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Le canalblog de Sylvain Rakotoarison
24 mars 2023

L'excellente prestation d'Aurore Bergé à l'Assemblée Nationale

« Face aux extrêmes, face aux alliances de circonstance qu'on a vu fleurir ces derniers jours, face aux opportunismes de tout bord, face au cynisme qui peut trop souvent exister ici, oui, la réponse, encore et toujours, elle est dans le dépassement et elle est dans le rassemblement. Les Français nous ont élus. Les Français nous ont choisis. Les Français sont prêts au dépassement et au rassemblement. La majorité y est prête. Que celles et ceux qui sont de bonne volonté s'engagent avec nous ! » (Aurore Bergé, le 20 mars 2023 dans l'hémicycle).




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Lorsque j'ai évoqué l'examen et le vote des deux motions de censure consécutives à l'utilisation de l'article 49 alinéa 3 de la Constitution pour faire adopter définitivement la réforme des retraites par l'Assemblée Nationale, j'ai écrit que la présidente du groupe Renaissance Aurore Bergé avait prononcé une excellente intervention à la tribune pour donner la position de son groupe sur les motions de censure.


Bien entendu, cette position n'était pas une surprise, à savoir que Renaissance ne voterait pas ces motions de censure et soutenait avec force la réforme des retraites et le gouvernement. Il faut insister sur le fait qu'il n'y a pas beaucoup d'orateurs percutants à l'Assemblée, et en particulier dans le groupe Renaissance. Aurore Bergé, à cet égard, détonne un peu : politique depuis l'adolescence, ambitieuse, elle met son talent oratoire au service de ses convictions (et du pouvoir présidentiel). En attendant de prendre d'autres responsabilités.

Elle a proclamé quelques vérités bien senties à l'égard des oppositions, avec sa première incompréhension, celle qui consistait à se réunir sur une motion de censure "transpartisane" alors que les signataires ne sont d'accord sur rien : « La question est donc de savoir à qui vous êtes prêts, ou non, à lier votre vote ou avec qui, de part et d’autre de cet hémicycle, vous êtes prêts à voter. (…) Une motion de censure devient de facto un programme commun parce qu’une motion de censure, c’est la capacité à trouver une réponse alternative crédible, à dégager une autre majorité. En fonction de celles ou ceux qui voteront ensemble la motion de censure et s’applaudiront mutuellement, vous expliquerez aux Français quelle est, prétendument, la majorité alternative et quel est le gouvernement alternatif possible : avec Charles de Courson en Premier Ministre, Marine Le Pen à Bercy, Mathilde Panot en ministre de l’intérieur et, à n’en pas douter, Aurélien Pradié comme ministre des relations avec le Parlement ! Tel est le projet alternatif que vous soumettez aux Français ! Dans toutes les autres démocraties, les grandes coalitions se forment autour d’un projet commun, dans le but de transformer le pays et de faire en sorte qu’il avance. Avec une motion de censure qui vise à mettre le pays à l’arrêt, à créer le blocage non seulement dans nos institutions, mais aussi dans la rue, vous proposez l’inverse ! ».

Elle a d'abord salué le courage du gouvernement dans ce débat très difficile : « Disons-le clairement, il y a d’abord ceux qui sont restés solides. Cette solidité, madame la Première Ministre, c’est en premier lieu la vôtre, vous qui avez résisté avec courage et dignité, malgré les cris, malgré l’impossibilité parfois de parler ; vous vous êtes exprimée de manière claire et vous avez fait honneur à la vie politique et à la vie démocratique de notre pays ! Cette solidité, c’est aussi celle de ceux qui ont soutenu ce projet de loi essentiel pour nos compatriotes : le ministre du travail, Olivier Dussopt, que vous n’avez cessé d’invectiver, d’insulter et de piétiner au sens figuré, mais en vérité, vous aviez envie de le faire au sens propre, et Gabriel Attal, qui ont défendu avec courage le projet de loi soumis à vos votes aujourd’hui. ».

Après ces félicitations, Aurore Bergé en est venue aux blâmes !

D'abord attribué à la Nupes : « Vous nous dites qu’il y a quatre groupes, mais en vérité, comment vous différencier ? Vous avez conclu un accord électoral qui a fait disparaître trois partis de gouvernement qui défendaient des valeurs communes. Pire, lorsqu’André Chassaigne s’est levé pour dénoncer des agissements indignes, pour exprimer sa honte, pas un seul d’entre vous ne s’est levé pour l’applaudir ! Nous étions seuls, avec Les Républicains, à le faire pour condamner ce geste et applaudir votre président de groupe ! J’imagine que des petites notes et des tableaux Excel recensent les députés de la Nupes qui ne se comporteraient pas bien avec ceux de la France insoumise, parce que votre angoisse ultime, c’est qu’une dissolution ait lieu et qu’un candidat de la France insoumise soit présenté face à vous ! Alors il ne faut surtout pas fâcher Jean-Luc Mélenchon, il faut l’applaudir lorsqu’il est à la tribune, considérer qu’il est encore député et président de parti, puisque de toute façon, c’est à lui que vous répondez en dernier ressort. ».

