génération, Kissinger en appelle à des dirigeants qui, s'appuyant sur les faits, puissent les intégrer dans une vision historique et philosophique. Il n'est pas besoin de tout savoir pour tout comprendre. (…) Il ne s'agit pas des inquiétudes d'un vieil homme qui ne comprendrait plus son temps. J'ai moi-même été surpris des connaissances qu'il avait accumulées sur le sujet. C'est tout au contraire la réaction de quelqu'un qui a été confronté à la nécessité de prendre des décisions dans l'urgence et qui craint que la solution de facilité ne soit de s'en remettre à un algorithme. ».

Récemment, le 7 octobre 2021, l'ancien diplomate français Gérard Araud a effectivement sorti un livre très intéressant sur Henry Kissinger (avec qui il s'est entretenu), "Le Diplomate du siècle" chez Tallandier. Gérard Araud, 70 ans, est l'un des diplomates français les plus médiatisés de France, parmi les plus diplômés : Polytechnique, ENSAE, IEP Paris, ENA (même promo que Jean-Marie Messier). Il connaît bien les États-Unis où il a débuté sa carrière comme conseiller diplomatique à Washington entre 1987 et 1991, puis conseiller du Ministre de la Défense François Léotard. Après avoir été, à Bruxelles, le représentant de la France à l'OTAN entre 1995 et 2000, puis, à Tel-Aviv, l'ambassadeur de France en Israël entre 2003 et 2006, il a été le négociateur français dans le dossier du nucléaire iranien avant de terminer sa carrière de manière prestigieuse : à New York comme représentant permanent de la France au Conseil de Sécurité de l'ONU du 15 janvier 2009 au 15 juillet 2014, puis à Washington comme ambassadeur de France aux États-Unis du 18 septembre 2014 au 9 juillet 2019. Depuis sa retraite de haut fonctionnaire, il a rejoint des groupes privés et a sorti quatre livres dont celui concernant Henri Kissinger.

Henry Kissinger a été nommé le 20 janvier 1969, par le Président Richard Nixon, conseiller à la Sécurité nationale des États-Unis, un poste très important. Il a toujours été en rivalité avec le Secrétaire d'État (que j'appellerais aussi Ministre des Affaires étrangères, c'est son titre, avec le fait d'être, en ordre protocolaire, juste après le Président et Vice-Président des États-Unis). Celui-ci était l'avocat William Rogers, un grand ami du Président, mais sans expérience internationale.

Gérard Araud l'évoque ainsi :
« Rogers considère que Kissinger n'est pas son égal hiérarchique et Kissinger, que Rogers n'est pas son égal intellectuel. Pour citer Nixon lui-même qui s'en amuse : "Henry trouve que Bill [Rogers] manque de profondeur et Bill accuse Henry d'être assoiffé de pouvoir. Ils ont tous les deux raison". Kissinger tempête, menace de démissionner mais reste. (…) Querelles bureaucratiques habituelles, en particulier entre le département d'État et le Conseil national de sécurité qui sont inhérentes au système qui place bel et bien la politique étrangère américaine sous une double commande. (…) La France n'est pas loin de connaître de tels jeux de pouvoir entre l'Élysée et le Quai d'Orsay. ».

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Géraud Araud explique que dans une telle rivalité, l'idée est de connaître le gagnant. Au début des années 1970, incontestablement, ce fut Henry Kissinger :
« La rivalité est envenimée par Nixon lui-même qui entretient les divisions de ses équipes pour mieux les contrôler et par un Kissinger incapable de travailler en équipe. En dehors du département d'État, identifié comme l'ennemi à écarter, ses talents de courtisan font merveille. Il sait flatter, faire semblant de consulter et d'écouter et laisser croire qu'il met son interlocuteur dans la confidence. C'est un excellent navigateur dans le marigot dangereux et sans pitié qu'est le Washington bureaucratique. C'est un talent indispensable pour y survivre et il serait injuste de lui reprocher de le posséder : toute personne qui a exercé des responsabilités dans une structure de pouvoir sait qu'elle doit manœuvrer pour ne pas y être marginalisé. ». Et citant un haut fonctionnaire : « Kissinger peut rencontrer six personnes différentes, intelligentes, expérimentées, informées, qui ont des vues très différentes, et les persuader toutes que le vrai Kissinger pense comme elles. ». Cabotin, Henry Kissinger (au contraire de Nixon) se plaisait dans la vie mondaine : « Il y pratique à merveille l'autodérision qui est désormais sa marque de fabrique. ».

