Anne Hidalgo, reine des bobos parisiens
« Le repos, l’opulence, tous les avantages pour les riches ; pour les pauvres, la fatigue, la misère, et une fosse au bout. » (Félicité de Lamennais, "Le Livre du peuple", 1838).
La présidente du conseil régional d’Île-de-France Valérie Pécresse a annoncé le 27 juin 2016 que Pass Navigo, qui permet à un Francilien de prendre les transports en commun de toute l’Île-de-France quelle que soit la zone d’éloignement, passerait de 70,00 à 73,00 euros à partir du 1er août 2016.
Cette décision, qui limite les dégâts car il était parfois question d’une augmentation de 15 euros et pas de seulement 3 euros (ce qui a rassuré la plupart des associations de défense des usagers), était nécessaire puisque le principe du Pass Navigo universel avait été pris par le prédécesseur socialiste Jean-Paul Huchon dans un but purement électoraliste sans aucun moyen de financement (il manquait plusieurs centaines de millions d’euros).
Valérie Pécresse avait considéré que le tarif unique devait être préservé pour soutenir les foyers modestes habitant généralement dans des banlieues éloignées de Paris mais elle avait besoin de pouvoir le financer.
Dans "Le Parisien" du 2 juillet 2016, le Premier Ministre Manuel Valls a d’ailleurs annoncé qu’il a signé avec Valérie Pécresse un plan État-région pour moderniser les lignes de RER, étendre les lignes de métro et de tramway, créer de nouvelle ligne pour le Grand Paris, en lâchant perfidement : « J’aurais pu parler de "taxe Pécresse", mais je ne le ferai pas car ce dossier du transport francilien impose un sens des responsabilités. » (néanmoins, il l’a dit quand même !).
Apparemment, la maire de Paris, Anne Hidalgo, ne doit pas avoir le même sens des responsabilités que son camarade Premier Ministre. Pire, je trouve qu’elle ne manque pas de toupet. Concernant cette hausse du Pass Navigo, Anne Hidalgo a en effet considéré dans "Le Journal du dimanche" du 3 juillet 2016 que cette augmentation était « difficilement acceptable » et qu’elle « va directement impacter les foyers les plus modestes ». On croit rêver en lisant cela !
Ancienne inspectrice du travail (à la retraite depuis cinq ans), élue première femme maire de Paris le 5 avril 2014 à l’âge de 55 ans, Anne Hidalgo, proche à la fois de François Hollande et de Martine Aubry, avait particulièrement choqué lorsqu’elle avait reçu la reine d’Angleterre Élisabeth II le 7 juin 2014 à Paris : alors qu’il pleuvait des cordes, Anne Hidalgo trouvait tout à fait normal d’avoir un huissier payé spécialement pour lui porter un parapluie …tandis que la reine Élisabeth, modeste malgré ses prestigieuses fonctions, portait simplement le sien. La monarchie n’est pas forcément le pays qu’on croit. L’ancienne première adjointe de Bertrand Delanoë avait d’ailleurs raison quand elle disait le 15 avril 2016 : « Sauf miracle, il y aura une alternance ! » en parlant de 2017.
Représentant jusqu’à la caricature une partie de la population parisienne, de moins en moins populaire et de plus en plus aisée, souvent appelée bourgeoise-bohème pour ses idées supposées progressistes mais au portefeuille bien rempli, Anne Hidalgo ferait bien, avant de critiquer Valérie Pécresse, de balayer devant sa porte.
Car sa décision d’interdire dans les rues de Paris, à partir de ce vendredi 1er juillet 2016, tous les véhicules automobiles mis en circulation avant le 1er janvier 1997 touche évidemment les personnes les moins aisées qui ne peuvent pas se payer de voiture neuve. Des familles modestes, mais aussi des personnes âgées qui ne roulent pas souvent, qui ont un véhicule ancien, souvent soigneusement entretenu, mais peu polluant (car ils roulent peu), vont être les premières victimes d’une décision qui n’a aucun sens d’un point de vue écologique.
En cas d’infraction, cela coûtera une amende de 68 euros. 6% des véhicules de la région parisienne sont touchés par cette mesure : 300 000 familles, souvent parmi les plus modestes, vont terriblement être "impactées" (selon la terminologie technocratique d’Anne Hidalgo) par cette mesure qui privilégie avant tout les fortunés au lieu des non polluants.
Parmi les conséquences très négatives de cette interdiction, le prix de revente de ces véhicules va s’effondrer de 30% selon une étude, engageant une perte de 1 000 euros en moyenne par véhicule, au point que l’association 40 millions d’automobilistes est prête à déposer une plainte contre la ville de Paris.
Dans les faits, les études montrent que le chauffage individuel (en particulier les cheminées) pollue beaucoup plus que les automobiles dans la ville de Paris et la Ministre de l’Écologie Ségolène Royal avait même annulé le 9 décembre 2014 l’interdiction des feux de cheminée à Paris : cette "gauche caviar" des beaux quartiers veut bien lutter contre la pollution à condition de garder leur mode de vie luxueux.
D’ailleurs, non seulement un 4x4 neuf pourra toujours traverser Paris, mais les voitures de collection de plus de trente ans auront, elles aussi, toujours le droit de rouler dans Paris (elles ne sont que quelques centaines), et on imagine que ce n’est pas un RMIste qui pourrait se payer le luxe d’avoir des voitures de collection à sortir d’un garage juste deux ou trois jours dans l’année.
S'il faut interdire des véhicules pour protéger l'environnement, cela doit se faire sur la base de la pollution réelle du véhicule, pas à partir de sa date de mise en circulation qui ne signifie rien sur ses capacités de nuisances atmosphériques, et les contrôles techniques sont déjà contraignants pour contenir une potentielle pollution due à l'ancienneté du véhicule.
Trois euros par mois, c’est la moitié ou un tiers d’une place de cinéma, pour permettre la pérennisation de l’égalité de tous les Franciliens dans l’usage des transports en commun, c’est faible. Alors qu’interdire aux plus modestes de rouler dans Paris, souvent nécessaire quand ils se rendent de banlieue en banlieue, cela aura un coût, pas seulement financier mais surtout social. Les constructeurs automobiles et les taxis, eux, en revanche, se frottent les mains…
« Dieu a dit : il faut partager. Les riches auront la nourriture, les pauvres de l’appétit. »
(Coluche).
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (04 juillet 2016)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Anne Hidalgo.
Valérie Pécresse.
François Hollande.
Le COP21.
Sécurité routière.
Comment réduire encore le nombre de morts sur les routes ?
La neige sur les routes franciliennes.
Circulation alternée.
L’écotaxe en question.
Ecomouv, le marché de l’écotaxe.
Du renseignement à la surveillance.
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20160704-anne-hidalgo.html
http://www.agoravox.fr/actualites/environnement/article/anne-hidalgo-reine-des-bobos-182560
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