Elle est revenue s'adresser aux groupes de la Nupes peu avant la fin de son intervention : « Pendant les débats dans cet hémicycle, combien de fois avons-nous été interpellés par des Français qui nous écrivaient ou nous disaient directement : "J’ai honte de regarder ces débats et de voir ce que l’Assemblée est devenue. J’ai honte du bruit et du vacarme permanent. J’ai honte du tapis rouge que vous déroulez devant l’extrême droite". Si l’extrême droite peut conclure son discours en rappelant que 2027 approche, c’est bien parce que vous êtes là et parce que vous ne formez pas un rempart, mais un marchepied ! ».

Ensuite, ce fut le tour du petit groupe LIOT qui a pris l'initiative de la motion de censure "transpartisane" : « Permettez-moi de m’adresser à ceux qui, dans votre groupe, ont défendu la réforme des retraites et soutenu la candidature de François Fillon lorsqu’il prônait la retraite à 65 ans : je pense en particulier à Charles de Courson, qui avait clairement assumé cette position lors de la campagne. ».

Un peu plus tard, elle allait en rajouter sur Charles de Courson, le "héros du jour" : « Lors de la présentation des motions de censure, nous avons de nouveau entendu de fausses vérités sur l’état des comptes publics. Quel dommage venant de quelqu’un qui, comme Charles de Courson, a passé toute sa carrière et sa vie politique, sept mandats parlementaires !, à parler de la restauration des comptes publics ! Sans cette réforme, nous aurions accumulé dans dix ans 150 milliards de déficit ! Telle est la vérité, et vous ne pouvez pas le contester ! La justice, c’est de faire en sorte que la réforme soit adoptée, faute de quoi ce sont les Français les plus fragiles, qui ne disposent que de la solidarité intergénérationnelle pour espérer un jour bénéficier d’une retraite, qui trinqueront en premier. ».

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Puis au tour du parti Les Républicains en confirmant un accord avec la majorité : « La vérité nous oblige à reconnaître que oui, nous avions bâti un compromis avec eux. Ce n’est pas un gros mot, dans la vie politique et démocratique, que de rechercher le consensus et d’établir des compromis. C’est la force même de notre assemblée que de tout faire pour que des compromis existent. Ce compromis a été ardemment souhaité et voté au Sénat, où la droite détient la majorité absolue. Le texte de la commission mixte paritaire a été voté par le président Olivier Marleix [président du groupe LR]. ».

Aurore Bergé en a profité pour rappeler le caractère démocratique de la commission mixte paritaire : « À ceux qui affirment, de part et d’autre de cet hémicycle, que la CMP serait une vision dégradée de la démocratie, je réponds : quelle honte ! Quelle honte ! La commission mixte paritaire traduit la capacité à faire travailler ensemble nos deux chambres. Est-il si difficile d’expliquer clairement aux Français que Sénat et Assemblée peuvent travailler ensemble pour faire émerger des compromis ? Qui ici, parmi ceux qui ont déjà participé à une CMP, oserait dire aux Français, en les regardant dans les yeux, qu’une CMP, c’est de la manigance ou de la manœuvre ? C’est, au contraire, de la clarté et l’expression de notre capacité à dégager des compromis. ».

Poursuivant avec Les Républicains, désunis : « Malheureusement, au sein de votre groupe, des trajectoires personnelles et des calculs individuels se sont fait jour, qui ne sont en rien motivés par l’intérêt général ou par l’intérêt des Français. Vous le savez, les demandes légitimes que vous avez formulées, notamment concernant les carrières longues, sont satisfaites dans ce texte. Mais, pour vous, il fallait trouver un nouveau prétexte, prétexte après prétexte, pour ne pas voter la réforme. Je retiens donc ceux qui, au sein de votre parti, au sein du groupe Les Républicains, ont assumé leur vote au Sénat, puis en commission mixte paritaire, et affirment désormais dans les médias ou sur le terrain soutenir une réforme nécessaire pour le pays ; ceux qui expriment leur honte à l’égard de certains membres de leur famille politique prêts non seulement à voter une motion de censure transpartisane, mais à le faire aux côtés de l’extrême droite. J’ai connu un parti politique où les digues vis-à-vis de l’extrême droite étaient claires. Je sais que ces voix sont très minoritaires et j’espère qu’elles le resteront, car nous avons besoin de partis républicains, qui soient clairs quant à leurs valeurs. ».

