Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le canalblog de Sylvain Rakotoarison
24 mai 2019

Européennes 2019 (4) : les enjeux du scrutin du 26 mai 2019

« Je ne peux (…) pas être un spectateur, mais un acteur de cette élection européenne qui est la plus importante depuis 1979 parce que l’Union est face à un risque existentiel. Si, en tant que chef de l’État, je laisse se disloquer l’Europe qui a construit la paix, qui a apporté de la prospérité, j’aurai une responsabilité devant l’Histoire. Le Président français n’est pas un chef de parti, mais il est normal qu’il s’implique dans des choix fondamentaux. (…) Est ennemi de l’Europe celui qui ne croit pas en son avenir. Les nationalistes, qui veulent la diviser, sont ses premiers ennemis. Je suis un patriote français, donc européen. Et je vois pour la première fois une connivence entre les nationalistes et des intérêts étrangers, dont l’objectif est le démantèlement de l’Europe. (…) On ne peut être que troublé. » (Emmanuel Macron, le 20 mai 2019).



_yartiEuropeennes2019D01

Les Britanniques (malgré la procédure du Brexit en cours) et les Néerlandais ont voté le jeudi 23 mai 2019 et les autres peuples européens votent ce dimanche 26 mai 2019. Essayons de définir quelques enjeux de ce scrutin, enjeux à la fois européens et nationaux. Sur les enjeux nationaux, je resterai seulement en France, car les problématiques des autres pays peuvent être très différentes (au Royaume-Uni, c’est l’enlisement d’un Brexit sans arrêt rejeté par les députés britanniques qui va motiver les électeurs, en Espagne, il y a aussi des élections municipales importantes, en Belgique, des élections législatives et régionales, aussi des régionales en Allemagne et Italie, un référendum en Roumanie, etc.).


Enjeux européens

La première conséquence des élections européennes, et par ailleurs, leur seul objectif, c’est d’envoyer des députés européens au Parlement Européen. Par conséquent, il est important de comprendre comment le Parlement Européen fonctionne et comment les groupes politiques se sont organisés. Emmanuel Macron sera étranger au fonctionnement de cette institution, tout comme Marine Le Pen.

L’enjeu, c’est de comprendre qui a le pouvoir dans cette matrice à deux dimensions, la dimension de la tendance politique et la dimension des nationalités, en sachant que certaines nations sont plus influentes que d’autres en raison de leur démographie et donc du nombre de sièges dont elles disposent.

Depuis plusieurs décennies, les deux principaux groupes politiques s’entendent dans le cadre de compromis, pour tout décider : les démocrates-chrétiens du PPE (centre droit) et les sociaux-démocrates du groupe S&D incluant les socialistes et les travaillistes (gauche). Pour le coup, la traduction européenne de la critique d’une "UMPS" est valable. Ainsi, ces deux groupes se répartissent l’ensemble des postes importants dont la Présidence du Parlement Européen qu’ils font alterner.

Le PPE est principalement dominé par les députés européens allemands en raison du nombre (score de la CDU/CSU en Allemagne et nombre de sièges pour l’Allemagne). Selon les projections, le PPE resterait probablement le principal groupe politique, même s’il serait moins important qu’en 2014. Jean-Claude Juncker, Président sortant de la Commission Européenne, est issu du PPE. Mais le parti du Premier Ministre hongrois Viktor Orban aussi, ce qui peut créer quelques problèmes et frictions (lors d’élections nationales, le parti de Viktor Orban avait fustigé Jean-Claude Juncker sur ses affiches, ce qui avait fait réagir le concerné). Viktor Orban, dont le maintien au sein du PPE est soutenu par Nicolas Sarkozy, est juste mis à l’écart du PPE avant les élections européennes, sans en être exclu, et sa force électorale devrait le faire réintégrer discrètement après les élections. Cette stratégie, certes très opportuniste, a cependant un but essentiel : ne pas jeter Viktor Orban dans les bras des Matteo Salvini et Marine Le Pen, alors qu’ils sont idéologiquement très différents. La gauche française a trop tendance à mettre toutes les droites dures avec l’extrême droite, c’est à mon sens une erreur stratégique majeure.