À cette époque, la Maison-Blanche et le gouvernement américain étaient comme dans le feuilleton "Dallas" : « Sous l'administration Nixon, tout le monde espionne tout le monde. À l'image de son chef, la paranoïa y règne en maître. (…) Kissinger réussit à ne pas être éclaboussé par le scandale [du Watergate] bien que les enregistrements dans le bureau du Président transmis à la justice le montrent souvent complaisant voire obséquieux face aux éructations vulgaires, violentes et parfois antisémites de son interlocuteur. Ses nombreux voyages l'ont éloigné de la Maison-Blanche au moment de la plupart des rebondissements du scandale. ».

Ainsi Kissinger a réussi à être le seul représentant du pouvoir populaire, comparé dans la presse à Bismarck ou à Castlereagh, l'équivalent britannique de Talleyrand et Metternich au Congrès de Vienne : « Kissinger est désormais l'homme fort d'une administration à la dérive. Populaire, respecté pour sa compétence et admiré pour ses succès, il devient indispensable auprès d'un Président qui ne sait plus à quel saint se vouer. (…) Son titre de conseiller à la Sécurité nationale ne reflète, à l'évidence, plus son importance politique. Pour se rendre compte à quel point Kissinger représente alors un phénomène dans la vie politique américaine, il suffit de donner les noms de ses prédécesseurs (…) et de ses successeurs (…), tous oubliés depuis longtemps et qui d'ailleurs n'ont jamais atteint une célébrité comparable à la sienne. (…) Ses exploits diplomatiques ne sont pas seuls en cause. En effet, du fait du Watergate, il devient progressivement, en 1973 et 1974, l'ancre de stabilité d'une administration engloutie par le scandale. Le voilà "figure du père" dans un pays en plein désarroi. ».

Dans la bataille interne, Henry Kissinger a donc gagné et a été nommé Secrétaire d'État le 22 août 1973, fonction qu'il a cumulée avec celle de conseiller la Sécurité national : « Il a ardemment fait campagne pour le poste. Nixon a résisté pendant des mois (…). Il sait que le poste donnera à celui-ci encore plus d'autonomie et de visibilité (…). Cependant, en plein scandale du Watergate, il n'a pas d'autre choix que de promouvoir le chéri des médias qui, de son côté, a menacé de démissionner s'il n'était pas promu. ». Nixon expliqua par la suite qu'il a gardé Kissinger à la Sécurité nationale car le Secrétaire d'État voulait travailler avec son égal intellectuel... donc lui-même !

Kissinger fut confirmé à ce double poste le 4 août 1974 par le (nouveau) Président Gerald Ford, jusqu'à l'échec électoral de celui-ci et l'avènement de Jimmy Carter, le 20 janvier 1977 (son adjoint, le général Brent Scowcroft, fut officiellement le conseiller à la Sécurité nationale du 3 novembre 1975 au 20 janvier 1977 et allait revenir sous la Président de George H. W. Bush). Gérard Araud décrit l'état d'esprit de Gerald Ford : « Sa situation, de toute façon, ne lui donne d'autre choix que de conserver à son poste la seule vedette incontestée de l'ancienne administration (…). Exempt de toute prétention et de toute susceptibilité, il reconnaît que Kissinger est plus intelligent que lui mais ne s'en formalise pas et accepte sans difficulté ses conseils qui prennent parfois l'apparence d'une formation accélérée d'un élu qui ne s'est jamais investi dans les relations internationales. (…) Dans toutes ses déclarations pendant et après sa Présidence, il ne s'est jamais départi, à la fois, d'une sincère admiration pour Kissinger mais aussi d'une indulgence amusée et indulgente pour ses défauts, notamment sa paranoïa et sa susceptibilité. Un observateur a résumé leur relation en notant que "Ford trouve Kissinger brillant et Kissinger est d'accord". ».

