À propos de la tragique disparition de Karine Esquivillon...
« Meurtre sur conjoint et non féminicide. Notre droit est plus rigoureux et moins idéologue que nos féministes de pacotille ! » ; « Un individu abject qui n'a même pas pensé à ses enfants préférant tenter de sauver sa peau en mentant, mystifiant, fabulant. » ; « N'est pas C. Jubillar qui veut. » (trois réactions, parmi d'autres, d'internautes lecteurs de "20 Minutes", le 17 juin 2023).
Les gendarmes de la section de recherches de Nantes ont hélas découvert ce vendredi 16 juin 2023 le corps de Karine Esquivillon (54 ans), une mère de famille, dans une forêt à une quinzaine de kilomètres de son domicile en Vendée. Cette tragique découverte a mis fin au mystère de sa disparition à partir du 27 mars 2023.
En effet, signalée seulement le 3 avril 2023 par son mari Michel Pialle (51 ans), le couple vivait ensemble pour assurer l'éducation des enfants mais était séparé d'un point de vue affectif, cette disparition avait malheureusement des signes communs avec d'autres disparitions de femmes, l'une élucidée, celle d'Alexia Fouillot (39 ans) le 27 octobre 2017 (son mari Jonathan Daval a reconnu l'avoir tuée "accidentellement" et a été condamné le 21 novembre 2020 à vingt-cinq ans de réclusion criminelle par la cour d'assises de Vesoul pour meurtre sur conjoint), ou l'autre pas encore élucidée, celle de Delphine Aussaguel (33 ans) le 15 décembre 2020 (son mari Cédric Jubillar, mis en examen et écroué le 18 juin 2021, clame toujours son innocence).
Michel Pialle a toujours présenté la disparition de son épouse comme un départ volontaire, ayant pris avec elle de l'argent, etc., au point d'envoyer à lui-même depuis le téléphone mobile de Karine ce message SMS : "Marre de vivre à deux mais pas en couple, je décide de partir". Le mari a même mis le 4 juin 2023 un message sur Facebook pour elle avec des dessins de leurs enfants à l'occasion de la fête des mères : "Les enfants te souhaitent une bonne Fête des mères, ils t’aiment et tu leur manques beaucoup !" (bien que leur fille ait beaucoup douté que Karine soit partie d'elle-même sans laisser d'explication aux enfants).
De nombreux signes troublants (comme la découverte du téléphone mobile le 9 avril 2023, sans carte SIMS), tandis que Michel Pialle se montrait très coopératif avec la police, ont abouti à sa garde-à-vue et de ses aveux à l'issue des 48 heures, dans la nuit du 15 au 16 juin 2023. Il a reconnu avoir tué "accidentellement" Karine (c'est toujours "accidentel", dans ce cas) ...en nettoyant une carabine qui était chargée et munie d'un silencieux, ce qui est très étonnant pour quelqu'un qui savait bien manier les armes (selon lui, il voulait la mettre en vente). Michel Pialle a donc été écroué pour "meurtre sur conjoint". On notera le motif juridique, quand d'autres évoqueront un "féminicide".
Brocanteur et beau parleur, Michel Pialle pensait pouvoir éviter d'assumer son meurtre (dont la motivation restera à déterminer car la thèse de l'accident est peu crédible, surtout quand on tente de le dissimuler), mais les capacités d'investigations de la police judiciaire sont désormais très grandes avec les (nouvelles) technologies. Un de ses avocats a confié que la garde-à-vue a été physiquement et psychologiquement éprouvante. C'est même l'objectif de cet exercice peu agréable, arriver aux aveux, qui permettent de simplifier la tâche de la police (ne serait-ce que pour retrouver le corps).
Si cette "affaire", depuis plusieurs jours, a mobilisé toute la chaîne BFMTV dont c'est le rôle principal (faire de l'audience sur des affaires criminelles), au contraire de sa concurrente LCI plus portée sur la guerre en Ukraine, je remarque qu'elle a été peu saisie et exploitée par la classe politique. Ni par l'extrême droite dont le nom du meurtrier fleure sans doute trop le Français, ni par les féministes de la déconstruction. Et c'est tant mieux.
Cette "affaire" et d'autres du même genre (en fait, je n'aime pas du tout employer ce mot "affaire" alors que derrière ce mot, il y a des vies foutues, pas seulement celle des victimes, mais de tous ceux qui les ont aimées), à l'instar de l'affaire Grégory, ce qui explique la médiatisation, c'est que les protagonistes sont des personnes ordinaires, cela peut être nous, des proches, des amis, des voisins... et le phénomène d'identification est fort, dans ce cas-là (c'est ce qui fait que les romans ou les films sont appréciés ou pas, d'ailleurs).
Ce qui m'a troublé, c'était d'entendre le 15 juin 2023, donc avant les aveux du mari, que dans ce genre de disparition de femme, en général, le mari est le premier suspect. Et, sans beaucoup connaître les incohérences des déclarations du Michel Pialle (en les connaissant, je n'aurais pas hésité non plus à le soupçonner), je m'imaginais dans l'effroyable détresse d'un homme dont l'épouse aurait disparu, avec des sentiments zigzaguant entre l'inquiétude terrible qu'il lui ait arrivé quelque chose et la peur égocentrique, voire la colère, qu'elle ait pu me quitter volontairement. J'entendais ainsi ces experts autoproclamés des plateaux télé dire que dans ces cas-là, c'est presque toujours le mari le coupable.
Et quand j'ai entendu que, effectivement, pour la disparition de Karine, il s'agissait du meurtre par son mari, au-delà de la compassion que je peux éprouver pour ses proches, et d'abord pour ses enfants qui doivent être effondrés, tant par la mort de leur mère que, pour certains d'entre eux, par la double trahison de leur père, je me disais que décidément, ces messieurs meurtriers ne sont pas des personnages de roman, n'ont pas beaucoup d'intelligence, et donnent raison à toutes ces féministes déconstructrices. Il reste à réinventer un amour qui ne soit plus jamais meurtrier.
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (17 juin 2023)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
À propos de la tragique disparition de Karine Esquivillon...
La Méditerranée, mère de désolation et cimetière de nos valeurs ?
Émotion, compassion et soutien aux victimes du criminel d'Annecy.
La sécurité des personnes face aux dangers.
Meurtre de Lola.
7 pistes de réflexion sur la peine de mort.
Alexandra Richard, coupable ou victime ?
Jacqueline Sauvage.
Éric de Montgolfier.
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230616-meurtre-karine.html
https://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/a-propos-de-la-tragique-248871
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