Les S&D sont en perte de vitesse. En Allemagne, l’effondrement du SPD au profit des écologistes, la quasi-disparition des socialistes français, entre autres, font que ce groupe va perdre beaucoup de sièges. Cependant, là aussi, il a des chances de rester le deuxième groupe du Parlement Européen en raison d’un renouveau socialiste en Espagne avec la victoire législative très récente du Premier Ministre espagnol Pedro Sanchez et surtout, du maintien des Britanniques dans le nouveau Parlement Européen, ce qui fera un apport non négligeable des députés travaillistes.

La troisième place sera probablement disputée entre les écologistes (en Allemagne, ils vont probablement arriver au pouvoir, mais en France, ils sont en panne sèche), et le groupe centriste ALDE (les démocrates libéraux). Le parti du Président français Emmanuel Macron, LREM, a refusé d’adhérer au parti ALDE mais tous les élus de la liste Renaissance devraient s’inscrire au groupe ALDE, ce qui renforcerait l’influence de la France dans ce groupe.

Ensuite, les autres groupes vont se répartir à gauche des sociaux-démocrates et à droite des démocrates-chrétiens. Probablement que les élus de FI vont rejoindre ceux de Die Linke qui a encore une bonne base électorale en Allemagne.

Tous les regards se portent sur les partis populistes et nationalistes et évidemment, ceux-ci, antieuropéens, vont gagner beaucoup de sièges à ce scrutin. Rien qu’au Royaume-Uni, les candidats de l’UKIP ont une forte probabilité de faire leur entrée à Strasbourg avec un grand bataillon (les sondages vont de 30 à 40% des voix, au détriment essentiellement des conservateurs qui n’ont pas su éviter ces élections et rendre concret le Brexit). En France, il n’est pas sûr qu’il y aurait plus de députés du FN/RN qu’en mai 2014 (ce sera l’un des critères de succès ou d’échec du RN). En Italie, il est probable que la Lega de Matteo Salvini gagnerait beaucoup de sièges et serait le premier parti d’Italie.

Le problème des antieuropéens, c’est qu’ils sont souvent très divisés d’un point de vue idéologique. Ils sont aussi dans l’incohérence : pourquoi vouloir se faire élire au Parlement Européen alors qu’ils sont contre l’Europe ? Juste pour faire de l’obstruction, juste pour détruire, sans aucun projet, sans aucune proposition constructive ?

Mais imaginons qu’ils soient unis et qu’ils imposent leur propre rythme : il serait alors paradoxal de les voir "jouer à l’Europe" à l’échelle de leurs partis. Fédérer les populisme, faire un fédéralisme de l’antieuropéanisme ! Marine Le Pen est à ce titre "très européenne" puisqu’elle fait campagne dans d’autres pays européens que le sien. Encore un petit effort, et elle sera une fédéraliste encore plus enthousiaste que les socialistes !

Allons même plus loin : imaginons que l’ensemble des antieuropéens soit majoritaire au Parlement Européen. Paradoxalement, ils vont tout faire pour prendre le pouvoir dans les institutions européennes. Juste pour faire obstruction à la Commission Européenne et au Conseil Européen. Quelque part, ils ne s’en rendront peut-être pas compte, mais ils agiront très efficacement pour renforcer le poids politique du Parlement Européen et donc, renforcer la démocratisation et la parlementarisation de l’Union Européenne. La démocratie et les institutions, il y a les textes, il y a l’esprit, et surtout, il y a la pratique. L’arrivée massive d’antieuropéens pourrait ainsi, très paradoxalement, renforcer l’Union Européenne dans ses institutions (ce qui ne plairait peut-être pas à leurs électeurs respectifs).

Mais revenons à la gouvernance de l’Europe. L’enjeu d’Emmanuel Macron, c’est de mettre l’ALDE dans le jeu d’alliance avec le PPE et les S&D. Cela serait certainement réalité car le PPE et les S&D n’auraient probablement pas, à eux deux, la majorité absolue des sièges. Les écologistes pourraient aussi se joindre à cette nouvelle entente.

