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Le canalblog de Sylvain Rakotoarison
19 avril 2018

Cuba sans les Castro

« Nous sommes face à une succession sans transition. Cette succession autoritaire, où les Cubains n’ont pas eu leur mot à dire, ne s’accompagne pas d’une transition vers la démocratie. » (Rafael Rojas, historien cubain enseignant à l’Université de Yale, cité par "Le Monde" le 17 avril 2018).



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La fin de la dynastie Castro, c’est maintenant. Jusqu’à maintenant, Cuba était une monarchie communiste. Pas une monarchie classique de type nord-coréen (on se succède de père en fils), mais de type pétrolier, comme la monarchie saoudienne : on se succède de frère en frère. Inévitablement, la nature allait faire son œuvre.

C’est ce jeudi 19 avril 2018 que Raul Castro (87 ans dans un mois et demi), chef de l’État cubain officiellement depuis le 24 février 2008, réellement depuis le 31 juillet 2006, chef du parti communiste cubain depuis le 19 avril 2011, devrait quitter le pouvoir. Il avait succédé à son frère Fidel Castro (1926-2016) au pouvoir depuis le 16 février 1959, soit plus de cinquante-neuf ans !

La session constituante de l’Assemblée du peuple s’est ouverte ce mercredi 18 avril 2018 pour procéder à la succession de Raul Castro. Un seul candidat s’est déclaré, prévu depuis plus de cinq ans, Miguel Diaz-Canel (58 ans dans un jour). Un seul, comme d’habitude dans une dictature communiste. On élit "démocratiquement" sur la base d’un seul candidat. C’est plus pratique pour éviter que les électeurs se trompent.

Beau cadeau d’anniversaire ! Si Miguel Diaz-Canel n’est plus tout jeune (né le 20 avril 1960 à Santa Clara, il n’est plus très loin des 60 ans), il est quand même extrêmement jeune par rapport aux potentats brotonsauriens de la révolution. Mieux : il est né après la révolution cubaine. C’est aussi pour cette raison que certains sont tentés de le comparer à Mikhaïl Gorbatchev, le premier Secrétaire Général du Parti communiste de l’Union Soviétique a être né après la Révolution russe. Mais la comparaison devrait s’arrêter là, car Miguel Diaz-Canel, considéré comme un bon technocrate, ne semble pas du tout prêt à réformer la vie politique cubaine, en clair, à la DÉMOCRATISER. Ce qu’avait fait Gorbatchev en URSS.

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Miguel Diaz-Canel n’est pas un militaire, c’est un civil après avoir servi comme officier des forces armées révolutionnaires. Il a obtenu un diplôme d’ingénieur et a enseigné l’électronique dans une université provinciale. C’est son parcours d’apparatchik du parti communiste cubain qui lui a permis de gravir une à une, progressivement, les marches du pouvoir. Dès 1991 (il avait alors 31 ans), il fut promu au comité central du parti, et en 2003, il fut nommé membre du bureau politique du parti, comme le plus jeune de ses dirigeants, toujours soutenu par Raul Castro, à l’époque numéro deux du régime et inamovible Ministre des Armées.

Désigné Ministre de l’Enseignement supérieur du 8 mai 2009 au 21 mars 2012, il fut bombardé le 22 mars 2012 Vice-Président du Conseil des ministres chargé de l’éducation, de la science, de la culture et des sports (il y a en tout huit Vice-Présidents du Conseil des ministres), succédant au vieux révolutionnaire orthodoxe José Ramon Fernandez Alvarez (94 ans), fonction qu’il a renforcée à partir du 24 février 2013 avec celle de dauphin désigné, Premier Vice-Président des Conseils d’État et des ministres de la République de Cuba, poste qu’il a repris du stalinien José Ramon Machado Ventura (87 ans), numéro deux du pays depuis le départ de Fidel Castro, et toujours numéro deux du parti communiste cubain, l’un des vétérans de la révolution cubaine.

Selon toute vraisemblance, et en raison d’absence de concurrence, Miguel Diaz-Canel devrait être élu ce 19 avril 2018 avec environ 90% des voix des députés (eux-mêmes élus avec la même absence de concurrence) au poste de Président des Conseils d’État et des ministres de la République de Cuba, et à ce titre, succéder à la dynastie Castro. Pour l’instant, il ne sera encore maître ni du parti communiste cubain, ni de l’armée cubaine. Raul Castro restera en effet chef du parti communiste jusqu’en 2021 (ce dernier aura alors 90 ans !). La première vraie interrogation réside donc sur la réalité de son pouvoir à ce poste stratégique.

Pendant les années Raul Castro (2006-2018), Cuba a cherché à s’ouvrir à l’international, et la meilleure illustration fut le rétablissement des relations diplomatiques avec les États-Unis le 20 juillet 2015. Sur le plan institutionnel, il a aussi modifié le régime politique en limitant à deux mandats consécutifs de cinq ans, ce qui explique le départ de Raul Castro (limitation qu’il a proposée sans trop de difficulté en raison de son grand âge). Il faudra donc savoir si cette limitation restera en l’état avec un Président plus jeune ou si des contournements auront lieu. En plus clair, Cuba pourrait passer peut-être directement de Tchernenko à Poutine sans passer par les cases Gorbatchev et Eltsine.

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Le journal "France-Antilles" a cité le 21 mars 2018 les qualités de Miguel Diaz-Canel reconnues par son mentor : ayant une « solide fermeté idéologique », « il n’est ni un parvenu ni un intrus ». Cela donne une idée des capacités d’évolution du régime pour le "libéraliser" réellement, avec des élections libres et sincères. D’autres ont surtout évoqué le caractère transparent et insipide, et le côté "sympathique" (par exemple, il faisait du vélo pour faire face à la crise économique, il porte des jeans et a un peu ouvert le pays sur le plan culturel). Sans caractère, certes, mais intransigeant contre tous ceux qui voudraient dévier de la ligne idéologique du parti communiste (donnant des consignes pour mettre au pas Internet, par exemple), ce qui ne donne pas beaucoup d’espoir d’amélioration pour le peuple cubain.

Comme je l’ai écrit, malgré cette transition qui n’en est pas une, Raul Castro garde encore la réalité du pouvoir à la tête du parti communiste cubain. Les Cubains devront donc encore attendre avant de connaître une véritable transition démocratique qui libérerait ce pays ruiné par soixante ans de dictature communiste. Mais peut-être que l’hypercastrophile Jean-Luc Mélenchon pourrait finalement postuler à Cuba à la tête du parti unique ? Lui au moins a du caractère ! Et les Français seraient enfin débarrassés de ses fausses et feintes colères !


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (19 avril 2018)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Miguel Diaz-Canel.
Encore le Che Guevara.
La belle "démocratie" de Fidel Castro.
Fidel Castro, vieux dinosaure du XXe siècle.
Rencontre avec Trump ?
Hugo Chavez.
Che Guevara.
Staline.
Mao.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20180419-miguel-diaz-canel.html

https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/cuba-sans-les-castro-203562

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