Le dernier blâme a été bien sûr attribué au RN : « Enfin, il y a l’extrême droite. Je sais que vous n’aimez pas ce terme, mais il vous caractérise au fond de vous et correspond aux valeurs que vous défendez ! Que dire, en définitive, du Rassemblement national ? Tel le mime Marceau, vous gesticulez, mais vous ne parlez pas, parce qu’on vous demande de vous taire ! Il ne faut surtout pas prendre le risque qu’un député du Rassemblement national s’exprime, parce que lorsque l’un de vous le fait, cela se termine par un dérapage et l’on comprend alors qui vous êtes ; l’Assemblée Nationale a condamné le député à l’origine d’un dérapage grave à l’encontre de l’un de nos collègues et l’a exclu de l’hémicycle durant quinze jours. C’est ce qui s’est passé pendant toute cette séquence. Si vous voulez parler, chers collègues, que ne l’avez-vous fait pendant les quinze jours de débats ? Pourquoi n’avez-vous pas déposé d’amendements ? Pourquoi ne vous êtes-vous pas rendus dans les médias pour assumer de porter une contradiction ? La vérité est claire : il y a une cheffe et elle seule a droit à la parole ! Les autres doivent se taire, appuyer sur le bouton et lever la main lorsqu’on le leur demande ! Voilà ce qu’est le Rassemblement national : c’est la triste vérité ! ».

Aurore Bergé a poursuivi sur le courage de la majorité : « Oui, cette réforme demande du courage, parce qu’il est toujours plus difficile de demander des efforts aux Français que de dire que demain on rase gratis, avec de l’argent qu’on n’a pas ! Ce sont ces efforts qui ont permis à la France d’arriver aux portes du plein emploi : le taux de chômage a été ramené à 7,2%, alors qu’il était à près de 10% en 2017. C’est concret. C’est l’avenir des Français qui est en jeu, et la manière avec laquelle ils pourront l’appréhender plus sereinement. ».

Enfin, elle a conclu son discours avec un véritable programme de gouvernement qui allait être exposé par le Président de la République Emmanuel Macron le surlendemain : « Nous devons, collectivement, aller au-delà du ressentiment que la réforme provoque, au-delà de l’amertume qu’elle suscite du fait des efforts demandés. Il nous faudra ouvrir des chantiers vitaux pour l’avenir de notre pays, dans l’intérêt des Français. Je pense évidemment au travail, parce que la réforme des retraites pose fondamentalement la question du rapport au travail dans notre société, du sens de ce dernier et de la rémunération qui en découle. C’est la question du partage de la valeur et du partage des profits que nous voulons aborder dans les prochaines semaines. C’est également la question de nos aînés et de l’autonomie : combien de familles sont-elles touchées par la dépendance et la perte d’autonomie ? Nous avons créé la cinquième branche. La majorité dans son ensemble a déposé une proposition de loi concernant l’autonomie et le bien-vieillir : ça, c’est la vie quotidienne des Français ! À l’issue des votes de cet après-midi, dans cette assemblée que les Français ont élue, serons-nous capables de voter des textes structurants, avec la majorité et avec les personnes de bonne volonté, de droite comme de gauche ? Serons-nous capables de voter un texte inédit de soutien aux forces armées pour lutter contre le terrorisme ? Serons-nous capables de voter un texte majeur traitant de l’accès aux soins pour les plus précaires et de la défense de l’hôpital public ? Serons-nous capables de voter notre texte sur l’autonomie ? Serons-nous capables de renforcer la trajectoire vers la planification écologique ? Serons-nous capables de décarboner l’industrie et de soutenir une industrie verte ? Serons-nous capables, ensemble, de refonder le pacte républicain et l’école ? Serons-nous capables d’assumer un discours clair au sujet de l’immigration, affirmant qu’on doit régulariser ceux qui s’intègrent par le travail, et qu’on doit expulser ceux qui enfreignent nos valeurs ? Pas l’un ou l’autre, l’un et l’autre ! ».

Il n'est pas à douter qu'Aurore Bergé bout d'impatience d'apporter sa contribution à l'action future du gouvernement.


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (22 mars 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Olivier Véran souligne l'hypocrisie de la Nupes (22 mars 2023).
Aurore Bergé fustige les oppositions (20 mars 2023).

Emmanuel Macron : "J'assume ce moment !"
Interview du Président Emmanuel Macron le 22 mars 2023 à 13 heures sur TF1 et France 2 (vidéo).
295 députés refusent de censurer le gouvernement pour sa réforme des retraites.
La tactique politicienne du RN.
Les gens sérieux et les gens du cirque.
Séance à l'Assemblée Nationale du jeudi 16 mars 2023 à 15 heures (vidéo et texte intégral).

Jeudi, l'heure de vérité !
Sénat : mission remplie pour la réforme des retraites 2023.
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Sauver nos retraites par répartition.
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Comprendre la réforme des retraites présentée par Élisabeth Borne ce mardi 10 janvier 2023.
Le non-totem d'Élisabeth Borne sur les retraites.
Le coronavirus supplante la réforme des retraites de 2019-2020

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230320-aurore-berge.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/l-excellente-prestation-d-aurore-247437

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2023/03/23/39854889.html







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