En France, si les électeurs français veulent vraiment que la France ait une influence dans le nouveau Parlement Européen, et compte tenu des rapports de force des différents partis en France, seuls le vote pour la liste Renaissance (donc ALDE) et le vote pour la liste LR menée par François-Xavier Bellamy (donc PPE) auront un impact français sur le cours des événements européens. Ce seraient donc les deux seuls votes très utiles.

Si l’on garde le concept du "vote utile", non pas pour ses conséquences sur la gouvernance européenne, mais plus généralement, sur le paysage parlementaire européen, le vote utile serait le vote dont la voix serait traduite par un gain effectif de sièges. Qu’est-ce que cela signifie concrètement ? Que voter pour une liste qui obtient moins de 5% des voix est comme voter pour rien, puisque la voix ne se traduira pas par un gain de siège. Seules compteront, dans la répartition des sièges, les listes qui ont obtenu plus de 5% des suffrages exprimés.

Évidemment, les électeurs ne peuvent pas savoir, à l’avance, avant le scrutin, quelles seront les listes qui ne dépasseront pas ce seuil des 5% et les sondages peuvent être trompeurs. L’histoire électorale a montré qu’à chaque scrutin européen, il y a eu, du moins en France, une "surprise", sinon plusieurs.

Enfin, je termine sur un enjeu européen idéologique : beaucoup critiquent "l’Europe ultralibérale" et veulent une "Europe plus sociale". On les entend d’ailleurs autant à gauche qu’à l’ultradroite. Dans sa chronique du 4 avril 2019 pour "Libération", Laurent Joffrin, dont on ne peut pas reprocher un libéralisme forcené, a répondu à ce genre d’argument. Il a repris une étude du World Inequality Lab regroupant de nombreux économistes qui ont publié récemment quelques statistiques sur les inégalités sociales dans le monde.

Il est vrai que la mondialisation peut paraître déroutante et enlever beaucoup de repères, mais les statistiques aussi sont là pour faire revenir à la réalité et ne pas rester sur des impressions. Ainsi, depuis 1980, le revenu des 50% des Européens les plus pauvres a augmenté de 37%, tandis qu’aux États-Unis, il n’a augmenté que de 3%. La comparaison est intéressante et fait dire à Laurent Joffrin : « Face à la mondialisation irrésistible, avec son lot d’injustice et de disparités sociales, c’est l’Europe qui résiste le mieux. (…) Même si les taux d’imposition des plus riches ont baissé, même si les mécanismes de protection sociale se sont parfois érodés, la situation européenne tranche sur celle qui prévaut aux États-Unis. Les garde-fous de l’État-providence sont toujours là. L’héritage commun de la social-démocratie européenne et de la démocratie chrétienne, les deux architectes du système social d’après-guerre, a justement évité l’instauration d’une société "ultralibérale". (…) L’Europe n’est pas seulement un projet, un espoir, un cadre de liberté. Elle est un acquis et, en comparaison du reste de la planète, un modèle. ».


Enjeux français

Les élections européennes, en France comme dans les autres pays, ont évidemment un enjeu national d’autant plus grand que la campagne n’a tourné, sauf la dernière semaine, qu’autour de sujets nationaux. C’est encore plus normal en France dans la mesure où c’est le premier scrutin direct à l’échelle nationale après les élections du printemps 2017. Il faudra d’ailleurs comprendre que les élections européennes ponctueront toujours les quinquennats de cette manière, puisque le mandat du Président de la République française, des députés nationaux français et des députés européens sont (pour l’instant) de même durée.

En 2019, la petite différence, c’est qu’il n’y a eu aucune élection, pas même locale, entre septembre 2017 et mai 2019 (à part des élections et référendum en Nouvelle-Calédonie et en Corse), une si longue période sans élection est relativement rare en France (à ma connaissance, il me semble qu’il faut remonter à la période entre septembre 1989 et mars 1992 pour en trouver une plus longue).