L'échec aux élections de 1976 a été le terminus pour Kissinger. Pourtant, il pensait bien retrouver le pouvoir rapidement, et s'est donc installé à New York. Cependant, les républicains n'étaient plus sur la même ligne, à sa ligne réaliste de détente s'opposait une ligne plus dure, plus manichéenne, néo-conservatrice et anti-soviétique, celle qui a triomphé tant avec Ronald Reagan qu'avec George W. Bush (avec Dick Cheney et Donald Rumsfeld, son collègue de la Défense sous Gerald Ford (le plus jeune à l'époque).

Gérard Araud livre alors un témoignage : « Dès mon arrivée aux États-Unis, en 2009, j'ai d'ailleurs noté le nombre de fois où, dans un dîner, on m'abordait l'air sérieux pour me dire : "Henry m'a dit... qu'en pensez-vous, monsieur l'ambassadeur ?" (…). Oui, Kissinger, plus de trente ans après son départ de Washington, était encore une vedette. Il s'est imposé comme une institution new-yorkaise que le temps consacre au lieu de l'effacer. Après leur sortie de fonction, d'autres Secrétaires d'État ont disparu dans une respectable obscurité à la tête d'une université et dans les conseils d'administration. Henry Kissinger, lui, ne perdra jamais l'attention de la presse, des grands de ce monde et de l'opinion publique américaine. ».

Et l'ancien ambassadeur français ajoute : « Son seul appétit a toujours été celui du pouvoir mais puisqu'il constate, en 1981, avec la victoire de Reagan, que le pouvoir politique lui est fermé, temporairement espère-t-il, il conclut qu'il doit conserver une dimension personnelle qui le maintiendra aux portes de celui-ci jusqu'au moment où elles s'ouvriront. Sans fortune, sans fonction, sans parti, il doit néanmoins rester aux premiers rangs de la société américaine. Il y parviendra et deviendra une statue du commandeur en relations internationales, qui n'a aucun précédent dans l'histoire américaine. ».

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Araud est étonné par son influence : « Jamais, en quarante ans, on n'a remis en cause son statut presque institutionnel de conseiller consulté, respecté et écouté. Cette statue n'est pas le fruit d'un hasard heureux ; il l'a sculptée d'une manière déterminée et délibérée en jouant de tous les autres instruments de pouvoir que politique, que ce soit dans les médias, dans les affaires ou par l'écriture, pour continuer à compter sur l'impitoyable scène publique américaine où on est aussi rapidement oublié qu'on y a été adulé. (…) Ce qui est sans doute difficile à comprendre, c'est le charisme de cet homme un peu fort, il pèse cent kilos en 1977, et toujours voûté dont le masseur de Nixon a dit qu'il n'y avait pas un muscle en lui. Il charme et il amuse dans les dîners de la ville la plus mondaine au monde, New York. (…) Le magazine "Time" l'a mis quinze fois en couverture entre 1969 et 1977. (…) Il est devenu un personnage de dessin animé pour les Simpson. ».

