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Le canalblog de Sylvain Rakotoarison
22 septembre 2015

Volkswagen : la fin d’une réputation ?

« Nous sommes devant un cas de tromperie manifeste du consommateur et de dommage à l’environnement. » (Jochen Flasbarth, Secrétaire d’État à l’Environnement, à la protection de la nature, à la construction et à la sûreté nucléaire de la République fédérale d’Allemagne, le 21 septembre 2015).



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Les publicités à la télévision m’exaspèrent souvent, notamment celles vantant du parfum ou des voitures. Celles de Volkswagen m’agacent plus particulièrement car elles se finissent toujours par ces petits mots, sur fond noir : "Das Auto". Comme si les autres marques n’étaient pas des automobiles. Et surtout, en allemand, ce qui, selon moi, contribue en France à nourrir un sentiment de germanophobie qui ne devrait pas exister. L’arrogance industrielle allemande, en somme. En 2012, le constructeur allemand avait dépensé 245 millions d’euros en publicité (le budget le plus élevé de l’industrie automobile allemande).

Quand on voudrait acheter une grosse voiture, on achèterait allemand, cela devrait être automatique, selon ce genre de message publicitaire. Et visiblement, en France, l’idée est bien ancrée. Il suffit de rouler sur les autoroutes de France pour voir le nombre de grosses cylindrées de marque allemande immatriculées en France.

Le début de la fin ? Le 21 septembre 2015 a été un lundi noir pour la marque allemande. L’action Volkswagen a chuté à 133,70 euros, c’est-à-dire qu’elle a perdu 17,14% de sa valeur à la clôture de la Bourse de Francfort. Cela correspond à une perte sèche de près de 14 milliards d’euros de capitalisation boursière ! En trois mois, le titre a chuté de 34%.

Le groupe VW a vendu en 2013 pour un CA de 197 milliards d’euros, avec un résultat opérationnel de 9,8 milliards d’euros. Il emploie 570 000 salariés dont 23 000 nouveaux emplois en 2013. Dans ses 106 sites de production au monde, il a produit 9,728 millions de véhicules en 2013, dont 2,458 millions fabriquées en Allemagne. 100 nouveaux modèles sur ses douze marques ont été lancés ces deux dernières années et 11 milliards d’euros ont été investis en recherche et développement et dans les usines.

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La cause de ce krach automobile ? Les accusations de fraude aux États-Unis contre le constructeur allemand. Selon ces accusations, Volkswagen aurait délibérément escroqué les tests anti-pollution de 500 000 véhicules diesel exportés aux États-Unis (y compris de la marque Audi). Le constructeur a d’ailleurs reconnu qu’il avait manipulé les données sur les émissions polluantes pour contourner la législation américaine, au moyen d’un logiciel très subtil. Le porte-parole du constructeur a expliqué : « Nous avons reconnu les faits devant les autorités. Les accusations sont justifiées. Nous collaborons activement. ». Le verbe "collaborons" est peut-être maladroit…

En fait, 11 millions de véhicules du groupe Volkswagen dans le monde seraient équipés d'un logiciel de trucage sur les contrôles antipollution. Sur le marché américain, cela concernerait les modèles Golf, Audi A3, Passat et Beetle vendus depuis 2008, soit 500 000 véhicules.

On imagine sans peine que la justice américaine sera intraitable en s’occupant de cette affaire, et que Volkswagen devra à terme payer une très lourde amende (de plusieurs milliards de dollars).

L’objectif du groupe Volkswagen était de devenir en 2018 le premier constructeur automobile au monde, avec une marge de 8%. Les États-Unis restaient encore le point faible de son marché. Son objectif était d’y vendre 1 million de véhicules pour 2018 et en finir avec un marché de niches (avec Audi et Porsche).

En Allemagne, cette arnaque à grande échelle est unanimement condamnée au point que certains réclament déjà la démission du PDG de Volkswagen, Martin Winterkorn (68 ans), patron depuis le 1er janvier 2007 et docteur en métallurgie et physique des métaux de l’Institut Max-Planck (en 1977). On comprend que cette divulgation a de quoi choquer les Allemands qui voyaient dans Volkswagen l’un des fleurons de la réussite économique de l’Allemagne.

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Ce scandale va profondément entamer la confiance que les consommateurs pourraient avoir de la marque Volkswagen qui était jusque là la fierté de l’Allemagne à l’industrie victorieuse. Une réputation basée sur la qualité et aussi (il ne faut pas rire) sur ses préoccupations environnementales.

Le président du groupe parlementaire CSU au Bundestag, Max Straubinger, a déjà compris les risques économiques d’une telle affaire : « C’est un dommage énorme pour l’industrie allemande. La perte de prestige est une catastrophe pour l’entreprise comme pour l’ensemble de l’industrie automobile. » tandis que le numéro deux du gouvernement, Sigmar Gabriel (SPD), Vice-Chancelier et Ministre de l’Économie, en est resté stupéfait : « Il s’agit d’un incident très grave. Chacun peut comprendre que nous nous faisons beaucoup de soucis pour la réputation de toute l’industrie automobile allemande, considérée avec raison comme excellente. ».

Le "avec raison" n’est peut-être plus justifié, justement. La justice allemande est d’ailleurs en train de réfléchir pour savoir si une instruction judiciaire pourrait également s’ouvrir en Allemagne, car la fraude pourrait avoir pour origine l’usine de Wolfsburg, au siège de Volkswagen.

Certains en Allemagne et aux États-Unis soupçonnent d’autres constructeurs automobiles d’une même escroquerie aux contrôles des émissions de gaz polluants par le même type de logiciel trompeur.

En quelques sortes, Volkswagen aurait même intérêt à ce qu’il ne fût pas seul dans la fraude et que ce scandale rejaillisse sur toute l’industrie automobile mondiale.

Pour l’heure, et sous réserve que les concurrents ne soient pas eux-mêmes impliqués dans la même escroquerie, Volkswagen a de quoi s’inquiéter pour son avenir économique. Le point fort de sa politique commerciale risque bien de devenir un handicap lourd. Celui d’une qualité bidonnée et trompeuse. Peut-être est-ce le moment pour Peugeot d’en profiter pour se repositionner sur le marché et devenir un constructeur de véhicules à haute valeur ajoutée reconnu et réputé ? Autrement que la "French touch" de Renault…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (22 septembre 2015)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Angela Merkel.
Germanophobie ?
La sécurité routière.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20150921-volkswagen.html

http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/volkswagen-la-fin-d-une-reputation-172144

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2015/09/22/32665266.html

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