_yartiEuropeennes2019D02

L’idée de transformer le scrutin européen en un second tour présidentiel n’a pas beaucoup d’intérêt. Il ne s’agit pas d’élire une personne mais plusieurs. Ainsi, si les scores électoraux sont proches, il y aura ex æquo en nombre de sièges gagnés, alors que dans le cas d’un second tour présidentiel, il suffit d’une voix supplémentaire pour que l’un gagne et que l’autre perde.

On comprend l’intérêt de Marine Le Pen à polariser autant les élections européennes, puisque, selon elle, le seul moyen de dire non à Emmanuel Macron, ce serait, en se basant seulement sur les sondages, de voter pour la liste RN. Emmanuel Macron, lui, pourrait penser qu’il y trouverait un intérêt, considérant que les personnes opposées à lui ne seraient pas toutes prêtes à voter pour le RN. L’erreur, à mon sens, c’est d’oublier que pour les Français, et les Européens en général, ces élections européennes, n’ont aucun enjeu (car il est quand même très difficile de comprendre le jeu institutionnel européen très complexe). Et donc, le sage s’abstient (d’où le pronostic d’une forte abstention), et le colérique se débride en votant pour les extrêmes. Sans conséquence dans son esprit, puisque le gouvernement ne serait pas impacté.

Cela explique aussi les récentes déclarations dans la majorité (Emmanuel Macron, Édouard Philippe) qui insistent sur le fait que quoi qu’il en soit du scrutin européen, le gouvernement continuera à travailler selon le calendrier annoncé. Tandis que Marine Le Pen proclame partout que plus la liste Renaissance aura de voix, plus Emmanuel Macron considérera qu’il pourra tout faire. Ce qui est un peu stupide puisqu’il a déjà annoncé ce qu’il compte faire dans les prochaines années lors de sa conférence de presse du 25 avril 2019. Il n’y a donc pas de mystère.

Passons en revue quelques listes et tendances politiques (je n’évoquerai pas la totalité des 34 listes et je mets au défi n’importe quel journaliste voire électeur de citer l’ensemble des listes candidates, leur tête de liste et leur tendance politique générale).

Prenons la liste Renaissance du chef de l’État. Emmanuel Macron s’est déclaré "patriote européen" le 20 mai 2019. Il est le premier Président français depuis plus de vingt ans à se proclamer partisan enthousiaste de la construction européenne. Or, dans les scrutins européens en France, il y a toujours eu une prime à celui des candidats qui proclame le mieux sa foi en l’Europe. En juin 2009, Daniel Cohn-Bendit avait même frôlé le Parti socialiste (très largement dépassé en Île-de-France) parce qu’il avait proclamé très efficacement ses convictions européennes, tandis que François Bayrou, pourtant Européen convaincu, avait préféré faire campagne contre Nicolas Sarkozy. Nathalie Loiseau, dont on a reproché (à juste titre) l’amateurisme comme tête de liste, se débrouille de mieux en mieux. Elle a pour elle sa connaissance parfaite des dossiers européens, un esprit clair et une vision également claire.

La liste RN fait plutôt une bonne campagne et sa tête de liste, Jordan Bardella, est sans doute l’une des révélations du scrutin (pas la plus grande). Comme pour LREM, le RN jouit d’un noyau dur irréductible qui lui permet de conquérir d’autres électorats. Mais il faut rappeler, comme l’a fait Emmanuel Macron, que le RN avait envoyé un tiers des députés européens français à Strasbourg, pour un bilan nul. Quelle sera l’utilité d’un vote RN en 2019, utilité au sens d’influence de la France dans les institutions européennes ? Probablement quasiment nulle, d’autant plus que le RN s’est allié avec Matteo Salvini dont le charisme et le leadership sont incontestables (et incontesté, même par Marine Le Pen), et aussi avec le FPÖ autrichien qui, depuis le 19 mai 2019, a sombré dans un scandale politique majeur, conduisant tous les ministres FPÖ à la démission. La coalition du jeune Chancelier autrichien Sebastian Kurz finit dans une sorte d’imposture généralisée (alors que l'Autriche était le modèle politique de Matteo Salvini) et des élections législatives anticipées sont prévues en septembre 2019 (je laisse les plus perspicaces se documenter sur la raison du scandale du FPÖ et sur les ingérences étrangères visant à détruire l’Europe).