À partir des années 1990, Kissinger s'est résolu à ne plus revenir au pouvoir, mais il avait besoin de rester dans l'actualité car cela lui permettait de conserver des revenus. Il était alors l'hôte obligé des visiteurs étrangers. Il dînait régulièrement avec Valéry Giscard d'Estaing et avec Édouard Balladur, par exemple. En 2018, il recevait le Président Emmanuel Macron, en visite d'État aux États-Unis, alors que ce dernier n'était pas encore né (ni même conçu) quand Kissinger a quitté le pouvoir ! Lui qui a été à l'origine des relations diplomatiques entre les États-Unis et la Chine en rencontrant Mao et Zhou Enlai dès le début des années 1970, il a été reçu le 24 mai 2019 par le Président chinois Xi Jinping qui l'a honoré et respecté (il faut dire que son réalisme politique ne se perturbe pas de considérations sur les droits de l'homme).

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Ce rôle diplomatique est toujours présent : « Il conserve à ses entretiens la plus stricte confidentialité à la fois parce que c'est ainsi qu'il a toujours agi mais aussi pour conserver la confiance de ses interlocuteurs. (…) Il conçoit son rôle, auprès de ces dirigeants, comme celui d'un analyste objectif et impartial de la situation. Il veut ainsi contribuer (…) à éviter qu'ils ne commettent des erreurs de calcul qui pourraient être dangereuses pour la paix du monde et contraires aux intérêts de son pays. (…) C'est aussi souvent l'occasion de pousser les intérêts des entreprises qui sont les clientes de sa société. ».

Kissinger a écrit plusieurs ouvrages qui font références dont ce que Gérard Araud considère comme un chef-d'œuvre, "Diplomatie" (1994) : « Je retrouve sa griffe sur ses écrits : une clarté et une rigueur dans le raisonnement qui n'est pas toujours la marque des auteurs d'un pays où les exigences de la rhétorique ne sont guère respectées et où la concision n'est pas une qualité, le sens des formules, le balancement des phrases, l'élégance des conclusions et peut-être, surtout, une profonde empathie pour les êtres humains. Kissinger ne juge ni ne condamne mais tente de comprendre avec humanité, indulgence et acuité ses semblables. ». Ses 2 000 pages de mémoires : « Il ne s'est pas contenté de donner sa version des faits, il les a intégrés dans une vision globale des événements. Il y a ajouté des portraits, des anecdotes, des descriptions où apparaissaient son humour, sa finesse et sa sensibilité historique. Il n'hésite pas à se critiquer dans son comportement si ce n'est dans sa politique. Il fait amende honorable à l'égard de quelques-uns de ses nombreux adversaires. ».

De son côté, et ce sera le mot de conclusion, Thierry de Montbrial, président de l'Institut français des relations internationales (IFRI), a écrit le 25 mai 2023 une tribune en guise de vœux d'anniversaire à Henry Kissinger qu'il a souvent rencontré en plus de cinquante ans : « Ce n’est pas seulement comme intellectuel d’action que vous étiez une star dans le monde entier, mais aussi en raison de votre empathie naturelle qui vous portait avec succès vers les milieux les plus divers, jusqu’à Hollywood. (…) Vous vous êtes toujours trouvé (…) devant une difficulté difficilement surmontable : la tendance naturelle de ceux qui parlent des relations internationales est de suivre la pente de l’éthique de conviction plutôt que celle de l’éthique de responsabilité (Max Weber). Vous avez toujours relativisé la tentation qu’a chacun d’essayer d’imposer ses intérêts en les masquant derrière le paravent de la morale. Certains vous ont reproché de mépriser le droit international et de peu vous intéresser à ce que, depuis les années 1980, on appelle la "gouvernance mondiale". (…) Alors que l’on célèbre votre propre centième anniversaire, vous continuez à scruter les évolutions de la planète et à inspirer celles et ceux qui cherchent à les comprendre pour mieux agir en vue d’éviter le retour aux grandes tragédies de l’histoire, comme celle qui a marqué votre enfance. Puisse l’autorité que vous confère votre carrière contribuer à éviter le pire. ». Happy Birthday Henry !


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Sylvain Rakotoarison (27 mai 2023)
http://www.rakotoarison.eu


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https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/henry-kissinger-100-ans-et-ses-248174

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