La liste Les Républicains menée par François-Xavier Bellamy se placerait en troisième position. Elle a pour atout d’être associée au plus grand parti européen (PPE). Cependant, le niveau des intentions de vote dans les sondages reste très faible par rapport au score présidentiel de François Fillon pourtant touché par les scandales. L’enjeu est double. Il porte sur le leadership de Laurent Wauquiez et sa capacité à franchir l’obstacle des européennes au sein de son propre parti, en interne (sa chance, c’est la fuite de tous les autres leaders qui pourraient lui faire de l’ombre). Il porte aussi sur la capacité de LR à donner une nouvelle perspective pour conquérir le pouvoir. Car si LREM n’était plus au pouvoir, en 2022 par exemple, ce serait à l’avantage de quel parti ? Aujourd’hui, avec à peu près une centaine de députés (parfois très jeunes), LR serait théoriquement le mieux placé pour faire l’alternance. À la condition que les électeurs le suivent dans cette idée.

Si l’on est centriste et européen, pour qui voter ? Il est étonnant de savoir que les centristes, éclatés depuis 2002, le restent encore très durablement malgré la présence d’un Président centriste à l’Élysée. Ainsi, les centristes se sont dispersés dans trois listes aux élections européennes de 2019 : sur la liste LR de François-Xavier Bellamy qui est soutenue par "Les Centristes", l’ancien Nouveau Centre de l’ancien ministre Hervé Morin, sur la liste Renaissance de Nathalie Loiseau (LREM, MoDem, Mouvement radical, Agir), et sur la liste UDI de Jean-Christophe Lagarde qui a fait le choix, électoralement incertain, d’aller seul dans la bataille.

Et quand on est de gauche et pour l’Europe, vers où aller ? Les sympathisants du Parti socialiste doivent être aujourd’hui effondrés par l’idée que le seul socialiste qui est tête de liste a quitté le PS juste après le désastre présidentiel qu’il a lui-même provoqué, à savoir Benoît Hamon. La liste officiellement soutenue par le PS est menée par un jeune philosophe un peu naïf qui a soutenu la guerre en Irak en 2003 et qui se dit chaque jour : que suis-je allé faire dans cette galère ? Qu’il se rassure, le désastre électoral ne sera pas de son fait mais le résultat de l’incapacité des socialistes à proposer un projet d’avenir aux Français et aux Européens. Le plus risible est sans doute la venue de tous ces éléphants, François Hollande, Lionel Jospin, Martine Aubry (il ne manquerait plus que Dominique Strauss-Kahn), à l’enterrement de ce parti devenu cimetière. Ce scrutin va probablement marquer non seulement la disparition des communistes français (liste PCF menée par Ian Brossat), mais aussi celle des socialistes français, ce qui serait historique. Ségolène Royal semble encore hésiter à soutenir Emmanuel Macron, tandis que Delphine Batho, son ancienne suppléante devenue présidente de Génération Écologie, est présente sur une pseudo-liste écologiste menée par Dominique Bourg, aux côtés d’Antoine Waechter. Les plus lucides des électeurs socialistes opteront surtout entre la liste Renaissance et la liste FI menée par Manon Aubry, selon leurs convictions profondes.

Et les écologistes dans tout cela ? Ils pourraient choisir pour la liste officielle soutenue par EELV (Europe Écologie) menée par le très fadement agité Yannick Jadot, mais la liste Renaissance se revendique écologiste, elle-même soutenue par Daniel Cohn-Bendit et son numéro deux est Pascal Canfin, un ancien ministre écologiste, d’autant plus que le Président Emmanuel Macron a réuni pour la première fois ce jeudi 23 mai 2019 son Conseil de défense écologique, une instance qu’il veut décisionnelle. D’autres listes se revendiquent de l’écologie, comme celle déjà évoquée de Dominique Bourg ou encore celle de Manon Aubry. Mais même la liste RN a placé en position éligible un partisan de la consommation locale.

Si l’on ne considère que les enjeux de type "course de petits chevaux", on regardera donc avec attention si la liste RN devance la liste Renaissance, comme les sondages le disent, ou pas, si la liste LR atteint au moins 15% qui est le seuil minimal pour prétendre être une force d’alternance capable de prendre le pouvoir sans alliance avec le RN, si la liste FI devance ou pas la liste EELV, et si celles-ci ont franchi le seuil des 10% ou pas. Enfin, si la liste PS est capable d’avoir des sièges en atteignant le seul de 5%.

Quant aux "petites listes", certaines espèrent encore créer la surprise en dépassant les 5% et en ayant des élus, c’est le cas de la liste UDI de Jean-Christophe Lagarde, de la liste DLF de Nicolas Dupont-Aignan, de la liste LP de Florian Philippot ou encore de la liste PCF de Ian Brossat. Aucune de ces têtes de liste n’a démérité, mais elles sont victimes à la fois de la cour des grands (les listes qui, dans les sondages, pourraient avoir des élus), et de la cour des micro-petits (la vingtaine de listes dont on n’est même pas capable de citer une seule caractéristique pour les distinguer et que les médias doivent quand même prendre en considération au nom du principe d’équité).


Paysage électoral éclaté

Dans tous les cas, le scrutin du 26 mai 2019 montrera un paysage électoral complètement éclaté. La décomposition des partis politiques traditionnels de 2017 se poursuivra en 2019. Emmanuel Macron a tout à y gagner et son clivage progressistes vs nationalistes deviendra bientôt une réalité politique française durable qui amènera toutes les autres forces politiques à devoir répondre à cette indécente injonction : choisis ton camp ! En votant pour la liste RN, les électeurs mécontents d’Emmanuel Macron, paradoxalement, renforceront l’assise politique de celui qu’ils voulaient sanctionner. Ce n’est pas le moindre des paradoxes de ces élections européennes…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (23 mai 2019)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Européennes 2019 (5) : les leçons du scrutin européen du 26 mai 2019.
Les résultats des élections européennes du 26 mai 2019 en France.
Ce que propose l’UDI pour les élections européennes de 2019.
François-Xavier Bellamy.
Nathalie Loiseau.
Marine Le Pen.
Européennes 2019 (4) : les enjeux du scrutin du 26 mai 2019.
Européennes 2019 (3) : l’Union Européenne est-elle démocratique ?
À quoi pense Nathalie Loiseau ?
La Vaine Le Pen.
Européennes 2019 (2) : enfin, la campagne commence !
Programme de la liste Renaissance (LREM) pour les élections européennes de 2019 (à télécharger).
Programme de la liste Les Républicains pour les élections européennes de 2019 (à télécharger).
Programme de la liste UDI pour les élections européennes de 2019.
Michel Barnier, pas très loin de la Présidence de la Commission Européenne.
Le testament européen de Jean-Claude Juncker.
Européennes 2019 (1) : la France des Douze ?
Le retour aux listes nationales aux élections européennes (2 décembre 2017).
Jean Monnet.
Emmanuel Macron à la conquête des peuples européens.
Le programme du CNR.
Discours de Robert Schuman le 9 mai 1950 au Salon de l’Horloge à Paris (texte intégral).

_yartiEuropeennes2019D03



http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20190523-europeennes-d.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/europeennes-2019-4-les-enjeux-du-215336

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2019/05/16/37340593.html



Publicité
Publicité
Commentaires
Newsletter
Publicité
Archives
Le canalblog de Sylvain Rakotoarison
Merci de m'avoir lu.

L'intégralité de mes articles (depuis février 2007) se trouve sur le site http://www.rakotoarison.eu
Canalblog n'héberge que mes articles depuis mars 2015.
© Copyright 2007-2019 : Copie strictement interdite sans autorisation écrite préalable.

Publicité